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Tout comme pour l’orienta on sexuelle, on sait que tout le monde a une iden té de genre que l’on décrit comme le sen ment profond ou intrinsèque d’être un homme ou une femme. Les recherches suggèrent que l’iden té de genre est établie dès l’âge de trois ans (Ryan, 2009). En e et, certains enfants décrivent à quel point leur sen ment de masculinité ou de féminité interne (leur iden té de genre) ne correspond pas à leur corps physique. L’iden té de genre est une expérience très personnelle et complexe. Certains jeunes disent se sen r ni homme ni femme, tandis que d’autres a rment qu’ils se sentent à la fois homme et femme. Peu importe la manière dont un enfant se sent, il est primordial pour les parents et les éducatrices et éducateurs de « protéger et soutenir l’es me de soi de l’enfant, lui disant qu’il a le droit de se sen r comme il se sent et qu’il a le droit d’être une personne di érente. Parfois, c’est même merveilleux d’être une personne di érente »* (Samons, 2009, p. 136).

En 2008, la Gender Iden ty Research and Educa on Society (GIRES) (Société de forma on et de recherche sur l’iden té de genre) du Royaume-Uni a publié un important ar cle de synthèse décrivant ce que la recherche scien fi que actuelle considère comme les causes ou les origines de l’iden té de genre. Les 25 signataires de l’ar cle provenant de la communauté scien fi que et médicale ont décrit la variance de genre, qu’ils disent être parfois appelée « trouble de l’iden té sexuelle » en termes médicaux, comme :

une contradic on entre le phénotype physique (apparence) et l’iden té de genre, laquelle correspond à l’auto-iden fi ca on comme homme ou comme femme* (GIRES, 2008, p. 2).

Pour certains, lorsque la dysphorie est extrême, on établit un diagnos c de transsexualisme et on prescrit comme traitement une hormonothérapie et parfois même une chirurgie. Une personne qui vit une situa on aussi extrême est couramment désignée comme une personne transsexuelle. De même, et comme l’indique Samons (2009), « plus un enfant insiste sur le fait qu’il ressent un sen ment de malaise à l’égard du sexe qui lui a été a ribué, plus il y a de probabilités que l’enfant soit véritablement [transsexuel] »* (p. 140).

La recherche scien fi que actuelle suggère que le transsexualisme serait « un trouble neurodéveloppemental du cerveau »* (GIRES, 2008, p. 2). Elle pose comme hypothèse que la di érencia on sexuelle du cerveau est reliée aux e ets des hormones à des périodes cri ques du développement fœtal, de la naissance et de la croissance postnatale. Ces infl uences hormonales peuvent être a ribuées à des prédisposi ons et infl uences géné ques, à des condi ons environnementales, au stress, à un trauma sme et à une exposi on poten elle à des médicaments durant la grossesse (p. 3). Par conséquent, il n’y a pas de cause directe connue du transsexualisme et, comme pour l’orienta on sexuelle d’une personne, on croit plutôt à des origines mul ples. Peu importe la cause, l’orienta on

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COMPRENDRE L’IDENTITÉ DE GENRE : INFORMATION MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE DE BASE

sexuelle et l’iden té de genre d’une personne sont considérées comme étant intrinsèques et formant des caractéris ques immuables de la personne. Tout comme pour l’ethnicité, la race et la couleur des cheveux et des yeux, on ne choisit pas ses caractéris ques personnelles essen elles.

Même si l’on suppose que les causes sous-jacentes du transsexualisme sont probablement biologiques, quel est l’e et, s’il y en a un, de l’environnement sur le développement de l’iden té de genre? À ce sujet, les signataires ont déclaré à l’unanimité qu’il n’y a :

aucune preuve qu’un milieu et une socialisa on en contradic on avec le phénotype peuvent causer le transsexualisme ni qu’un milieu correspondant totalement au phénotype peut le prévenir […]* (p. 4).

Autrement dit, les expériences de la vie telles que le style d’éduca on des enfants et les dynamiques familiales peuvent infl uencer la manifesta on (ou la prise de conscience) du transsexualisme, mais ne contribuent pas à son existence. Comme exemple, les enfants élevés dans un milieu qui les encourage à expérimenter les rôles de genre, ou tout au moins qui leur permet de le faire, ont parfois plus tendance à exprimer leur malaise à l’égard du genre qui leur a été assigné que les enfants qui doivent adhérer à des rôles stricts et aux comportements associés. Les enfants apprennent les manifesta ons et les comportements genrés qu’on a end d’eux de leurs camarades, de leurs parents, de l’école, de leur culture et des médias. Les enfants qui ne se conforment pas à ces expressions de genre sont souvent catalogués comme « di érents » (p. ex., les enfants dont le genre est variant ou non conforme) et sont parfois tournés en ridicule ou marqués par l’isolement et l’in mida on.

