• Aucun résultat trouvé

Les relations avec les intellectuels et les artistes dans les pays où Henri Hoppenot est

II- UNE CARRIERE LITTERAIRE PARALLELE A LA CARRIERE DIPLOMATIQUE :

3. Henri Hoppenot, un « passeur de culture »

3.1. Les relations avec les intellectuels et les artistes dans les pays où Henri Hoppenot est

CONCLUSION : BIBLIOGRAPHIE : ANNEXES :

Accords et protocoles relatifs à la frontière turco-syrienne, signées à Ankara le 22 juin 1929.

Stérile Exil par Henri Hoppenot dans le Navire d’Argent, n°5, octobre 1925, p. 8-13 TABLE DES ILLUSTRATIONS

« Non, mon cher, l’historien ne doit être ni moraliste, ni partisan. Il fausse son instrument, il trahit sa mission propre dès qu’il se mêle de juger… Libre à chacun, naturellement de tirer en moraliste (comme moi) ou en partisan (comme vous) les leçons de l’histoire, mais ce n’est plus là faire œuvre d’historien. Ceci dit, il n’y a sans doute jamais eu d’historien "pur", se bornant strictement à la description des faits et de leur enchaînement. »1

1 HOPPENOT Henri, lettre à Henri Guillemin du 29 mars 1951.

Introduction :

Derrière le titre énigmatique de ce mémoire se trouve une référence à la thèse d’Isabelle Dasque : À la recherche de Monsieur de Norpois : les diplomates de la République (1871-1914), soutenue en 2005. A travers le personnage du roman de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu (sept tomes de 1913 à 1927), Isabelle Dasque dresse le portrait des diplomates français de la Belle Epoque. Le présent mémoire se consacre à un diplomate ayant réellement existé, un représentant des diplomates de la génération suivante : celle de l’entre-deux-guerres.

Henri Hoppenot (1891-1977) est un diplomate français de la première moitié du XXe siècle. Atteint de coxalgie, une maladie handicapante qui le fera boiter toute sa vie, Henri Hoppenot est réformé et ne peut pas servir la France au combat. Il entre donc dans la carrière diplomatique en 1914 à la Maison de la Presse. A partir de 1917, Henri Hoppenot suit un parcours mobile aux quatre coins du monde : en vingt ans, de 1917 à 1937, il est nommé à 9 postes à l’étranger, de la Suisse à la Chine.

En 1937, Henri Hoppenot est nommé à l’administration centrale, sous-directeur de l’Asie puis de l’Europe. La guerre et l’armistice ayant modifié l’ordre établi, Henri Hoppenot est nommé ministre en Uruguay. Il s’agit en réalité de mettre à distance ce diplomate dont la loyauté à l’Etat Français n’est pas établie. Henri Hoppenot se résoudra à démissionner en 1942 pour se mettre au service de la France combattante aux Etats-Unis, d’abord auprès du général Giraud puis pour le général de Gaulle. Après la guerre, Henri Hoppenot devient ambassadeur en Suisse, représentant de la France à l’ONU et dernier Haut-Commissaire de la République en Indochine. Ayant atteint la limite d’âge pour travailler au Quai d’Orsay, Henri Hoppenot devient membre du Conseil d’Etat de 1956 à 1964 où il prend sa retraite.

Henri Hoppenot fait également partie de ce groupe disparate et néanmoins important au sein de la Carrière durant l’entre-deux-guerres, celui des diplomates-écrivains. Le phénomène ne semble pas nouveau, la tradition remontant au début du XIXe siècle avec des auteurs et diplomates comme le vicomte de Chateaubriand (1768-1848) ou Stendhal (1783-1842). Les historiens s’emparent assez récemment du sujet comme en témoigne un colloque tenu en 20112. L’âge d’or de cette catégorie est l’entre-deux-guerres : le métier de diplomate, tout comme celui d’écrivain, tend à se professionnaliser et le Quai d’Orsay est relativement indifférent voire favorable envers tous ses

