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Guerre et Paix : « Terror belli, decus pacis » Le corps diplomatique et les forces armées

B. Les relations diplomatiques lors des chasses sous la Troisième République

Tandis que les militaires préparaient la Revanche, les diplomates cherchaient à sceller des alliances. La chasse diplomatique est plus ancienne encore que les chasses en l’honneur de l’armée et suscitent le plus d’engouement de la part de la presse. Ces chasses sont capitales pour la République naissante car, isolée diplomatiquement, elle ne peut espérer gagner seule une future guerre au cours de laquelle l’Allemagne est déjà alliée avec l’Autriche-Hongrie. La diplomatie exercée par le chef de l’Etat se trouve dans l’alignement des vues des fonctionnaires du Quai d’Orsay. Une convergence de points de vue due à la convergence des hommes puisque le corps diplomatique s’est rallié plus ou moins vite à la République, ou en tout cas, à la volonté de reconquête d’une place centrale dans le jeu international. Les liens entre le pouvoir politique et ceux qui choisissent la Carrière permettent de créer une politique extérieure homogène fondée sur des objectifs comme la sortie de l’isolement diplomatique, la stratégie des alliances et la stratégie d’expansion coloniale. Les membres du Quai sont également satisfaits d’être sollicités par le nouveau régime pour réaffirmer sa grandeur, le sens de l’Etat et de le servir est une des composantes essentielles de l’engagement de ses individus39. Deux types de chasses peuvent être qualifiés de diplomatiques : celles, annuelles, en l’honneur du corps diplomatique et celles, exceptionnelles en l’honneur des chefs d’Etat étrangers.

Les chasses en l’honneur du corps diplomatique réunissent autour du président de la République les ambassadeurs ou ministres plénipotentiaires des puissances étrangères en France. La première chasse dont nous avons trace est le 23 ocotbre 188240, en l’honneur des grands-ducs de Russie. Cette chasse présente la particularité d’être un entre-deux, elle revient tous les ans mais met en scène des membres d’une famille impériale, dépassant les prérogatives d’un membre d’une simple légation. Accompagnant le président de la République, les grands-ducs Wladimir (1847-1909) et Alexis (1850-1908)41, le duc de Leuchtenberg (neveu d’Alexandre II), le prince Obolensky (issu d’une vieille famille aristocratique russe), le prince Kotschoubey (famille remontant au XVIIe siècle, élevée à la dignité de prince en 1831) ainsi que le colonel Lichtenstein et le commandant Cordier (appartenant à la maison militaire du président). Cette chasse est d’autant plus précoce

39 Dasque Isabelle, « Une élite en mutation : les diplomates de la République (1871-1914) », Histoire, économie & société, vol. 26e année, no. 4, 2007, pp. 81-98.

40 Benoist Georges, partie III, chapitre 6 « Trente-cinq années de chasses présidentielles » in Grandes chasses, grands fusils : cinquante ans de prestige, Paris, Montbel, 2011, 312 p.

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Fils du Tsar Alexandre II (1818-1881), frères du Tsar Alexandre III (1845-1894) et oncles du Tsar Nicolas II (1868-1918).

