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4. BIOLOGIE DE LA GÉLINOTTE HUPPÉE

4.5 Reproduction

Les gélinottes huppées sont polygames (Dion 1988a). Elles se reproduisent dès l’âge de un an (Bump et al. 1947). Lors de la parade au printemps, les mâles ne chantent pas, mais tambourinent. Le mâle adopte alors une position verticale appuyée sur sa queue en forme d’éventail, étire son cou et déploie un collier de plumes plutôt foncées en forme de parasol, appelé collerette. Ce comportement s’effectue généralement tôt le matin (Alain 1988; Dion 1988a; Blanchette 1995; Cyr et Larivée 1995; Gauthier et Aubry 1995).

Le tambourinage débute après la fonte des neiges et atteint son intensité maximale entre la fin d’avril et le début de mai (Dion 1988a; Cyr et Larivée 1995; Gullion 1967 in Gauthier et Aubry 1995; Collin 1996a). En Abitibi, le pic du tambourinage se situe durant les deux premières semaines de mai (Dussault et al. 1995, 1998). Dans le sud des Appalaches aux États-Unis, le pic de tambourinage se situe à la mi-avril (Dimmick et al.

1997). Le tambourinage est aussi émis à d’autres périodes de l’année, spécialement à l’automne, par des mâles résidents qui défendent leur territoire et par des individus juvéniles en quête d’un domaine, défiant ainsi des mâles déjà établis (Ferron et al. 1994a;

Johngard 1989 in Gauthier et Aubry 1995; Collin 1996a).

Quelque temps après l’accouplement, la femelle ira nicher seule et élever sa famille sans l’aide du mâle, puisqu’il ne joue aucun rôle dans les soins parentaux. Le nid est une simple cavité dans le sol dont le fond est recouvert de quelques brindilles et de feuilles séchées, ainsi que de quelques plumes qui proviennent du corps de la femelle (Dion 1988a; Gauthier et Aubry 1995). Même si, à cette date, la végétation commence à se développer, le nid demeure difficile à trouver.

Dans la région de Québec, la gélinotte huppée commence à pondre vers le 9 mai (Alain 1988; Dion 1988a). La femelle pond ses œufs sur une période de 15 à 18 jours.

L'incubation, qui commence dès la ponte du dernier œuf, dure de 22 à 26 jours (Alain 1988; Dion 1988a; Blanchette 1995; Gauthier et Aubry 1995).

Le nid contient généralement de 9 à 14 œufs (moyenne de 11 à 12 œufs). Ils mesurent environ 39 mm de longueur et ont une coquille plutôt mince (Dion 1988a; Collin 1996a;

Ferron et al. 1996). Lorsque les œufs sont détruits par les prédateurs, par des inondations ou parce que la femelle est dérangée, il pourra y avoir, dans les dix à quinze jours suivant la première tentative de nidification, une nouvelle ponte qui produira toutefois moins d’œufs, soit environ 7,5 œufs. La production totale d’œufs provient à 86 % des premières couvées et à 14 % des deuxièmes couvées. Les œufs sont fertiles à 90 % (Alain 1988;

Dion 1988a; Gauthier et Aubry 1995; Ferron et al. 1996; Small et al. 1996). Tous les poussins naissent la même journée, sans l’aide de la femelle.

Au 48e degré de latitude nord, la période d’éclosion s’étend du début juin à la mi-juillet (Vézina 1975; Collin 1996a). En Gaspésie, la période d’éclosion s’étend durant tout le mois de juin et déborde légèrement dans la première semaine de juillet. L’ensemble des éclosions s’échelonne sur une période d’environ 30 jours. Durant cette période, il n’y a pas de véritable pic d’éclosions, les naissances se produisant de façon graduelle tout au long de la saison d’incubation. Néanmoins, c’est dans la deuxième moitié du mois de juin que l’on observe la majorité de celles-ci, bien que des éclosions tardives soient observées (Pelletier 2000a, 2001, 2002, 2003). En 1999, on dénombrait plus de 40 % de toutes les éclosions dans cet intervalle, le 24 juin représentant à lui seul 12,5 % des naissances (Pelletier 2000a). En 2000, 70 % des éclosions ont eu lieu entre le 16 juin et le 2 juillet (figure 4). Pour l’année 2001, c’est entre le 12 et 30 juin qu’ont lieu 87 % des éclosions (Pelletier 2002), alors qu’en 2002, 77,3 % des éclosions sont rapportées entre le 15 et 30 juin (Pelletier 2003).

0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0

05-juin 09-juin 13-juin 17-juin 21-juin 25-juin 29-juin 03-juil 07-juil 11-juil 15-juil Date

Fréquence d'éclosion (%) (n=106)

Source : Pelletier (2001)

Figure 4. Fréquence d’éclosions des gélinottes huppées pour l’année 2000 en Gaspésie.

Le développement des poussins est assez rapide, les jeunes sont nidifuges. Moins de 24 heures après l’éclosion, la femelle conduit les jeunes loin du nid et des coquilles cassées, car ces dernières pourraient attirer les prédateurs par leur odeur. À ce moment, ils peuvent marcher, boire et manger seuls (Dion 1988a; Gauthier et Aubry 1995).

Le duvet sera remplacé graduellement par les plumes, dont la couleur s’apparente à celle de la femelle. Les plumes des ailes (rémiges) et de la queue (rectrices) apparaissent en moins de 10 jours et dès ce moment l’oiseau peut échapper à un prédateur en volant sur de courtes distances. L’oiseau ne devient cependant vraiment habile qu’après 3 ou 4 semaines d’entraînement (Alain 1988; Collin 1996a; Gauthier et Aubry 1995).

Les jeunes gélinottes demeurent sous la protection de la femelle durant une dizaine de semaines (Collin 1996a). Pour défendre ses petits, la femelle détourne l’attention d’un prédateur en sifflant et en feignant une aile blessée. Ce comportement renseigne immédiatement l’observateur de la présence de poussins (Dion 1988a; Gauthier et Aubry 1995). La femelle peut également glousser pour prévenir ses petits d’un danger imminent ou disperser sa couvée et la reconstituer un peu plus tard lorsque la menace est passée.

Ces comportements diminuent les risques qu’un prédateur puisse capturer toute la couvée (McIsaac 1997).

Le seul déplacement majeur des juvéniles s’accomplit à l’automne quand les couvées se dispersent et qu’ils cherchent un territoire vacant, parfois jusqu’à 15 km du lieu de naissance (Dion 1988a). La durée de la période de dispersion automnale est équivalente pour les deux sexes et varie entre 17 et 21 jours (Small et Rusch 1989). Les femelles juvéniles se déplacent sur de plus grandes distances (9,56 km) que les juvéniles mâles (6,36 km) et elles se déplacent également plus rapidement (0,53 km/jour pour les juvéniles femelles contre 0,26 km/jour pour les juvéniles mâles). Les femelles semblent compléter leur dispersion automnale dans les sites qu’elles utiliseront durant l’hiver et durant la période de nidification suivante. Elles utilisent principalement les forêts décidues, alors que les mâles préfèrent les zones d’arbustes et de broussailles (Small et Rusch 1989).