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Retour sur les facteurs influençant les trajectoires de carrière des femmes 99

Chapitre 5 Discussion 95

5.1 L'interprétation des résultats 95

5.1.2 Retour sur les facteurs influençant les trajectoires de carrière des femmes 99

 

Dans un premier temps, nos résultats illustrent l'effet de plusieurs facteurs sur les carrières des femmes. Tout d'abord, nos résultats concernant les facteurs sociétaux sont conformes à la littérature sur les effets négatifs que peuvent engendrer les stéréotypes et les préjugés sur les carrières des femmes dans les niveaux hiérarchiques supérieurs des organisations (Baudoux, 2005; Marchand et al., 2007; Nashberger et al., 2012). D'ailleurs, les commentaires sexistes concernant leur présence à ces niveaux feraient en sorte qu'elles auraient l'impression de

devoir faire davantage leurs preuves que les hommes (Nashberger et al., 2012).

Au niveau organisationnel, les appuis organisationnels et interpersonnels soient de mentors et/ou de supérieurs favorise la progression de carrière des femmes, tel que montré par Baumgartner et Schneider (2010), Laufer (2005), Marchand et al. (2007) et Naschberger et al. (2012). Nos résultats corroborent également ceux de l'étude de Naschberger et al. (2012), selon lesquels la progression de carrière est favorisée lorsqu'il y a présence de mesures de conciliation travail-famille dans les organisations. D'ailleurs, nos résultats indiquent que les horaires flexibles et la garderie sur le milieu de travail sont des éléments favorisant la conciliation travail-famille (Guérin et al., 1994). Bien que cette recherche n’aille pas plus en profondeur en ce qui a trait aux facteurs organisationnels, il n’en demeure pas moins qu'il s'agit de facteurs très importants qui influencent grandement les trajectoires de carrière féminines.

Au niveau individuel, nos résultats renforcent une littérature déjà existante portant sur l'importance du développement du capital humain pour la progression de carrière des femmes (Belghiti-Mahut, 2004; Tharenou et Conroy, 1994). Notamment, il convient de mentionner que les opportunités de formations et d'expériences de travail en ressources humaines, que ce soit un poste à l'extérieur de Montréal, ou l'expérience au sein d'un conseil d'administration par exemple, s'avèrent être des critères de succès pour les femmes (Burgess et Tharenou, 2002; Tharenou, 2001). De plus, le manque d'intérêt de plusieurs femmes concernant le développement de leurs habiletés politiques occasionne des difficultés dans leur progression de carrière puisqu'il s'agit d'une condition nécessaire à l'atteinte des postes stratégiques dans les organisations (Harel-Giasson, 1993). Enfin, nos résultats soutiennent la littérature en ce qui concerne l’influence des traits de personnalité sur les trajectoires de carrière des femmes, tels que la détermination et la persévérance (Lee-Gosselin, 2012), ainsi que la confiance en soi (Belghiti-Mahut, 2004; Lee-Gosselin, 2012).

Notre étude soutient finalement le fait que les difficultés reliées à la conciliation travail et vie personnelle sont une barrière importante à la progression de carrière des femmes (Nashberger et al., 2012; van Vianen et Fisher, 2002). D'ailleurs, nos résultats concordent avec ceux des

études montrant les effets négatifs qu'occasionnent la présence de parents malades (Tremblay, 2004), la monoparentalité (Tremblay, 2004), et les situations de couples à deux carrières (Laufer et Pochic, 2004). D'autre part, nos résultats réaffirment les effets positifs du soutien familial, dont l'aide du conjoint et l'aide de parents, sur la conciliation entre le travail et la vie personnelle (Pigeyre, 2001).

Dans un deuxième temps, notre étude ajoute à la littérature traitant du lien entre la maternité et les trajectoires de carrière. En étudiant l’effet médiateur des aspirations de carrière, nous avons pu montrer que la maternité n'a pas uniquement des effets directs sur les trajectoires de carrière des femmes, mais également des effets indirects via les aspirations de carrière de ces dernières. Ainsi, nous pouvons tout d'abord faire un lien avec le modèle des ancres de carrière de Schein (1978) et les différentes aspirations de carrière que les femmes peuvent avoir au cours de leur vie. Tel que l'indiquent nos résultats, lors de l'arrivée des enfants, les femmes s'identifieraient davantage aux ancres de carrière de style de vie et de stabilité, comme le montrent les recherches de Igbaria et Baroudi (1993) et Igbaria et al. (1999). En effet, les femmes à ce moment vont davantage être stimulées par un emploi leur garantissant une stabilité et une sécurité d'emploi, ainsi que par des organisations leur offrant des possibilités de conciliation travail-famille. Dans le même sens, nos résultats montrent qu'au moment de la maternité, les aspirations de carrière des femmes sont susceptibles de changer, ce qui est conforme au modèle kaléidoscopique de la carrière de Mainiero et Sullivan (2005). D'ailleurs, selon ce modèle les aspirations de carrière des femmes seraient davantage orientées vers des besoins d'équilibre au moment de l'arrivée des enfants. Les aspirations reliées aux défis professionnels ainsi qu'à l'authenticité seraient malgré tout présentes à ce moment, mais en plus faible intensité.

En ce sens, nous avons apporté une contribution à la littérature, puisque la question de l'effet de médiation des aspirations de carrière entre la maternité et les trajectoires de carrière a rarement été approfondi dans les recherches antérieures. Jusqu'alors, les études portant sur les trajectoires de carrière ne traitaient qu'en grande partie de l'effet direct de la maternité sur cette variable. Étant donné que la littérature portant sur les différentes aspirations de carrière au moment de la maternité est encore rare, notre étude a permis d'apporter des connaissances

nouvelles concernant les mécanismes à l'œuvre dans les changements d'aspirations de carrière à ce moment, et par le fait même, l'impact que ce changement occasionne sur les trajectoires de carrière des femmes diplômée au Québec.

Pour conclure, nos résultats ajoutent à la littérature l'importance du bilinguisme pour la carrière des femmes. Il s'avère en effet avantageux de parler le français et l'anglais dans la région de Montréal et ses alentours. Bien qu'il s'agisse d'un élément à considérer chez les hommes et les femmes, il s'agit d'un facteur important dans la carrière des femmes puisqu'il s'ajoute aux autres facteurs mentionnés précédemment pouvant freiner leur carrière. Notre étude ajoute aussi à la littérature présente, l'importance d'être curieuse, ainsi que d'avoir de grandes capacités d'apprentissage et de travail d'équipe. Il s'agit de traits de personnalité qui influenceraient alors positivement la progression de carrière des femmes.