Surtout, les éducatrices et éducateurs doivent savoir que les enfants qui manifestent des comportements genrés non conformes aux a entes ne deviendront pas nécessairement tous des personnes transsexuelles à l’âge adulte. Pour la vaste majorité des enfants, il n’y a pas de contradic on entre leur sexe à la naissance et leur sen ment d’iden té et d’expression de genre, mais comme l’illustre le récit d’Émilie, il n’en va pas toujours ainsi pour tout le monde. La World Professional Associa on for Transgender Health (WPATH)iii, es me que l’incidence du transsexualisme chez les adultes est de 1 cas sur 11 900 à 1 cas sur 45 000 chez les personnes nées de sexe masculin et de 1 cas sur 30 400 à 1 cas sur 200 000 chez les personnes nées de sexe fémininiv.

De nombreux individus qui e ectuent une transi on d’un sexe à l’autre plus tard dans la vie disent se souvenir d’avoir toujours souhaité ou su qu’ils appartenaient à l’autre sexe. Citons pour exemple une récente étude à laquelle par cipaient 55 jeunes transgenres, qui révèle que ces jeunes se sont sen s di érents à un âge moyen de 7,5 ans (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011, p. 112). La non-concordance entre le sexe à la naissance d’un enfant ou d’un jeune et son iden té de genre est habituellement une source d’intense malaise a ec f (dysphorie de genre) qui s’intensifi e souvent avec l’âge. En revanche, ce n’est pas toujours le cas. La WPATH indique, par exemple, que « le transsexualisme chez les enfants et les adolescents di ère de celui chez les adultes et seulement un pe t nombre d’enfants dont le genre est variant deviennent des personnes transsexuelles, même si nombre d’entre eux développent une orienta on homosexuelle »* (SOC, version 6, 2001, p. 8-9)v. Comme le montre Samons (2009) dans sa recherche clinique, de nombreux « adultes se demandent souvent si un enfant transgenre est gai bien avant d’entrevoir la possibilité que l’enfant soit transgenre »* (p. 135). Ce e associa on classique ent à des stéréotypes établis depuis longtemps, qui perpétuent le mythe selon lequel l’expression genrée des personnes gaies et lesbiennes est révélatrice de leur homosexualité. Aucune recherche actuelle ne sou ent ce e thèse dépassée.

Élément d’intérêt pour les éducatrices et éducateurs, la WPATH souligne que « les jeunes transsexuels vivent souvent une détresse intense, en par culier à l’adolescence, et éprouvent fréquemment des di cultés a ec ves et comportementales associées. Il existe une grande fl uidité et variabilité dans les résultats, en par culier chez les enfants prépubères »* (SOC, version 6, 2001, p. 8). Dans la plus récente version des Standards of Care (normes de soins), la WPATH (2011) indique que « les adolescents qui ressentent une contradic on entre, d’une part, leurs caractères sexuels primaires ou secondaires et le sexe qui leur a été a ribué à la naissance et, d’autre part, leur iden té de genre peuvent éprouver une détresse intense à cet égard »* (p. 12). Il est par ailleurs important de

En mars 2010, l’Association canadienne des professionnels en santé des personnes transsexuelles (CPATH) a voté la résolution suivante :

La variance de genre et les comportements non conformes aux normes établies chez les enfants et les adultes ne constituent pas un trouble psychologique* (CPATH, 2010, p. 1).

14 SOUTIEN AUX ÉVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE

savoir qu’« il est courant chez les adolescents sou rant de dysphorie de genre d’éprouver des troubles coexistants liés à l’intériorisa on, comme l’anxiété et la dépression, et des troubles liés à l’extériorisa on, comme le trouble opposi onnel avec provoca on »* (SOC, version 7, 2011, p. 13).

