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Séquence du traitement du sujet et indications méthodologiques

L’architecture générale de ce travail est constituée de quatre parties, suivant les quatre étapes de la démarche praxéologique, comprenant au total huit chapitres. La première, consacrée à l’observation, met en exergue la vie d’une Église (des Églises) dans une société traversée par les tensions ethniques. Elle comprend trois chapitres : une enquête de terrain de type « entrevue par questionnaire survey », faite auprès de 250 citoyens de différentes régions du Cameroun sur leur perception de l’Église (des Églises) et de sa place et son rôle dans la société camerounaise (Chapitre 1) ; la présentation des résultats de cette enquête avec le (s) modèle (s) d’Église qui en ressort (chapitre 2) ; la présentation de quelques études des penseurs camerounais sur le problème du tribalisme et des conflits ethniques, pour compléter notre observation (chapitre 3).

La deuxième partie consacrée à l’interprétation cherche à dégager une interprétation socioculturelle et théologique du phénomène du tribalisme et des conflits ethniques dans la société et les Églises du Cameroun. Elle comprend deux chapitres : le chapitre 4 consacré à l’analyse critique des différentes formes du phénomène du tribalisme dans la société et dans l’Église, analyse de plus près les paramètres microsociologique, mésosociologique et macrosociologique du phénomène ; il clarifie en outre les concepts de ‘famille’, ‘ethnie ’, ‘tribu ’, pour permettre de comprendre que le tribalisme tel que pratiqué est une construction sociale et politique en Afrique, et plus particulièrement au Cameroun. Le chapitre 5 quant à lui porte sur l’analyse des enjeux ecclésiologiques des problématiques tribaux/ethniques, c’est-à- dire des rapports de l’identité ethnique et de l’Évangile dans l’ecclésiologie camerounaise. Nous présentons succinctement les points de l’ecclésiologie africaine, en interrogeant d’autres théologiens sur cette question. Cet exercice de dialogue vise à situer notre propre perspective par rapport à la production théologique en Afrique et ailleurs concernant la question ecclésiale du dialogue interethnique et religieux, et intra ethnique de la paix et à montrer leur convergence dans le dépassement de leur apport propre.

La troisième partie, l’intervention pastorale, centrée sur la réflexion pastorale de la pratique ecclésiale du dialogue de la diversité ethnique africaine pour la paix, permet de confronter et d’élaborer notre propre théologie d’évangélisation de la paix, y compris dans ses implications pastorales. Deux chapitres y sont consacrés : le chapitre 6, qui porte sur la question de l’évangélisation, c’est-à-dire des rapports entre les solidarités ethniques et les pratiques ecclésiales. Nous réfléchissons sur les différents thèmes qui structurent la solidarité ecclésiale. Cet exercice vise à situer notre propre vision concernant la question de l’évangélisation. Le chapitre 7, quant à lui, est consacré au déploiement de nos propres perspectives ecclésiales et pastorales pour une nouvelle pratique du dialogue interethnique et religieux, comme chemin de la réconciliation en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Sans être exhaustive, notre étude aboutit à la mise en place des fondements de quelques pistes théologiques et pastorales pour une action pastorale renouvelée au Cameroun. Ce projet a pour but de favoriser l’évangélisation de la paix à travers un dialogue interethnique et intra ethnique et religieux du peuple camerounais, la reconstruction de sa personnalité et de son identité.

La quatrième partie et dernière partie, qui comprend un seul chapitre (chapitre 8), est centrée sur le passage d’une utopie mise en pratique à une pratique en forme d’utopie, permet de rêver en élaborant le chemin d’une Église idéale, dans ses implications pastorales.

En conclusion, nous pressentons ce travail comme « une embouchure ouverte sur la mer ». L’examen de l’hypothèse et du parcours de cette thèse ainsi que des résultats obtenus en conclusion générale met l’accent sur la contribution et les limites de la recherche, mais aussi sur les perspectives d’avenir, le but étant de contribuer à l’amélioration du vivre ensemble multiethnique et religieux et des connaissances, des politiques et des stratégies d’intervention dans la gestion des conflits sociaux.

