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2. Méthodologie

1.2 Le festival au fil des éditions

1.2.1 La 51 e saison de la SMCQ

C’est au sein de ce contexte historique décrit dans la section précédente que s’inscrit la 51e saison de la SMCQ (2016-2017), laquelle marque les 50 ans d’existence de la SMCQ. La programmation de cette 51e saison comprenait des activités dans le cadre de la saison régulière, du festival MNM (8e édition) et du volet jeunesse. Le premier des cinq concerts issus de la saison régulière a été ouvert à tous gratuitement. La thématique de cette saison porte le titre « Retour vers le futur », laquelle s’articule à travers la programmation d’œuvres provenant d’époques variées, ces allers-retours dans le temps permettant de « jeter un coup d’œil sur la vision que l’on avait du futur (musical), il y a 50 ans et ce faisant, en y rajoutant ici et là, des aller-retour dans notre présent ainsi que quelques regards curieux sur ce que le (nouveau) futur nous réserve pour les prochaines 50 années113 ! ». En utilisant le « nous », la SMCQ s’implique dans la direction qu’a empruntée la musique savante à la suite de la Seconde Guerre mondiale, la vision que ce genre avait du futur, par sa quête d’innovation :

Les œuvres au programme de ce 1er concert témoignent — chacune à sa manière — des préoccupations sans cesse renouvelées des compositeurs du milieu et de la fin du XXe siècle,

quant aux rapports (troubles ?) que ceux-ci entretiennent (ou ont entretenu) avec la « tradition » ou plutôt devrais-je dire « les » traditions musicales, héritées d’un passé pourtant pas si lointain, avec les bouleversements fulgurants qu’à connu la « Grande » musique de concert, bousculée dans ses fondements mêmes par la révolution radicale des années d’après-guerre et — par la suite — l’avènement du minimalisme ainsi que des « exotismes » extraeuropéens, pour ne nommer que ceux-là114…

Les concerts de la saison régulière

Les cinq concerts de cette saison ont lieu entre septembre 2016 et mai 2017, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, la salle Pollack de l’Université McGill, à l’Oratoire Saint-Joseph115 et à l’Usine C.

Broadway Boogie-Woogie – vendredi 30 septembre 2016

Pour célébrer les 50 ans de la SMCQ, le premier concert s’est tenu à la salle Pierre-Mercure. Sa programmation visait à mettre en valeur des compositeurs impliqués dans la fondation de l’institution : la pièce Tétrachromie116, écrite par Pierre Mercure en 1963, et la pièce Fantasque pour violoncelle, composée par Jean Papineau-Couture en 1995. Le programme visait également à valoriser les œuvres que la SMCQ considère comme « emblématiques », notamment la pièce d’ouverture Piece n° 2 for Small Orchestra de Conlon Nancarrow117 (1986), œuvre qui se démarque par une complexité rythmique que Boudreau consière comme « inégalée jusqu’à ce jour118 », et de Part III (« De Stijl ») composée par Louis Andriessen (1984-85), œuvre à grand déploiement qui sollicitait la participation de quatre voix de femmes, une voix parlée et un grand ensemble.

Chant d’amours – jeudi 10 novembre 2016

Le deuxième concert s’est tenu le 10 novembre 2016 à la salle Pierre-Mercure à 20 h et a été dédié à la mémoire de Serge Garant et Marcel Barbeau. Le concert était précédé d’une exposition d’œuvres de Marcel Barbeau, inspirées de Stockhausen (18 h), et d’une causerie-

114 Boudreau, Festival Montréal Nouvelles Musiques (programme), 2017.

115 Ce lieu n’est fait pas partie des endroits habituels de diffusion comme c’est le cas pour la salle Pollack de McGill, la salle Pierre-Mercure. C’est à l’Oratoire Saint-Joseph que la Symphonie du Millénaire a été interprétée en 2000. Nous reviendrons sur le contexte de l’œuvre à la page suivante.

116 Œuvre pour clarinette, saxophone alto, clarinette (clarinette basse), quatre percussions et support stéréo.

117 Œuvre pour hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, deux pianos, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse. 118 Boudreau, Walter, Note de programme du concert Boadway Boogie-Woogie, 33 septembre 2016,

conférence à propos de Serge Garant avec la participation de musicologues invités119. La première pièce, Kontakte de Stockhausen (1958-60), fait usage d’une bande sonore avec des percussions et un piano, combinaison qui permit l’essor de la musique mixte. La seconde… chant d’amours (1975) de Garant, implique la participation d’une soprano, mezzo-soprano, d’un baryton, et des instruments acoustiques tels qu’un violoncelle, deux cors, trois trompettes, trois trombones, deux harpes, deux percussions et support.

