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N o s a m is d e la C o m p a g n ie d r a m a tiq u e “ l ’E Q U IP E ” , a n im é e par H en ri D E M A Y ( 1 , p la ce V a lh u b e r t 7 5 0 1 3 Paris - 7 0 7 - 3 0 - 0 2 ) o n t j o u é avec leur s u c c è s h a b itu e l la C o m é d ie V é n itie n n e d e C arlo G O L D O N I

A u 18è siècle, G oldoni, au teu r fécond, ap p a raît com m e le réfo rm ateu r d u th é âtre italien. De la vulgarité, dans laquelle la licence de la C om m edia de l’A rte l’avait fait to m b er, G oldoni va dégager les form es d ’un art th é âtral au th en tiq u e. G râce à lui u n style nouveau s’im pose. Parm i les cen t vingt com é­ dies qui com posent son oeuvre, l ’E quipe, p o u r la deuxièm e fois, a fait son choix.

En re te n an t “ Les R ustres” p o u r la créatio n de la saison 1976, nous dési­ rons attein d re un double b u t : faire m ieux co n n a ître cet au teu r italien peu jo u é en France e t offrir à nos spectateurs u n divertissem ent d o n t le to n diffère

de celui que n o tre répertoire leur ap p o rte habituellem ent.

Avec “ Le B ourru B ienfaisant” d u m êm e auteur, crée en 1965, nous restions dans la ligne de la com édie bourgeoise de bon to n . “ Les R u stres” s’éc arte n t délibérém ent de ce style. A la fois com édie de m œ urs et de caractè­ res, c ’est plus dans le te x te que dans l’action que nous en découvrirons l’origi­ nalité. Certes, to u t se passe chez les bourgeois a y a n t pignon sur rue, mais leurs rap p o rts, au m oins sur le plan d u langage, so n t d ’une autre verve. Chez nos R ustres, si l’o n parle très hau t et très fo rt — nous som m es en Italie — la violen­ ce reste toujours verbale. E ssentiellem ent conjugaux, les conflits explosent et se d én o u e n t par des m ots, et c ’est dans le cadre ferm é d u dom icile familial que maris et fem m es engagent la lu tte et règlent leurs com ptes.

Le sujet est sim ple, po u r ne pas dire un peu m ince ; il s’agit de m arier un garçon et une fille qui ne se so n t jam ais vus et qui, vraisem blablem ent, ne se v erront que le jo u r du mariage ; ceci par la volonté des hom m es im bus de leur au to rité patriarcale et co n tre la volonté des fem m es bien décidées à ne pas en ten ir com pte. A ux yeux de celles-ci la situ atio n est intolérable ; elles vont donc m e ttre to u t en œ uvre p o u r provoquer une ren co n tre clandestine. Bien en ten d u , am ies et amis des unes et des autres so u tien d ro n t leurs hom ologues dans les clans respectifs.

Les époux crient et p iétin en t, ce so n t les rustres, tandis que les épouses co m p lo te n t et agissent, ce so n t des femm es. Le conflit se déroule en libérant un déluge de griefs, de reproches et d ’am ertum es rentrées ; q uand le rideau tom be, sur une ap parente reconciliation générale, nous ne som m es pas assurés pour a u ta n t d ’une paix définitive. Les personnages de la com édie s’effacent, mais dans le m iroir q u ’ils nous o n t te n d u , nous découvrons nos propres reflets. Sous une fausse frivolité, G oldoni cache une grande hum anité.

C O M M E N T A I R E d e T E X T E e t

D I S S E R T A T I O N

E c o le s N a tio n a le s d ’in g é n ie u r s , B e lfo r t, M e tz , S a in t-É tie n n e .

Durée 4 h — C oefficient : 1 et 1

Il ap p a rtien t au candidat de répartir à sa convenance le tem ps q u ’il affecte à Tune e t à l ’autre épreuve (dans la lim ite des quatres heures).

Le candidat doit obligatoirem ent tra ite r l’épreuve de com m entaire de te x te et 1 epreuve de dissertation sur deux copies distinctes, en précisant bien sur chaque copie le titre et le repère de l’épreuve.

C O M M E N T A IR E DE TEXTE

Le roulem ent à billes a été inventé il y a un siècle. G râce à lui le coef­ ficient de fro ttem e n t est devenu mille fois plus faible. En ajustant convenable­ m en t un ro ulem ent à billes entre deux meules néolithiques, un Indien peu t m oudre a present a u ta n t de grain en une jo u rn é e que ses ancêtres en une semai­ ne. Le ro ulem ent a billes a aussi rendu possible l’invention de la b icyclette, c est-a-dire 1 utilisation de la roue, -la derniere, sans do u te, des grandes inven­ tions néolithiques-, au service de la m obilité o b ten u e par la force m usculaire hum aine. Le ro ulem ent à billes est ici le sym bole d ’une ru p tu re définitive avec la trad itio n et des directions opposées que peu t prendre le développem ent. L ’hom m e peut se déplacer sans l’aide d ’aucun outil. P our tran sp o rte r chaque gram m e de son corps sur un kilom ètre en dix m inutes, il dépense 0,75 calorie. Il form e une m achine therm o-dynam ique plus rentable que n ’im p o rte quel véhicule à m o te u r et plus efficace que la p lu p art des anim aux. P ro p ortionnelle­ m en t à son poids, q uand il se déplace, il p ro d u it plus de travail que le rat ou le b œ u f, et m oins que le cheval ou l’esturgeon. Avec ce rendem ent, il a peuplé la terre et fait son histoire. A ce m êm e niveau, les sociétés agraires consacrent m oins de 5 % et les nom ades m oins de 8 % de leur budget-tem ps â circuler hors des habitatio n s ou des cam pem ents.