2 BADEL Laurence, FERRAGU Gilles, JEANNESSON Stanislas et MELTZ Renaud (dir.), Ecrivains et diplomates, l'invention d'une tradition, XIXe-XXIe siècles, Armand Colin, Paris, 2012. Actes du colloque rassemblés, complétés et publiés.

diplomates qui conjuguent leurs carrières diplomatiques avec une carrière littéraire (la moitié des diplomates en poste en 1938 a publié au moins un ouvrage selon Renaud Meltz)3. Après la Seconde Guerre mondiale, une distinction se forme entre le diplomate-écrivain, diplomate de carrière qui écrit et publie des livres, et l’écrivain-diplomate, écrivain reconnu et souvent récompensé qui est nommé dans un consulat ou une ambassade. Cette seconde catégorie est particulièrement mise en valeur au XXIe siècle, la nomination de ces écrivains étant rapportée par la presse qui pose la question de la légitimité de ces écrivains à des postes diplomatiques4. Toutefois, même chez les diplomates de carrière, il existe une tendance croissante à l’écriture comme en témoigne le premier lauréat du Grand Prix du Groupe des Ambassadeurs Francophones de France. Ce prix littéraire est l’héritier du Prix des Ambassadeurs décerné entre 1948 et 2014 par un groupe d’ambassadeurs en poste à Paris ayant une excellente connaissance de la langue française à un ouvrage traitant d’histoire ou de politique. Le Prix des Ambassadeurs a récompensé un certain nombre d’historiens et de journalistes. Le Grand Prix du GAFF, qui a été relancé en 2019, a été décerné pour la première fois le 30 janvier 2020 et a récompensé un diplomate, Claude Martin, pour son ouvrage La diplomatie n’est pas un dîner de gala aux Editions de l’Aube5.

« La carrière diplomatique est faite de silence et d’effacements ». Cette phrase écrite par l’ambassadeur Pierre de Margerie (1861-1942) dans un courrier semble caractériser le corps diplomatique. Citée par Bernard Auffray dans sa biographie de Pierre de Margerie6, reprise par Colette Barbier pour désigner le caractère d’Henri Hoppenot7, cette phrase est finalement utilisée par Stanislas Jeannesson pour démontrer l’attrait du secret et le devoir de réserve qui caractérise l’ensemble des diplomates8. Dès lors, comment faire la biographie de ce personnage assez mystérieux qu’est le diplomate et surtout que peut apporter une telle biographie à l’histoire des relations internationales ? Malgré le rejet qu’en fait l’école des Annales, la biographie de diplomate connait un certain regain depuis les années 1980 et les travaux se sont multipliés ces vingt dernières

3 Ibid. p. 73.

4 La dernière « affaire » en date est la nomination de l’écrivain Philippe Besson comme consul à Los Angeles en 2018, décret dénoncé et finalement annulé en 2019.

5 Organisation internationale de la francophonie, « Claude Martin, premier lauréat du Grand Prix des Ambassadeurs francophones », Mis à jour le 30 janvier 2020 [En ligne], https://www.francophonie.org/claude-martin-premier-laureat-du-grand-prix-des-ambassadeurs-francophones-1068, Consulté le 13 février 2020.

6 AUFFRAY Bernard, Pierre de Margerie (1861-1942) et la vie diplomatique de son temps, Klincksieck, Paris, 1976, p. 12.

7 BARBIER Colette, Henri Hoppenot, diplomate (25 Octobre 1891-10 Août 1977), Direction des archives, Ministère des affaires étrangères, 1999, p. XX.

