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Ressenti sur les politiques de démographie médicale

Après avoir donc abordé les aides et au décours de la discussion, les médecins ont évoqué les différentes mesures qui sont en train de se mettre en place : notamment les CPTS.

Les médecins ont un ressenti très négatifs vis-à-vis de ces communautés, ils sont très réticents, voyant les CPTS comme une contrainte supplémentaire. Notamment du fait des horaires demandés pour la permanence des soins.

34 « M5 : Mais concrètement il faut être réaliste. La médecine la plupart du temps c’est des femmes, elles ont leur boulot, leur mari, leurs gosses et leur maison. Et elles n’ont pas que ça à faire de rester jusqu’à 20 h au cabinet, ce n’est pas possible. Et pour ça, il y a un truc formidable qui s’appelle la maison médicale de garde, auquel les médecins qui le souhaitent peuvent y participer et être rémunérés suffisamment ou pas. C’est un autre débat. »

Ces CPTS sont vue comme politisées et leur caractère bientôt obligatoire, rédhibitoire, pourrait même devenir un facteur de désinstallation.

«M15 : Je pense que c’est très politique la CPTS. Ils ont décidé de mettre un médecin pour tous et que le médecin soit accessible un peu n’importe quand, pour vider les urgences qui sont débordées. C’est comme ça que je l’ai compris. Et c’est comme ça que les présidents de la CPTS des Maures, c’est vrai que je n’avais pas fait gaffe aux termes *rires*, c’est comme ça qu’ils nous ont présenté la chose. »

« M16 : Ça m’inquiète un petit peu ces CPTS. J’ai l’impression que ça va rajouter des choses et faire perdre la liberté. Après c’est mon avis. Moi j’ai quitté l’armée pour ça, pour être indépendante et pour pouvoir être libre. Et j’ai l’impression qu’on va me remettre un truc dessus donc ça me fait un peu peur. Et ça pourrait me pousser à me désinstaller même. »

Le territoire de la CPTS ne correspondrait pas au réseau effectif d’exercice des médecins. Un médecin pourtant impliqué dans la CPTS, l’a quitté du fait de la charge administrative et du temps nécessaire.

« M6 : Alors moi, en l’ayant quittée, je ne vais pas être très valorisante. J’étais enchantée par le projet de la CPTS car c’est un exercice coordonné de tous les professionnels de santé d’un territoire, ce que tu fais au quotidien. Donc le but c’est de revaloriser ce que tu fais au quotidien et de travailler en coordination, d’avoir un outil numérique commun, c’est ce sur quoi on travaillait. Sauf qu’actuellement, cette ergonomie, c’est encore des groupes de travail pour y arriver. J’ai quitté car avec la crise COVID, ça a été trop long avec l’ARS, les rouages administratifs. Donc il y a des gros freins. L’idée de la CPTS, elle est très belle mais c’est tellement comme tu dis un travail long et chronophage. »

35 Concernant les IPA, la vision n’est pas non plus très positive, du fait de la nécessité de contrôle sur leur travail, ainsi qu’un problème de responsabilité. Cette solution ne semble pas viable pour lutter contre la désertification médicale.

« M2 : Je pense que ce n’est pas une solution mais on sera obligés de le faire. On va vers ça. Mais je pense, c’est peut-être très prétentieux et j’espère ne froisser personne ici, mais on n’a pas du tout la même formation. On est formés à prendre des décisions, qui sont parfois difficiles. Mais on nous forme à ça, à faire un diagnostic. Parfois on n’est pas bon. Une infirmière, elle n’est pas habituée à ça et je ne vois pas comment en deux ans en plus elle va pouvoir le faire. Ça me dépasse et ça me fait flipper. Vraiment. Je ne veux pas être soignée par une IPA au milieu de l’Auvergne. Jamais de la vie, je déménage.

M1 : Tout à fait d’accord. 100 % pareil. On a une IPA chez nous et en fait ça ne va pas. Le peu de ce que j’ai vu de ce qu’elle a fait en autonomie. Ce n’est pas quelque chose que je trouve viable. Et je n’aimerais pas que mes parents soient soignés par une IPA. Pour moi, il faut mettre plus de médecin. »

Même constat pour les aides incitatives (financières) pour les zones sous dotées, qui sont vues comme inutiles, car ne remplaçant en rien la qualité de vie.

« M10 : Il faut que je le dise avec délicatesse, mais j’ai l’impression qu’en fait, il y a une mauvaise compréhension, un désaccord sur ce que l’on considère comme étant de la qualité de vie. Donc on offre la maison aux médecins généralistes, puis en plus ils auront la voiture, puis en plus, c’est surtout une histoire d’argent... Ce qu’on ne veut pas nous, c’est surtout les trajets énormes, la fatigue à la fin de la journée. On a l’impression que le gouvernement ne comprend pas trop ça. »

Seulement, un point positif peut être notifié. La place obligatoire du SASPAS dans la formation est une très bonne chose.

Poussant les réflexions sur l’obligation d’intégrer une CPTS, le libéral serait, à terme, voué à disparaitre et un mode d’exercice sera imposé par la sécurité sociale ainsi que le lieu d’installation, afin de pallier le problème de démographie médicale.

36 mode d’exercice complètement légiféré par la Sécu. Moi c’est comme ça que je le vois. Dans 10 ans, il y aura que des MSP ou que des regroupements, le libéral n’existera plus. Peut-être pas dans plus de 10 ans. A long terme, je ne vois pas comment. Il aura peut-être un mode de fonctionnement libéral mais hyper scellé par tout ce que la Sécu va tisser autour. »

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