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Partie II : Etude expérimentale

I. Intérêts, objectifs et description de l’expérience

1) Sélectionner, à terme, des bovins français faiblement émetteurs de méthane

a) La France, 9ème producteur mondial de viande bovine

Parmi les pays fortement impliqués dans l’élevage bovin, nous retrouvons la France, dont voici quelques caractéristiques (INTERBEV (Web) et idelec (2014, Web)) :

 Environ 19 millions de têtes :

o Plus de 50% d’allaitantes (1er cheptel européen en nombre de vaches allaitantes).

o Hors veaux, environ 65% des bovins finis sont d’origine allaitante.  Près d’1,3 million de tonnes équivalent carcasse produites par an (tous bovins,

1er producteur européen) :

o Exportations = 20% de notre production de viande, et 1,3 million de bovins vivants (dont environ 1 million de broutards).

o Importations = 1,25 à 1,35 fois la quantité d’exportations de viande (majoritairement issue de bovin laitiers, étant donné le plébiscite du steak haché en France), 150 mille bovins vivants (dont 120 mille veaux).  Consommation proche de 24kg/habitant/an en équivalent carcasse (dans les 3

premiers européens), soit 13kg/habitant/an de viande bovine distribuée : o 50% d’origine allaitante, 50% d’origine laitière.

o 75% d’origine française, 22% d’origine européenne (hors France).

En résumé, la France joue un rôle majeur dans l’élevage et la consommation de bovins allaitants. Comme pour toute région pratiquant l’élevage de ruminants, des solutions de mitigation des émissions entériques de méthane vont résider dans l’alimentation (dont l’utilisation de lipides adaptés, Doreau et al. (2011a)), la gestion sanitaire, et l’optimisation de la production et de la reproduction. Mais, sachant que la France est un pays industrialisé, à faible intensité d’émission de méthane, à forte productivité, et au cheptel bien organisé, les leviers d’action à explorer encore à l’avenir vont concerner les biotechnologies (les vaccins sont une piste prometteuse selon Gerber et al. (2013)), l’utilisation d’additifs alimentaires, et la génétique. Un projet de la recherche agronomique française est donc de déterminer des moyens

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d’identification des bovins faiblement émetteurs de méthane, afin de favoriser ensuite leur mise à la reproduction.

b) La Charolaise : première race allaitante française

Photographie 5 : 3 bovins de race charolaise (Martin, 2012)

Cette race allaitante (photographie 5) a été sélectionnée depuis le 19ème siècle pour la production de bœufs aptes à s’engraisser facilement. Elle se caractérise par un très fort potentiel de croissance (par exemple, d’après Martin (2012), pour faire passer des taurillons charolais à l’engraissement de 320 à 420kg, le GMQ visé se situe entre 1 430 g/j pour une ration à base d'ensilage de maïs et 1 620 g/j pour une ration à base de blé), un indice de consommation généralement très correct (environ 6 pour un jeune bovin d’un an nourri avec uniquement de la paille et du blé), une remarquable conformation et une faiblesse de ses dépôts de gras (environ 10% dans une carcasse de vache classée U3). D’après Dudouet (2010), les taureaux pèsent entre 1000 et 1400kg, les vaches adultes entre 700 et 900kg, les taurillons à 18 mois environ 700kg, et les génisses et bœufs de 24 à 36 mois entre 650 et 800kg. Le rendement de carcasse est lui aussi plutôt bon (autour de 58-60% pour un mâle abattu entre 12 et 24 mois). Globalement, sur chacun de ces paramètres de production, les bovins charolais sont bien positionnés par rapport aux principales autres races allaitantes françaises (Limousine, Blonde d’Aquitaine, Salers, Rouge des Prés, Aubrac).

Concernant les performances de reproduction, selon Dudouet (2010), cette race présente un pourcentage relativement élevé de naissances gémellaires (plus de 3%). Les difficultés de vêlage sont moins marquées depuis quelques années, mais encore présentes (9% de césarienne au premier vêlage, 4% sur l’ensemble des vêlages). Le taux de gestation, la production laitière

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et l’intervalle vêlage-vêlage (383j) sont plutôt moyens. Enfin, l’âge au premier vêlage et le pourcentage de mortalité avant sevrage sont assez élevés (34,9 mois et 10,3%, respectivement, ideleb (2013) (Web)).

Cette race s’adapte bien aux conditions de milieux variés, et les animaux sont généralement calmes. Elle peut être utilisée en croisement dans le but d’améliorer les performances productives des autres races.

Ses principales qualités en font une race de choix pour les éleveurs. Malgré une concentration assez marquée dans le Centre-Est, le Centre et les Pays de la Loire, nous retrouvons des troupeaux dans toutes les régions françaises (figure 34).

Figure 34 : Répartition des vaches charolaises en France, année 2000 (traitement et cartographie de D. Raboisson (Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse) à partir du recensement agricole 2000 (Service Central

des Enquêtes et Etudes Statistiques (Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche)))

En 2008, 46% des vaches allaitantes françaises étaient des Charolaises, soit 1,7 fois plus que la seconde race du pays (Limousine). La race a même été diffusée depuis une vingtaine d’année dans une multitude d’autres territoires, sur tous les continents, et elle a servi à la création de races métisses avec le zébu (par exemple le Canchim au Brésil).

En définitive, afin de diminuer les émissions entériques de méthane par l’élevage bovin allaitant français, la race charolaise est une cible de choix. Ses performances de production sont excellentes, mais une réorientation de la sélection génétique visant à améliorer les paramètres de reproduction pourrait indirectement favoriser la réduction des émissions (en particulier avec des premiers vêlages plus précoces, ou encore avec un taux de mortalité des veaux plus bas, puisqu’une femelle qui ne produit pas de veau à engraisser fait augmenter la moyenne

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d’intensité d’émission de méthane du cheptel). Surtout, l’intégration du caractère « méthane » dans les programmes de sélection devrait contribuer à une baisse significative des émissions par les troupeaux au niveau national, voire international. En effet, étant donné l’effectif important de bovins charolais en France (et dans le monde), et avec l’éventuelle possibilité d’utiliser dans les autres races les outils de sélection déterminés pour la race charolaise, ce levier d’action pourrait prendre une place significative parmi les moyens de mitigation des émissions entériques de méthane par les bovins.

Le premier objectif est de mesurer un maximum de bovins charolais, puis d’identifier lesquels sont les moins excréteurs, pour finalement comparer leur niveau d’émission à leur niveau de performance productive.

2) Réduire les coûts de mesure et augmenter rapidement la quantité