PREMIÈRE PARTIE

OBSERVATION-ANALYSE

FAITS ET MÉFAITS DES CONFLITS

ETHNIQUES

La composition socio-ethnique du Cameroun est (cela est une lapalissade), fondamentalement marquée du sceau de la pluralité des identités. Cette pluralité est source d’ambivalence. Si la richesse culturelle dont elle est porteuse peut s’appréhender comme vecteur d’édification d’une virtuelle nation plurielle, elle peut tout aussi bien, et au contraire, en secréter les principales bifurcations réfractaires à l’accomplissement d’un tel dessein. Le particularisme ethnique remis au goût du jour depuis la réinstauration du pluralisme politique en décembre 1990 grâce à l’action des entrepreneurs identitaires qui en font leur mode privilégié d’action politique travaille, en effet, à fissurer l’étanchéité de l’entreprise de construction d’une entité nationale.( Joseph-Marie Zambo Bélinga, dans Les conflits ethniques au Cameroun. Quelles sources, quelles solutions?, Yaoundé, Éd. Saagraph, 2000, p.109).

Le processus démocratique engagé en 1990 dans la plupart des pays africains, dont le Cameroun, a été entaché par des revendications ethniques. Le génocide rwandais, la lutte pour le pouvoir en Côte d’Ivoire, le problème de la protection des minorités au Cameroun ou dans d’autres pays africains, l’état de déliquescence des économies africaines, rappellent que la gouvernance des organisations tant au point de vue politique, c’est-à-dire tant au plus haut sommet de l’État, qu’aux micro-organisations des entreprises, sont victimes des méfaits du tribalisme.

Le tribalisme est un véritable fléau qui détruit l'unité des chrétiens et mine la construction des nations africaines en général et du Cameroun en particulier. Dans plusieurs États africains, des Églises se sont partagé des espaces géographiques en utilisant les limites ethniques comme frontières. Leur organisation interne obéit également aux limites claniques et aux calculs tribalistes. Et qui plus est, cela devient une justification pour la gestion au niveau des États et dans les Églises, au point que les modes de vie tribale ont déteint sur la population majoritairement chrétienne et sont devenus un critère d'acceptation ou de rejet de l'autre.

Au Cameroun, les régions du centre et du sud sont de véritables zones de turbulences et de crises ethniques particulièrement violentes. Aussi, l’évocation des problèmes ethniques entre autochtones (indigènes) et allogènes (étrangers de la région), est devenue récurrente dans la vie sociale camerounaise. La problématique du tribalisme ne se limite pas à la stigmatisation de l’«ethnofascisme» contre les Bamilékés/Anglophones, stigmatisation longtemps a été objet d’études de l’idéologue Hubert Mono Djana du parti au pouvoir Rassemblement démocratique des populations du Cameroun (RDPC). Elle se retrouve également dans le Nord-Cameroun où la migration des populations de la brousse et autres populations allogènes dans l’activité commerciale a remis en cause la confiance à la base de la négociation des prix et de la fiabilité du crédit entre autochtones. La conséquence est que les marchands locaux, pour une même marchandise, fixent un prix pour les autochtones et un prix pour les allogènes. Aussi, les combats entre Choa et Kotoko dans la région de Kousseri, ou entre pasteurs et agriculteurs à

Meiganga, ont provoqué des dizaines de conflits ethniques mortels au cours de ces dernières années46.

Sans entrer tout de suite dans le processus d’interprétation de ces phénomènes, on peut déjà constater que cela pose question. Il est donc légitime de se demander dès lors si les rivalités ethniques dans les Églises du Cameroun ne constituent pas un obstacle à court, à moyen et à long terme à l’annonce de l’Évangile. Ces rivalités ne sont-elles pas un obstacle à une démocratisation authentique et pacifique du pays? Dans quelle mesure la démocratie est- elle compatible avec les sociétés pluriethniques? Comment articuler citoyenneté et ethnicité dans une société pluriethnique? Dans quelle mesure le thème de l’ethnicité est-il dans les visions et les pratiques tant ecclésiales que sociétales, et est-il susceptible d’avoir un impact positif ou négatif sur le fonctionnement des communautés chrétiennes et sociales du Cameroun47? Questions très pertinentes dans un contexte comme celui du Cameroun où cohabitent de multiples groupes ethniques (plus de 240 ethnies recensées).