A b icyclette, l’hom m e va de trois à q uatre fois plus vite q u ’à pied, to u t en dépensant cinq fois m oins d ’énergie. La b icyclette est un o u til p arfait qui perm et à l’hom m e d ’utiliser au m ieux son énergie m étabolique po u r se m o u ­ voir : ainsi outillé, l’hom m e dépasse le rendem ent de toutes les m achines et celui de tous les anim aux.

Si l’on ajoute à l’invention du roulem en t à billes celles de la roue à rayons et du pneu, c e tte conjo n ctio n a pour l’histoire du tran sp o rt plus d ’im ­ portance que tous les autres événem ents, à l’ex cep tio n de trois d ’e n tre eux. D ’abord, à l’aube de la civilisation, l ’invention de la roue transféra les fardeaux des épaules des hom m es à la b ro u e tte . Puis au M oyen Age, en E urope, les inventions du bridon, du collier d ’épaules et du fer à cheval m ultiplièrent par cinq le rendem ent therm o d y n am iq u e du cheval et tran sfo rm èren t l’économ ie en p e rm e tta n t de fréquents labourages et la ro ta tio n des assolem ents. De plus, elles m irent à la p ortée des paysans des cham ps éloignés : ainsi on vit la p o p u ­ lation rurale passer de ham eaux de six familles à des villages de cen t feux, groupés a u to u r de l ’église, du m arché, de la prison et, plus tard, de l’école. Cela ren d it possible la mise en culture de terres situées plus au nord et déplaça le centre du pouvoir vers des régions plus froides. Enfin, la c o n stru c tio n par les Portugais au XVè siècle des prem iers vaisseaux de haute m er posa, sous l’égide du capitalism e eu ropéen naissant, les fondem ents d ’une économ ie de m arche m ondiale et de l’im périalism e m oderne.

L ’invention du roulem ent à billes m arqua une quatrièm e révolution. Elle p erm it de choisir entre plus de liberté et d ’équité d ’une p art et une vitesse et une ex p lo ita tio n accrues d ’au tre part. Le roulem ent à billes est un élém ent fond am en tal dans deux form es de déplacem ent, respectivem ent sym bolisées par le vélo et par l’autom obile. Le vélo élève la m obilité autogène de l’hom m e ju s q u ’à un nouveau degré, au-delà duquel il n ’y a plus en théorie de progrès possible. A l’opposé, la cabine individuelle accélérée a rendu les sociétés capa- isles de s’engager dans un rituel de la vitesse qui progressivem ent les paralyse.

Q ue s’établisse un m onopole d ’em ploi rituel d ’u n outil p o ten tiellem en t utile n ’est p as.u n p hénom ène nouveau. Il y a des m illénaires, la roue déchargea le p o rte u r esclave de son fardeau, mais seulem ent dans les pays d ’Eurasie. Au M exique, bien que très connue, la roue ne fu t jam ais utilisée pour le tran sp o rt, mais exclusivem ent p o u r fabriquer de petites voitures destinées à des dieux en m iniature. Q ue la ch arrette ait été un objet ta b o u dans l’A m érique d ’avant C ortés ne doit pas nous éto n n er davangage que le fa it que le vélo so it tabou

dans la circulation m oderne.

Il n ’est absolum ent pas nécessaire que l’invention du roulem en t à billes serve, à l’avenir, à augm enter encore la co nsom m ation d ’énergie et engendre ainsi le m anque de tem ps, le gaspillage de l’espace et des privilèges de classe. Si le nouveau degré de m obilité autogène o ffe rt par le vélo était protégé de la dévaluation, de la paralysie et des risques corporels po u r le cycliste, alors il serait possible de garantir à to u t le m onde une m obilité optim ale et d ’en finir avec un systèm e qui privilégie les uns e t exp lo ite les autres au m axim um . On po u rrait c o n trô ler les form es d ’urbanisation, si la stru c tu ra tio n de 1 espace é tait liée à l’ap titu d e des hom m es à s’y déplacer. L im iter absolum ent la vitesse, c ’est retenir la form e la plus décisive d ’am énagem ent et d ’organisation de l ’espace. Selon q u ’o n l’utilise dans une te chnique vaine ou p rofitable, le ro u le­ m en t à billes change de valeur.

QUESTIONS

1 - Résumez 1 essentiel du te x te en douze ou quinze lignes 9 points

2 - Expliquez les m ots et expressions : 5 points

“ n é o lith iq u e”

“ ro tatio n des assolem ents” “ égide du capitalism e” “ m obilité auto g èn e” “o b jet ta b o u ”

E xpliquez et com m entes la phrase : “ la cabine individuelle 6 points

accélérée a rendu les sociétés capables de s’engager dans un rituel de la vitesse qui progressivem ent les paralyse” .

3 -

D I S S ER T A T I ON

E xpliquez e t appréciez ces propos de R aym ond R uyer :

“ La société est déséquilibrée par la masse croissante de ceux qui so n t en c o n ta c t avec les m ots, les idees, les spéculations théoriques ; qui s’o cc u p en t de les assimiler, de les répandre, e t de vivre dans les expériences m entales p lu tô t que dans les expériences réelles” .

(L e s n u isa n c e s id é o lo g iq u e s - C a lm a n n -L ev y - 1 9 7 2 )

R E C T I F I C A T I F

L. Peyrègne signale q u ’une erreur s’est glissée dans l’annuaire et q u ’il habite m ain te n an t 4 bd des Pyrénées 64 0 0 0 Pau.

GROUPE de l’ACADEMIE

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