3. CADRE CONCEPTUEL 49
3.3 Recherches empiriques 69
3.2.2 Roy, Lafontaine et Legros (1995) : une grille d’analyse priorisant l’orthographe 71
Comme c’est le cas pour la recherche du groupe DIEPE (1995), celle de Roy, Lafontaine et Legros (1995) a été décrite dans le chapitre 2, plus précisément dans la partie 2.3.1c et 2.3.2c. Rappelons qu’il s’agit d’une recherche datant de 1992 portant sur la maitrise de l’écriture du français chez les étudiants aux niveaux collégial et universitaire. Ce sont 162 sujets qui se portent volontaires. Parmi ceux-‐ci, il y a à peu près autant de sujets issus du milieu collégial que du milieu universitaire et environ deux fois plus de filles que de garçons qui participent à la recherche. Trois instruments servent à collecter des données : un test d’identification des erreurs en situation de choix contraignante, des textes contenant des erreurs à corriger et un texte à rédiger, texte pour lequel l’étudiant choisit un sujet parmi les trois proposés. Aucun outil de correction n’est permis. C’est le texte à rédiger qui est l’outil le plus pertinent pour notre recherche, puisque l’analyse des erreurs des sujets nécessite la création d’une grille. Toutefois, les seules précisions apportées en syntaxe sur la grille de codage portent sur le deuxième outil, soit les textes contenant des erreurs à corriger.
Les chercheurs donnent des exemples de contenus linguistiques évalués en syntaxe dans chacun des trois instruments : les liens syntaxiques, l’ordre des mots, les référents, la négation, l’interrogation, la relative, la concordance des temps, les marqueurs logiques et autres (Roy, Lafontaine et Legros, 1995 : 76). Il faut cependant préciser que ces exemples de contenus linguistiques ne sont pas à l’origine des codes utilisés. D’ailleurs, la seule grille qu’il nous ait été permis de consulter est celle créée pour le codage du deuxième instrument de collecte de données, soit celui des textes contenant des erreurs à corriger. Cet instrument ne crée pas un contexte qui permet d’analyser des phrases entièrement rédigées par les sujets eux-‐mêmes.
Malgré la liste de contenus linguistiques évalués, énumérée au début du paragraphe précédent, seuls trois codes sont associés à la syntaxe dans la grille de codage des textes contenant des erreurs à corriger. Quant à ceux liés à la ponctuation, il y en a sept.23
23 Nous avons expliqué la pertinence d’inclure la ponctuation dans les erreurs syntaxiques des élèves à la fin de la section 3.1.3.
Le tableau XI présente l’ensemble des codes utilisés pour l’analyse des textes contenant des erreurs à corriger. Nous l’avons créé à partir des informations fournies dans Roy, Lafontaine et Legros (1995, p. 104). Les codes identifiés en gras sont considérés comme pertinents pour notre recherche.
Tableau XI. Codes utilisés en fonction des catégories d’erreurs dans les textes contenant des erreurs à corriger
Catégorie d’erreur Code Description
Conjugaison
CO Conjugaison
CON Conjugaison : le nombre et le sujet
COP Particularité de conjugaison
COAU Conjugaison : autres cas
SCO Suppression pour contourner un problème de conjugaison
Genre et nombre
G Genre
GC Donneur de genre en contact
GP Genre particulier
N Nombre
NC Donneur en nombre en contact
ND Donneur de nombre à distance
NP Nombre particulier
SGN Suppression pour contourner un problème de genre ou de nombre
Majuscule MOP Majuscule : omission du point
MIPP Majuscule inappropriée après les deux points
Orthographe lexicale OL Orthographe lexicale
OLP Particularité d’orthographe lexicale
Ponctuation
PIP Emploi inapproprié du point
PIPE Emploi inapproprié du point d’exclamation PIV Emploi inapproprié de la virgule
POP Omission d’un point POV Omission d’une virgule PPP Omission des deux points PPV Omission d’une virgule
Syntaxe SA SR Syntaxe : autres cas Référent syntaxique inapproprié
SS Suppression pure et simple de l’erreur syntaxique
Participes passés SIA Participe passé suivi d’un infinitif et conjugué avec « avoir » SOA Participe passé sans objet conjugué avec « avoir »
Vocabulaire VO Vocabulaire
VOI Impropriété
Cette grille d’analyse contient huit catégories. Trois de ces catégories relèvent de l’orthographe grammaticale : conjugaison, genre et nombre, et participes passés. Ce sont donc 15 codes sur les 31 qui portent sur l’orthographe grammaticale. La catégorie majuscule compte deux codes qui, selon la
description qu’en font les chercheurs, sont fortement liés à la ponctuation. L’orthographe lexicale et le vocabulaire comptent chacun deux codes. La catégorie ponctuation est la deuxième catégorie qui offre le plus de codes, après celle portant sur le genre et le nombre, avec sept codes. Finalement, la syntaxe compte trois codes, dont l’un est décrit comme incluant tous les autres cas.
Si nous nous attardons aux catégories pertinentes pour notre recherche, notre première observation concerne les sous-‐catégories d’analyse de la syntaxe. Seuls trois codes sont utilisés pour coder l’ensemble des erreurs syntaxiques. Nous savons que cette grille a été utilisée pour coder les erreurs ajoutées à la tâche des textes contenant des erreurs à corriger. Au départ, les phrases n’étaient donc pas rédigées par les sujets eux-‐mêmes. Le code SA (syntaxe : autres cas) nous parait cependant très inclusif malgré le nombre limité d’erreurs possibles dans son contexte d’utilisation, ce qui ne donne pas un portrait précis des erreurs ajoutées par les sujets. De plus, nous n’avons aucun indice sur la façon dont les phrases ont été découpées afin de calculer le nombre d’erreurs. Le code accolé à une erreur relevant d’un référent syntaxique inapproprié intègre beaucoup d’erreurs, notamment celles dues au mauvais choix du pronom relatif, ou encore celles dues à un pronom de reprise inadéquat. Ce sont pourtant des erreurs qui ne relèvent pas du tout de la même structure syntaxique. Enfin, la suppression pure et simple de l’erreur syntaxique est une sous-‐catégorie ne pouvant être utilisée dans une situation où le sujet a rédigé lui-‐même son texte. Même dans le contexte des textes contenant des erreurs à corriger, s’agit-‐il ici d’un code attribué à une erreur ou à une bonne réponse ? La formulation n’apporte pas suffisamment de précision.
En ponctuation, le nombre de codes est plus grand. L’emploi inapproprié du point, du point d’exclamation ou de la virgule peut être identifié. Les chercheurs font également la distinction entre l’emploi inapproprié et l’omission d’un signe de ponctuation en ajoutant des codes pour les cas où il y aurait absence d’un point, d’une virgule ou des deux-‐points nécessaires à une ponctuation adéquate. Finalement, nous nous demandons ce qui a justifié la création de deux codes pour l’omission de la virgule (POV et PPV). Nous n’avons pas pu trouver la réponse. Le nombre de codes attribués aux erreurs de ponctuation est toutefois supérieur à celui de la plupart des autres catégories d’erreurs. Malgré cela, nous ne pouvons faire la distinction entre une erreur due à l’omission d’une virgule dans une énumération et une erreur due à l’omission d’une virgule devant un coordonnant. La grille que nous retenons doit être plus détaillée en s’appuyant davantage sur le cadre de la grammaire moderne afin d’apporter un niveau de précision nous permettant de tirer des conclusions pertinentes.