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La rupture conventionnelle plan de départ volontaire

5 S Autres activités de services 14 4 (+1)

III) Les entretiens : résultats bruts

III.3) L’après rupture

2. Le devenir du salarié

2.2. Le retour à l’emplo

Les conditions de retour à l’emploi sont également diversifiées puisqu’on retrouve des individus qui se sont reconvertis, d’autres qui sont en CDI et d’autres en CDD, voire en intérim. Pour les premiers, leur projet de reconversion professionnelle relève parfois d’une véritable construction (ayant émergé pendant leur ancienne activité, ils ont, pour certains,

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demandé un CIF). Ceux dont la trajectoire professionnelle est la plus stabilisée

aujourd’hui sont donc ceux qui ont élaboré leur projet de reconversion avant la rupture et qui ont fait des formations en emploi. Il s’agit d’ailleurs de salariés à l’initiative de leur départ et dans ce cas, le projet professionnel est construit et longuement mûri. En

voici deux exemples emblématiques :

- attachée à la promotion du médicament : « comment ça s’est passé… J’ai d’abord cherché

qu’est-ce que je pourrai faire d’autre, donc j’ai trouvé un métier qui m’intéressait, j’ai fait une formation que je me suis payée (j’ai fait une école de Shiatsu) et quand j’ai passé mon diplôme, j’ai parlé de rupture conventionnelle. Du moins, j’ai demandé de quelle manière on pourrait procéder pour que j’arrête de travailler. (…) Ma formation a duré un an et demi pendant que je travaillais. (…) Non, mon employeur ne savait pas, je me suis débrouillée, je faisais ça le week-end, un week-end par mois ».

- chef d’équipe dans le transport : « j’avais réfléchi à quoi faire si je partais… Comme j’étais

électricien, j’ai demandé un CIF. Au bout de six mois de CIF, à mon retour j’ai négocié une rupture conventionnelle. Avant de partir en formation j’avais demandé l’avis de mon chef de centre et il était d’accord. J’avais donc demandé un entretien avant ma formation pour lui demander si à mon retour de formation je pourrai négocier un départ. Il m’a dit qu’il était tout à fait favorable. (…) Oui, avant de partir en formation j’ai demandé un accord de principe à mon chef de centre. Il m’a dit qu’il avait aucune raison de refuser parce que le travail était bien fait et le relationnel était parfait, donc il n’avait rien pour s’opposer à la rupture conventionnelle. Comme je lui avais parlé du projet de reconversion, il a dit que justement il avait de bonnes raisons d’accepter la rupture conventionnelle ».

Concernant le statut d’emploi, il convient de distinguer les personnes ayant retrouvé un emploi en CDI et ceux en CDD ou en intérim. Pour les salariés actuellement en CDI, il peut s’agir tout autant de rupture à l’initiative du salarié que de l’employeur :

- peintre : « je me suis inscrit au Pôle emploi pendant 3 mois et j’ai retrouvé du travail. (…)

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- consultant : « en janvier j’ai réactivé mon réseau et ça a réagi assez rapidement parce que

j’ai eu plusieurs possibilités qui se sont présentées. Mais je n’ai pas voulu me précipiter, je me suis laissé un temps de réflexion parce que je m’étais déjà planté donc je ne voulais pas que ça recommence. J’ai eu 5 opportunités et j’ai priorisé. J’ai eu deux mois latents mais c’était quand même voulu et je ne suis pas resté inactif, loin de là. C’était imposé, mais j’ai essayé de retourner la situation à mon avantage. Oui, je suis satisfait parce qu’on est jamais rentré en conflit, j’ai eu ce que je souhaitais avoir et je n’y ai pas laissé de plumes puisque j’ai retrouvé un boulot rapidement. Donc j’ai été gagnant dans l’affaire, c’est le constat que je peux faire aujourd’hui. Tout est bien qui finit bien. (…) Oui en quelque sorte cette rupture est un peu un tremplin parce qu’elle a permis d’aller voir ailleurs et de faire des choses avec les moyens qui vont avec ».

- chef d’équipe dans le transport : « je travaille, j’ai enchaîné directement… Il ne faut pas le

dire parce que durant les deux mois j’ai pris les congés payés de l’année d’avant parce que mon nouvel employeur m’a dit qu’il avait du travail et moi j’en pouvais plus. Donc j’ai posé des congés payés et je suis allé travailler. (…) Pour moi c’était vraiment l’idéal parce que partir avec une indemnité et retrouver du travail tout de suite. C’était parfait, mon projet de reconversion s’est super bien goupillé ».

- Depuis fin avril, l’ancienne serveuse a trouvé un poste de vendeuse en CDI à temps plein dans une boulangerie à 1050 euros par mois. Elle est à l’heure actuelle en période d’essai.

Un employeur a même aidé son ancien salarié à retrouver un emploi : X, agent d’entretien a retrouvé un CDI à temps partiel avec l’aide de son ancien employeur. Ses propos montrent la reconnaissance qu’il éprouve : « ils m’ont pas lâché comme ça, ils m’ont trouvé un autre

travail à côté (…) et là maintenant, je suis bien, c’est grâce à eux ».

Quelques salariés en CDD (pour certains après avoir été intérimaires) ont été rencontrés :

- électricien : « j’ai eu beaucoup de difficultés à trouver une entreprise les trois premières

semaines, mais c’est le temps de chercher. Beaucoup d’entreprises prennent des intérimaires, mais moi j’étais têtu, je voulais absolument un CDD, voir un CDI. J’ai réussi à avoir un CDD de 3 mois, mais qui ne s’est pas bien passé ; Donc après j’ai fait les boîtes d’intérim. Ça

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permet de faire différentes sociétés, différentes structures et là je viens de tomber sur ce que je voulais ».

- le chargé de clientèle du centre d’appel a retrouvé un emploi avec un salaire équivalent. Il est cependant en CDD.

- manutentionnaire dans un supermarché : « lorsque je suis parti, je me suis dit qu’il fallait

que je trouve quelque chose d’autre et j’ai trouvé, il y a pas longtemps, [une semaine avant l’entretien], juste à côté, pour le même poste. Il y a un seul chef de magasin et une ambiance plus détendue, les gens sont agréables. Au niveau du travail à effectuer, c’est moins long, moins difficile. Ça se passe très, très bien et le salaire est quasiment identique. (…). C’est un CDD que j’ai, je vais faire un contrat saisonnier cet été et s’ils me proposent de rester, je reste ».

Enfin, un cas très particulier de retour à l’emploi au sein de la même entreprise a été observé : l’ouvrier agricole a retrouvé un emploi dans l’entreprise qu’il avait quittée, mais son cas est très particulier puisque deux de ses trois employeurs étaient ses parents. Il était prévu dès son embauche qu’il deviendrait associé du GAEC au 1er janvier 2011, lorsque l’associé de ses parents partirait à la retraite.

En moyenne, les salariés qui ont pu retrouver un emploi, ont mis entre trois et quatre mois à sortir du chômage.