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6. BIOLOGIE DE LA PERDRIX GRISE

6.6.6 Chasse et braconnage

Étant donné que l’espèce a un comportement qui incite à se regrouper près des fermes laitières, à fréquenter les séchoirs à maïs et les tas de fumiers et à fréquenter les accotements routiers (à partir de la mi-décembre), il est relativement facile d’abattre plusieurs individus qui composent une compagnie. Lorsque les individus forment une rosette, d’un seul coup de fusil, un chasseur peut éliminer toute une compagnie (Chabot et al. 1979).

Lors d’une étude réalisée entre 1976 et 1977, un très fort pourcentage des fermiers a affirmé que des chasseurs visitaient régulièrement les alentours de leur ferme durant l’hiver et tuaient des perdrix grises après la saison de chasse (Chabot et al. 1979).

Apparemment, plusieurs fermiers étaient très mécontents du comportement de certains chasseurs. Ils se plaignaient des dommages occasionnés à leur ferme (toits d’étables troués par les plombs, barrières d’enclos laissées ouvertes, etc.). Des fermiers affirmaient qu’ils tuaient eux-mêmes les perdrix grises et les pigeons biset pour éloigner les chasseurs (Chabot et al. 1979). Ce phénomème est probablement beaucoup moins important depuis l’arrêt de la chasse à la perdrix grise, en 1997 dans la zone 8. Elle est cependant toujours permise dans toutes les autres zones de chasse du Québec sauf dans la zone 19 nord (Société de la faune et des parcs du Québec 1997, 2000a et MRNF 2008).

La chasse n’est probablement pas un facteur affectant la dynamique des populations de perdrix grises. Les chasseurs portent peu d’intérêt envers cette espèce au Québec, ce qui entraîne une faible pression de chasse (Carroll 1993). Cependant, localement, les densités peuvent chuter rapidement puisque les chasseurs peuvent abattre non pas un seul oiseau, mais la compagnie entière.

6.7 Dynamique des populations

La dynamique des populations de perdrix grises semble reliée à des facteurs intrinsèques (succès de reproduction, mortalité et longévité) et à des facteurs extrinsèques, comme les conditions climatiques (hivers sévères et printemps froids).

6.7.1 Succès de reproduction

Pour les espèces d’oiseaux nichant au sol, la nidification est une période particulièrement sensible et les pertes de nids sont nombreuses. Conséquemment, le succès de nidification est un facteur important dans la dynamique des populations de ces espèces. La proportion de couples produisant une couvée, varie entre 25 et 80 %. Le pourcentage de couples reproducteurs était de 68 % en Italie, comparativement à 65 % au Montana et entre 25 et 54% en Angleterre (Potts 1986 in Panek 1997a; Montagna et Meriggi 1991).

La mortalité des œufs est élevée chez la perdrix grise et jusqu’à 13 % des œufs seraient infertiles, selon McCabe et Hawkins (1946 in Gauthier et Aubry 1995). Au Québec, le taux d’éclosion avoisine 94 %. Il y aurait en moyenne un taux de naissances de 14,4 poussins par nid. Cette valeur est plus élevée que ce qui a été enregistré en Pologne, soit 9,3 poussins par nid à l’éclosion (Chabot et al. 1979; Panek 1992).

La variation dans la taille des couvées peut être attribuable au climat (Montagna et Meriggi 1991). McCabe et Hawkins (1946 in Gauthier et Aubry 1995) ont estimé que 68 % des nichées sont détruites, surtout par la machinerie agricole (78 %) et la prédation (22 %).

Selon des études menées en Europe, le recrutement à l’automne varie entre 2,1 et 4,0 jeunes/adulte (Potts 1980 in Panek 1997a; Montagna et Meriggi 1991; Panek 1992; Potts 1986). Les mêmes auteurs ont également montré que le succès de reproduction et le recrutement diminuent lorsque la densité au printemps est élevée et augmentent avec la présence de sites de nidification préférés. Ces résultats fournissent une preuve de compétition intraspécifique pour les ressources, en l’occurrence les sites de nidification de bonne qualité, qui oblige certains individus à utiliser des sites de nidification de faible qualité. Cet élément constitue un des plus importants facteurs déterminant la densité de population et serait le facteur de régulation des populations de perdrix grises (Potts 1980 in Panek 1997a; Montagna et Meriggi 1991; Panek 1992; Potts 1986).