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diplomatiquement qu’en 1882, « l’alliance des trois empereurs » russe, allemand et austro- hongrois est encore effective. Cette chasse se répète tous les ans, avec la présence du grand- duc Boris, fils du grand-duc Wladimir, à partir de la fin de la décennie 1890. Ces chasses sont largement relayées dans la presse française, d’abord comme un événement mondain, celui d’un décorum révolu depuis l’avènement du régime républicain, puis comme un évènement à portée diplomatique et patriotique, dès 1888-1890 et la non reconduction par Guillaume II de l’ « alliance des trois empereurs ». Ce rapprochement puis cette alliance (militairement secrète en 1892) et l’Amitié franco-russe en 1893 alimentent la soif de la presse sur la thématique de la grandeur retrouvée. La chasse, dans ce contexte d’alliance avec une puissance aux valeurs opposées à la République, s’inscrit dans un pragmatisme développé par les agents du Quai et des Républicains opportunistes. En effet, le partage d’une pratique commune permet de lever les oppositions de façade et un dialogue plus fécond diplomatiquement. Ce pragmatisme se retrouve dans le choix des ambassadeurs dans les pays42 où règne un certain autoritarisme et dans lesquels la connaissance des codes de l’aristocratie est un atout. Les deux ambassadeurs de France auprès du Tsar lors de ce rapprochement sont Paul de Laboulaye (entre 1886 et 1892) et le comte Gustave Lannes de Montebello (entre 1892 et 1901)43. Les chasses en l’honneur des grands-ducs ne sont pas qu’un simple divertissement cynégétique, qu’il serait aisé de dissocier de rencontres plus formelles en raison de la présence de personnalités diplomatiques lors de ces chasses. Ainsi, lors de la chasse en 1891, le comte de Montebello est déjà présent durant cette chasse, avec le président, les grands-ducs Alexis et Wladimir et leurs aides de camp. En outre, lors d’une chasse se déroulant à Rambouillet le 20 septembre 189644, étaient invités en petit comité Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, le général de Boisdeffre et le comte de Montebello. Le général de Boisdeffre a joué un rôle majeur dans le rapprochement des deux pays en tant qu’attaché militaire à Saint-Pétersbourg pendant trois ans entre 1887 et 1890. Il a noué des contacts importants avec le chef d’état- major russe, le général Obroutchev, qui, marié à une française, passe tous ses étés dans le Périgord. De Boisdeffre est même invité aux grandes manœuvres militaires russes en juillet 1890 pendant que le général de Miribel (alors chef d’état-major) rencontre le ministre de la

42 Dasque Isabelle, art. cit., p. 95 : « Le pouvoir républicain fait aussi preuve de pragmatisme, au moment où le

combat pour la République paraît gagné, en s’appuyant sur des élites, encore proches socialement des milieux dirigeants du reste de l’Europe, pour gagner la confiance des gouvernements étrangers ou quand les intérêts de la France l’exigent. ».

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Ainsi, la France de la Troisième République a envoyé 4 militaires avant les deux civils opérant le rapprochement : les généraux Adolphe Le Flô, Alfred Chanzy et Félix Antoine Appart et l’amiral Benjamin Jaurès. Ces militaires, s’ils s’accommodent du nouveau régime, gardent un mode de vie et un habitus de leur formation d’origine se fondant parfaitement à la cour du Tsar.

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Guerre russe, alors en vacances en France. Durant un an, l’idée d’une alliance défensive face à l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie germe et en août 1891, les Russes informent l’ambassadeur de France en Russie qu’ils sont prêts à ouvrir des négociations. Ainsi, c’est d’abord avec les militaires que les alliances se créent entre russes et français. Cette alliance est alimentée par la venue du Tsar Nicolas II et de la Tsarine en 1896 à Paris où tous les journaux (même le monarchiste Le Soleil) appellent à descendre dans la rue pour célébrer le cortège. Cette unanimité de la presse est aussi due au début de la campagne orchestrée par les Russes de distributions de subventions secrètes45 à de très nombreux journaux français pour vanter les mérites des obligations russes. Malgré tout, la venue des grands-ducs ou du Tsar est toujours abondamment commentée dans la presse en raison de tout ce que cela représente.

La première chasse en présence de membres du corps diplomatique se déroule le 27 janvier 1890 à Rambouillet46. Le président de la République reçoit le comte de Munster (ambassadeur d’Allemagne), le comte de Moltke (ministre plénipotentiaire du Danemark), baron de Tucher (ministre de Bavière), Sir Whitelaw Reid (ministre des Etats-Unis), Ramon Fernandez (ambassadeur du Mexique) ainsi que le comte Louis Foucher de Careil (sénateur, ancien ambassadeur de France en Autriche-Hongrie entre 1883 et 1886) et Jules Roche (député). Ces chasses poursuivent l’effort de rupture de l’isolement diplomatique tout en maintenant des relations correctes avec l’Allemagne. Les pays invités sont assez étonnants : l’Allemagne est l’ennemi, le Danemark est dans l’orbite allemande même si l’Allemagne a récupéré le Schleswig et le Holstein suite à une guerre en 1864, la Bavière est un état unifié dans le nouveau Reich allemand, l’ambassadeur des Etats-Unis est un isolationniste convaincu dans la droite ligne de la doctrine Monroe47 et les relations avec le Mexique se sont normalisées à partir de 188048 mais ce pays reste dans une coopération approfondie avec son grand voisin du nord. L’isolement diplomatique de la France, issu de la stratégie géopolitique de Bismarck en Europe couplée à la doctrine Monroe, est flagrant. Le président de la République semble prêcher dans le désert et entouré, si ce ne sont d’ennemis, de personnes neutres et indifférentes au sort de la France. Les invitations aux chasses possèdent un caractère diplomatique officiel. Le fait de ne pas répondre favorablement à l’invitation est aussi une réponse, parfois de calendrier, parfois politique. Les journaux, très prompts à relayer