Pour les écoles, cela signifi e que l’enfance et l’adolescence devraient être considérées comme étant des périodes cri ques de la forma on de l’iden té durant lesquelles le genre et la sexualité sont des réalités fl uides, puisque leurs expressions sont appelées à changer fréquemment. Le problème ne réside pas dans ce e fl uidité ni dans la nature changeante de l’expression de genre et de l’iden té sexuelle, mais plutôt dans la ques on signifi ca ve et pressante des stéréotypes des rôles assignés aux deux sexes et des rôles sexuels stricts qui limitent gravement l’expression de genre naturelle des enfants. Plus les éducatrices et éducateurs font des e orts pour briser les stéréotypes des rôles assignés aux deux sexes et pour casser les comportements visant à maintenir la spécifi cité des sexes, plus leurs classes seront inclusives pour tous les élèves qui se ques onnent sur leur genre et qui explorent les di érentes face es de leur iden té (Luecke, 2011). Briser les stéréotypes et libérer les élèves du carcan de leur genre est un moyen essen el de faire de la place à tous les élèves qui se défi nissent eux-mêmes comme étant à l’extérieur du courant dominant afi n qu’ils reçoivent du sou en et qu’ils se sentent valorisés pour ce qu’ils sont et non pour ce que la société leur dicte à propos de ce qu’ils devraient être.

Comme Émilie, les enfants et les jeunes qui ont une iden fi ca on intense et persistante à l’autre sexe ont besoin d’un sou en médical qualifi é pour les aider dans leur transsexualité. Le Manuel diagnos que et sta s que des troubles mentaux (DSM-IV) (2000) de l’American Psychiatric Associa on, qui est la norme professionnelle sur les diagnos cs, cerne quatre critères diagnos ques perme ant d’a rmer qu’une personne est transsexuelle ou, selon la terminologie médicale actuelle, a un trouble de l’iden té sexuelle. Ces critères sont les suivants :

1. Iden fi ca on intense et persistante à l’autre sexe.

2. Sen ment persistant d’inconfort par rapport à son sexe ou d’inadéqua on par rapport à l’iden té de rôle correspondante.

3. L’a ec on n’est pas concomitante d’une a ec on responsable d’un phénotype hermaphrodite.

4. L’a ec on est à l’origine d’une sou rance cliniquement signifi ca ve ou d’une altéra on du fonc onnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importantsvi, vii.

Par conséquent, si l’élève, ses parents ou ses tutrices ou tuteurs, en consulta on avec les professionnels de la santé, sont d’avis que la transi on est la meilleure op on, l’élève devra vivre et se présenter en tout temps de manière à ce que son expression de genre corresponde à son iden té de genre, ce qu’on appelle en termes médicaux une

« expérience de vie réelle ». Si l’élève arrive au stade de la puberté, on lui prescrira peut être des hormones qui retardent la puberté et qui, par conséquent, inhibent le développement des caractères sexuels secondaires. Ce processus est totalement réversible, au cas où l’élève déciderait plus tard de ne plus con nuer sa transi on. Comme l’indique Samons (2009), « en retardant ces changements pubertaires, nous donnons le temps à l’enfant d’acquérir une maturité mentale et a ec ve, de sorte qu’il ou elle puisse par ciper à la prise de décision concernant les changements physiologiques qui modifi eront en profondeur tout le reste de sa vie »* (p. 137). À 16 ans, l’élève peut entreprendre, normalement avec la permission de ses parents, une hormonothérapie féminisante ou masculinisante.

Ce processus est par ellement réversible et nécessite parfois une chirurgieviii. Les interven ons chirurgicales sont quant à elles irréversibles et ne sont habituellement pas recommandées avant l’âge adulte, ou jusqu’à ce que le jeune ait vécu une « expérience de vie réelle » pendant au moins deux ans et qu’il soit âgé d’au moins 18 ansix. Ul mement, peu importe si un élève transgenre ou transsexuel a entrepris un processus de transi on physique (p. ex., interven ons retardant la puberté), les éducatrices et éducateurs doivent respecter les souhaits de l’élève, de ses parents ou de ses tutrices ou tuteurs et des membres du corps médical quand vient le temps de s’ajuster à ses besoins. L’aide que l’on apporte aux élèves transgenres ou transsexuels repose sur une approche mul ple qui suppose une collabora on sur les plans social, médical et éduca f. Plus concrètement, cela signifi e de :

• soutenir et améliorer l’es me de soi de l’élève;

• créer un milieu sans dis nc on de genre (autant que possible) dans lequel on o re à l’élève la possibilité d’exprimer sa propre iden té de genre;

• o rir une aide et des interven ons médicales aux personnes qui en ont besoin;

• u liser les pronoms genrés que l’élève préfère, o rir un sou en éduca f par des programmes d’études inclusifs, modifi er le dossier de l’élève pour refl éter son iden té de genre, procéder à des aménagements rela fs à l’u lisa on des toile es et désigner des casiers ou des ves aires appropriés qui correspondent à l’iden té de genre que l’élève a toujours a rmé avoir.

