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3. LE DISCOURS COMME VECTEUR D’IMAGE : LES VŒUX DE FIN D’ANNÉE

3.3. Au Royaume-Uni : Le monarque, source de cohésion sociale

Un article publié en avril 2016 dans L’Obs et consacré aux 64 ans de règne de la Reine Élisabeth II a été intitulé « Les silences de la Reine ». C’est peut-être cette expression qui décrit le mieux les vœux que la Reine du Royaume-Uni adresse au Commonwealth pour Noël. Contrainte au silence sur tous les sujets d’ordre politique, la Reine choisit d’adresser un message résolument personnel aux Royaumes du Commonwealth. Avec le recul qui caractérise sa position par rapport aux autres institutions du Royaume-Uni, elle prononce un discours que certains peuvent considérer comme « hors du temps ».

Le message de la Reine est avant tout personnel. En visionnant les images télévisées,

on la retrouve dans sa résidence royale soit debout, soit assise avec à côté d’elle des

photos de sa famille. C’est alors en quelque sorte l’ensemble de la famille royale qui souhaite un Merry Christmas à tous. La vie de la famille royale, largement médiatisée au Royaume-Uni et à travers le monde, est aussi un élément de ses discours. Même si elle seule est formellement le chef de l’État, on peut avoir l’impression que le « collectif » de la famille royale est à la tête de l’État – ce qui est d’ailleurs pour partie vrai. Son fils et ses petits-fils représentent la Reine lors de déplacements à l’intérieur du pays et à l’étran-ger, et il semble dès lors bien naturel que la Reine et sa famille (par le biais des photos) transmettent leurs vœux aux Royaumes du Commonwealth.

Du contenu de ses discours émergent nombre de sujets qui semblent n’être liés ni à l’actualité politique ni aux préoccupations de la population. La dernière occasion ayant vu un monarque britannique se prononcer sur les affaires du gouvernement était en 1841, quand la toute jeune Reine Victoria entendait conserver Lord Melbourne comme Premier ministre101. Depuis lors, les journalistes n’ont pas relevé d’expression politique de la part du monarque, et la Reine Élisabeth II ne fait pas exception. En focalisant son discours de décembre 2014 sur la réconciliation et l’unité, elle a certainement fait un petit clin d’œil au référendum sur l’indépendance écossaise qui s’était tenu trois mois auparavant. Le Palais royal nierait très probablement toute référence à ce scrutin, mais le spectateur attentif a sûrement compris le message.

Si ces discours sont complétement dépolitisés, que reste-t-il ? Rien moins qu’un véri-table discours de cohésion sociale, un « letzter Fluchtpunkt in Zeiten der Krise102 » comme le qualifie Der Spiegel. Dans un pays également touché par la crise financière et

101 F. REYNAERT, op. cit. (38), p. 41.

102 C. SCHEUERMANN, op. cit. (39), p. 102.

économique de 2008, en quête d’un positionnement vis-à-vis de ses partenaires euro-péens, la famille royale et surtout une Reine qui occupe le trône depuis désormais 64 ans sont le gage d’une certaine stabilité assez rare dans le monde d’aujourd’hui. Tandis que le Royaume-Uni est souvent associé à la City de Londres et à son économie finan-cière, la Reine semble représenter un autre pays, celui d’une certaine tradition, d’une certaine réserve vis-à-vis de la modernisation et d’une permanence des valeurs chré-tiennes. Cela ne veut pas dire que la monarchie britannique n’a pas évolué avec son temps, mais il faut bien admettre qu’un monarque qui a accédé au trône en 1952 symbo-lise nécessairement une certaine tradition et une certaine continuité.

Avec le même stoïcisme, Élisabeth II s’exprime chaque année à la période de Noël devant la caméra en prononçant finalement un discours « sans surprises ». Elle choisit un leitmotiv, très souvent de nature sociale ou religieuse, et commence un discours por-tant toujours le même message : la cohésion au sein du Commonwealth. Qu’elle préfère parler d’une tradition religieuse, d’un fait historique ou d’une expérience personnelle change finalement peu le message qu’elle tente de faire passer. Avec cette continuité et

sans signe de fatigue ou de faiblesse103, elle donne à son pays un bon exemple de

dé-vouement.

