Les sépultures

4.3.2.1. Tombe 1 (Tr B UF 14)

Lors de la campagne de 2006, dans la tranchée B sous le sol correspondant à l’horizon IIc, une tombe d’enfant a été mise au jour (fig. 80). L’individu reposait dans une fosse ovale dont les parois étaient enduites d’une solution argileuse, d’après la description qui en est faite dans le rapport 2006 de la Mission « Caucase » (Chataigner (dir.) 2006).

Datation

La datation restant incertaine au regard de la complexité de la stratigraphie, nous avons effectué deux analyses ¹⁴C : la première sur un charbon, 4560 ± 40 BP, soit 3370-3100 cal BC provenant de la tombe et la deuxième sur un fragment du fémur gauche, 4403 ± 45 BP, soit 3330-2900 cal BC. Ces deux dates sont parfaitement concordantes, l’inhumation a donc eu lieu entre la fin du 4ème

et le tout début du 3^ème millénaire.

Position d’inhumation

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Figure 82 : Godedzor (Arménie), photo de la tombe 1 (photo I. Kalantarian)

Figure 83 : Godedzor (Arménie), dessin de la tombe 1

Le bloc crânio-facial apparaît par sa face latérale gauche. Les os du tronc paraissent en connexion stricte. Les côtes gauches se présentent par leur face supéro-exothoracique et les vertèbres par leur face latérale gauche.

Les membres supérieurs sont fléchis devant le tronc. L’humérus gauche visible par sa face postérieure fait un angle de 60° avec l’axe du tronc. L’avant-bras est très fortement fléchi sur le bras et repose en partie sur l’avant-bras droit, ce qui indique que le membre supérieur droit est également fléchi. Les os des mains paraissent avoir subi des déplacements.

Les membres inférieurs sont fléchis, la cuisse gauche chevauchant la jambe droite. Les fémurs font respectivement un angle de 75° pour le droit et de 90° pour le gauche avec l’axe du tronc.

Les jambes sont fléchies sur les cuisses à 40° pour la droite et 90° pour la gauche. La position des pieds est inconnue.

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La préservation des connexions anatomiques montre qu’il s’agit d’une sépulture primaire ; l’absence de déplacement des os en dehors du volume initial du corps traduit une décomposition en espace colmaté.

Matériel

Une partie du squelette était recouverte de gros fragments de céramique grossière à dégraissant végétal (fig. 84) caractéristique de la période chalcolithique (Chataigner et al. 2010). Compte tenu des dates 14C, il semble qu’à Godedzor le Chalcolithique se poursuive pendant la seconde moitié du 4^ème millénaire (communications personnelles C. Chataigner et G. Palumbi). Quelques os de faune et un « bloc » d’obsidienne, situé devant la partie distale de la jambe droite, ont également été retrouvés.

Figure 84 : Godedzor (Arménie), céramique qui recouvrait en partie le squelette de la tombe 1 de (photo I. Kalantarian)

Identité biologique

Le squelette est presque complet (annexe 46) et les os sont bien conservés L’âge au décès est estimé entre 4 ans 9 mois et 6 ans selon la méthode de Moorrees et collaborateurs (1963a)

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4.3.2.2. Tombe 2 (Tr B UF 97)

A la fin de la campagne 2009, des restes humains ont été découverts dans l’angle nord-ouest des tranchées A/B (fig. 80). Seuls les membres inférieurs étaient visibles, indiquant que le reste du squelette devait se trouver dans la berme (Chataigner dir. 2010). Afin de pouvoir dégager la sépulture, une extension (Tranchée E) a été ouverte en 2010 dans cet angle. Le niveau chalcolithique, surmonté par des niveaux de l’âge du Fer, a été fouillé jusqu’au sol (horizon IIh) surmontant la sépulture. Lors de la découverte de la sépulture certains os n’ont pas été identifiés comme humains. Les os des pieds, le quart distal des os des jambes, le coxal droit et une partie du coxal gauche ont été retrouvés parmi la faune prélevée en 2009 dans l’UF 97.

Les limites de la fosse n’étaient pas visibles à la fouille, celle-ci ayant vraisemblablement été comblée avec le sédiment provenant de son creusement.

