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LES REPRESENTATIONS DE LA MORT DANS NOTRE SOCIETE ET EN MATERNITE

a. Qu’est-ce qu’une représentation

Avant de vous parler des représentations de la mort, je trouve cela important de vous définir le termereprésentation.

20 JUILLET, P. Dictionnaire de psychiatrie : définition du babyblues [en ligne]. Disponible sur http://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Baby-blues

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Le concept de représentation apparait en 1898 par le sociologue français Emile Durkheim qui débutera par la notion de représentations collectives pour finir par la notion de représentation sociale. Ce concept sera repris par le psychologue français Serge MOSCOVICI en 1961. Pour ce dernier les représentations « sont des formes de savoirs naïfs, destinées à organiser

les conduites et orienter les communications »21. Cette définition reflète bien ce qu’est une représentation, finalement une représentation est un savoir, une croyance non fondé mais pourtant qui va avoir une influence sur les comportements des individus

Selon la psychosociologue Denise JODELET (1989) « la représentation est une forme de

connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social. ».22 Une représentation est une croyance qui devient notre réalité. Parler de mort en maternité fait peur, ce sont les représentations sur la mort qui fait que cela fait peur et non la mort elle-même.

D’après Jean-Claude ABRIC (1987)professeur en psychologie sociale « La représentation sociale est le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu où un groupe, reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique »21. Ce même auteur indique « nous appelons représentation l’ensemble organisé des informations, des croyances, des attitudes et des opinions qu’un individu ou groupe élabore à propos d’un objet donné. La représentation est le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique »23.

Une représentation est une croyance construite à partir de valeurs, d’idées. Elle se construit à travers nos connaissances, nos valeurs mais aussi notre réflexion et notre sans critique. La représentation est l’image que l’on se fait de cet objet, de cette personne, d’un sujet ou d’un thème. Nos représentations influencent sur notre comportement et sont influencées par notre environnement et la société.

21 M.JOUET LE PORS. La théorie des représentations sociales. 2006. Disponible sur

https://www.cadredesante.com/spip/profession/recherche/La-theorie-des-representations.html 22 JODELET, D. Les représentations sociales. PARIS, PUF, 1994, p36-57

23 JOVIC, L. Représentations (sociales).Les concepts en sciences infirmières. Mallet- conseil.2009.p236-237

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De ce fait la représentation de la mort en maternité est l’image que l’on se fait des termes « mort en maternité » mais cette représentation est-elle le reflet de la réalité.

b. Représentation de la mort aujourd’hui

Malgrémes nombreuses lectures il m’a été difficile de trouver des éléments sur les représentations de la mort dans notre société. Je tenais à faire une partie sur ce thème car je trouvais cela délicat de parler de mort en maternité.

J’ai pu constater que parler de mort était « tabou » , selon Michel Castra maître de conférences en sociologie« il y aurait une sorte d’interdit socialqui empêcherait de parler de

la mort et de sa mort »24, alors parler de mort en maternité est encore plus délicat, c’est un

service où l’on côtoie peu la mort.

Lorsqu’on me demande le sujet de mon projet professionnel et que je réponds que « c’est sur

la prévention de mort inattendue du nourrisson en maternité », je constate queterme « mort »

surprends mes interlocuteurs. On a pu me dire à plusieurs reprise « il ne faut pas parler de

mort en maternité »,« parler de mort va faire peur aux mamans », « c’est délicat ton sujet »,

« tu n’as pas peur de choquer les mamans », « Parler de mort en maternité va gâcher leur

bonheur ».J’ai souhaitais reprendre une citation du sociologue Edgar Morin qui dit « le mystère premier n’est pas la mort mais l’attitude de l’homme devant la mort »25, je trouve que cette citation illustre bien le comportement des individus lorsque j’aborde le thème de la mort. Durant notre formation de puéricultrice, nous avons dû réaliser une action d’information en matière d’éducation pour la santé (AIMES), deux collègues de promotion ont réalisé leur AIMES sur la prévention de la mort inattendue du nourrisson.