8 JEANNESSON Stanislas, « Les biographies de diplomates : questions et méthodologiques et enjeux scientifiques » in DUMOULIN Michel et LANNEAU Catherine (dir.), La biographie individuelle et collective dans le champ des relations internationales, P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, 2016, p. 20

années. Stanislas Jeannesson, ayant lui-même contribué à ce renouveau historiographique9, théorise l’intérêt historiographique et les méthodes de la biographie de diplomate10. Pour lui, elle permet de mettre en exergue le processus décisionnel cher à Jean-Baptiste Duroselle mis en place par ces agents de l’Etat, avec une marge de manœuvre plus ou moins libre selon le poste et l’époque. De plus, la biographie de diplomate, par l’étude de cas conformistes ou atypiques, permet de brosser le portrait d’un groupe social plus ou moins homogène qu’est le corps diplomatique. Les diplomates de renom ont d’abord été biographiés par d’autres diplomates puis par des historiens.

Ensuite vient le tour de diplomates plus ou moins à la marge du corps diplomatique, ces cas atypiques permettant d’étudier les normes, les obligations et les interdits propres au groupe des diplomates. Force est de constater qu’un certain nombre d’écrivains-diplomates intègrent cette catégorie. Enfin ces dernières années, l’étude de diplomates moins illustres et qui ne dérogent pas aux règles du Quai d’Orsay permet de brosser le portrait du diplomate moyen. Un certain nombre de cas représentatifs de la carrière diplomatique et des mutations qu’elle connait au XXe siècle permet d’avoir une bonne connaissance du corps diplomatique français de manière générale.

L’historiographie choisie regroupe en priorité les biographies de diplomates français qui ont été publiées jusqu’à présent. L’étude de ces biographies permet d’établir des comparaisons avec Henri Hoppenot sur l’avancement au sein de la carrière diplomatique et également d’établir les réseaux qui se forment entre les diplomates. Il existe une forme de solidarité et d’entraide propre au corps des diplomates, le terme de « collègue » agissant comme une formule absolutrice11. Mais les relations professionnelles et souvent amicales qui se nouent entre certains diplomates permettent de favoriser tel agent plutôt qu’un autre ou d’obtenir tel poste plutôt qu’un autre. C’est pourquoi les biographies de diplomates ayant côtoyés Henri Hoppenot seront privilégiées. L’étude plus particulière des diplomates et écrivains est un champ historiographique plus récent. Bien que le phénomène ne soit pas nouveau, l’étude des écrits de ces diplomates-écrivains étaient d’abord du ressort des littéraires. Les historiens des relations internationales ont privilégié la carrière diplomatique de ces acteurs avant que le cultural turn atteigne le courant de l’histoire des relations internationales. Dès lors, comme pour les biographies de diplomates, les études débutèrent sur les diplomates-écrivains dont la postérité rappelait à la fois leurs talents de diplomates et la qualité de

9 JEANNESSON Stanislas, Jacques Seydoux, diplomate, 1870-1929, PU de la Sorbonne, Paris, 2013.

10 JEANNESSON Stanislas, « Les biographies de diplomates » op cit in DUMOULIN Michel et LANNEAU Catherine (dir.), La biographie individuelle, op cit. p. 15-27.

11 HOPPENOT Hélène, MOUSLI Marie France (édit. scienti.), Journal 1918-1933 : Rio de Janeiro, Téhéran, Santiago du Chili, Rio de Janeiro, Berlin, Beyrouth-Damas, Berne, Éditions Claire Paulhan, Paris, 2012, 20 septembre 1923, p.310.

leurs écrits. Puis, les historiens s’intéressèrent à des diplomates de second plan dont la carrière littéraire avait été oubliée ou au contraire à certains écrivains de renom dont la carrière diplomatique, courte ou chaotique, avait été oubliée. La part des diplomates ayant écrit leurs mémoires n’est pas à négliger. Pourtant, dans le cas d’Henri Hoppenot, les rapports du diplomate comme les poèmes de l’écrivain sont les seuls écrits qu’il a laissés.