Les deux à trois premières semaines de vie des poussins sont cruciales et constituent un facteur très important pour la dynamique des populations de perdrix grises (Jakubas et Gullion 1991; Panek 1992). La mortalité des poussins est fortement reliée aux conditions climatiques printanières. En effet, ces dernières affectent négativement l’abondance et la distribution des insectes, nourriture de base des poussins (Potts 1980 in Carroll 1993;

Montagna et Meriggi 1991). Les mauvaises conditions hivernales peuvent également affecter la condition des adultes durant la période de préreproduction et ainsi affecter le succès de reproduction, puisque des corrélations positives entre le poids des adultes et le nombre de jeunes produits ont été établies (Potts 1980 in Montagna et Meriggi 1991).

6.7.2 Mortalité et longévité

Une étude réalisée entre 1982 et 1986 dans le nord de l’Italie a démontré une diminution de la population de 34,6 % au printemps, principalement due à des hivers rigoureux (Montagna et Meriggi 1991). Le taux de mortalité des adultes entre le début du printemps et la fin de l’été variait entre 33 et 52 %. Il était relié négativement au succès de reproduction et positivement à la densité printanière (Montagna et Meriggi 1991). Jenkins (1957 in Chabot et al. 1979) mentionne qu’en Écosse il existe un fort taux de mortalité lors de la période d’appariement. Ce taux de mortalité n’est pas dû à la température, mais est associé au changement de comportement durant cette période lorsque l’agressivité chez les oiseaux atteint son maximum (Chabot et al. 1979).

Chabot et al. (1979) ont évalué la mortalité au Québec, en tenant compte du nombre moyen d’individus par groupe. Celui-ci se situe à 15,1 au mois de septembre et à 13,1 au mois de novembre. Le taux de mortalité cumulé pour ces deux mois est égal à 12,8 %.

Cette mortalité est probablement attribuable en grande partie à la chasse. La valeur cumulée du taux de mortalité atteint à la fin de février atteint 57,5 % de la population recensée, après l’éclosion en juillet (poussins et couples de deux adultes).

Le taux de mortalité des poussins varie, en Amérique du Nord, entre 29 et 70 % (Panek 1992; Gates 1973; Church 1980 et Carroll et al. 1990 in Carroll 1993). La mortalité des

poussins durant les 30 premiers jours variait entre 9,1 % et 41,3 %, et entre 24,8 et 54,5 % durant les 60 premiers jours (Montagna et Meriggi 1991).

Comme mentionné précédemment, le taux de mortalité de la perdrix grise est élevé. De plus, l’espérance de vie est assez courte. La longévité maximale enregistrée au Montana est de 4,0 ans et de 5,2 ans au Danemark (Weigand 1980; Paludan 1963 in Carroll 1993 et Cramp et Simons 1980 in Gauthier et Aubry 1995).

6.7.3 Indicateurs de populations

Une étude effectuée entre 1975 et 1977 au Québec a démontré que le rapport des sexes global (mâle : femelle) annuel chez la perdrix grise est de 1:1. Cette étude a également démontré que le rapport juvénile : adulte était de 2,3 : 1 et que le rapport juvénile : femelle adulte était de 4,7 : 1. Toutefois, à cause de la faible taille de l’échantillon, les auteurs considèrent ces données comme non représentatives de la population (Chabot et al. 1979). Pour sa part Dawson (1961 in Chabot et al. 1979), à partir de 2 412 oiseaux abattus entre 1950 et 1960 dans l’est de l’Ontario, a trouvé un rapport juvénile : adulte de 3,5 : 1 et un rapport juvénile : femelle adulte de 8,5 : 1.