S1/2 : Le pouvoir de la Banque d’Algérie sur l’émission monétaire :
(2000-2009)
1. L’émission de la monnaie fiduciaire par la BA (2000-2003) :
L’agrégat « monnaie fiduciaire » est un indicateur pertinent dans les mécanismes de transmission des développements monétaires.
L’analyse monétaire durant cette période s’étend à l’examen des principales composantes de l’agrégat monétaire M1, dont le rythme de croissance s’est élevé à seulement 14% en 2002 contre 18,2% EN 2001, il est nécessaire d’opérer une distinction entre la monnaie fiduciaire (pièces et billets en circulation) et les dépôts à vue.
L’agrégat monnaie fiduciaire, qui est passé de 577,2 milliards de DA à fin 2001 à 664,7 milliards de DA à fin 2002, s’est plus accru au second semestre de 2002 (8,5%) par rapport au premier semestre de cette année (6,1%) et ce, tout comme en 20012. Cependant, le rythme atteint au second semestre de 2002 ne représente que près de la moitié du taux de croissance (15,2%) enregistré la même période de l’année 2001. Ainsi, après un rythme de croissance élevé de 19,1% en 2001 contre 10,1% pour l’année 2000, l’année 2002 a enregistré un recul sensible du taux de croissance de l’agrégat monnaie fiduciaire qui est tombé à 15,2%. Il s’agit là d’une tendance monétaire favorable dans une situation de forts décaissements de la sphère budgétaire inhérents ; notamment, à la mise en œuvre du plan de soutien à la relance économique. 1 : Création monétaire et son contrôle par les autorités monétaires, le portail des étudiants d’économie, http://www.e‐tahero.sup.fr. 2 : Tendances monétaires et financières au second semestre de 2001, Media Bank, Publication bimestrielle N°58, Février/Mars 2002, P11.
Les indicateurs monétaires (en %) Désignation 2000 2001 2002 2003 Part de la circulation fiduciaire dans M2 29,22 23,34 22,91 23,30 Source : O.N.S
Par ailleurs, la poursuite du recul du ratio monnaie fiduciaire/M2 représente une tendance monétaire favorable appuyée par un ralentissement de l’expansion monétaire au cours de l’année 2002 après une forte croissance enregistrée en la matière en 2001. Ainsi, la contribution de la monnaie fiduciaire à la progression de M2 demeure relativement faible par rapport à celle de la monnaie scripturale (c’est‐à‐dire les dépôts à vue et à terme en dinars)1. Situation Monétaire (2000‐2003) (En milliards de dinars ; fin de période) 2000 2001 2002 2003 Circulation fiduciaire (hors banques) 484,5 577,2 664,7 778,8 De même, l’agrégat monnaie fiduciaire, qui est évalué à 778,8 milliards de DA à fin décembre 2003 contre 714,7 milliards de DA à fin juin 2003 et 664,7 milliards de DA à fin décembre 2002, s’est donc accru de 17,2% pour 2003 dont 8,9% au second semestre.
En 2003, le ratio monnaie fiduciaire/M2 a augmenté, alors qu’il avait enregistré une tendance baissière pendant les années précédentes.
2. L’émission monétaire par le BA (2004-2006) :
L’analyse monétaire durant cette période s’étend à l’examen des principales composantes de l’agrégat monétaire M2 qui a atteint 3738 milliards de DA à fin 2004, alors qu’il était passé de 2901,5 milliards de DA à fin 2002 à 3354,4 milliards de DA à fin 2003.
1
: Intervention de Monsieur le Gouverneur devant l’APN, Evolution Economique et Monétaire en Algérie (Année 2003), Media Bank, Publication Spéciale, Novembre 2004, P16.
La principale composante de la masse monétaire (M2) est représentée par l’agrégat monétaire M1 (2160,6 milliards de DA à fin 2004, contre 1630,4 milliards de DA à fin 2003), qui a bien enregistré en 2004 une tendance haussière par rapport à M2. En effet, le ratio M1/M2 a atteint 57,8% en 2004 contre 48,6 % en 2003, alors qu’il était de 50% en 2001. En outre, le taux de croissance de M1 a été particulièrement élevé en 2004 avec un rythme de 32,5%. D’où la nécessité d’analyser le comportement des composantes de l’agrégat monétaire (M1), c’est‐à‐dire la monnaie fiduciaire (pièces et billets en circulation) et les dépôts à vue.
Le taux d’expansion annuel de l’agrégat monnaie fiduciaire a reculé à 11,9% dont 5% au titre du second semestre en 2004, contre une croissance de 17,5% pour l’année 2003. Cet agrégat a donc atteint 874,3 milliards de DA à fin décembre 2004 contre 781,3 milliards de DA à fin décembre 2003 et 577,2 milliards de DA à fin décembre 2001. Cela témoigne bien d’un recul du taux de croissance de la monnaie fiduciaire en rythme semestriel en 2004 et en rythme annuel par rapport à l’année 2003.
Il est utile de rappeler qu’un « pic » en matière de taux de croissance de la monnaie fiduciaire a été enregistré en 2001 avec un rythme de 19,1%.
Par ailleurs, le ratio monnaie fiduciaire/M2 est resté stable autour de 23% au premier et second semestre 2004 tout comme en 2003, après avoir enregistré une tendance baissière les deux années précédentes. Cette stabilisation récente du ratio monnaie fiduciaire/M2 conjuguée à la décélération de la croissance monétaire consolide bien la stabilité monétaire.