Du fait de sa longue carrière, mais qui ne connait aucun éclat particulier pour être mémorable, Henri Hoppenot est un de ces nombreux diplomates représentatifs de la Carrière. Son appartenance au groupe des diplomates-écrivains en fait toutefois un sujet d’étude unique car autant il est aisé de trouver des dénominateurs communs aux diplomates, autant chaque écrivain est unique en son genre. Etudier le cas d’Henri Hoppenot permet donc de se demander ce qu’est être diplomate et écrivain durant l’entre-deux guerres et surtout comment Henri Hoppenot mène ces deux carrières de front. L’étude de ces années 1920-1930 permet de démontrer un tournant dans la vie d’Henri Hoppenot : celui-ci devient un diplomate confirmé dont le sérieux et le travail sont appréciés. Dans le même temps, la décennie 1920 marque le climax dans sa carrière littéraire puis il s’en détourne presque complétement.

Une biographie d’Henri Hoppenot existe déjà12. Il s’agit de l’édition d’une thèse soutenue par Colette Barbier (1929-2019) en 1988 à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et publiée en 1999. Colette Barbier retrace la vie du diplomate sur près de 600 pages. Toutefois elle ne consacre que quelques pages à toute la période allant de 1922 à 1933 qu’elle appelle « les années perdues »13. Cela s’explique par les sources utilisées : Colette Barbier se base en priorité sur le

« Fonds nominatif Henri Hoppenot » conservé aux Archives du Ministère des Affaires étrangères de La Courneuve14. Ce fonds ne contient aucun document sur cette période. De plus, « afin de compléter et d’éclairer les documents du Fonds nominatif Henri Hoppenot », Colette Barbier a consulté certains dossiers généraux pour contextualiser la carrière d’Henri Hoppenot. Or elle n’utilise pas de dossier sur les pays où Henri Hoppenot est en poste durant ces fameuses « années perdues »15. Il en ressort un vide dans la vie d’Henri Hoppenot entre 1922 et 1933 que Colette Barbier a tenté de combler par des sources annexes conservées par les Archives du Ministère des Affaires étrangères mais qui restent très succinctes. Il est possible que Colette Barbier ait négligé

12 BARBIER Colette, Henri Hoppenot, op cit.

13 BARBIER Colette, Henri Hoppenot, op cit. p. 34-42

14 MAE, Papiers Henri Hoppenot, 270PAAP.

15 BARBIER Colette, Henri Hoppenot, op cit. p. 588-589.

sciemment ou non des sources. Elle évoque notamment le journal d’Hélène Hoppenot qui n’était pas communicable lors de la rédaction de sa biographie. Il est plus étonnant que les fonds conservés au Centre des Archives Diplomatiques de Nantes ne soient pas dépouillés : si le bon historien ressemble à l’ogre de la légende selon Marc Bloch16, la piste d’un diplomate ayant passé une grande partie de sa carrière dans des postes à l’étranger conduit l’historien vers le CADN qui conserve les archives des postes diplomatiques français à travers le monde. La consultation des fonds en provenance des différents postes où Henri Hoppenot est nommé permet de suivre sa carrière et ses fonctions plus ou moins précisément. Par ailleurs, la biographie de Colette Barbier s’intéresse avant tout à la carrière diplomatique d’Henri Hoppenot. La production littéraire d’Henri Hoppenot est évoquée mais pas étudiée. Il est vrai que les questionnements sur les diplomates-écrivains n’émergent véritablement qu’une dizaine d’années après la parution de l’ouvrage.

La vie plus personnelle et la carrière littéraire d’Henri Hoppenot furent mises en valeur par les Mousli mère et fille. Béatrice Mousli, biographe spécialiste du monde littéraire français des années 1920, a consacré sa thèse à la revue Intentions à laquelle Henri Hoppenot a collaboré17. Puis, en préparant une biographie sur Valery Larbaud (1881-1957), écrivain français ami d’Henri, elle découvre le fonds Hoppenot conservé à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet à Paris. Beatrice Mousli publiera par la suite la correspondance entre Henri Hoppenot et Adrienne Monnier (1892-1955), libraire et amie du diplomate18. Marie France Mousli, la mère de Béatrice Mousli, continuera de publier la correspondance d’Henri Hoppenot, notamment celle avec Darius Milhaud et Saint-John Perse19. Enfin depuis 2012, Marie France Mousli édite le journal d’Hélène Hoppenot, la femme d’Henri.