Cette première partie de la recherche entend observer comment se joue la question ethnique dans des organisations ecclésiales et sociétales. A cette fin, il faut d’abord, dans un chapitre préliminaire, situer historiquement la genèse des conflits ethniques en Afrique en général, et au Cameroun en particulier; à partir du contexte de l’imposition des frontières et géo-religieuse 48, avant de passer à l’enquête de terrain proprement dite (chapitre 1). Le second chapitre livrera les résultats d’une enquête réalisée dans les trois principales capitales provinciales du Cameroun, à savoir Yaoundé (capitale politique et chef-lieu provincial du centre), Douala (chef-lieu provincial du Littoral et métropole économique du pays), et Bafoussam (chef-lieu provincial de l’Ouest). Ces trois provinces ont été choisies en raison de la forte concentration des populations venant de toutes les régions du pays et du brassage entre les différentes ethnies. Le troisième chapitre fera l’état des études thématiques qualitatives réalisées par certains chercheurs camerounais pour étayer et compléter l'enquête quantitative. Cela dit, passons, sans plus tarder, au cadre géographique de cette enquête.

46 J. ROITMAN, «The Garrison-Entrepôt», Cahiers d’études africaines, 150-152, XXXVIII-2-4, 1998, pp. 297- 329.

47 P. POUTIGNAT et J. STEIFER-FENART, Théories de l’ethnicité, Paris, PUF, 1995, p. 30. 48 En géographie, la frontière ligne est une ligne imaginaire qui sépare deux États souverains.

Cadre géographique de l’enquête

Genèse des conflits ethniques en Afrique et au Cameroun

Le tracé arbitraire des frontières par les colonisateurs au mépris des réalités ethniques/humaines est certainement l’une des sources majeures des conflits politico-sociaux dans beaucoup de pays africains. Par ailleurs, les conflits en Afrique sont aussi étroitement liés au refus ou à l’incapacité des groupes sociaux et de leurs dirigeants à respecter les barrières de la religion, de l’ethnicité ou de la race (pour ne citer que celles-ci).

En effet, la colonisation européenne du continent africain au XIXe siècle a bouleversé le contexte des frontières de l’Afrique dans tous les domaines : politique, économique, socio- ethnique, et religieux. Achille Mbembe a parfaitement raison quand il écrit :

Le champ religieux représente en Afrique un horizon inéliminable et donc incontournable dans l’analyse et la compréhension des sociétés actuelles. Les faits qui l’expriment ne peuvent pas être réduits à un simple essai enfantin de maîtrise de la vie (….) Le religieux participe d’une dimension constitutive de la vie. Il importe de le prendre autant au sérieux que tous les autres déterminants qui structurent, d’une manière ouverte, la vie présente et à venir des Africains.49

La politisation des religions semble être en effet une dimension importante de ses problèmes de frontières, découlant de l'esprit de partage de l’Afrique à la Conférence de Berlin, lors de laquelle la carte géographique du continent fut divisée entre les pays occidentaux concernés. Chaque puissance coloniale autorisa l’installation des missions protestantes ou catholiques dans ses nouveaux territoires. Les missions religieuses ont joué un rôle considérable pour le compte de l'administration coloniale qui, en retour, a contribué de façon significative à l'avancée des missions chrétiennes. Les deux allaient de pair, même si elles diffèrent dans leurs objectifs avoués. L. Laverdière abonde dans le même sens, lorsqu’il souligne que « la collusion avec l’administration sautait aux yeux : certains missionnaires, usant des mesures répressives, menaçaient de péché mortel et des flammes de l’enfer les

49 A. MBEME, Afrique indocile : christianisme et pouvoir d’État en société postcoloniale, Paris, Karthala, 1988,

‘nègres’ qui n’obéissaient pas aux ordres de l’État »50, il partage largement le point de vue de Kangue Ewane qui établit les principales formes de cette collusion :

Il nous apparaît ainsi que non seulement le système religieux catholique romain a contribué directement, consciemment et volontairement à l’exploitation, à l’occupation et au partage de l’Afrique, non seulement il s’est intégré dans sa mise en valeur économique et dans l’effort d’occidentalisation des africains, mais encore il a été d’une importance capitale dans ces sortes d’aménagements qui on servi comme autant de soupapes de sécurité contre l’exploitation des contradictions inhérentes au rapport colonial lui-même51,

Dans sa relation de la mission du « Kamerun », l’Église catholique conclut un pacte de partenariat que Mgr Vieter salue au cours d’un discours à Limburg, le 25 janvier 1905 :

Grâce à la coopération importante de l’État et de l’Église, nous sommes parvenus à de beaux résultats au Kamerun. Puisse-t-il en être ainsi dans le futur, et que jamais les malentendus possibles entre les deux pouvoirs suprêmes ne puissent briser l’entente fondamentale52.

