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Il est important de rappeler que la cohérence référentielle est assurée lorsque les acteurs textuels sont introduits efficacement dans le texte, puis sont repris de façon à ce que le lecteur puisse les identifier aisément. Les difficultés liées à cet aspect de la cohérence concernent notamment l’absence de référent, l’ambigüité référentielle et l’inadéquation sémantique. Dans notre corpus, les ruptures de cohérence au niveau référentiel représentent le deuxième type de ruptures le plus fréquemment relevé. Seulement trois textes ne présentent aucune rupture de ce type. Au total, 31 cas de ruptures référentielles ont été repérés (voir Tableau 3). Cinq cas ont été relevés dans le texte 5, quatre cas dans les textes 1, 6, 9, et 11, trois dans le texte 10, deux dans les textes 12 et 14, un seul cas dans les textes 3, 7 et 8 et aucun cas dans les textes 2, 4, et 13.

Tableau 3: Ruptures de cohérence au niveau référentiel

T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 T10 T11 T12 T13 T14 Total

Inadéquation sémantique 1 0 0 0 1 1 0 0 1 0 0 0 0 1 5

Ambigüité référentielle 2 0 1 0 2 1 0 0 2 1 0 2 0 0 11

Absence de référent 0 0 0 0 1 1 0 0 1 1 2 0 0 1 7

Problèmes d’accord 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 2

Mauvais emploi d’un

déterminant 1 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 3

Répétitions 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1

Erreur dans l’emploi du

pronom y 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 2

Total 4 0 1 0 5 4 1 1 4 3 4 2 0 2 31

Une observation des types de ruptures référentielles rencontrées dans les textes de notre corpus montre que l’ambigüité référentielle est le type de ruptures le plus fréquemment relevé. Rappelons qu’une ambigüité référentielle survient lorsque deux ou plusieurs référents potentiels se disputent le rôle d’antécédent d’un même anaphorique. Il semble donc que les étudiants ont de la difficulté à employer des expressions référentielles pour rappeler clairement un seul référent et assurer que celui-ci soit facilement identifié par le lecteur.

Certaines ambigüités relevées dans le corpus sont liées à l’emploi de la structure infinitive ou participiale. Dans ces cas, le lecteur a de la difficulté à identifier l’objet textuel dont parle le scripteur. Dans d’autres cas, c’est l’emploi d’un groupe nominal (GN) (ou

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syntagme nominal (SN)) démonstratif qui provoque une ambigüité, soit parce qu’il y a non- concordance entre le nombre du déterminant et celui du syntagme nominal (SN) repère ou soit parce que le terme utilisé pour la reprise du référent n’est pas adéquat. C’est ce que nous avons observé, par exemple, dans le texte 9. Dans ce dernier, le scripteur a employé le GN [ce pays-là]. Dans le contexte antérieur, il avait évoqué « mon pays de provenance (l’Algérie) ». Cependant, le scripteur voulait faire référence au Québec. Or, le Québec n’est pas un pays. Il y avait donc deux référents potentiels (Algérie et Québec) pour le GN démonstratif [ce pays-là]. Nous avons donc dû deviner lequel était le bon à partir du contexte.

Nous avons également noté deux ambigüités liées à l’utilisation de « cela ». Dans la première utilisation, ce pronom, qui sert à rappeler une prédication, a été utilisé pour rappeler un SN. Dans la deuxième utilisation, le pronom a été employé pour rappeler un référent qui était en concurrence avec d’autres référents potentiels.

Au deuxième rang des ruptures référentielles, nous avons dénombré six absences de référents. Nous avons remarqué que la substitution lexicale à l’aide d’un démonstratif était à l’origine de plusieurs de ces cas. Comme l’indique Vandendorpe (1995), l’emploi des déterminants démonstratifs assure la cohésion dans le texte en indiquant au lecteur qu’il doit se référer à des éléments énoncés précédemment. Cependant, l’emploi de ces déterminants ne suffit pas à lui seul pour réussir la reprise du référent envisagé par le scripteur. Gagnon (1998) présente deux conditions : elle estime qu’il faut « s’assurer que le référent du SN démonstratif a bel et bien été verbalisé dans le contexte immédiat, et que les unités lexicales utilisées présentent certaines affinités sur le plans sémantique ». La première condition semble la plus difficile à respecter pour les étudiants. Ils ne s’assurent pas que les SN repères soient bel et bien présents dans le contexte immédiat.

Par ailleurs, le corpus compte cinq inadéquations sémantiques. Une rupture de ce genre a été identifiée à chaque fois que l’item de substitution choisi par le scripteur ne représentait pas correctement le mot répété. Ces maladresses ont été observées dans les textes 1, 5, 6, 9 et 14. Pour ce qui est des ruptures liées au mauvais emploi d’un déterminant, nous avons cherché des cas où le déterminant employé dans une anaphore

lexicale n’était pas adéquat, par exemple, lorsqu’un déterminant défini est employé là où un déterminant démonstratif est attendu (voir premier chapitre, p.15). Seulement trois cas ont été observés dans le corpus. Il semble donc que cet aspect de la cohérence ne représente pas une difficulté majeure pour les étudiants.

Contrairement à ce à quoi l’on s’attendait et à ce qui ressort de l’étude de Simard (2007) portant sur des textes écrits en FLÉ, le nombre de répétitions relevées dans notre corpus est négligeable. En effet, seulement un cas a été observé. Il semble donc que les étudiants ont une certaine maitrise du lexique de la langue française. Cela pourrait être expliqué par le séjour de ces étudiants au Québec et leur contact quotidien avec des francophones. Les répétitions ne sont pas le seul aspect qui ne semble pas représenter une source de difficultés aux étudiants kabyles de niveau avancé. Notons que nous n’avons rencontré aucun problème lié à l’accord en genre avec le référent. Ces résultats sont différents de ceux de l’étude de Bouthiba (2014), évoquée dans le premier chapitre. Celle-ci indique que les erreurs relatives à la non-maitrise du genre des noms représentent le deuxième type d’erreurs morphosyntaxiques rencontré dans les productions écrites d’étudiants kabyles. Il faut toutefois tenir compte que les participants de cette étude sont des étudiants de secondaire, alors que la présente recherche porte sur des textes d’étudiants universitaires de niveau avancé. Soulignons également que parmi les types de ruptures référentielles que nous avons identifiées, un cas n’a été relevé aucune fois, soit le référent trop éloigné.

Malgré les résultats précédents, nous avons constaté une difficulté dans l’utilisation du pronom y. Ce pronom, qui sert à remplacer un GN exprimant des lieux ou des objets inanimés introduits par la préposition à, a été utilisé d’une façon maladroite à deux reprises, une première fois pour rappeler un GN dans le texte 8, et une deuxième fois pour rappeler une phrase entière dans le texte 11.

L’analyse des textes de notre corpus au niveau référentiel révèle que l’emploi d’un SN démonstratif est à l’origine d’un grand nombre de ruptures dans cette dimension de la cohérence, soit parce que le nombre du déterminant ne concorde pas avec celui du SN repère, soit parce que l’unité lexicale utilisée est inadéquate ou soit parce que le référent

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n’est pas présent dans le contexte immédiat. Nous avons constaté au cours de cette analyse que seulement deux ruptures référentielles sont liées à la pronominalisation. Celles-ci concernent l’emploi du pronom y. Aucune rupture d’accord en genre avec le référent n’a été

relevée.

Voyons maintenant ce qui ressort de l’étude des textes au niveau informatif.