Les sources utilisées pour l’étude de la vie d’Henri Hoppenot durant ces années 1920-1930 sont de formes et d’origines variées : en majorité textuelles mais aussi audiovisuelles. Elles sont en provenance d’archives publics comme les archives diplomatiques des représentations françaises à l’étranger conservées au Centre des Archives Diplomatique de Nantes. Elles sont aussi issues d’archives privées comme les archives du couple Hoppenot qui ont été en partie éditées.

16 BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, Armand Colin, Paris, 1997, p. 51.

17 MOUSLI Béatrice, Intentions, histoire d'une revue littéraire des années vingt, Ent'revues, Paris, 1995.

18 MOUSLI Béatrice (édit.), Adrienne Monnier/Henri et Hélène Hoppenot, Correspondance, Editions des Cendres, Paris, 1997.

19 MOUSLI Marie France (édit.), Madeleine et Darius Milhaud-Hélène et Henri Hoppenot, Conversation, correspondance (1918-1974), "les inédits de Doucet", Gallimard, Paris, 2005 et MOUSLI Marie France (édit.), Saint John Perse, correspondance avec Henri Hoppenot (1915-1975), les Cahiers de la NRF, Gallimard, Paris, 2009.

Henri et Hélène Hoppenot ont déposé leurs archives à la bibliothèque littéraire Jacques Doucet entre 1973 et 1990. La bibliothèque doit son nom au couturier français Jacques Doucet (1853-1929) également mécène et collectionneur d’art et de manuscrits. Il lègue sa bibliothèque à l’Université de Paris à sa mort. La bibliothèque est transférée place du Panthéon à Paris et regroupe des écrits de 1800 à aujourd’hui. Le fonds Hoppenot comporte un certain nombre de manuscrits, notes et recueils d’articles de presse ainsi que la correspondance du couple Hoppenot avec des proches membres du milieu littéraire parisien et de la diplomatie française. Ces documents furent versés de leur vivant à partir de 1973. Le fonds fut complété par l’apport du journal d’Hélène à sa mort en 1990. Le fonds constitue un témoignage de la vie littéraire et de la vie diplomatique française à travers la carrière d’Henri sur plus de soixante ans, entre 1911 et 1977. Le journal d’Hélène ainsi que la correspondance du couple ont été en partie édités.

Hélène Hoppenot (1894-1990), née Delacour, est la fille d’un officier de province. Elle monte à Paris où elle se produit comme chanteuse dans quelques cabarets. Elle rencontre Henri Hoppenot vers 1915 et l’épouse en 1917. A partir de cette date, elle le suit à travers le monde dans sa carrière diplomatique et tient un journal intime. Elle y note ses observations et ses réflexions sur les différents pays qu’elle visite ainsi que sur les personnalités qu’elle rencontre. Le journal d’Hélène Hoppenot, qui fait près de 8 000 pages à la fin de sa vie, est en cours de publication. Trois tomes sont actuellement disponibles, tous édités par Marie France Mousli : Journal 1918-1933 (2012) ; Journal 1936-1940 (2015) et Journal 1940-1944 (2019)20. Dans son journal, Hélène fait preuve d’un sens de l’observation précis et méthodique des situations dont elle est témoin, un talent qu’elle mettra à profit en devenant une photographe reconnue après la Seconde Guerre mondiale. Ses portraits des personnes qu’elle rencontre, qu’ils soient diplomates, officiels des pays où elle séjourne ou simples habitants, sont d’une grande précision avec un ton parfois acide à l’encontre de certains. Bien qu’Hélène Hoppenot ne souhaitait pas publier son journal et qu’elle demanda à ce qu’il soit confidentiel vingt ans après sa mort, celui-ci constitue un témoignage volumineux sur la vie diplomatique française de la première moitié du XXe siècle ainsi que sur la situation politique et sociale des pays où elle suit son mari. Suivant Henri, qu’elle appelle « H. » dans son journal, dans