Berliner Momente – jeudi 23 et vendredi 24 février 2017

Le troisième concert s’est tenu à deux reprises (les 23 et 24 février 2017 à 20 h) à la salle Pierre-Mercure. La première représentation du 23 février faisait également office d’ouverture de la 8e édition du festival MNM. À cette occasion, l’orchestre symphonique de McGill, dirigé par Boudreau et Alexis Hauser, a interprété deux œuvres écrites par Walter Boudreau, Berliner Momente I et II (1988 ; 1991), œuvres nécessitant un grand orchestre. La troisième pièce du programme était une œuvre de Bartók, le Concerto pour orchestre (1943) ; cette œuvre, bien que plus ancienne que celles de Boudreau, est placée en aval de ces dernières, ce qui souligne le caractère rétrofuturiste puisqu’il ramène les publics dans le passé.

Symphonie du millénaire (Prise II) – dimanche 26 février 2017

Le quatrième concert a été consacré à une reprise de la Symphonie du Millénaire (2000), laquelle avait auparavant été commandée et interprétée pour les fêtes du tournant du siècle, en 2000. Il s’agit d’une pièce qui représente un moment phare dans l’histoire de la SMCQ, notamment par l’ampleur de la production qu’elle implique120, mais aussi par le concept qui justifie sa commande, soit de créer un œuvre pour marquer un siècle nouveau. 19 compositeurs de musique contemporaine québécois ont participé à sa création. L’œuvre a été réarrangée par Boudreau dans le cadre de cette deuxième interprétation. Cette pièce rassemble un chœur mixte de 24 voix, un orgue, 15 clochers d’église (préenregistrés) et la participation du public, invité à jouer des cloches fondues pour l’événement de 2000.

119 Marie-Thérèse Lefebvre, Paul Bazin et Jean Boivin.

120 Pour en savoir plus sur la création originelle, le lecteur pourra se référer à la description disponible sur le site internet de la SMCQ : http://www.smcq.qc.ca/smcq/fr/symphonie/.

Niemandslandhymnen – jeudi 18 mai 2017

Le cinquième concert faisait office d’événement-bénéfice, et concluait la 51e saison. Les gens étaient invités à faire des dons pour soutenir l’institution en achetant des billets au coût de 250 $, lesquels offraient un accès à un « vin d’honneur » préconcert et un « cocktail » en aval du concert. L’invitation était ouverte à tous puisqu’affichée sur la page internet du concert. Au programme figure la création Niemandslandhymnen, composée par le compositeur québécois d’origine indo-allemande Sandeep Bhagwati, et interprétée pour une première fois à l’occasion de cet événement-bénéfice le jeudi 18 mai 2017. Cela dit, le concert n’était pas réservé exclusivement aux donateurs mélomanes ; il était possible d’acheter des billets au tarif habituel. Nous reviendrons plus en détail sur cet événement puisque le second groupe de participants y a assisté.

1.2.2 8e édition du Festival Montréal Nouvelles Musiques (MNM)

La 8e édition du festival MNM partageait la même thématique que celle de la saison régulière, « Retour vers le futur ». La programmation de cette édition s’étendait du 23 février au 4 mars 2017 et se déclinait en 17 concerts, deux concerts présentés dans le cadre du volet jeunesse, un salon des nouvelles musiques et un colloque121.

SMCQ Jeunesse

Dans le cadre du festival MNM et du volet jeunesse en particulier, le concert Fonofonies a été présenté les 25 et 26 février 2017 à la Chapelle Historique du Bon-Pasteur. Ce concert d’une durée de 35 minutes était destiné à des jeunes enfants âgés entre 1 et 4 ans. Les instruments utilisés étaient le violoncelle, le violon, le saxophone, et comportait un travail de scénographie122.

Salon des Nouvelles musiques

Organisé en partenariat avec l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, cet événement relève d’une collaboration spéciale avec la Place des Arts ; l’exposition s’est tenue à la Salle d’exposition du 10 février au 3 mars (12 h-21 h) et le 4 mars de midi à 2 h du matin (dans le cadre de la Nuit blanche). Cette exposition réunissait des œuvres vidéo, des postes d’écoute

121 Pour plus de détails sur la programmation, le lecteur pourra se référer à la description disponible sur le site internet de la SMCQ : http://www.smcq.qc.ca/mnm/fr/2017/.

permettant l’écoute d’œuvres significatives en regard des cinq décennies d’existence de la SMCQ, et offrant également un portrait sonore du contexte historique au sein duquel s’est implantée l’institution dans les années 1960. L’exposition visait, dans la lignée de la thématique du festival, à « provoquer la réflexion sur la musique de demain, et la manière dont les compositeurs d’hier imaginaient la musique du futur123 ».

Colloque Horizons musicaux et contemporains

Ce colloque international organisé par la SMCQ a eu lieu le 27 février 2017 de 10 h à 17 h à la 5e salle de la Place des Arts. Sous le thème « Radios, universités et création musicale : synergies croisées », le colloque visait à réfléchir sur la situation de la musique contemporaine à l’heure actuelle, et à questionner le rôle des facultés de musique et des radios publiques dans l’avancement de la musique contemporaine. Des conférenciers étaient invités à discuter ces questions, notamment des compositeurs et des musicologues124.