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PARTIE 2 : CE QUE LA THÉORIE DIT

3. NOTRE CHOIX POUR FORMER À LA PROFESSION : L’ANALYSE

3.1 Principales références théoriques

Commençons par les fondements. Comme Robo (2001) l’a évoqué, l’APP s’inscrit dans des courants tels que le constructivisme, le socioconstructivisme, la multiréférentialité, l'interactionnisme ou la systémique, l'approche compréhensive dont nous ferons une présentation succincte.

- le constructivisme : Piaget (1947) a montré que le sujet construit lui-même son savoir, ses schèmes, ses réalités à partir d'un "déjà-là".

Il s’agit plus exactement d’une déconstruction et d’une reconstruction permanentes provoquées par l’entrée en matière (et en ´matière grise´) d’un nouveau savoir venant perturber les autres savoirs déjà installés et constitutifs de la personnalité du sujet. La première phase de cette rencontre va entrainer tout d’abord une phase d’assimilation du nouveau par l’existant. S’ensuivra une phase de perturbation qui sera résorbée par assimilation puis adaptation. Le fruit de cette fusion constituera le nouveau savoir.

En reprenant Perret-Clermont & Nicolet (1988), Zittoun, Perret-Clermont & Carugati (1997), Vittoria Cesari Lusso (2010, p.5), ajoute que « sur le plan affectif, identitaire et social les choses sont plus complexes car les conflits entre anciennes et nouvelles connaissances peuvent provoquer, notamment chez l’apprenant adulte, des résistances, des mises en discussion, du stress, des enjeux sociaux, des mécanismes de défense plus ou moins adaptés. »

Ces éléments pouvant inhiber l’acquisition ne peuvent être laissés pour compte dans le contexte de l’enseignement, qui est le nôtre.

- le socioconstructivisme : il reprend le courant précédent mais en y considérant le contexte dans lequel s’inscrit la « construction ». Le sujet se forme au contact des autres.

Avec Ginette D. Roberge (2011), nous trouvons deux grands psychologues de l’apprentissage allant dans ce sens, Vygotsky (1934) et Bandura (1997). Pour le premier : l’accentuation de la productivité en groupe fait écho à ce qu’il nomme « la zone de développement proximal », dans laquelle les individus se partagent un environnement social et parviennent à un apprentissage par une suite de locutions dans un contexte communicatif. Il faut tout de même mentionner que les groupes n’atteignent pas tous ce point idéal de productivité (Sweet & Michaelsen, 2007)

Pour le second, son « interprétation cognitive sociale du travail de groupe » (Bandura, 1997), le mène à considérer les membres d’un groupe comme des protagonistes de l’environnement qu’ils fréquentent au sein de ce groupe. L’observation des coéquipiers pourra avoir une influence sur les comportements ultérieurs de la part des coéquipiers.

- l'approche compréhensive : cette approche fait référence à « l'épistémologie des méthodes qualitatives »12 et « se caractérise par la complexité13, la recherche de sens et la prise en considération des intentions, des motivations, des attentes, des raisonnements, des croyances et des valeurs des acteurs » (Robo, 2003). Nous sommes dans une approche largement portée sur la personne, l’humain et la tentative de compréhension de la complexité qui le caractérise.

- la multiréférentialité : Les dimensions de la pratique enseignante étant multiples (épistémique, pédagogique, didactique, psychologique, sociale), les modèles théoriques sur lesquels on peut s’appuyer le sont également. Ici, l’accent est plutôt mis sur l’existence de ces dimensions et de l’hétérogénéité des domaines dans lesquels elles s’inscrivent. On peut percevoir ce phénomène par exemple avec les observations de classe pour lesquelles différents paramètres existent (gestion de groupe, dynamique, techniques pédagogiques, cohérence, …) qui permettent de voir et d’analyser une séquence selon différents angles.

- l'interactionnisme ou la systémique: Je place cette approche en dernier lieu car elle me semble être la moins réductrice en prenant compte des rapports et interactions qu’entretiennent les composantes (personnes, choses, phénomènes, groupes) du système observé.

Voici la définition de ce courant proposée par l'AFSCET (Association Française des Sciences des Systèmes Cybernétiques, Cognitifs et Techniques) et rappelée en 1994 par la Revue

Internationale de Systémique. « Nouvelle discipline qui regroupe les démarches théoriques,

pratiques et méthodologiques, relatives à l'étude de ce qui est reconnu comme trop complexe pour pouvoir être abordé de façon réductionniste, et qui pose des problèmes de frontières, de relations internes et externes, de structure, de lois ou de propriétés émergentes caractérisant le système comme tel, ou des problèmes de mode d'observation, de représentation, de modélisation ou de simulation d'une totalité complexe. »

Donnadieu, Durand, Neel, Nunez & Saint-Paul, (2003) rapportent quatre concepts de base de la Systémique :

La complexité : elle fait référence à une forte densité de personnes, choses, phénomènes,… qui, déjà complexes pris séparément, constituent une réelle masse inabordable et impénétrable au premier abord.

L'interaction : elle est la relation qu’entretiennent entre elles deux des composantes du système.

Le système : il supporte, accueille mais est en même temps le résultat de toutes ces interactions dynamiques.

La globalité : ce concept est une caractéristique des systèmes complexes, souvent traduite par l'adage "le tout est plus que la somme des parties" et selon lequel on ne peut les connaître vraiment sans les considérer dans leur ensemble. Cette globalité exprime à la fois l'interdépendance des éléments du système et la cohérence de l'ensemble.

J’inclurais dans les fondements de l’APP, la psychanalyse, avec la méthodologie de l’explicitation dont Vermesch est un des initiateurs, ainsi que la phénoménologie, avec Husserl, cité par E. Housset (2000), assurant que « le passé est le lieu privilégié de la présence à soi puisque le sujet peut s’y appréhender à travers son activité intentionnelle parce que le temps n’est ici ni une réalité constituée ni la forme simple du rapport aux choses, mais la manière d’être du sujet sans sa présence à lui-même.» (Snoeckx, 2006) L’écriture phénoménologique me permet d’être au plus près de ce qui se passe pour soi, qu’il s’agisse des faits, des idées, des émotions.

Pour conclure sur ce point d’ordre structurel et organisationnel, nous retiendrons que différentes approches existent au moment de concevoir un plan de formation. En ce qui nous concerne, nous nous situons dans un modèle systémique aussi bien pour le plan de formation institutionnel que pour le projet d’APP, ce dernier étant lui-même une composante de celui-là.