20 HOPPENOT Hélène, MOUSLI Marie France (édit. scienti.), Journal 1918-1933 : Rio de Janeiro, Téhéran, Santiago du Chili, Rio de Janeiro, Berlin, Beyrouth-Damas, Berne, Éditions Claire Paulhan, Paris, 2012 ; HOPPENOT Hélène, MOUSLI Marie France (édit. scienti.),Journal 1936-1940 : 24 décembre 1936- 6 octobre 1940 : "Hitler sait attendre. Et nous?, Éditions Claire Paulhan, Paris, 2015 et HOPPENOT Hélène, MOUSLI Marie France (édit. scienti.), Journal 1940-1944, Editions Claire Paulhan, Paris, 2019.

tous ses déplacements, Hélène peut indiquer la position et les actions de son mari dans tous les postes où il est nommé. Son journal témoigne de propos et d’évènements qui n’apparaissent pas forcément dans les archives diplomatiques, en cela, il est un outil privilégié pour entrer dans l’intimité d’Henri Hoppenot et mieux comprendre des émotions et des ressentis qu’il pourrait cacher à ses supérieurs. Le journal d’Hélène permet de suivre presque au jour le jour l’évolution de la carrière de son mari, Hélène étant particulièrement intéressée par les potentiels postes dans lesquels Henri peut être nommé.

Tout au long de leurs vies, les Hoppenot ont conservé l’abondante correspondance qu’ils ont reçue des proches issus des milieux littéraires et artistiques ou des membres du monde diplomatique, les deux n’étant par ailleurs pas incompatibles. Cette correspondance est conservée à la bibliothèque Jacques Doucet et une partie a été publiée. Ces lettres permettent de suivre les relations qu’a entretenues le couple Hoppenot sur de longues périodes. Ces lettres sont aussi le moyen de connaitre les sentiments et émotions d’Henri Hoppenot et de déterminer un cercle de connaissances proches susceptible de le soutenir tant dans sa carrière diplomatique que dans sa carrière littéraire. Les Hoppenot ont conservés l’ensemble des lettres reçues mais pas les lettres envoyées, celles-ci demeurant inconnues. Cette vision unilatérale ne permet pas de connaitre les propos tenus par les Hoppenot à leurs correspondants. Quatre relations épistolaires éditées sont utiles pour le présent mémoire.

Marie-René Auguste Alexis Léger (1887-1975), qui raccourcit son nom au Quai d’Orsay pour retenir Alexis Léger, est un diplomate français et un écrivain connu sous le nom de Saint Leger Leger puis Saint John Perse, pseudonyme avec lequel il obtiendra le prix Nobel de littérature en 1960. Entré au Quai d’Orsay peu avant Hoppenot qu’il rencontre à la Maison de la Presse, Alexis Léger est en poste en Chine avant de suivre une brillante carrière à l’administration centrale, devenant le secrétaire

Marie-René Auguste Alexis Léger (1887-1975), qui raccourcit son nom au Quai d’Orsay pour retenir Alexis Léger, est un diplomate français et un écrivain connu sous le nom de Saint Leger Leger puis Saint John Perse, pseudonyme avec lequel il obtiendra le prix Nobel de littérature en 1960. Entré au Quai d’Orsay peu avant Hoppenot qu’il rencontre à la Maison de la Presse, Alexis Léger est en poste en Chine avant de suivre une brillante carrière à l’administration centrale, devenant le secrétaire

Documents relatifs