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Abdelkader Djemaï est né en 1948 en Algérie : aucune information le concernant n’est fourni au lecteur. Connu dans les milieux journalistiques oranais, il écrit des textes surprenant par la densité même de l’écriture et de l’utilisation de l’espace de la page1.

«Saison de pierres» publié en 1986, concerne le séisme qui a frappé une

ville. Comment raconter cette catastrophe ? Quand tout est sens dessus – dessous, le minéral, les humains, les animaux, les arbres…

Comment rendre compte de cette dislocation ? « Saison de pierres » à tout l’air d’un roman heurté, disloqué et symbolique2.

«Saison de pierres» met en exergue la vie, les souvenirs, les délires, les fantasmes

de Sandjas.

Sandjas de la saga des Gueux raconte son amour perdu. Assia la femme fantôme, son fantasme, son désir, son unique plaisir : « Sandjas ne sut plus

l’ordre des saisons les couleurs, le goût de l’orange, du sel et du baiser sur les lèvre d’Assia, mais sa ténacité à vivre n’avait d’égal que le bonheur de la conquérir. Elle, son possible déshérence… ». SP 103.

Sandjas délire et ses divagations lui permettent de vivre avec des personnages tels que le Prédateur, l’Iconoclaste, le sorcier sourcier…

Sandjas par moment aussi, vit dans les réminiscences, les souvenirs de son enfance à côté de son grand père, sa mère, sa grand-mère, son oncle… ainsi que les souvenirs de sa circoncision, ses jeux avec sa tante.

Le récit se clôt sur Sandjas meurtrier ou meurtri, considéré parmi les fous. Son hérésie l’enferme dans la camisole des fous et dans la camisole des mots.

"Saison de pierres" raconte l’histoire d’une ville réelle ? Irréelle ? Qui

succombe sous le poids des pierres, comme le lecteur, sous l’éboulis des mots2.

1 Entretient avec Martin Delort, Djemaï, 1 revue Brèves numéro 70.

2 Ouhibi Ghassoul Bahia : "Perspectives critiques : le roman algérien de langue française dans la décennie 1985-1995". Thèse de doctorat d’état 2003-2004. Oran. P. 39-41-63.

Dans le roman de A. Djemaï, "la ville" n’est ni nommée, ni repérable, elle est réduite à un simple "objet", un tremplin au déploiement de l’écriture, échappant aussi aux contraintes d’une époque1.

Le texte est généreux,la phrase dense,pleine, riche, mouvante, luxuriante, envahissante, alambiquée, sèche, concise, violente, provocatrice, poétique,absurde . Le texte est aussi un conte, une fable, une anecdote, un souvenir un long poème épique 1.

1Bahia Ouhibi Ghassoul : "Perspectives critiques : le roman algérien de langue française dans la décennie 1985-1995". Thèse de doctorat d’état 2003-2004. Oran. p. 56.

Introduction

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b- Terrasse à Rome

Pascal Quignard est né en 1948 en France .Il est l’auteur de plusieurs romans et de nombreux essais où la fiction est mêlée à la réflexion.

« Terrasse à Rome » publié en 2000, met en exergue la vie d’un jeune

homme graveur qui s’appelle Geoffroy Meaume1.

En1639, à Bruges, Meaume, un eau –Fortier tombe follement amoureux de Nanni veet Jakobsz , une jeune fille de 18 ans fille d’un orfèvre juge électif de la ville.

Amour naissant et timide, puis passion éclatante, de rendez-vous secrets en rendez-vous discrets orchestrés par la servante de Nanni, les deux tourtereaux se feront, un jour, néanmoins surprendre sur le fait par Valancre, le fiancé de la belle jouvencelle2.

Fou de jalousie Valancre jette à la figure de Meaume une fiole d’eau forte. La belle reçoit quelques éclaboussures sur la main mais Meaume est à jamais défiguré par l’acide.

Le sieur Veet Jacobsz précipite le mariage de sa fille, mais le fiancé jaloux a décidé maintenant d’achever son oeuvre de vengeance en tuant son rival. Prévenu à temps par son aimée, Meaume quitte Bruges précipitamment et après quelques escales en Europe, trouve refuge à Ravello sur les hauteurs du golfe de Salerne2.

En1643 il a rejoint Rome et installe son atelier de gravure dans une maison de deux étages dont la terrasse couverte, domine les pentes du Mont Aventin. Meaume sera le disciple de Claude Gillée dit le Lorrain dont il retiendra la délicatesse pour travailler les paysages. Il a beaucoup voyagé : Toulouse, Bruges, Rome, Anvers, Londres, Utrecht….

Il gravait sur cuivre à la manière noire. (Ce procédé de gravure, consiste à dégager les blancs et les gris à partir du noir). L’auteur dresse une liste de toutes ses œuvres. Plus tard, il s’éprendra de Marie -Aïdelle. Ses amis furent : Abraham Van Berchem et Claude Gillée.

Fui par les autres pour son apparence hideuse fuyant lui-même sa propre image, Meaume le graveur, le plus souvent dissimulé sous un immense chapeau

1Roger Godar, « Itinéraires du roman contemporain »,Armand Colin,2006.p196. 2 www.pascalquignar.fr

de paille vit en réclusion. Ainsi à la suite d’une agression, un coup de couteau sur le cou, Meaume tombe malade. Les infections pneumoniques, bronchites, perte d’appétit, et l’impossibilité de manger font de sa vie un enfer. Il perd la mémoire et un peu la raison. Il mourra en1667. L’eau –Fortier était riche on l’a su après sa mort. Grünehagen était son biographe . Il nous livre au fil des chapitres souvent très courts, sans lien nécessaire les uns avec les autres, ses réflexions d’artiste, d’homme blessé, d’homme amoureux, d’ami trahi, de créateur au sommet de son art et de disciple des plus grands de son temps.1.

Introduction

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2- Titrologie