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Sélection des variables potentielles pour l’explication de l’adoption du Jatropha

PARTIE 2 : CARACTERISATION EX ANTE DES DETERMINANTS

I. Cadre conceptuel de l’analyse des déterminants d’adoption

3. Sélection des variables potentielles pour l’explication de l’adoption du Jatropha

L’analyse économétrique établit l’influence avérée de certaines variables explicatives de l’adoption et de l’intensité d’adoption du Jatropha (superficie du Jatropha divisée par la superficie de l’exploitation). S’inspirant de la littérature sur les études d’adoption des technologies agricoles, les variables (Cf Annexe 5) sont supposées influencées la décision de l’agriculteur à planter ou non la culture du Jatropha. Ces variables candidates pour l’explication de l'adoption du Jatropha sont relatifs aux caractéristiques socio-professionnelles de l’agriculteur (genre, âge, éducation, activité principale, perception du Jatropha), caractéristiques structurelles de l’exploitation (localité, distance à une route, SAU, nombre d’individu de l’exploitation, nombre de main d’œuvre familiale, couverture alimentaire, opportunité de travail non agricole), et aux ressources institutionnelles de l’exploitation (prix contractuel, groupement, marché, relation avec le promoteur, accès à l’information, à l’assistance, à la formation).

Description des variables candidates

Variables socio-personnelles

 Genre de l’agriculteur : variable binaire qui prend la valeur 1 lorsque l’enquêté est un homme et 0 sinon. L’hypothèse souvent émise concernant cette variable est que les

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exploitants hommes ont plus accès à la terre et à ce titre peuvent emblaver une nouvelle culture (Ouedraogo, 2003). On s’attend donc à ce que l’adoption du Jatropha soit positivement influencée par le sexe de l’agriculteur.

 Age de l’agriculteur : cette variable est utilisée comme un proxy de l’expérience agricole de l’agriculteur. Le signe attendu de cette variable ne peut être défini à l’avance. En effet, tandis que certaines études (Sall et al., 2000; Adegbola and Adekambi, 2008; Goswami et al., 2012) ont montré que les producteurs âgés adopteraient plus facilement les nouvelles cultures que les jeunes, d’autres telles que celles de (Zegeye et al., 2002; Ouedraogo, 2003) ont abouti à une conclusion contraire. Ces contradictions de résultats sur le rôle de l’âge dans l’adoption sont confirmées dans d’autres situations comme l’adoption de nouvelles cultures au Cameroun (Temple and Minkoua, 2013).

 Niveau d’éducation du producteur : variable à trois modalités (0 sans instruction, 1 niveau primaire, 2 niveau secondaire et plus). L’instruction (indicateur de capital humain) accroît l’habileté de l’agriculteur à efficacement utiliser les inputs et à choisir la meilleure technologie parmi un certain nombre d’alternatives (Rahman, 2003). Ainsi, nous supposons que plus le niveau d’instruction d’un agriculteur est élevé, et plus il adoptera la culture du Jatropha.

 Perceptions du Jatropha : variable à trois modalités (1 culture de rente, 2 production de carburant, 3 protection des sols). L’adoption d’une innovation agricole dépend des perceptions que les agriculteurs ont sur cette dernière. De fait, l’utilité perçue du Jatropha influence l’adoption de cette culture.

Variables structurelles

 Localité de production : Variable à trois modalité (1 Barsalogho, 2 Zorgho, 3 Léo). La prise en compte de cette variable dans l’analyse a pour objectif de montrer la différence en termes d’adoption du Jatropha dans les trois zones de l’étude. Ceci permet en effet d’appréhender les caractéristiques spécifiques de chaque zone favorable à l’adoption du Jatropha.

 Distance de l’exploitation à une route : variable utilisée comme un proxy du niveau d’enclavement de l’exploitation agricole. Cette variable renseigne sur l’accessibilité au marché de l’exploitation. Elle représente la distance en km entre l’exploitation et le lieu de vente du Jatropha. Il est donc espéré une corrélation positive entre cette variable et l’adoption de la culture de Jatropha.

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 Superficie de l’exploitation : elle renseigne sur la taille des exploitations étudiées. L’hypothèse émise est que plus l’agriculteur possède de terres, et plus grande sera la probabilité d’adopter la culture du Jatropha. En effet les risques de concurrence avec d’autres cultures sont alors diminuées voir l’aversion pour le risque à de nouveaux investissements est plus faible.

 Effectif ou nombre d’individu dans l’exploitation : cette variable représente le nombre de personne à charge de l’exploitation. L’hypothèse que nous posons est que plus le nombre d’individu de l’exploitation est élevé (par conséquent de « bouche à nourrir ») et plus l’agriculteur serait réticent pour l’introduction d’une nouvelle culture dont il ne dispose pas d’ample connaissance comme c’est le cas du Jatropha.