Ainsi, au cours de l’année 2005, la croissance de la masse monétaire M2 (10,9%) s’explique par l’expansion (12,1%) de la masse monétaire M1 pendant que l’agrégat quasi‐monnaie (c’est‐à‐dire les dépôts à terme et toutes les formes d’épargne en comptes bloqués) s’est accru de 9,3%, en contexte de recul du ratio monnaie fiduciaire/M21.
1
: Communication de M.LAKSACI Mohamed (Gouverneur de la Banque d’Algérie) au siège de la BA‐26 octobre 2005, Stabilité monétaire et développement de l’intermédiation bancaire, Media Bank, Publication bimestrielle N° 80, octobre/novembre 2005, P12.
Par ailleurs, la circulation fiduciaire s’est accrue de 17,42% au cours de l’année 2006 avec une augmentation de 161,8 milliards de dinars.
3. La circulation de la monnaie fiduciaire en Algérie (2007-2009) :
Le ratio monnaie fiduciaire/M2 a reculé d’environ un point de pourcentage en 2007, soit 21,43% à fin 2007 contre 22,40% à fin 2006. De plus, le taux de croissance de la monnaie fiduciaire, avec 18,78% En 2007 contre 17,42% en 2006 et 5,33% en 2005, reste inférieur à celui de la masse monétaire M2. La forte expansion de la monnaie fiduciaire en 2006 et 2007, deux années pleines de mise en œuvre du programme de consolidation de la croissance 2005‐2009 (programme quinquennal 2005‐2009), renseigne sur les comportements de demandes d’encaisses de »s ménages et entreprises.
En réalité, l’impact de l’entrée en production des systèmes de paiement modernes [(à savoir : le système de règlements bruts en temps réel de gros montants et paiements urgents appelé ARTS (Algeria Real Time Settlements) qui est entré en production en février 2006 et la télé‐compensation des paiements de masse, dénommée système ATCI (Algérie Télé‐Compensation Interbancaire) en mai 2006] sur les habitudes de paiement des ménages et de certains opérateurs est de facto graduel, d’autant plus que les sorties d’encaisses ont été importantes auprès des guichets d’Algérie‐Poste.
Il convient de rappeler que le système de règlements bruts en temps réel de gros montants (ARTS) est conforme aux principes édictés par le comité sur les systèmes de paiement et de règlement de la Banque des règlements internationaux.
De ce fait, le système ARTS permettra la gestion la plus appropriée des risques de crédit, des risques de liquidité et des risques systémiques qui sont des risques qui naissent dans les systèmes de paiement et qui ne sont pas des risques de contreparties. Ce système, une fois mis en exploitation, permettra aux banques :
‐le règlement des opérations de paiement en temps réel et donc une gestion plus fine de la liquidité bancaire ;
‐le suivi le plus précis et la constitution adéquate des réserves obligatoires ; ‐la traçabilité complète des opérations de paiement par virement de gros montant ;
‐la génération des écritures comptables relatives aux paiements.
La mise en exploitation du système ARTS aura un effet positif sur la bancarisation de l’économie algérienne au moyen, notamment, de l’adoption progressive et irréversible des moyens de paiements scripturaux et par là, l’amélioration de la collecte des ressources par les banques1.
En 2008, l’accroissement de la circulation (19,89%) est supérieur au rythme de M2, pendant que le ratio monnaie fiduciaire/masse monétaire a légèrement augmenté en 2008, passant de 21,43% à fin 2007 à 22,14% à fin 2008. Cela montre que la préférence pour les encaisses caractérise les comportements de demande de monnaie en Algérie, alors que la modernisation des systèmes de paiement (système de règlements bruts en temps réel de gros montants et paiements urgents et système de télé‐compensation) est effective depuis le premier semestre 2006.
En effet, les résultats du programme de modernisation de l’infrastructure financière commencent à être effectifs en termes de développement financier. En valeur, les opérations traitées par le système RTGS sont en forte progression (93,7%) en 2008, pendant que le système de télé‐compensation traite un nombre bien accru d’opérations (9,32 millions d’opérations en 2008 contre 6,93 millions d’opérations en 2007)2.
Durant cette année, l’analyse du comportement des facteurs autonomes de la liquidité bancaire fait apparaître, par degré d’importance, les variations annuelles suivantes : ‐une augmentation des avoirs extérieurs nets de la BA pour 2844,6 milliards de DA dont 2325,5 milliards de DA sans effet de valorisation, soit la source la plus importante d’apport de liquidités ; 1 : Système de Paiement, L’amélioration de la Qualité des Services de Base, Media Bank (le journal interne de la Banque d’Algérie), publication bimestrielle N°81, décembre 2005/ janvier 2006, P5‐6. 2 : Rapport annuel de la Banque d’Algérie 2008, Situation monétaire et politique monétaire, http://www.bank‐ of‐algeria.dz.
‐une augmentation de la circulation fiduciaire de 255,5 milliards de DA correspondant à un besoin de liquidités.
Ainsi, la circulation fiduciaire hors Banque d’Algérie, qui a émergé comme second facteur autonome en 2008, s’est accrue de 19,89% contre 18.78% en 2007 et 17,42% en 2006 et a eu un effet de diminution de la liquidité bancaire pour 255,5 milliards de DA, soit un effet de contraction plus important que celui de 2007 (203,1 milliards de DA). La demande de billets de la part des ménages et certaines entreprises représente un important besoin de liquidités, d’autant plus que sa croissance a été plus prononcée en 2008.
Face à cette liquidité grandissante et freiner l’expansion de la masse monétaire présentant des risques inflationnistes, la Banque centrale recourt à la reprise de liquidités. Elle a retiré du circuit bancaire pas moins de 1.100 milliards de DA, soit l’équivalent de plus de 15 milliards de dollars à fin juin 2008, contre 450 milliards de dollars à fin juin 20071.