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Les différentes métaphores décrivant les obstacles dans les carrières des

Chapitre 1 Les carrières au féminin 6

1.2 Les facteurs influençant les carrières des femmes 22

1.2.1 Les différentes métaphores décrivant les obstacles dans les carrières des

Les difficultés rencontrées par les femmes au cours de leur vie professionnelle peuvent être illustrées à l'aide de plusieurs métaphores, telles que le « plafond de verre », le « mur de verre », la « falaise de verre» et le « labyrinthe ». Elles nous permettent de saisir globalement comment l'ascension hiérarchique des femmes peut être mise à l'épreuve.

A. Le « plafond de verre »

La métaphore du « plafond de verre » met en évidence les barrières ou les difficultés durables, parfois invisibles, qui entravent la mobilité ascendante des femmes vers les hautes sphères organisationnelles (Morrisson, White, et Van Velsor, 1987). Elle s'avère pertinente dans un contexte où les obstacles formels et légaux ne rendent plus compte des résistances de certaines barrières dans la progression de carrières des femmes. Par ailleurs, bien que cette métaphore soit davantage utilisée pour illustrer les inégalités que connaissent les femmes, elle peut également s'appliquer à d'autres groupes sociaux subissant les mêmes inégalités de progression

de carrière, soit les minorités ethniques, les personnes handicapées ou les personnes socialement moins favorisées.

En outre, le plafond de verre se retrouve davantage dans les niveaux hiérarchiques plus élevés que dans les niveaux inférieurs et intermédiaires (Cotter, Hermsen, Ovadia, et Vanneman, 2001; Fain, 2011). Par ailleurs, les causes du plafond de verre identifiées dans la littérature sont nombreuses, et impliquent plusieurs niveaux d'analyse: les caractéristiques de la société, des organisations et des individus (Guillaume et Pochic, 2007). Ces différents obstacles seront présentés en détail dans la prochaine section.

Ainsi, cette métaphore s'avère utile afin de décrire les mécanismes à la base de ce phénomène. De plus, l'utilisation de cette image est très efficace dans les médias et le public afin de conscientiser à la problématique. Cependant, cette métaphore comporte plusieurs limites. Tout d'abord, elle enferme l’analyse des inégalités sexuées de carrière dans une vision statique, horizontale et unidimensionnelle, qui empêche de décrire et de comprendre des mécanismes plus subtils, cumulatifs ou réversibles de la construction de ces inégalités (Buscatto et Marry, 2009). En effet, selon Buscatto et Marry (2009), cette métaphore ne permet pas de saisir la dynamique de construction des inégalités sexuées aux différents moments des carrières professionnelles, telles qu'au moment du recrutement, d'affectation dans les premiers emplois et lors de mobilités horizontales ainsi que les statuts et les modes de rémunération. Également, selon Eagly et Carli (2007), le fait que cette métaphore suggère une barrière étanche malgré le fait que plusieurs femmes soient parvenues à se hisser aux niveaux supérieurs des organisations, affaiblit la justesse de celle-ci. Enfin, le plafond de verre laisse croire que les postes d’entrées et intermédiaires seraient accessibles aussi bien aux femmes qu’aux hommes (Eagly et Carli, 2007). Cependant, malgré la présence accrue de femmes à ces niveaux, la discrimination systémique, provenant de pratiques volontaires ou non, neutres en apparences, mais qui donne lieu à des écarts salariaux entre les emplois traditionnellement occupés par les hommes et ceux traditionnellement occupés par les femmes (Commission de l'équité salariale du Québec, 2009), est toujours présente à tous les niveaux hiérarchiques (Fain, 2011).

B. Le « mur de verre »

Cette deuxième métaphore fait référence à la ségrégation horizontale que les femmes subissent lorsqu'elles réussissent à obtenir un poste dans les échelons supérieurs des organisations (Morrisson et al., 1987). Ainsi, plusieurs études mettent en évidence le fait que les femmes qui se hissent aux niveaux hiérarchiques supérieurs des organisations sont souvent dirigées vers la périphérie des fonctions stratégiques, c’est-à-dire vers des postes de direction des services de ressources humaines, de communication ou de marketing, par exemple (Daune-Richard, 1998; Fortier, 2002). L'expérience au sein de ces postes est moins reconnue dans la progression vers les postes stratégiques et d'influence des organisations. Donc, cette métaphore illustre un autre type de difficulté rencontré par les femmes dans leur parcours professionnel.

C. La « falaise de verre »

La métaphore de la « falaise de verre » illustre une problématique que les femmes rencontrent une fois qu'elles ont réussi à briser le plafond de verre. En effet, une fois qu'elles atteignent des postes d'influence dans les organisations, de nouveaux obstacles se présentent à elles. Selon Haslam et Ryan (2008), cette métaphore traduit la situation correspondant au fait que les femmes auront tendance à être promues à des postes d'influence caractérisés par la précarité, la présence de difficultés financières et où les risques d'échecs sont très élevés. Ce phénomène se produit donc, soit parce qu'elles sont nommées pour diriger des unités organisationnelles en crise, soit parce qu'elles n'ont pas les ressources et le soutien nécessaires à la réussite de leurs nouveaux mandats. Ces obstacles nuiront alors à leur progression hiérarchique future. Les femmes sont plus à risques que les hommes d'affronter la falaise de verre.

D. Le « labyrinthe »

Afin de pallier aux limites propres à la métaphore du plafond de verre, Eagly et Carli (2007) proposent la métaphore du labyrinthe pour illustrer la complexité du parcours professionnel des femmes. Celui-ci est décrit alors comme étant « le passage à travers un labyrinthe n'étant ni simple, ni direct, mais exigeant de la persévérance, la conscience de ses progrès et une

analyse minutieuse des énigmes à venir » (Eagly et Carli, 2007, p. 62). Cette métaphore rend compte de la rareté des femmes dans les postes de responsabilités dus à l'accumulation des obstacles qui se dressent sur leur chemin, tels que les préjugés et les stéréotypes, les problèmes de conciliation travail-famille et l'accès moindre aux appuis interpersonnels et politiques, de sorte que les femmes s'épuisent et renoncent en cours de route (Naschberger, Quental, et Legrand, 2012).