Les interventions de la Reine du Royaume-Uni servent avant tout à créer une certaine cohésion sociale. Cette cohésion est aussi celle qui existe au sein de la communauté de l’Église d’Angleterre à la tête de laquelle se trouve le monarque britannique. Élisabeth II parle donc à son audience en tant que chef de l’Église d’Angleterre quand elle évoque la Nativité, la vie de Jésus ou même la tradition du sapin de Noël comme dans son discours

de 2015. S’affirme alors l’image d’une femme croyante qui porte les valeurs associées

habituellement au christianisme dans le monde. En employant des « vraies formules de

maman catéchiste104 », la Reine transmet un message résolument chrétien dans un pays

qui – comme beaucoup d’autres pays du monde occidental – est en voie de sécularisa-tion. Ce message n’est pas forcément réservé aux croyants car il semble être universel dans une société. L’importance des familles et le soutien aux plus défavorisés sont des

En refusant de prendre position et de se prêter à un quelconque jeu politique, la Reine surmonte tous les clivages politiques qui prévalent dans un pays marqué par le bipar-tisme. Elle ne s’exprime pas en faveur d’une couche sociale ou d’une autre et elle évoque

aussi peu que possible les sujets concrets. C’est ainsi qu’elle conserve sa neutralité et

perfectionne en quelque sorte les discours de vœux qui se veulent tous – dans les trois pays de notre étude – neutres et rassembleurs. En dépassant tout clivage sociétal, Éli-sabeth II arrive à créer davantage de cohésion au sein de son audience, à savoir les peuples des Royaumes du Commonwealth.

L’image transportée par ces discours nous montre une famille royale soucieuse des préoccupations de la population qui l’amène à s’engager davantage pour la cohésion sociale et pour le vivre-ensemble. Pour ce faire, la famille royale représentée par la Reine ne prend pas position et défend les valeurs portées par l’Église d‘Angleterre. L’affirmation

de la communauté du Commonwealth nous semble – ici en Europe continentale –

dé-passée, mais souligne à la fois les divergences dans la perception du monde par diffé-rentes nations.

Conclusion partielle

Cette dernière partie nous a permis de dévoiler le « message complexe » contenu dans les discours de vœux des trois pays étudiés. Afin de répondre à la problématique globale de notre étude, cette partie a repris les enseignements majeurs issus des parties qui la précèdent. Nous avons ainsi pu mieux discerner l’image institutionnelle transportée par les discours de vœux.

Concrètement, nous avons distingué deux types de discours renvoyant à deux « types » différents de personnages politiques. Un premier type de discours consiste en un discours de politique générale qui résume principalement les évènements politiques de l’année écoulée et qui sert à celui qui le prononce à définir son programme pour l’an-née à venir. Ce type de discours se veut quasiment opérationnel et peut servir à décliner une position politique, même si une attention particulière est souvent apportée au fait de ne pas créer trop de clivages. Un deuxième type de discours de vœux consiste à faire passer un message de recul et de réflexion. Sans faire trop de références au quotidien politique du pays, ces discours offrent des pistes de réflexion sur la situation de la société en général. Avec un certain recul, ces discours s’inscrivent dans un système de valeurs défini par la constitution ou les coutumes du pays en question.

Sans créer de catégories artificielles, il est possible de dire que les interventions de fin d’année du Chancelier allemand et du Président français s’inscrivent dans la première catégorie de vœux, avec une légère nuance pour le Président français dont les vœux servent également à affirmer les valeurs de la République. Dans la deuxième catégorie se trouvent les interventions du Président allemand et du monarque britannique : ne fai-sant pas réellement partie de la vie politique « active » de leur pays, ils insistent beaucoup plus, voire uniquement, sur l’affirmation de la cohésion nationale et la déclinaison des valeurs fondamentales de leur société. Le cas extrême est peut-être celui du monarque britannique, qui n’a même pas le droit (coutumier) de s’exprimer politiquement. Contraint à une stricte neutralité, il doit se contenter d’œuvrer pour le vivre-ensemble au sein du Commonwealth.

CONCLUSION

L’opinion publique reproche parfois aux anciens élèves de l’École nationale d’adminis-tration d’être des machines à éléments de langage. La présente étude n’avait certes pas comme objet d’examiner le degré de vérité de cette affirmation, mais elle avait pour ob-jectif d’analyser des discours auxquels on reproche quasiment la même chose : être des exemples de langue de bois. La réalité s’avère pourtant beaucoup plus complexe.

Il est question des discours de vœux de fin d’année qui – avec une régularité quasi-ment républicaine – interviennent soit pour Noël soit pour le réveillon de la

Saint-Syl-vestre. Chaque année, le même jour, à la même heure, le chef de l’État ou le chef du

gouvernement s’adresse à la nation par un message télévisé. Ces messages, d’une du-rée d’environ dix minutes, sont beaucoup plus riches qu’on ne le pense au premier abord.

L’objet de la présente étude était de les analyser avec un regard très spécifique : dans quelle mesure les discours de vœux sont-ils les vecteurs d’une image institutionnelle ? Autrement dit : la forme et le fond de ces discours correspondent-ils au rôle que le chef de l’État (ou le chef du gouvernement) est appelé à occuper dans un système politique donné ?

