NEOLITHIQUE A LA FIN DE LA CULTURE
4.1.2. Les sépultures et dépôts de restes humains
4.1.2.1. Tr3 UF 10 F18
En 2012, lors de la fouille de la Tr 3 UF 10 F18 (annexe 38) un bloc crânio-facial humain a été mis au jour dans un niveau de terre battue compacte et homogène de 20 cm d’épaisseur, avec une quantité importante de faune, de galets naturels, d’artefacts en os et obsidienne. Ce niveau pourrait correspondre à une phase d’abandon5
du site mais cette hypothèse reste à vérifier. Aucune fosse ou limite de fosse n’a été reconnue.
Datation
Une datation 14C effectuée sur un fragment d’os indique un âge compris entre 5980 et 5750 cal BC6, ce qui place ce bloc crânio-facial dans la première moitié du 6ème millénaire. Il s’agit, à ce jour du plus vieux reste humain d’Arménie.
Identité biologique
Le bloc crânio-facial n’est pas complet (annexe 39). L’épaisseur des parties conservées (frontal, pariétal, occipital) et l’état des sutures indiquent un sujet adulte.
Description et interprétation du « dépôt »
Le bloc crânio-facial repose sur sa face supéro-latérale gauche (fig. 41). Il est orienté face vers le sud-est, occipital vers le nord-ouest.
5 Communication personnelle R. Hovsepyan
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Figure 41 : Aknashen (Arménie), position du bloc crânio-facial (Tr 3 UF 10 F 18)
L’interprétation de ce dépôt est délicate, deux hypothèses peuvent être émises. La première serait qu’il s’agisse d’un dépôt de bloc crânio-facial, qui serait le premier découvert dans le Sud Caucase, pour la période néolithique (Chataigner 1995). La deuxième hypothèse serait qu’il s’agisse d’une sépulture perturbée. Signalons que, lors de l’étude de la faune7 de cette même UF, un coxal gauche appartenant à un individu adulte, dont l’âge au décès est estimé à 20-39 ans (selon la méthode de Schmitt 2005), a été trouvé. Ce dernier pourrait appartenir au même individu que le bloc crânio-facial, ce qui constitue un argument en faveur d’une sépulture perturbée.
4.1.2.2. Tr 1 UF 8
En 2010, lors de l’étude, par Adrian Balasescu, de la faune mise au jour en 2009 des os de périnatal ont été retrouvés. Ils comprennent un humérus gauche, le quart proximal d’une ulna droite, deux fémurs (un droit et un gauche), deux tibias (un droit et un gauche) et une fibula, deux côtes gauches entières, trois fragments postérieurs de côtes droites (fig. 42). Les os droits et gauches sont parfaitement symétriques (cf chapitre 5) ce qui indique qu’ils proviennent vraisemblablement du même individu. Ces ossements n’ayant pas été identifiés comme des os humains sur le terrain, leur mode de dépôt est inconnu. Cependant, compte tenu des restes découverts, il est possible qu’ils résultent d’un geste funéraire.
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Figure 42 : Aknashen (Arménie), fiche de conservation du sujet Tr 3 UF 10 F18
Datation
Une datation 14C (LTL-5734A) effectuée sur le tibia droit a daté les restes de 6860 ± 45 BP, soit 5850-5650 cal BC.
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Il n’existe actuellement aucun élément de comparaison dans le Sud Caucase pour la période néolithique.
Identité biologique
L’âge au décès a pu être estimé à 38 semaines d’aménorrhées (+/- 3,34 semaines) ou 8 mois (selon la méthode Adalian et al. 2002). Les mesures effectuées sur les autres os long8 viennent confirmer l’estimation de l’âge de cet individu (Schaefer et al. 2009). Les os sont très bien conservés.
4.1.2.3. Baulk 6-8 UF 7 F1
Lors de la campagne de fouille de 2012, la partie inférieure d’un squelette a été retrouvée dans la berme entre la « Trench » 6 et la « Trench » 8 (annexe 38).
Datation
Une datation 14C a été effectuée sur un fragment de diaphyse : 6640 +/- 50 BP soit 5636-5486 cal B.C (Poz 56369)9, le dépôt a donc eu lieu au cours du 6ème millénaire.
Description du « dépôt »
Lors de notre arrivée sur le terrain, une grande partie de ces restes avait déjà été dégagée et certains d’entre eux n’étaient plus dans leur position initiale, notamment le fémur et le tibia droits. Les os qui n’étaient pas en place ont donc été prélevés et un nouveau décapage a été effectué afin de comprendre la position de cette partie inférieure de squelette composée du membre inférieur gauche complet et d’un pied droit situé en partie au-dessus du pied gauche (fig. 43).
8 Longueur Humérus G : 50, 3 mm ; Tibia D : 60,8 mm ; Tibia G : 60 mm.
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Date réalisée grâce aux financements de l’ANR-12-JSH3-0003-01 ORIMIL, sous la direction d’Estelle Herrscher (CNRS UMR 7269)
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Figure 43 : Aknashen (Arménie), membre inférieur gauche (baulk 6/8 UF 7 F1) après le premier décapage
Deux phalanges moyennes et une phalange proximale de la main sont présentes à l’est du fémur gauche, une autre phalange proximale repose au niveau de son épiphyse distale. La position de ces phalanges permet de supposer qu’au moins l’une des mains se trouvait à proximité de la cuisse gauche.
Le membre inférieur est en connexion. La jambe est fortement fléchie à 35° sur la cuisse. Le fémur gauche apparaît par sa face médiale, le tibia par sa face postéro-médiale et la fibula par sa face médiale. Les métatarsiens 2, 3, 4 et 5 apparaissent par leurs faces plantaires, ils sont en connexion stricte les uns avec les autres. La phalange proximale du 4ème métatarsien qui apparaît également par sa face plantaire est en connexion stricte avec ce dernier (fig. 44).
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Figure 44 : Aknashen (Arménie), détail du pied gauche (baulk 6/8 UF 7 F1),
La position des os du membre inférieur gauche et des os du pied droit permet de supposer que le membre inférieur droit était fléchi sur le gauche et la préservation des connexions anatomiques, notamment phalanges/métatarsiens, indique selon toute vraisemblance un dépôt primaire.
L’absence de la partie supérieure de l’individu peut s’expliquer par une perturbation ancienne ou récente.
Identité biologique
En l’absence des os coxaux, il est impossible de déterminer le sexe et d’estimer l’âge de ce sujet. L’ensemble des os présents (annexe 40) sont de taille adulte et toutes les épiphyses présentes sont totalement soudées, ce qui permet de conclure que les restes humains appartiennent à un individu adulte
Matériel
Quelques fragments d’éclats d’obsidienne ont été retrouvés lors de la fouille, ils ne sont pas directement associés au « dépôt » funéraire, ils semblent provenir du remplissage de cette « tombe ».
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4.1.2.4. Synthèse
Les fouilles, toujours en cours, sur le site d’Aknashen ont permis de mettre au jour de nouveaux restes humains pour la période néolithique. Ces derniers contribuent à une meilleure appréhension des populations vivant dans le Sud Caucase au cours du 6ème millénaire, pour lesquelles on a encore très peu de restes.