Le christianisme postcolonial est en passe de connaître un destin semblable à celui des colonies, lui qui entend parfaire son emprise sur les sociétés africaines d’aujourd’hui, en rectifiant les erreurs passées. L'objectif du christianisme est devenu celui d’inculturer l’Église et de rendre les nombreuses Églises créées depuis leur arrivée au Cameroun, autonomes, capables de s'autogérer et d'être organisées par les Camerounais eux-mêmes. Elle a formé de nouvelles élites, même si les conversions sont peut-être moins des ruptures que des modalités inédites d’insertion – contradictoire - des Camerounais dans un nouvel univers.

En fait, il renouvelle le christianisme, mais n’a pas suffisamment remis en cause d’anciennes frontières géo-religieuses internes. D’autre part, comme les autres religions présentes au Cameroun, il peine à gérer sa multiethnicité qui la caractérise. Et le démon du tribalisme, qui secoue la société, ruine ses organisations de l’intérieur, à commencer par son

50 L. LAVERDIÈRE, Le missionnaire et le christianisme dans la littérature camerounaise, Thèse pour le doctorat du 3ème cycle en littérature francophone, Paris, université Paris-Nord,1987, pp.286-287

51 KANGE EWANE, La politique dans le système religieux catholique romain en Afrique de 1815-1960, Paris,

Librairie Honoré Champion, 1976, p.465.

52 R. BUREAU Op.cit., p.262, L. LAVERDIÈRE, Le missionnaire et le christianisme dans la littérature

camerounaise, Thèse pour le doctorat du 3ème cycle en littérature francophone, Paris, université Paris-nord,

clergé. Du coup, sa mission de promouvoir une fraternité universelle dans les Églises et dans la société est mise à l’épreuve aisément.

Frontières géo-religieuses internes du Cameroun

Le Cameroun a des frontières ouvertes sur l’océan Atlantique ; il est limité à l’ouest par le Nigeria, au nord-est par le Tchad, à l’est par la République centrafricaine, au sud par le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale. Depuis le golfe de Guinée, le Cameroun s’étire vers le Nord jusqu’au lac Tchad, formant un triangle de 475 442 km de superficie, qui relie l’Afrique équatoriale et l’Afrique occidentale. Il regroupe 16 063 678 d’habitants (estimation 2004). Sa capitale politique est Yaoundé et sa capitale économique Douala.

La population du Cameroun en 200753 est estimée à 16 063 678 d’habitants (avec une densité 31 habitants au km carré) de Terre de passage depuis toujours : ce pays est une mosaïque de plus de deux cents ethnies, composé pour l’essentiel de Bantous principalement dont des Fangs et des Bétis, des Bamoums et des Bamilékés, des Sawas, des Peuls (Foulbé) et des Pygmées. Les flux migratoires actuels se traduisent par un mouvement général des campagnes vers les villes d’une part (la croissance de la population urbaine est de 6,5% par an). Cette peuplade multiethnique connaît un problème dans les frontières géo-religieuses internes du Cameroun depuis le siècle dernier.

Le Cameroun est divisé en dix provinces contenant des départements et des districts ; Si le Cameroun peut se réjouir aujourd’hui d’une accalmie à ses frontières, surtout depuis la signature de l’accord de paix avec son voisin Nigeria à propos de la presqu’île de Bakassi54, il

53 «Yaoundé, capitale du Cameroun » http://fr.wikipedia.org/wiki/Yaound%C3%A9 17-01.2007.