Dans une logique comparative, nous avons fait le choix d’analyser les discours de vœux issus de trois pays européens : la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Plus concrètement, nous avons analysé les discours du Président de la République (France), du Président fédéral et du Chancelier fédéral (tous deux : Allemagne) et du monarque du Royaume-Uni. Ce choix s’est avéré pertinent car nous avions affaire à trois systèmes politiques différents et à deux types de discours différents. Quant à la période étudiée, nous nous sommes consacrés aux discours des dix dernières années, c’est-à-dire ceux de la période allant de 2005 à 2015.

À travers cette analyse, nous avons pu démontrer que l’image que les personnages politiques en question souhaitent transmettre par le biais de leurs discours de vœux cor-respond au rôle que le système constitutionnel leur donne. On distingue alors entre des rôles plus « opérationnels » (de gestion des affaires courantes) et des rôles de réflexion et de recul (de gardien de valeurs constitutionnelles et morales). C’est aussi à travers ce prisme que l’on peut distinguer deux types de discours : un premier de politique générale et un deuxième de réflexion.

Pour parvenir à ces résultats, nous nous sommes servis de l’analyse de contenu qui nous a permis de faire une description catégorielle de notre corpus avant de l’interpréter

afin de répondre à la problématique de notre étude. Cette méthodologie nous a amené à identifier les thèmes abordés dans les discours. En se servant des mêmes catégories pour les quatre groupes de discours, il nous a été possible de comparer, de manière assez claire grâce à des tableaux, les thèmes abordés par les quatre personnages poli-tiques faisant partie de notre étude. Nous avons pu constater que ces thèmes correspon-daient généralement aux domaines d’intervention de ces hommes et femmes politiques.

En amont de cela, nous avons consacré une partie à la contextualisation des discours avec un double objectif : rappeler les principes constitutionnels les plus importants pour les trois pays de notre étude et analyser les principaux éléments de forme : formule d’ap-pel, formule de vœux, mise en scène audiovisuelle, etc.

Au-delà de la réponse (positive) à notre problématique, quels sont les enseignements qu’on a pu tirer de cette étude ? Ils se déclinent sur plusieurs plans :

(1) Sur le plan épistémologique, nous avons pu démontrer qu’il y a un intérêt parti-culier à analyser des discours de vœux. Ces derniers sont en effet très riches de messages « cachés » et se situent dans un contexte constitutionnel, poli-tique et social propre à chacun. Ils sont des documents de leur temps et répon-dent à des exigences diverses et variées.

(2) Sur le plan politique, nous avons pu démontrer que les discours de vœux sont de véritables documents politiques. Bien évidemment, ils ne donnent pas lieu à débats (en tous cas pas de fond), mais ils témoignent de choix politiques : quels thèmes sont abordés ? Quelles ont été les priorités retenues ? Comment l’ac-teur interprète-t-il son rôle politique ?

(3) Sur le plan sociologique, nous avons pu démontrer qu’être homme politique est un vrai métier. En revenons sur la citation de Platon que nous avons mise en tête de notre étude, nous comprenons maintenant mieux que préparer et pro-noncer un discours est un véritable art. Il y a de multiples facteurs à prendre en compte pour cet exercice.

donné106. On laisse aux théoriciens de juger si ces actes performatifs instaurent

un ordre social comme l’a proposé le sociologue Pierre Bourdieu107.

Les pistes de développement et d’élargissement de la présente étude sont alors très claires : il serait certainement possible d’élargir l’analyse de contenu déjà faite afin d’ob-tenir des résultats encore plus précis. Des recherches supplémentaires et des entretiens avec des responsables de la communication dans les services des personnages poli-tiques en question soutiendraient les arguments que nous avons formulés dans la pré-sente étude. Il serait tout à fait intéressant de mieux comprendre le processus de rédac-tion de ces discours et de connaître les vraies intenrédac-tions qui se cachent derrière telle ou telle phrase ou derrière tel ou tel détail du message télévisé. De plus, nous avons com-plétement laissé de côté une perspective pourtant essentielle s’agissant des discours de vœux : celle du grand public. La perception d’un personnage politique change-t-elle vrai-ment après la diffusion d’un message à la nation ? Cela serait d’autant plus intéressant d’examiner ce point s’agissant des chefs de l’État pour lesquels le discours est un levier d’action essentiel (c’est le cas pour le Président fédéral allemand ou la Reine du Royaume-Uni) et pour lesquels le succès de leur mandat est difficilement réductible à une analyse factuelle ou chiffrée.

