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Notre première hypothèse posait que les répétiteurs interviennent lorsque la famille n’est plus en mesure de dispenser l’aide nécessaire à l’enfant dans le suivi de sa scolarité. Nous pouvons la confirmer. En effet, les raisons évoquées par les répétiteurs dans le recours à l’appui scolaire chez les familles sont nombreuses et touchent notamment à une limite linguistique chez les parents allophones en complément à un manque de compétences et de ressources, à un manque de temps pour les parents qui travaillent et à une méconnaissance du système scolaire vaudois chez les parents qui ont effectué leur scolarité à l’étranger. Souvent, ces raisons se cumulent et expliquent la nécessité du recours à un répétiteur, apte à accompagner et à aider l’élève, lorsque la famille n’y parvient pas elle-même.

Deuxièmement, nous avons avancé que les familles d’origine étrangère recourent davantage aux répétiteurs pour leur enfant en raison de la barrière linguistique. Nous ne pouvons pas affirmer cette hypothèse car nous n’avons pas les données requises pour garantir avec exactitude que les familles d’origines étrangères sont plus preneuses d’appuis scolaires. Toutefois, l’origine étrangère des familles peut engendrer, comme vu dans l’hypothèse une, de nombreuses raisons de faire appel à un répétiteur, dont notamment l’allophonie.

Concernant la troisième hypothèse, elle mentionnait que le répétiteur peut prendre plus de décisions quant au déroulement et au contenu de l’appui dans les familles de la classe populaire que dans celles de la classe moyenne ou aisée. Nous pouvons admettre que la liberté du répétiteur dépend fortement de la vision que les parents ont du rôle de ce dernier. S’ils lui font confiance et sont conscients de ses compétences, l’appui pourra être totalement géré par le répétiteur et les parents auront une présence bienveillante, toutefois sans intervention lors de l’appui. Dans le cas contraire, si les parents se méfient ou doutent des capacités du répétiteur, celui-ci sera surveillé et parfois même accusé des mauvaises notes de l’enfant et il devra ainsi rendre des comptes aux parents et ne sera par libre d’agir comme il le souhaite. Nos données ne nous permettent cependant pas de juger si la classe d’appartenance des parents est déterminante dans la liberté accordée au répétiteur.

Notre quatrième hypothèse avançait que l’élève reproduit au cours de l’appui les attitudes qu’il a à l’égard du travail et des apprentissages à l’école. Cette hypothèse ne peut ni être affirmée, ni infirmée. En effet, les données récoltées nous ont certes permis de distinguer deux types d’élèves, à savoir les actifs et les passifs face à l’apprentissage. Toutefois, déduire que leurs attitudes lors de l’appui scolaire correspondent à celles adoptées au sein de l’école s’apparenterait à une interprétation qu’aucun élément de notre étude n’a mis en évidence.

Notre cinquième hypothèse explicitait que la relation tissée entre le répétiteur et l’élève est centrale pour l’appui scolaire. Nous pouvons, sans hésiter, confirmer cette hypothèse. Après l’analyse et l’interprétation des données, nous avons constaté que le répétiteur se situe avec l’élève dans une relation ni exclusivement amicale ni exclusivement professionnelle, mais entre les deux. L’objectif étant toujours de trouver la juste distance. Le répétiteur garde une limite en posant une distance relationnelle avec l’élève et un cadre de travail. Toutefois, il vient se distancier du rôle de l’enseignant notamment par la relation qu’il construit avec l’élève qui est teintée d’affectivité et par son placement « à côté » ou « auprès » de l’élève et non « face à » lui. De plus, l’appui scolaire est personnalisé et ciblé sur les difficultés de l’élève. Ce positionnement offre à l’élève la possibilité de pouvoir oser sans réticence poser les questions qu’il souhaite. La relation est centrale dans l’appui scolaire et est gage de la qualité de l’appui.

Sixièmement, nous avions défini que les répétiteurs travaillent différemment des enseignants en offrant un apprentissage des méthodes et non un apprentissage des contenus. Là encore, nous pouvons répondre par l’affirmative à cette hypothèse. Les répétiteurs ont clairement mis en exergue la distinction qu’il existe entre leur travail et celui des professeurs. Les répétiteurs travaillent davantage sur l’autonomie des élèves. Pour cela, ils donnent des trucs et des astuces et ils enseignent aux élèves à apprendre à apprendre. L’apprentissage des méthodes de travail constitue une part majoritaire dans leur activité de répétiteur, le but étant de rendre l’élève autonome afin qu’il puisse par la suite le faire par lui-même et appliquer ses méthodes de travail à l’ensemble de sa scolarité.

Notre dernière hypothèse supposait que l’autonomie est la principale composante que les répétiteurs viennent apprendre à l’élève qui ne la trouve parfois ni dans sa famille, ni à l’école. Cette hypothèse peut également être affirmée. En effet, le répétiteur, comme démontré au travers de notre première hypothèse, vient en aide aux familles qui n’arrivent pas

à suivre la scolarité de leur enfant pour diverses raisons. De plus, au travers de notre avant-dernière hypothèse, nous constatons que les répétiteurs apportent aux élèves des méthodes de travail que les enseignants ne transmettent pas automatiquement. Ils construisent l’autonomie de l’élève, dimension certes requise par l’école, mais toutefois non apprise par celle-ci.