54 LA HAYE, le 10 octobre 2002. La Cour internationale de Justice (CIJ), organe judiciaire principal de

l’Organisation des Nations Unies, a rendu en ce jour son arrêt en l’affaire de la Frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigéria (Cameroun c. Nigéria; Guinée équatoriale (intervenant). Dans son arrêt, qui est définitif, sans recours et obligatoire pour les Parties, la Cour détermine comme suit, du nord au sud, le tracé de la frontière entre le Cameroun et le Nigéria : Dans la région du Lac Tchad, la Cour décide que la frontière est délimitée par la déclaration Thomson-Marchand de 1929-1930, telle qu’incorporée dans l’échange de notes Henderson-Fleurieu de 1931 (entre la Grande-Bretagne et la France); elle dit que la frontière part dans le lac du tripoint Cameroun-Nigéria-Tchad (dont elle précise les coordonnées) et suit une ligne droite jusqu’à l’embouchure de la rivière Ebedji, telle qu’elle se présentait en 1931 (dont elle fixe également les coordonnées) pour ensuite

faut dire qu’il ne jouit pas encore d’une paix totale à toutes ses frontières. Les populations qui avaient été divisées lors du tracé des frontières constituent toujours des foyers de guerres ethniques potentielles. Le principe de l’intangibilité des frontières, issues de la colonisation et de l’intégrité territoriale adoptée en 1963 par la Conférence constitutive de l’Organisation de l’Unité Africaine, privilégiait le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque État issu de la colonisation, laissant en veilleuse les questions identitaires.

Depuis le XIXe siècle, le Cameroun connaît l’éclatement de son paysage religieux caractérisé par le positionnement de l’islam, du christianisme et des religions traditionnelles africaines. Chacune de ces religions s’est vue attribuer un territoire ethno-régional. Depuis 1990, avec le mouvement migratoire et l’urbanisation, on assiste à une remise en cause d’anciennes frontières géo-religieuses internes.

Louis Paul Ngongo55 mentionne que les religions se sont installées au Cameroun dans un esprit de division religieuse traditionnelle (catholique et protestante) en Occident. Le gouvernement impérial allemand avait institutionnalisé la division par la délimitation géographique et la reconnaissance officielle des zones d’influence religieuse. Aussi, colonisation et évangélisation avancèrent simultanément, tantôt s’épaulant, tantôt se rejoindre, toujours en ligne droite, le point où la rivière se partage aujourd’hui en deux bras. Entre le Lac Tchad et la péninsule de Bakassi, la Cour confirme que la frontière est délimitée par les instruments suivants : La Cour examine point par point dix-sept portions de la frontière terrestre et précise, pour chacune d’entre elles, comment les instruments susmentionnés doivent être interprétés (par. 91, 96, 102, 114, 119, 124, 129, 134, 139, 146, 152, 155, 160, 168, 179, 184 et 189 de l’arrêt).

À Bakassi, la Cour décide que la frontière est délimitée par l’accord anglo-allemand du 11 mars 1913 (art. XVIII- XX) et que la souveraineté sur la presqu’île de Bakassi est camerounaise. Elle décide que, dans cette région, la frontière suit le thalweg de la rivière Akpakorum (Akwayafé), en séparant les îles Mangrove près d’Ikang de la manière indiquée sur la carte TSGS 2240, jusqu’à une ligne droite joignant Bakassi Point et King Point. En ce qui concerne la frontière maritime, la Cour, ayant établi sa compétence, contestée par le Nigéria, pour connaître de cet aspect de l’affaire, fixe le tracé de la limite des zones maritimes des deux États. Dans son arrêt, la Cour demande au Nigéria de retirer dans les plus brefs délais et sans condition son administration et ses forces armées et de police du secteur du lac Tchad relevant de la souveraineté du Cameroun, ainsi que de la presqu’île de Bakassi. Elle demande en outre au Cameroun de retirer dans les plus brefs délais et sans condition toute administration ou forces armées ou de police qui pourraient se trouver le long de la frontière terrestre allant du lac Tchad à la presqu’île de Bakassi, sur des territoires relevant, conformément à l’arrêt, de la souveraineté du Nigeria. http://www.icj-cij.org/cijwww/cdocket/ccn/ccnframe.htm 10 Octobre 2006.

55 L. P. NGONGO, Histoire des forces religieuses au Cameroun : de la première guerre mondiale à

contrariant. La trilogie «militaire, fonctionnaire, missionnaire » fut particulièrement efficace, les missionnaires ayant, dans bien des cas, constitué l’avant-garde de la pénétration coloniale.

Au Cameroun, jusqu’à une date récente, on parlait de quatre grandes confessions