On pourrait critiquer le rituel des vœux de fin d’année en disant qu’il ne donne guère lieu à des surprises. C’est vrai, mais celui qui se contente de cette réponse a mal compris l’intention de ces discours. Leur objectif principal, comme nous avons pu le démontrer dans la présente étude, est de créer de la cohésion nationale. En soulignant ce que tous les citoyens ont en commun, en ayant une pensée pour les plus défavorisés et en évo-quant un passé et une histoire partagés, les orateurs créent ce que l’on peut appeler une communauté nationale. Finalement, la démocratie occidentale, en se substituant aux mo-narchies absolutistes, a créé des rituels108. Leur logique consiste justement à créer des moments dans le calendrier républicain qui servent à revivifier ce système politique et à proposer un complément, voire une alternative, aux fêtes religieuses. Un système poli-tique, quelles que soient ses caractéristiques spécifiques, est créé par l’homme : en tant que tel, il est artificiel. La construction d’un vivre-ensemble en société a besoin de cette affirmation périodique du lien qui unit tous les sociétaires, et c’est notamment par le biais de tels discours à la population que cette affirmation est possible.

106 Comme introduction, voir à ce sujet O. AÏM, S. BILLIET, Communication, Paris, Dunod, 2015, p. 101-103.

107 Voir à ce sujet P. BOURDIEU, Langage et pouvoir symbolique. Préface de John B. Thompson, Paris, Fayard, 2001.

En outre, exclure les surprises ne signifie pas exclure toute innovation ou tout chan-gement. À titre d’exemple, revenons sur les discours de vœux du Président fédéral alle-mand Christian Wulff, qui, en 2010 et en 2011, a réuni autour de lui des représentants de la société civile et même son épouse et son jeune enfant pour prononcer ses vœux. Cet exemple témoigne des marges de manœuvre dont disposent les chefs de l’État et de gouvernement qui s’expriment devant leur population. Même s’ils sont enserrés dans un système de règles et de coutumes, les messages de vœux restent avant tout des mes-sages personnels.

S’il y a une recommandation que l’on souhaite formuler à l’attention de ceux qui s’adressent au grand public pour les fêtes de fin d’année, c’est de leur suggérer de faire un discours résolument européen. Les discours de vœux restent, au moins en ce qui concerne notre corpus, des messages nationaux adressés à un peuple bien précis. « Mes chers compatriotes » – c’est la formule d’appel utilisée par le Président de la République française. Mais pourquoi donc il ne s’adresse pas à l’ensemble de personnes habitant sur le territoire national ? Parle-t-il aussi aux étrangers habitant en France ? Si les dis-cours de vœux servent à construire une nation comme nous l’avons démontré, pourquoi ils ne peuvent pas aussi servir à construire une communauté au-delà des frontières na-tionales et des nationalités ?

Dans un temps où on parle d’une « Europe en crise », pourquoi parle-t-on encore de « nation » ? N’est-ce pas un concept hors temps ?

CORPUS ET BIBLIOGRAPHIE

Les discours (version texte)

France

Déclaration radiotélévisée de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur la po-litique gouvernementale en faveur de l'emploi et de l'intégration sociale, à Paris le 31 décembre 2005, in http://discours.viepublique.fr/notices/067000007.html (01/02/2016). Déclaration de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur les priorités de la politique gouvernementale, à Paris le 31 décembre 2006, in http://discours.viepu-blique.fr/notices/077000005.html (01/02/2016).

Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les réformes mises en œuvre et les priorités pour 2008, à Paris le 31 décembre 2007, in http://discours.vie-publique.fr/notices/087000012.html (01/02/2016).

Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur le bilan de l'année 2008, en particulier l'action de la France à la présidence de l'UE au moment de la crise financière mondiale, et sur les défis annoncés pour 2009 notamment en terme d'emploi, à Paris le 31 décembre 2008, in http://discours.vie-publique.fr/notices/097000001.html (01/02/2016).

Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur le bilan de l'année 2009, en particulier la crise économique et les réformes engagées en France et au niveau

international, le 31 décembre 2009, in

http://discours.viepublique.fr/no-tices/107000001.html (01/02/2016).

Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur le bilan de l'année 2010, en particulier la crise économique et financière et les réformes engagées en France, le 31 décembre 2010, in http://discours.viepublique.fr/notices/117000001.html (01/02/2016).

Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur le bilan de l'année 2011, notamment la crise économique et financière, le 31 décembre 2011, in http://dis-cours.viepublique.fr/notices/127000002.html (01/02/2016).

Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les défis et priorités de la politique gouvernementale, le 31 décembre 2012, in http://discours.viepu-blique.fr/notices/137000005.html (01/02/2016).

Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les défis et priorités de la politique gouvernementale, à Paris le 31 décembre 2013, in http://discours.viepu-blique.fr/notices/147000013.html (01/02/2016).