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C. Cartes

3. ANALYSE GLOBALE DES RÉSULTATS

3.3. Contribution des entreprises d’économie sociale au développement

3.4.2. Les ressources financières et humaines

Les ressources financières et humaines constituent le deuxième paramètre que nous avons retenu afin d’évaluer la contribution des entreprises d’économie sociale au développement économique du Bas-Saint-Laurent. Le budget annuel de l’entreprise représente une donnée fondamentale dans l’évaluation de cette contribution24. Près de la moitié des entreprises disposeraient d’un budget annuel supérieur à 200 000 $ (cf. graphique 29). À l’autre bout du spectre, celui- ci serait inférieur à 50 000 $ pour 27 des 129 entreprises ayant fait l’objet de notre étude, soit une sur cinq. Noter que dans ce dernier cas, il s’agit exclusivement d’OBNL. Selon notre enquête, la MRC de La Mitis concentre les deux tiers des entreprises dont le budget annuel est supérieur à 200 000 $. Elle est suivie par la MRC Rimouski-Neigette (56 %) et celle de Rivière-du-Loup (54,6 %). Si la présence parmi le peloton de tête de ces deux MRC n’est guère étonnante en raison de leur taille démographique, loi du nombre oblige, le fait d’y retrouver la MRC de La Mitis a, par ailleurs, de quoi surprendre. Il faudrait

24 À l’instar de Saucier et Thivierge (2000), nous avons utilisé les deux termes « chiffre

d’affaires » et « budget annuel » afin de permettre aux coopératives et aux organismes à but non lucratif de se situer en fonction de l’un ou l’autre de ces vocables, le chiffre d’affaires renvoyant surtout à l’insertion dans le marché. Il désigne le total des revenus réalisés à partir de la vente de produits et des services offerts au cours d’une année.

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réaliser des enquêtes plus fines pour expliquer cette situation. En outre, les volumes relativement élevés des budgets annuels dans cette MRC doivent être mis en perspective avec la répartition des travailleurs et des salaires. Les entreprises les moins favorisées à cet égard se localiseraient au sein des MRC de Témiscouata et des Basques. Plus de la moitié des organismes de notre échantillon établis dans ces deux MRC disposeraient d’un budget inférieur à 100 000 $. Les deux tiers des entreprises sises en milieu urbain auraient, pour leur part, un budget supérieur à 200 000 $, contre seulement le quart pour celles du milieu rural. Signe de leur fragilité, les petites localités seraient particulièrement désavantagées à cet égard. Ainsi, 28,8 % des entreprises au sein des petites localités auraient un budget supérieur à 150 000 $, comparativement à 32 % pour les localités de taille intermédiaire et à 45,5 % pour les organismes situés au sein des milieux ruraux de la strate supérieure. Les localités dynamiques abriteraient les entreprises les plus prospères. Les deux tiers de celles dont le budget est supérieur à 200 000 $ s’y retrouveraient tandis qu’elles ne totalisent que 19 % des entreprises comprises au sein des municipalités stables. Par ailleurs, elles seraient proportionnellement plus nombreuses dans les milieux en restructuration où elles représentent le quart des entreprises d’économie sociale.

Graphique 29 : Répartition (en %) des entreprises d’économie sociale à l’étude selon leur budget annuel

Rappelons que 21 des 129 entreprises ayant été retenues aux fins de notre étude se situent dans une municipalité de moins de 500 habitants. Ainsi pour répondre à leurs besoins, plusieurs entreprises doivent solliciter des ressources à l’extérieur de leur milieu. Si cette situation peut indiquer que les entreprises d’économie sociale ont un effet moindre sur le tissu socio-économique de leur communauté, elle constitue aussi une occasion de favoriser leur réseautage. Elle peut également contribuer à accroître l’aire de rayonnement de l’entreprise. Il s’ensuit que plus de la moitié des gestionnaires qui ont été sondés recruteraient des ressources humaines à l’extérieur de la localité. L’embauche de personnel en

20,9 13,2 7,8 7,0 45,7 5,4 moins de 50 000 $ 50 001 à 100 000$ 100 001 à 150 000$

provenance de l’extérieur du milieu serait le lot des trois quarts des entreprises du Kamouraska. Cette proportion est légèrement inférieure à 60 % au Témiscouata et dans la MRC de Matane. Seulement le tiers des gestionnaires dont l’entreprise se retrouve dans la MRC de Rivière-du-Loup recruterait de la main-d’œuvre à l’extérieur de la communauté. Font également partie du peloton de queue, les MRC des Basques (45,5 %) et de La Matapédia (47 %). L’écart entre milieu rural (57,4 %) et milieu urbain (42,7 %) n’est pas très prononcé à ce chapitre. Il tend toutefois à se creuser si l’on considère la taille démographique des localités : six entreprises sur dix seraient dépendantes d’une main-d’œuvre supralocale au sein des petites municipalités, alors que ce serait le cas d’une entreprise sur deux au sein des localités dont la population se situe entre 500 et 999 habitants. Enfin, la moitié des entreprises d’économie sociale issues des localités dynamiques seraient autosuffisantes en matière de main-d’œuvre, la proportion descendant à 42,9 % au sein des municipalités stables et à 41,5 % dans les milieux en restructuration.