45 Subventions qui alimentent la campagne de presse de L’Humanité après-guerre sous le titre de « L’abominable vénalité de la presse ».

46 Le Gaulois, édition du 29 janvier 1890.

47 En 1823, le président américain Monroe condamne toute intervention européenne aux « Amériques » et toute

intervention américaine dans les affaires européennes.

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toute information et bruits de couloir, soufflent sur les braises et font feu de tout bois. Ainsi, lors de la chasse du 29 décembre 189249, les ambassadeurs d’Allemagne et du Danemark se sont fait excuser. La Croix, journal très conservateur et virulent, s’empare de cette non-venue pour la relier au scandale de Panama et à la situation diplomatique : « M. de Munster,

ambassadeur d’Allemagne à Paris, se rendra prochainement à Berlin, pour faire de vive voix à l’empereur un rapport sur la situation en France qu’il considère comme très grave. On remarque que depuis que Cornélius Herz, l’agent de l’Allemagne et ami de MM. Freycinet et Clemenceau est démasqué, M. de Munster se tient à l’écart. Sous prétexte de santé, il n’a pas assisté à la dernière chasse présidentielle offerte au corps diplomatique et évite de se rendre à l’Elysée.50

» La Croix fait l’amalgame entre deux affaires qui soulèvent les passions, l’Allemagne et le scandale de Panama pour montrer que l’ennemi intérieur et l’ennemi extérieur se confondent.

La présence des ambassadeurs austro-hongrois en France tous les ans lors des chasses présidentielles est due aux hésitations de la diplomatie française vis-à-vis de cette puissance. Sous la « République des ducs » jusqu’en 1879, la diplomatie française hésite déjà entre une alliance avec la Russie et une « alliance blanche », c’est-à-dire avec les puissances catholiques (Autriche-Hongrie, Vatican, Espagne, Italie)51. Entre 1879 et 1885, l’Autriche-Hongrie n’est plus une priorité et cède sa place à l’expansion coloniale, soutenue à demi-mot par l’Allemagne, la voyant comme un dérivatif à l’esprit de revanche. Avec Théophile Delcassé au Quai d’Orsay (1898-1905), la volonté de désolidariser les alliés de l’Allemagne reprend, fort du travail accompli avec la Russie. Ce jeu de va-et-vient recommence à partir de 1908 avec le début de l’amitié franco-serbe. Les chasses présidentielles traduisent les préoccupations diplomatiques liées aux alliances, notamment quand le 8 octobre 1897, le président Félix Faure reçoit le roi de Pierre Ier de Serbie à chasser à Rambouillet. Très francophile, il fait ses études à Saint-Cyr (promotion 1862 « de Puebla ») et s’engage dans la Légion étrangère lors de la guerre de 1870. Une convergence d’intérêts se crée entre la France, la Serbie et la Russie, protectrice de cette dernière au nom du panslavisme. Ainsi, les ambassadeurs austro-hongrois sont présents à presque toutes les chasses présidentielles car

49 Le Temps, édition du 29 décembre 1892. Etaient présents avec le président de la République : le comte Hoyos

(ambassadeur d’Autriche-Hongrie), Frederick Hamilton-Temple-Blackwood, marquis de Dufferin (ambassadeur du Royaume-Uni), Constantino Ressmann (ambassadeur d’Italie), Duë (ambassadeur du royaume de Suède et de Norvège) ainsi que le comte d’Ormesson (directeur du Protocole au Quai). Les ambassadeurs du Royaume-Uni et d’Italie ont pris leur fonction l’année même, en 1892. L’invitation à la chasse est une « bonne manière » à leur encontre.

