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Reproduction en parole lue et interprétée

Chapitre 2 : Influence du phonogenre sur la fréquence d’occurrence et la réalisation

4. Méthodologie

4.1. Constitution du corpus

4.1.2. Reproduction en parole lue et interprétée

Afin de faciliter la tâche de reproduction, nous avons transcrit orthographiquement les extraits qui ont été retenus dans les productions spontanées. Afin d’améliorer la lisibilité du texte, des marques de ponctuation ont été ajoutées. Afin que les textes ne soient pas trop difficiles à reproduire, les chevauchements de parole n’ont pas été retranscrits, et les passages incompréhensibles (ou bien jugés trop complexes) ont été supprimés ou simplifiés. La plupart des disfluences (répétitions, amorces, corrections, hésitations) ont été retranscrites, sauf lorsque nous avons jugé qu’elles rendaient le texte trop complexe. Nous présentons ci- dessous la version non-simplifiée et non-ponctuée du premier extrait qui a été présenté dans

la section précédente. Nous avons souligné les séquences qui se chevauchent entre les deux locuteurs. Les amorces sont délimitées par un trait d’union.

Extrait non-simplifié et non-ponctué de la production A :

– à propos de mon nom moi ‘tain du coup j’ai une anecdote quand euh quand j’étais euh je devais être ouais j’étais au lycée je jouais je jouais au foot tu vois à Bormes et euh donc t’avais si tu veux le sam- le pour savoir qui jouait tu vois donc t’avais l’entraînement la semaine

– hm-hm

– et le samedi dans le journal tu vois dans la Prov- enfin à l’époque c’était euh Bormes Matin tu vois à Bormes-les-Mimosas tu avais les convocations des joueurs tu vois donc unt- euh donc sont convoqués à telle heure pour jouer contre unt- telle équipe

– ah ça paraissait dans le jour- – ça paraissait dans le journal

– si tu savais quand tu c’ét- non toi tu le savais d’avance ouais – non tu savais pas

– ah ouais c’est dans le journal que t’apprenais que tu

– parce que si tu veux tu t’entraînais tu t’entraînais la semaine alors tu t’entraînais par exemple le mardi et le vendredi tu vois

– hm-hm

– ou le mercredi et le vendredi ‘fin ça dépendait au départ c’était le mercredi après quand t’étais junior tout ça c’était en le soir tout ça

La reproduction des dialogues spontanés en parole lue et en parole interprétée a été effectuée par quatre locuteurs (deux femmes et deux hommes), tous originaires de Paris. Nous présentons ci-dessous (cf Tableau 6) des informations supplémentaires sur ces locuteurs. On

afin qu’ils soient en mesure de mémoriser les textes (qui sont relativement longs). Nous avons choisi des locuteurs n’ayant pas le même degré d’expérience, afin d’être en mesure d’évaluer l’effet de ce paramètre (une question qui fera peut-être l’objet d’une étude ultérieure). Chaque locuteur a reçu une rémunération de 75 euros. Cette somme relativement élevée s’explique par la consigne de mémorisation qui a été donnée aux locuteurs, et aussi car la tâche de reproduction était constituée de deux parties se déroulant à des jours différents.

locuteur A1 locutrice B1 locuteur A2 locutrice B2

âge 26 ans 24 ans 36 ans 26 ans

occupation assistant de production d’émission de radio étudiante de Licence architecte comédienne professionnelle expérience de l’art dramatique a participé à un cours de théâtre amateur

élève dans une école d’art dramatique

acteur semi- professionnel

dialogue

reproduit dialogue A dialogue B dialogue A dialogue B

Tableau 6. Informations sur les locuteurs des productions de parole lue et de parole interprétée de l’expérience.

Les enregistrements ont été réalisés dans une chambre sourde à l’Université Paris-Diderot, au moyen d’un micro de studio Rode NT1-A, d’une interface audio Roland Quad-Capture et du logiciel Audacity. Les locuteurs ont été enregistrés un par un. Ils ont uniquement reproduit, dans les dialogues spontanés, le texte du locuteur qui raconte l’anecdote l’insolite. Nous avions prévu au départ de leur faire entendre les tours de parole de l’autre locuteur à travers des haut-parleurs11. Cependant, un problème technique nous a empêché d’employer cette

11 Ces tours de parole avaient été au préalable réenregistrés par nous-même avec une prosodie relativement peu

expressive. Ceci avait pour but d’éviter toute influence de la prosodie des enregistrements originaux sur la prosodie des locuteurs reproduisant les dialogues. Une autre option aurait consisté à prononcer nous-même les tours de

méthode lors du premier enregistrement. Afin de ne pas introduire de biais dans l’expérience, nous avons décidé de ne pas employer cette méthode pour les enregistrements suivants. Nous avons simplement demandé aux locuteurs de faire une pause à chaque tour de parole de l’autre locuteur, et d’imaginer qu’ils entendaient ce tour de parole.

L’expérience s’est déroulée en deux parties :

- tâche de lecture à voix haute : Les locuteurs ont découvert le texte lors de cette tâche. Ils ont été autorisés à le lire silencieusement avant que la tâche ne commence. Ils ont reçu pour consigne de dire le texte comme s’ils étaient le personnage et participaient réellement à la conversation. Nous leur avons demandé de respecter le mieux possible les mots exacts du texte (y compris les disfluences). Pendant l’enregistrement, nous avons communiqué avec les locuteurs depuis la régie. En cas d’erreur dans le texte, nous leur avons demandé de reprendre la phrase depuis le début.

- tâche d’interprétation : Les locuteurs ont effectué cette tâche environ une semaine après la tâche de lecture. Ce délai était nécessaire afin qu’ils puissent mémoriser le texte. Nous avons demandé aux locuteurs de mémoriser le texte au mot près dans la mesure du possible. Nous leur avons également demandé d’être prêts à en donner une véritable interprétation, c’est-à-dire pas une restitution neutre mais une version personnelle contenant de la spontanéité et de l’expressivité. Lors de l’enregistrement, les locuteurs n’ont pas été autorisés à conserver le texte sous les yeux pour s’aider. Nous leur avons demandé d’enregistrer deux versions du texte : d’abord une restitution neutre (une « italienne » dans le jargon théâtral), puis l’interprétation proprement dite12. Comme dans

la tâche de lecture, nous avons demandé aux locuteurs de respecter le mieux possible les mots exacts du texte, et de reprendre la phrase depuis le début en cas d’erreur.

parole lors de la tâche de reproduction. Cependant, un biais aurait alors été introduit, puisque de la variation prosodique aurait forcément eu lieu d’un locuteur à l’autre.