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée constituerait la principale raison pour laquelle les gestionnaires des entreprises d’économie sociale mobilisent des ressources humaines extérieures au milieu (cf. tableau 19). Ce motif ne concerne pas exclusivement les milieux ruraux : 20 responsables d’entreprises issus de la ville seraient également confrontés à ce problème. L’insuffisance de main- d’œuvre locale permettant de combler les besoins de l’entreprise constitue le deuxième motif, ce dernier caractérisant plus spécifiquement les entreprises du milieu urbain. Au troisième rang, on retrouve l’éloignement géographique des partenaires socio-économiques. Enfin, citons, dans une moindre mesure, le manque d’intérêt de la population locale à l’égard des activités de l’entreprise, le tissage des liens sociaux, le dynamisme économique des localités limitrophes, le manque de disponibilité de la main-d’œuvre locale et l’embauche d’anciens résidents.

Tableau 19 : Principaux motifs évoqués par les gestionnaires les obligeant à recruter des ressources humaines à l’extérieur de la localité

Catégories de

milieux Total

urbain rural n %

pénurie de main-d’œuvre qualifiée au sein de la localité 20 27 47 59,5

main-d’œuvre locale insuffisante pour combler les besoins de

l’entreprise 11 6 17 21,5

partenaires socio-économiques situés à l’extérieur de la localité 2 3 5 6,3

manque d’intérêt de la population locale à l'égard des activités

de l’entreprise 1 2 3 3,8

tissage de liens sociaux 0 3 3 3,8

dynamisme économique des localités limitrophes 1 1 2 2,5

manque de disponibilité de la main-d’œuvre locale 1 1 1,3

embauche d’anciens résidents 0 1 1 1,3

Si, comme nous l’avons vu, un peu plus de la moitié des entreprises d’économie sociale semble devoir recruter du personnel à l’extérieur de la localité, elles seraient proportionnellement beaucoup plus nombreuses (80 %) à mobiliser des ressources financières externes. À cet égard, les entreprises situées dans les MRC de Témiscouata (92,3 %), de Rivière-du-Loup (90,9 %) et de Matane (90 %) ouvrent le bal. À l’opposé, celles du Kamouraska (70,6 %) et de la Matapédia (52,9 %) seraient les moins dépendantes du financement externe. Comparativement aux entreprises des milieux ruraux (76,5 %), celles se retrouvant en ville (85,3 %) seraient proportionnellement plus nombreuses à recevoir des ressources financières de l’extérieur du milieu. Les localités rurales de la strate supérieure abriteraient une proportion moindre (63,6 %) d’entreprises faisant appel à du financement extérieur. La proportion remonte à 88 % dans les municipalités dont la taille démographique varie entre 500 et 999 habitants (88 %), tandis qu’elle est de 76,2 % dans les petites localités. Eu égard à la typologie du MAMROT, les municipalités stables (85,7 %) et dynamiques (83,3 %) affichent des taux pratiquement identiques alors que 70,7 % des gestionnaires dont l’entreprise est située au sein des milieux en restructuration ont déclaré faire appel à du financement externe.

Les sources de financement des entreprises d’économie sociale ayant participé à notre étude sont diverses (cf. graphique 30). Les entreprises seraient particulièrement dépendantes des subventions gouvernementales, ces dernières représentant 83,4 % de leur financement, la proportion étant équivalente en milieux ruraux et urbains. Parmi les 96 répondants qui bénéficient de subventions, 24 ont accepté d’identifier plus précisément la source de leur financement. Il s’agit du ministère de la Santé et des Services sociaux (6 réponses), du CLD via l’enveloppe consacrée à l’économie sociale (5), de la Société d’habitation du Québec (5), de la MRC à partir du budget relatif aux pactes ruraux (4), du ministère des Transports (3), de la CRÉ du Bas-Saint-Laurent (3), du Conseil des Arts et de la Culture du Bas-Saint-Laurent (3), du ministère de la Culture (2), de la Financière agricole (2), du ministère de la Famille (1), de Patrimoine Canada (1), de Loto-Québec (1), de la Commission de la Santé et de la Sécurité au travail (1), du ministère de l’Emploi et de la Solidarité (1) ainsi que de la SADC de la MRC de Témiscouata (1). Pour la plupart des entreprises, ces subventions serviraient à défrayer le salaire des employés. Dans une moindre mesure, elles seraient utilisées pour acheter de l’équipement, entretenir les infrastructures de l’entreprise, élaborer de nouveaux projets et pour payer l’hypothèque de l’entreprise. Certains gestionnaires s’en serviraient également comme fonds de roulement.

Graphique 30 : Répartition (en %) des différentes sources externes de financement des entreprises d’économie sociale à l’étude