50 La Croix, édition du 12 janvier 1893. 51

Horel Catherine, « La France et l'Empire d'Autriche, 1815-1918 », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin1, vol. 32, no. 2, 2010, pp. 57-79.

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elles permettent de maintenir des relations diplomatiques privilégiées et de ne pas fermer la porte dans le cas d’un hypothétique renversement d’alliance. Dans cette logique de retournement d’alliance, l’Italie est également en ligne de mire à partir de l’accession au trône de Victor-Emmanuel III en 1900, reçu à Rambouillet pour une chasse par Emile Loubet le 16 octobre 1903.

Reflet de son temps, les chasses présidentielles sont très européocentrées. Les puissances du concert européen restent très majoritairement invitées (Allemagne, Autriche-Hongrie, Grande-Bretagne, Italie). La Russie a un statut à part avec les chasses en l’honneur des grands-ducs. L’ambassadeur de Russie n’est pas invité aux chasses du corps diplomatique et seul le premier conseiller de l’ambassade de Russie, Narischkine est parfois présent (comme en 1901 et 1902). La Présidence de la République soigne également ses relations avec des puissances plus modestes. L’illustration la plus flagrante survient avec la chasse du 28 octobre 190452 à Marly-le-Roi avec la présence de leurs excellences le comte de Khevenhüller-Metsch (Autriche-Hongrie), de Souza Roza (Portugal), Motono (Japon), le baron Leghait (Belgique), le comte Balny d’Avricourt (Monaco), le baron Roissart du Bellay (Saint-Marin) ainsi que les généraux Duchesne, Florentin et Melzinger. Cet européocentrisme se traduit par la faible présence d’ambassadeurs ne venant pas du Vieux Continent. Sur la période 1871-1914, seuls les ambassadeurs des Etats-Unis, du Mexique et du Japon sont invités. Aucun représentant d’une puissance d’Amérique du Sud n’est convié. La présence du Japon s’explique par la politique développée par le pays du soleil levant depuis l’ère Meiji en 1868, correspondant à la fin de la politique d’isolement volontaire (sakoku) et à la modernisation industrielle « à l’occidentale ». Les relations franco-japonaises répondent aux relations sino-allemandes53

. Cet européocentrisme dans les chasses présidentielles est une constante qui continue après la Première Guerre mondiale et qui ne cessera qu’avec la Troisième République, à l’exception notable de la présence en 1937 du baron Othon de Bogaerde, ministre plénipotentiaire du Libéria. Après la victoire, la diplomatie française se retrouve dans la position de l’Allemagne en 1871, elle domine l’Europe. Ces chasses diplomatiques réunissent globalement peu d’ambassadeurs et sont surtout invités des ambassadeurs de France. Les présidents de l’entre-

52 Le Figaro, édition du 28 octobre 1904.

53 Ainsi, la France dépêcha Louis-Emile Bertin pour mettre sur pied une marine impériale capable de rivaliser

avec la Chine, soutenue par les Allemands depuis Bismarck. Après la guerre sino-japonaise de 1894-1895, Yuan Shikai (commandant des forces chinoises en Corée) demanda à l’Allemagne de l’aide pour former la première armée d’auto-défense et la création de la Nouvelle Armée, première armée équipée et entrainée « à l’occidentale ». Au niveau administratif, le Japon s’inspire du modèle français pour le maillage territorial avec l’établissement de préfectures.

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deux-guerres, jusqu’à Albert Lebrun sont beaucoup moins assidus à l’exercice cynégétique protocolaire. La chasse n’est plus considérée comme une « charge de la Couronne.54

» Dans les années 1920, les puissances étrangères invitées sont la Belgique, l’Espagne, la Grande- Bretagne et les Etats-Unis55. La diplomatie des chasses présidentielles se tournent vers les alliés ou les neutres (l’Espagne ayant servi de base-arrière aux Alliés56

). En 1905 et en 1913, lors des deux visites officielles effectuées par le roi Alphonse XIII, une chasse royale est organisée57 à Rambouillet et les présidents de la République obtiennent à chaque fois l’assurance de la neutralité espagnole.