Datation

En l’absence de matériel archéologique « datant » deux datations 14

C ont été effectuées : une sur un fragment de tibia droit : 4475 ± 45 BP, soit 3360-3010 cal BC ; la deuxième sur un fragment de l’humérus gauche : 4441 ± 45 BP, soit 3340-2920 cal BC. Ces deux dates sont parfaitement concordantes, l’inhumation à donc eu lieu entre la fin du 4ème

et le début du 3^ème millénaire.

Position d’inhumation

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Figure 85 : Godedzor (Arménie), tombe 2, Tr B, UF 97 (photo C. Chataigner)

Le bloc crânio-facial et la mandibule sont visibles par leur face latérale gauche.

Le rachis apparaît par sa face antérieure ; il est en connexion stricte mais présente deux dislocations, l’une entre la dixième et la onzième vertèbre thoracique, l’autre entre la première et la deuxième vertèbre lombaire. Ces dislocations font partie des déplacements les plus courants lors de la décomposition du cadavre. Le gril costal droit est à plat. Certaines côtes droites ont cependant subi des déplacements, qui peuvent être dus à l’intrusion d’un animal fouisseur. Les côtes gauches, qui ont été maintenues par le fémur droit, se présentent par leur face supéro-endothoracique. Le sternum, qui apparaît par sa face antéro-latérale droite, a été trouvé sur la face latérale gauche des vertèbres thoraciques.

La scapula droite qui apparaît par sa face antéro-latérale n’est plus en connexion avec la clavicule visible par sa face inférieure. La scapula et la clavicule gauche apparaissent par leur face antérieure.

L’humérus droit, visible par sa face postéro-médiale, est en abduction à 180° et se trouve, par conséquent, devant la face. Son épiphyse proximale se situe 10 cm plus bas que son épiphyse distale. L’avant-bras est fléchi à 90° sur le bras, la moitié distale du radius passant sous le bloc crânio-facial. Il existe une différence d’altitude de 11, 4 cm entre les épiphyses proximale et distale de l’ulna et de 13,2 cm entre celles du radius. Ces différences d’altitudes, montrent que le coude droit s’appuyait contre la paroi de la fosse. La main en connexion apparaît par sa face palmaire, les trois premiers doigts reposant sous le pariétal droit. L’humérus gauche, visible par sa face médiale, est parallèle à l’axe du tronc. L’avant-bras, qui passe sous le membre inférieur gauche est fléchi

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à 60° sur le bras à gauche du tronc. La main apparaît par sa face palmaire, à l’exception du premier doigt qui est visible par sa face latérale.

Le coxal gauche apparaît par sa face médiale. Les membres inférieurs sont fortement fléchis sur la gauche du tronc. Le fémur droit, qui est visible par sa face postérieure, forme un angle de 30° avec l’axe du tronc. Son épiphyse distale repose sur le quart proximal de l’humérus gauche. Les os de la jambe, fléchie à 30° sur la cuisse, passent sur le coude gauche ; ils apparaissent par leur face latérale et sont en connexion lâche avec le fémur. La position du fémur droit peut s’expliquer par la création d’un espace vide secondaire lors de la décomposition du tronc et du bras gauche. Le membre inférieur gauche chevauche l‘avant-bras gauche. Le fémur, qui se présente par sa face postéro-médiale, est parallèle à l’axe du tronc. La jambe est fléchie à 20° sur la cuisse, le tibia et la fibula apparaissant par leur face médiale.

Au regard de la position fortement fléchie des membres inférieurs, nous pouvons émettre l’hypothèse de l’existence d’un moyen de contention à ce niveau. En effet, la position de la main gauche indique que les membres inférieurs n’ont pas pu être maintenus par la paroi de la fosse.

Le défunt a donc été déposé sur le dos en position très contractée, les membres inférieurs fortement fléchis sur la gauche du tronc. Le membre supérieur gauche repose sous les membres inférieurs et le droit fléchi est devant la face, la main étant située en partie sous le bloc crânio-facial. L’examen des altitudes des os indique que la fosse sépulcrale avait une forme de cuvette légèrement évasée.

La préservation de la majorité des connexions anatomiques montre qu’il s’agit d’une sépulture primaire; l’absence de déplacement en dehors du volume initial du corps traduit une décomposition en espace colmaté. Les quelques déplacements observés traduisent un colmatage différé.

Matériel

Aucun matériel n’accompagnait le défunt.

Identité biologique

Le squelette est complet et la conservation des os est bonne (annexe 47). Le sujet est une femme (méthode Bruzek 2002) dont l’âge au décès est estimé à plus de 40 ans (méthode Schmitt 2005).

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