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PARTIE 3 : DES RÉSULTATS, UN PLAN DE FORMATION

2. ANALYSE DES RÉSULTATS

2.2 Des transformations vécues constatées

2.2.2 Retours d’observations de classes

Je vais procéder à une analyse comparative des entretiens réalisés après l’observation en classe des deux participantes au projet d’APP. J’ai choisi d’établir un parallèle entre ces deux entretiens car il s’agit d’une même action de formation menée par moi-même dans les deux cas mais avec deux personnes différentes. J’ai effectué une analyse sous cinq angles différents en me basant sur la transcription des entretiens. Les axes retenus sont les suivants :

Questions principales : Ces questions structurent l’entretien en guidant l’enseignante vers certains domaines plus ou moins précis. Elles représentent les principaux éléments déclencheurs de l’entretien et plus exactement…

Domaines ciblés : Ils correspondent en fait aux paramètres observables mentionnés plus haut. Ils tentent de prendre séparément certaines dimensions de ce système en tension qu’est la séquence de classe, même si l’on sait pertinemment qu’il s’agit d’un tout complexe dont l’atomisation n’est recommandable que pour l’analyse en particulier d’une de ces dimensions. La discrimination des paramètres permet aussi de faire ressortir les savoirs en présence et est utile pour recenser les points à parfaire et donc traduire cela en grands objectifs de formation. Par exemple, si un ensemble de points à améliorer relèvent de la cohérence et pertinence, un objectif de formation pourra être : ‘créer une séquence pédagogique pertinente et cohérente’ ou ‘proposer des enchainements cohérents entre les activités’.

Points à améliorer : Comme le recommande le CECR en préconisant le recours à des descripteurs de compétences valorisant les savoirs, cette expression positivante permet de relativiser le côté limité voire négatif de la réalité dans le but de ne pas blesser ni démotiver mais au contraire d’encourager. On met en valeur ce qui existe, on est bienveillant avec l’enseignant.

Points positifs : Leur mention est essentielle puisqu’elle est l’occasion de conforter et (re)donner confiance à l’enseignant. Commencer l’entretien en abordant les points positifs peut aussi être utilisé comme moyen de mise en confiance.

Formateur et/ou EdE, APP : Le point commun entre les éléments de cette dimension est qu’ils pointent les propos, du formateur et de l’enseignant, qui ont trait directement à l’analyse réflexive. Il s’agit de faire ressortir ce qui favorise ou non la prise conscience, l’analyse, l’explicitation et la planification (les 4 phases d’analyse). Alors que les dimensions précédentes s’apparentent plus à une lecture du discours, celle-ci observe plutôt les techniques et

comportements en jeu pour (sou)tirer toutes les informations obtenues. Par technique et comportements on peut entendre :

- les retours sur l’action de manière générale

- le type et la pertinence des questions des deux parts mais surtout du formateur - la répartition du temps de parole

- le degré d’implication du formateur (degré d’objectivité) - la part de réflexion entreprise par l’enseignante

Dans cette analyse comparative je m’attarderai précisément sur ce dernier axe puisqu’il reprend également les autres et concerne directement le sujet qui nous intéresse.

Pour commencer, il est intéressant de noter le poids de la dimension humaine et plus précisément psychologique dans de telles situations d’entretiens en face à face. Mon manque d’expertise dans ce domaine est évident mais je partage des lieux communs comme ceux qui associent aux personnes extraverties un débit de parole plus important et inversement pour les personnes plutôt réservées. Dans cette expérience, c’est le phénomène inverse qui s’est produit : à la seule vue des transcriptions on remarque que le temps de parole est nettement plus conséquent chez la participante la plus réservée. Cependant, il est vrai qu’il ne faut pas non plus oublier la présence et l’attitude du formateur qui tient les rênes lors d’un entretien. Si l’on analyse le guidage de ces deux entretiens (cf. Annexes nº13 et n°13bis), deux approches différentes ressortiront clairement. Avec l’une des participantes je parviens à diriger l’entretien de manière posée, progressive en invitant largement l’enseignante à la réflexion sur ses pratiques, alors que pour l’autre, le guidage est presque inexistant avec un excès de jugements, de conseils voire même de reproches de ma part. Le plus curieux est que j’ai réalisé celui-ci en dernier.

Nous déduirons de cela, le besoin de :

- former davantage les formateurs car, bien que nous soyons dans un métier de l’humain, le guidage pertinent des entretiens semble trop hasardeux et les phases de conceptualisation, de rapport à la théorie, ou théorisation de la pratique, ne sont pas systématiques ;

- temps, indispensable pour de bonnes conditions d’entretien ;

- faire attention à la familiarité… Dans le cadre du projet, tout s’est bien déroulé mais avec le temps, je risquerais de former un habitus de formateur trop direct dans son approche, manquant de bienveillance, ce qui pourrait se transformer inconscient pratique, en habitus … dangereux.

Pour nuancer tout de même j’ajouterai qu’une fois l’entretien avec cette première participante terminé et surtout, l’enregistrement arrêté, l’enseignante m’a demandé de lui résumer de manière plus claire et explicite ce que je lui avais dit, ce qui signifie qu’un équilibre est à gérer entre ‘prendre des gants’ pour mieux faire reconnaître les points faibles et être trop brutal, trop direct. Un risque

peut également être à ne pas dire les choses en tant que telles et ainsi de ne pas faire passer le message ou ne pas parvenir à une prise de conscience réelle par l’interviewé. Enfin, on peut aussi dire que la manière de mener un entretien doit conduire à ce que le formateur s’adapte au formé, ce qui implique qu’il ne conduise pas tous les entretiens de la même manière.