Deux états nouvellement crées sont aussi invités, en 192558 : la Pologne (de Chlapowski) et la Turquie (Ali Fethy Bey). La Pologne est un pays allié militaire de la France depuis 1921 et la Turquie, sous l’égide de Mustafa Kemal, construit une République turque à l’image de la République française suivant les objectifs d’unité, de sécularité et de modernité. Lors de ces chasses, des ambassadeurs de France comme Camille Barrère, (à Rome de 1897 à 1924) ou des parlementaires liés aux affaires étrangères comme Lucien Hubert59 ou Gabriel Hanotaux, ancien ministre des Affaires étrangères complètent la liste des invités. Cette pratique se poursuit dans les années 1930 avec l’indéboulonnable Barrère (en 1933, 1934 et 1935) René Besnard (à Rome de 1924 à 1927) en 193360 et 1934, Jean Hennessy (en Suisse en 1924) en 1934, Fernand Pila (au Japon en 1935-1936) en 1938 et même Georges Bonnet, ministre des Finances (et ambassadeur de France aux Etats-Unis en 1937) en 1937. Progressivement, il y a autant de membres du corps diplomatique français que de représentants de puissances étrangères. Les chasses présidentielles sont un peu délaissées par les présidents de la République successifs, l’importance de ce rendez-vous décroit. Seuls deux ambassadeurs sont conviés en 1932 (Belgique et Japon), 1933 (Belgique et Pologne) et 1935 (Monaco et Pologne). Pour représenter la principauté, c’est le prince Louis II lui-même qui vient (tous les ans de 1935 à 1938) sans pour autant qu’une chasse particulièrement importante ou fastueuse

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Andrieux Louis, A travers la République, Payot, Paris, 1926, 359 p., ici p. 341. Andrieux utilise cette expression pour qualifier le rapport qu’avait Sadi Carnot avec cet exercice.

55 Ces puissances sont respectivement représentées par le baron de Gaiffier d’Hestroy, José María Quiñones de

León, Sir Charles Hardinge et Myson T. Herrick.

56 Delaunay Jean-Marc, « L'Espagne devant la guerre mondiale, 1914-1919. Une neutralité

profitable ? », Relations internationales, vol. 160, no. 4, 2014, pp. 53-69.

57 En 1905, elle eut lieu le lendemain d’une tentative d’attentat à la bombe commis contre le roi et Emile Loubet

au croisement des rues de Rivoli et de Rohan, dont ils sortent indemnes. Les invités étaient Maurice Rouvier (président du Conseil), Fernand Dubief (ministre de l’Intérieur), Joseph Ruau (ministre de l’Agriculture), le marquis de La Mina (grand veneur du roi) et le comte de San Roman, marquis de Viana.

58 Le Matin, édition du 5 novembre 1925.

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En 1925, Lucien Hubert est président de la commission des affaires étrangères, des colonies, des régions libérées du Sénat, président du Conseil économique des colonies et du Comité France-Belgique.

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soit organisée. La seule chasse d’envergure est en 1934 et elle réunit les ambassadeurs de Belgique, Pologne, Allemagne, Etats-Unis et Grande-Bretagne. L’Allemagne est de nouveau invitée, ce qui s’explique par la politique d’apaisement, initiée par Aristide Briand et Gustav Stresemann. Cela correspond aussi à la période d’affaiblissement diplomatique de la France, notamment quand Laval, alors au Quai d’Orsay, retire de l’alliance franco-soviétique les conventions militaires et ne réagit pas lorsqu’Hitler rétablit le service militaire obligatoire puis que Flandin n’ose pas, avec le gouvernement Sarrault, engager la France seule dans une action militaire contre l’Allemagne qui vient de remilitariser la Rhénanie, en violation complète du Traité de Versailles. Cet isolement et cette démission diplomatique se traduisent aussi par une faiblesse des outils diplomatiques secondaires comme le sont les chasses présidentielles. N’ayant pas de politique conquérante et audacieuse, les chasses présidentielles ne peuvent servir. Il faut attendre l’après-Seconde Guerre mondiale pour que les chasses présidentielles redeviennent un véritable « raout » diplomatique.