A la fin de leur intervention elles ont posé comme question à l’ensemble de la promotion

« comment aborderiez-vous ce sujet avec les parents ? », cette question a suscité différentes

réactions. Pour certaines il ne faut pas employer le terme « mort inattendue du nourrisson,

cela va faire peur aux parents », ellespréfèrent parler de la mort inattendue du nourrisson en

parlant des conditions de couchage du nourrisson. Pour d’autres il est important de parler de la MIN en utilisant ces termes, elles pensent que pour réaliser une éducation il faut que tous les termes soient clairs afin de faciliter la compréhension des parents. Enfin pour d’autres

24 M.CASTRA. Les transformations sociales de la fin de vie et de la mort dans les sociétés contemporaines. Empan 2015, N°97, p12-18

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elles pensent qu’il est utile de parler de la MIN mais ellespréfèrent aborder ce thème en parlant en premier des conditions de couchages et en terminant en disant « ces

recommandations permettent la prévention de la mort inattendue du nourrisson ». Les

étudiantes puéricultrices qui utilisent le terme MIN pensent qu’il est important d’en parler pour les parents face le lien entre la MIN et les conditions de couchage ce qui ne sera pas le cas si nous n’expliquons pas pourquoi nous parlons des conditions de couchage. Je souhaite préciser que lorsque je parle des conditions de couchage, j’englobe toutes les conditions c’est à dire la literie, la température de la chambre, la position de couchageetc...

Ces échanges me démontrent que c’est un sujet qui pose questions et qu’il y a un travail à faire déçu. Cela ne fait que renforcer mon travail, et me motive d’autant plus dans mes recherches.

L’augmentation de l’espérance de vie fait que notre mentalité sur la mort change aussi, « cela

engendre le sentiment que la mort est lointaine et qu’il y a du temps avant de l’envisager réellement. La mort est ainsi mise à distance.»26. Certains diront « Nous avons le temps d’en parler ».

Comme citer dans le rapport de l’inspection générale des affaires sociales « A l’hôpital

comme ailleurs, la mort reste un tabou et son évocation met mal à l’aise »27. Je ne pensais pas

que vouloir parler de mort en maternité serait aussi « tabou ». Ne pas parler de mort en maternité ne serait-il pas au détriment de l’éducation. Pourquoiest-ce si tabou ? Nous disons avec affirmation que cela va faire peur aux mamans, aux parents mais comment peut-on en être aussi certain si nous n’en parlons jamais.

Lors de mon stage en maternité, je me souviens d’un couple de parents à qui j’ai effectué une éducation pour la santé sur la prévention de la MIN, je leur avait dit que « j’allais leur parler

de la mort inattendue du nourrisson et des bonnes attitudes à adopter », à la fin de mon

éducation la maman me dit « merci pour toutes ces informations, je trouve que c’est bien que

vous employez le terme mort inattendue du nourrisson, cela nous a permis de bien comprendre et d’être attentif ».J’ai constaté lors de ce stage, par rapport à ma pratique

professionnelle antérieure que le fait d’utiliser les termes mort inattendue du nourrisson rendaient les parents plus attentifs à mon éducation et ils avaient plus de questions que lorsque je ne les utilisés pas.

26 S.MICHEL. Ce qui a changé dans notre rapport à la mort. novembre 2013

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Dans mes recherches j’ai pu lire le mémoire d’une étudiante sage femme de l’école de Metz, Beatrice POPULIN, qu’elle a réalisée en 2010. Dans son mémoire elle parle du retour à domicile après des séjours qui sont de plus en plus court. Elle a réalisé une enquête auprès des parents lors de leur sortie de maternité, le questionnaire a été rempli par 100 femmes. Dans son questionnaire elle évoque les thèmes abordés au cours du séjour en maternité dont une question sur la mort inattendue du nourrisson. Cette question est « vous a-t-on parlé de la

prévention de la mort inattendue du nourrisson ?, 73% des femmes n’ont pas parlé en maternité avec une personne de l’équipe de la mort inattendue du nourrisson en ces termes. 10% ont eu une information et 7% n’ont pas répondu à la question »28, je constate qu’un nombre important de femme n’ont pas eu ou n’ont pas eu conscience d’avoir eu une éducation pour la santé sur la mort inattendue du nourrisson car les termes « mort inattendue du nourrisson » n’ont pas été employés. Les recherches de cette étudiante me confortent dans mon choix de sujet de mon projet professionnel.

Sommes-nous certain que parler de mort en maternité face peur aux parents. Parler de mort en maternité n’aiderait-il pas les parents à comprendre le but de notre éducation ?

Le service de maternité est l’un des services où l’on côtoie le moins la mort, est-ce parce ce que c’est un lieu de vie que nous ne devons pas parler de la mort ?

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