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Chapitre 3 : Aspect partenarial

3.3 Retombées du projet

Il est difficile d’anticiper les retombées du projet mené dans le cadre du stage. Puisque le projet n’était institutionnalisé par aucun des partenaires, il n’est, à ce stade-ci, pas appelé à être reproduit. Par contre, il est possible de croire que le stage a tout de même généré quelques retombées positives pour les différentes parties impliquées.

D’abord, je crois que, à très petite échelle, le projet a eu pour effet de motiver et de stimuler certains des jeunes participants. Plusieurs d’entre eux étaient en fin de parcours scolaire lors de l’activité de l’École d’hiver et quelques-uns m’ont signifié être dans une période de démotivation

et de découragement. Ayant pu constater le plaisir que les jeunes ont eu à réaliser l’activité, à la fois pendant et après celle-ci, je crois que cet enthousiasme a pu les aider à maintenir le cap sur leur objectif académique. De façon réaliste, je ne crois pas que le projet ait contribué à faire du groupe des jeunes qui soient devenus engagés, mais il leur a certainement permis d’entrer en contact avec des sujets, des thématiques et des réalités d’engagement et de participation citoyenne qui étaient non seulement nouveaux, mais aussi différents de ce qu’ils concevaient initialement. L’École d’hiver a ainsi constitué pour une eux une expérience de socialisation qui, sans être révélatrice d’un engagement soudain, a tout de même été significative dans leur perception de ce qu’est l’engagement et la participation citoyenne. En somme, même si les jeunes ne changeront pas pour autant leur comportement en devenant soudainement plus engagés, ils auront pu bénéficier d’une part d’information leur permettant d’être mieux outillés pour, si la situation se présentait, faire le choix de participer ou de s’engager davantage. Le fait d’avoir pu côtoyer différents jeunes dans un contexte d’apprentissage leur a peut-être aussi permis de concevoir l’engagement citoyen de manière plus incarnée et surtout, de confronter certains de leurs préjugés. L’objectif principal du stage a donc été atteint, dans la mesure où celui-ci a favorisé, à très petite échelle, la socialisation politique d’un groupe de jeune en situation de vulnérabilité. Néanmoins, pour constater de plus amples retombées à long terme, il faudrait suivre les jeunes de manière longitudinale afin d’étudier le réel impact de leur participation au projet sur leur socialisation politique. Les délais prévus pour le stage et la rédaction sont limités et ne permettent malheureusement pas toujours d’élargir la problématique aux acteurs et réalités parallèles. Ainsi, une étude plus approfondie des autres pratiques des différents partenaires en matière d’intégration, de mobilisation et de soutien à l’engagement permettrait de tirer des conclusions plus précises et de formuler des recommandations ciblées.

Évidemment, la tenue d’un projet comme celui réalisé nécessite un encadrement soutenu ainsi qu’une organisation considérable. Il est donc possible de croire que mon stage met en lumière les obstacles à anticiper ainsi que les intervenants à mobiliser. Il permet aussi de constater que les obstacles se trouvent bien souvent davantage au niveau de l’organisation et de la coordination des projets partenariaux que dans l’accompagnement des participants comme tel. Les différents partenaires de mon stage peuvent tout de même observer certaines retombées. D’abord, pour le Forum Jeunesse, le projet s’est inscrit dans sa mission et leur financement a, comme nous le souhaitions, favorisé la participation sociale et politique d’un groupe de jeunes du secteur de Longueuil. Mon stage aura aussi sans doute permis de confirmer l’importance des organisations comme les Forums jeunesse dans la tenue de projets de mobilisation citoyenne.

Ensuite, pour l’INM, je crois sincèrement que le projet d’intégration d’une délégation de jeunes raccrocheurs à l’École d’hiver a contribué à mettre en lumière les limites de leur activité, tant au niveau du format que du contenu. Par contre, ce projet permet aussi de conclure qu’il n’est pas impossible de favoriser l’intégration de différents publics lorsque les ressources, l’organisation et l’encadrement sont appropriés. Comme je l’ai mentionné au premier chapitre, l’INM est bien conscient de ses limites, non seulement au niveau de l’activité, mais aussi au niveau de l’encadrement qu’il peut déployer. Pour l’Institut du Nouveau Monde, la difficulté d’intégrer différents publics n’est pas seulement liée aux préoccupations entourant l’adaptation du contenu ou du format des activités, elle est aussi grandement liée au manque de ressources pour l’accompagnement et l’encadrement des groupes aux besoins plus spécifiques. Enfin, je crois aussi que le projet a permis aux intervenants qui évoluent dans le milieu scolaire de constater l’importance de favoriser la tenue d’activités formatrices à l’extérieur des écoles. Pour les jeunes du Centre 16-18, cette activité s’est inscrite dans leur continuum d’apprentissage sans pour autant se dérouler dans le format académique traditionnel. Il s’agit là à mes yeux d’une manière différente d’apprendre. Le fait de valoriser et d’encourager ce type d’activité pourrait permettre aux jeunes de vivre l’apprentissage de façon stimulante; c’est à mon avis une piste importante à considérer lorsque l’on cherche des façons de motiver les jeunes qui sont dans des parcours alternatifs.

Enfin, plus généralement, je crois que ces retombées positives mettent en lumière à la fois l’importance et la difficulté du travail en partenariat. Le projet a pu fonctionner grâce à la participation des trois partenaires; sans l’un d’entre eux, le stage aurait sans doute été plus difficile, voire impossible, à réaliser. Chacun des partenaires a pu contribuer au stage à travers son expertise et chacune de ces expertises était complémentaire aux autres. Le travail en partenariat nécessite toutefois un travail soutenu de coordination. Dans le cas de mon stage, il m’apparait, avec le recul, qu’il aurait été mieux réalisé et plus significatif si je n’avais pas moi- même dû faire cette partie du travail. Étant au centre du projet, certains aspects du stage ont été négligés par manque de temps et de ressources. Par exemple, le stage a-t-il réellement constitué un exercice de mobilisation des connaissances? À mes yeux, le stage que j’ai réalisé constitue bien davantage un projet de mobilisation des partenaires plutôt que de leurs connaissances respectives et il en sera davantage question au chapitre suivant.