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CHAPITRE 2 : ÉTAT DE LA QUESTION

4. Écrire en français, cohésion textuelle et apprentissage de l’expression écrite, Reichler-

l’expression écrite, Reichler-Béguelin, Denervaud et Jespersen

(1988)

À partir des erreurs qu’elles ont constatées dans des textes d’étudiants de français langue étrangère de niveau avancé, Reichler-Béguelin, Denervaud et Jespersen ont classé les types de ruptures de cohérence les plus fréquentes.

4.1. L’interférence de l’oral et de l’écrit

Le premier type d’erreur rencontré dans les textes des étudiants résulte de l’interférence de l’oral et de l’écrit. Les particularités de l’oral qui influencent l’écrit sont principalement la syntaxe, les variantes morphologiques et le lexique. Par exemple, pour ce qui est de la particularité syntaxique, l’utilisation très fréquente des phrases détachées à l’oral telle que « la mer, c’est une grande consolatrice », entraîne une diminution de l’utilisation des moyens de subordination, alors que l’écrit privilégie l’usage de la subordination au sein des phrases complexes.

4.2. Ancrage énonciatif et mécanismes référentiels en langue écrite

Les ruptures qui relèvent de cette catégorie concernent des problèmes reliés à la situation d’écriture, ainsi qu’à l’emploi fautif des déictiques et des anaphores.

En ce qui concerne la situation d’écriture, les auteurs précisent que contrairement à l’oral, dans le cadre de l’écrit le lecteur ne partage pas la même situation de communication que l’auteur. Il est donc important d’expliciter les données contextuelles nécessaires à sa compréhension. Ainsi, l’absence de certaines informations contextuelles peut entraver la compréhension de l’ensemble. Pour ce qui est des déictiques et des anaphores, les premiers

sont des expressions linguistiques qui ont comme fonction de renvoyer à la situation d’énonciation alors que les deuxièmes renvoient au cotexte de l’énonciation (le texte de l’énoncé). Certains outils linguistiques peuvent assumer à la fois le rôle de deixis et celui de l’anaphore. Parmi ces outils, se trouvent les pronoms de la troisième personne et les pronoms démonstratifs. Toutefois, certaines expressions qui assurent la localisation temporelle fonctionnent uniquement soit comme déictiques (maintenant, en ce moment, aujourd’hui, etc.), soit comme référents au cotexte (alors, à ce moment-là, ce jour-là, etc.).

Une rupture peut se produire lorsqu’un déictique est employé là où un référent cotextuel est attendu. Certains problèmes touchent particulièrement l’usage des anaphores. Par exemple, dans le cas de la reprise à l’aide de la pronominalisation, il devient parfois difficile d’identifier un référent à cause du non-respect d’une règle d’accord de genre ou de nombre ou lorsque plusieurs référents apparaissent comme candidats à un même lien anaphorique.

4.3. Les temps du passé

L’usage des temps du passé représente un grand défi pour les étudiants de français langue étrangère. Pour maitriser l’usage des temps du passé, il est important de comprendre les fonctions assumées par les oppositions temporelles en français.

Le passé simple est caractérisé par le fait que l’action est envisagée comme coupée du moment de l’énonciation et que le sujet énonciateur s’exclut de l’énonciation au moment où il rapporte les faits.

Contrairement au passé simple, le passé composé présente une relation étroite avec le présent. Il envisage une action qui est achevée dans le présent mais qui exerce des conséquences sur le moment de l’énonciation. Ce qui détermine l’usage de l’un ou de l’autre des deux temps du passé, c’est le type de lien que l’énonciateur veut établir entre l’événement qu’il rapporte et la situation de l’énonciation.

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Par opposition au passé simple et au passé composé, qui ont un rôle important dans la progression de la narration dans le récit, l’imparfait exprime une action qui est envisagée comme le cadre ou le décor de cette narration.

Le plus-que-parfait et le passé antérieur permettent de situer une action comme antérieure à une autre. Le premier a une valeur explicative, et le deuxième contribue à la progression du récit. Une maladresse peut surgir dans l’usage de ces deux temps composés, lorsque le passé antérieur est utilisé là où le plus-que-parfait est attendu ou, à l’inverse, lorsque le plus-que-parfait est utilisé là où le passé antérieur est attendu.

Dans un texte, le passage de l’un des temps verbaux à l’autre doit être adéquat pour préserver la cohérence du texte.

4.4. Cohérence textuelle et progression de l’information

Le texte obéit à des règles de bonne formation textuelle, tant au niveau local qu’au niveau global. Parmi ces règles se trouvent la progression, la non-contradiction, la continuité et la règle que Charolles appelle « de relation ». Les auteures ajoutent à ces règles le rôle que jouent les connaissances encyclopédiques partagées au sein d’une communauté, la connaissance des circonstances de l’énonciation et les attentes du lecteur dans la perception de la cohérence.

4.5. L’ordre des compléments dans la phrase

L’ordre des compléments dans la phrase obéit à un ensemble de règles. Par exemple, il existe la règle de l’ordre logique : verbe+ objet direct + objet indirect+ circonstants.

On trouve aussi la règle de la focalisation, qui veut que le complément focalisé soit placé à la fin.

[…] ce Brahms inconnu qui trouve (1) dans les textes bibliques (2) une source d’inspiration extraordinaire.

Puis, il y a la règle de longueur, selon laquelle les compléments sont placés dans un ordre de longueur croissant. Finalement, il est important de placer les compléments de façon à éviter les suites de syntagmes introduits par une même préposition.

L’application simultanée de ces règles peut donner lieu à des confusions. Le scripteur devra donc choisir d’appliquer la règle qui lui semble la plus judicieuse.

Le travail de Reichler-Béguelin, Denervaud et Jespersen nous parait le plus proche de notre étude puisqu’il traite des problèmes qui perturbent la cohérence dans des textes d’étudiants de français langue étrangère. Plusieurs points ont attiré notre attention en ce qui concerne les difficultés que rencontrent ces étudiants. Le problème de l’organisation des compléments dans la phrase (arrimage informatif) et les problèmes de l’usage des temps du passé (arrimage énonciatif) sont quelques exemples de ces difficultés. Il reste donc à voir si ces mêmes types de difficultés se trouvent chez des scripteurs kabyles.

5. Rédaction d’une séquence explicative par de futurs enseignants de