1. LES CAUSES DU TRANSSEXUALISME SONT CONNUES

Tout comme pour les facteurs qui déterminent l’orienta on sexuelle d’une personne, on ne connait actuellement pas les causes exactes du transsexualisme. Cependant, nous savons que la variance de genre existe depuis toujours dans di érentes cultures. Il est important de souligner qu’il n’existe aucune preuve scien fi que faisant un lien entre l’éduca on des enfants, la violence faite aux enfants ou d’autres expériences de la vie néga ves et le transsexualisme (Cohen-Ke enis, Delemarre-van de Waal et Gooren, 2008; Ryan, 2009).

2. LES GENS SONT TRANSGENRES OU TRANSSEXUELS PAR CHOIX

La vaste majorité des personnes transgenres ou transsexuelles ont grandi avec des parents hétérosexuels.

L’iden té de genre n’est pas un choix ou n’est pas causée par le manque de modèle d’iden fi ca on masculin ou féminin ni par une mauvaise éduca on (Cohen-Ke enis et autres, 2008), mais il s’agit plutôt d’une autre forme de la diversité humaine.

3. TOUTES LES PERSONNES TRANSGENRES VEULENT CHANGER LEUR SEXE ATTRIBUÉ À LA NAISSANCE Le terme « transgenre » est un terme général qui englobe une vaste gamme d’iden tés de genre non conformes aux normes établies. Les personnes transgenres peuvent être asexuelles, bisexuelles, lesbiennes, gaies ou hétérosexuelles. Les personnes transgenres ne sou rent pas toutes d’une dysphorie de genre intense.

Toutefois, certains individus transsexuels éprouvant une dysphorie de genre extrême et persistante cherchent parfois à modifi er leur corps à l’aide d’une hormonothérapie et d’interven ons chirurgicales e ectuées par des professionnelles ou professionnels de la santé. Certains individus transsexuels qui souhaiteraient faire une transi on intégrant des moyens médicaux ou chirurgicaux sont parfois incapables d’y arriver en raison des énormes frais associés au traitement.

Peu importe leurs antécédents, tous les individus transgenres et transsexuels devraient avoir accès à une informa on convenant à leur âge et dépourvue de jugement ainsi qu’à des soins de santé prodigués par des personnes qualifi ées. Selon l’endroit où vivent les personnes transsexuelles, des facteurs économiques et sociaux peuvent rendre les interven ons médicales probléma ques. Par exemple, chaque province et territoire du Canada a établi ses propres lignes directrices déterminant si les frais associés aux traitements médicaux requis, comme la chirurgie pour changement de sexe ou l’hormonothérapie, sont remboursés par ellement ou totalement ou s’ils ne le sont pas. Le refus des traitements médicaux place de nombreux jeunes en situa on de risque, puisque ces jeunes pourraient chercher à se procurer des hormones de façon illicite, dans la rue ou par Internet.

4. IL S’AGIT SIMPLEMENT D’UNE PHASE

Tout comme l’orienta on sexuelle, l’iden té de genre d’une personne est profondément personnelle et on ne devrait pas la considérer comme étant une « phase » ou une « expérience ». De nombreuses personnes transgenres ou transsexuelles rapportent avoir eu le sen ment d’être di érentes des autres enfants à un très jeune âge (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011). Lorsque ce e di érence persiste jusqu’à l’adolescence ou à l’âge adulte, elles reçoivent parfois un diagnos c de dysphorie de genre, après quoi il leur arrive de chercher à obtenir un traitement médical approprié. La variance de genre chez les enfants varie de nulle à très élevée.

Dans certains cas, la variance de genre (tout par culièrement si elle est faible) se résout d’elle-même ou les enfants se présentent plus tard dans leur vie comme des personnes lesbiennes, gaies ou bisexuelles. Dans d’autres cas, la variance de genre persiste après la puberté jusqu’à l’âge adulte. L’évalua on de la variance de genre chez l’enfant est complexe et requiert la compétence de professionnels de la santé spécialisés dans les

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SIX IDÉES FAUSSES RÉPANDUES À DÉMYTHIFIER

SIX IDÉES FAUSSES RÉPANDUES