 Disponibilité de la main d’œuvre agricole. C’est une variable continue qui représente le capital travail de l’exploitation. Le nombre de main d’œuvre familiale est un facteur de production importante en agriculture familiale (Bainville, 2000; Hermelin and Lagandré, 2009). De ce fait, une exploitation qui dispose d’une main d’œuvre importante présente plus de chance d’introduire une nouvelle spéculation.

 Couverture alimentaire. C’est une variable binaire qui prend 1 si la production annuelle des céréales couvre les besoins de l’exploitation. L’alimentation en milieu rural au Burkina Faso étant constitué à majorité de céréales (Ouedraogo et al., 2007) alors l’autosuffisance en céréales des exploitations est gage d’une sécurité alimentaire. Cette variable est construite sur la base des informations que les agriculteurs ont renseignées sur le nombre d’années d’insuffisance céréalière qu’ils ont connu les 10 dernières années. Les exploitations ayant connu au minimum 5 années sont considérées comme des exploitations présentant une insuffisance structurelle en céréale, donc d’insécurité alimentaire. Dans de telle situation, l’introduction d’une nouvelle culture que l’agriculteur pressent comme un vecteur de réduction de sa capacité de production est fort peu probable (Dufumier, 1996; Alary, 2006; Ouedraogo, 2010). L’hypothèse posé ici est que plus une exploitation couvre ses besoins en céréale, plus grande sera sa probabilité d’adopter une nouvelle culture non alimentaire telle que le Jatropha.

 Opportunité d’activité non agricole. Cette variable renseigne sur la présence d’activités génératrices de revenu dans la zone de production du Jatropha. Le développement d’activité non agricole en milieu rural entraine une délocalisation de la main d’œuvre agricole notamment la jeunesse vers ces activités. De ce fait, la disponibilité de de travail non agricole dans une localité influence négativement l’adoption de la culture de Jatropha.

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Variables institutionnelles

 Appartenance à un groupement. variable dichotomique qui prend 1 si l’agriculteur est membre d’un groupement, et 0 sinon. Cette variable est indicatrice de la possibilité d’échange de connaissances que les agriculteurs disposent. L’appartenance à un groupement est supposée affecter positivement l’adoption du Jatropha.

 Prix attendu du Jatropha. C’est un indicateur de la perspective de rentabilité de la culture. Une nouvelle culture dont le prix attendu est élevé, incitera l’agriculteur à emblaver cette dernière afin d’améliorer le revenu de l’exploitation. L’hypothèse est donc que la variable prix influence positivement la probabilité d’adoption de la culture du Jatropha.

 Marché de vente de la graine. Variable à trois modalités (1 exploitation, 2 village, 3 pays). La situation du marché par rapport à l’exploitation a une influence sur l’assolement des agriculteurs. L’hypothèse est que la proximité du lieu de vente du Jatropha influence positivement la probabilité d’adoption du Jatropha.

 Contact avec les promoteurs de projet. Variable binaire (1 l’agriculteur a des contacts réguliers avec les agents de vulgarisation du promoteur, et 0 sinon). Cette variable renseigne la proximité du promoteur par rapport aux agriculteurs. Cette proximité qui favorise les interactions permet aux agriculteurs de disposer d’informations et de connaissances sur la conduite culturale et la finalité de la culture du Jatropha. On espère donc que la variable affecte positivement la probabilité d’adoption du Jatropha.

 Accès à l’information. variable binaire qui prend 1 lorsque l’agriculteur a accès à l’information et 0 sinon. Cette variable renseigne sur l’accessibilité aux connaissances sur le Jatropha de l’agriculteur. L’accès à l’information permet à l’agriculteur de se construire un capital « connaissances » autour de l’activité et de développer ainsi une attitude positive vis-à-vis de cette dernière. Il est espéré une corrélation positive entre l’adoption du Jatropha et l’accessibilité à l’information.

 Participation à une formation spécifique sur la culture du Jatropha. C’est une variable binaire (1 l’agriculteur a participé au moins a une formation et 0 sinon. Cette variable approxime la compétence de l’agriculteur sur la Jatropha du fait que les individus ayant suivi une formation disposent de connaissances et de savoir-faire favorisant l’exercice de l’activité. On suppose alors une influence positive de cette variable sur l’adoption du Jatropha.

 Assistance pour l’activité. Variable binaire (1 l’agriculteur bénéficie d’une assistance, et 0 sinon) qui indique l’existence d’un soutien pour la production du Jatropha. Ce soutien

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concerne notamment l’assistance matériel (semences, plants, outils, etc.), l’octroi de crédit et aussi l’appui technique. On suppose alors que l’assistance présente une influence positive sur la probabilité d’adoption du Jatropha.

Les variables susmentionnées sont supposées influencer la probabilité ainsi que l’intensité d’adoption du Jatropha. Nous allons décrire comment ces variables ont été renseigné et ensuite nous procéderons au test économétrique pour voir si ces dernières influencent l’adoption et si oui de quelle manière.

II. Zone d’étude, sources des données et stratégie d’échantillonnage