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H. Particularité du statut des jeunes médecins généralistes remplaçants

7. Relation triangulaire

Communication patient-remplaçant

La communication dépend principalement du patient et du remplaçant et les réunions ne permettent pas, parfois, de modifier la pratique malgré le fait qu’en tant que remplaçant, il est considéré d’avoir plus de temps et donc d’avoir la possibilité d’approfondir la consultation : « parce qu'on n'a moins de patients, on a peut-être plus le temps d'approfondir les choses même si ça ne plait pas forcément aux patients. » (M12). Mais le médecin remplaçant peut être moins écouté : « Le patient, il a plutôt tendance à faire ultra confiance à son médecin, et... moins écouter l'avis du remplaçant, après on peut toujours donner notre opinion au médecin et voir s’il veut aller dans notre sens » (M12).

Divergence de pratique entre remplacé et remplaçant et ses influences

Concernant la relation partagée avec le tiers, c’est-à-dire, le remplacé, le GEAP n’apparait parfois pas comme déterminant. Malgré ce qui peut être dit en réunion, l’échange a posteriori sur les patients dépend de la relation entre le remplaçant et le

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remplacé : « c'est surtout la communication, il y a des médecins qui communiquent plus sur ce genre de cas, il y en a qui n'en parlent pas forcément et puis on leur dit et ils disent oui ok et ils prennent et d'autres, il débriefe. Ca dépend des médecins qu'on remplace aussi je pense. » (M11), « tout dépend qui on remplace et quelles affinités on a et depuis combien de temps on le remplace. C’est ça qui fait qu'on aura tendance à rediscuter de certain cas, qu'on aurait eu tendance à arrêter ou qu'on a arrêté et de l'expliquer plus facilement au médecin avec qui on travaille. » (M13).

Il existe des difficultés d’application des propositions faites pendant les réunions : « ça c'est sûr dans le groupe de pairs, tu parles des cas que tu vois et de la façon dont tu essayes de les résoudre le mieux possible selon toi, mais après, […] de toute façon les pratiques du médecin que tu remplaces, qu'elles sont tellement différentes que tu ne peux pas te mettre à ... voilà, c'est sûr que forcément qu'à un moment donné qu'il va y avoir des fois que ton statut de remplaçant, tu ne vas pas pouvoir faire ce que tu veux. » (M09).

Les remplaçants se sentent parfois influencer sur leurs prescriptions et les réunions aident à éviter la « déformation » des connaissances et des compétences : « je me suis dit « euh waouh », c'est vrai qu'on en a parlé, moi j'avais une position claire la dessus et moi à cause de mes remplacements euh je ... j'ai plus cette position aussi, euh, aussi claire, ou je me laisse plus facilement embarquer […] le fait de remplacer, le statut de remplaçant influence ma pratique dans le sens où je me sens moins libre de faire ce que je pense être le mieux. » (M06), « des patients auxquels je voudrais euh modifier tel ou tel traitement, je sais que je ne pourrais pas forcément parce que je ne suis pas le médecin traitant » (M07), « ta position de remplaçante fait que tu vas t'habituer aux habitudes des prescriptions, et tu ne vas pas forcément faire ce que tu voudrais faire. » (M09).

Le GEAP permet donc d’accepter la divergence de pratique et donc d’adapter sa pratique au remplacé : « parce qu'il y a cette situation triangulaire […] il y a quelques pathologies où on n'est pas d'accord sur la prise en charge, je ne suis pas le médecin traitant officiel donc c'est à moi de m'adapter. » (M07), « Sur du chronique, c'est peut-être un petit peu plus discutable, puisque forcément, on va laisser la main au médecin traitant » (M08), « en tant que remplaçant on a peut-être plus euh... une tendance à renouveler les médicaments en respectant un petit peu les prescriptions des médecins qu'on remplace »

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(M13), et plus particulièrement sur des remplacements ponctuels : « il y a un autre rempla où je fais des remplas plus ponctuels, la patientèle est moins habituée aux jeunes médecins, et c'est sûr que tu t'adaptes à la situation, à l'heure » (M09).

Il est admis une adaptation de la pratique qui serait différente en tant qu’installé : « Si j'avais été installé, j'aurais pris d'autres options. Voilà, le fait d'être remplaçant, on fait avec ce qu'on a sur le moment » (M11).

A l’inverse, les remplaçants s’autorisent à temporiser : « quand tu es remplaçant tu te dis bon « si ça va pas mieux vous reviendrez la semaine prochaine » et tu sais qu'il y a le médecin qui revient et qui va prendre le relais. » (M03), ce qui oblige le remplacé à s’adapter à la pratique du remplaçant : « on retranscrit après au médecin qu'on remplace mais on n'est pas sûr de faire à l'identique de ce qu'il ferait lui. Et donc lui, il se débrouille aussi un petit peu avec notre… voilà, avec ce qu'on a fait durant son temps d'absence. » (M11).

Absence d’influence de la pratique du remplacé sur celle du remplaçant

Dans le cadre de remplacements réguliers, il est décrit une absence d’influence sur la pratique : « il y a un endroit où je suis la remplaçante fixe, c'est que je fais ce que je veux, enfin il n'y a pas de différences à si j'étais installé » (M09).

Selon le cas abordé en réunion, il n’y a pas de différence de pratique qu’il soit installé ou remplaçant : « si je trouve pertinent, après le groupe de pairs, d'appeler la femme du patient pour essayer de savoir ce qu'il pense de sa maladie, de ce qu'elle pense de sa maladie, je le ferai, ça ce n'est pas quelque chose qui me serait reproché ultérieurement » (M07), « Ça dépend des cas mais la plupart du temps […] notamment sur des sujets de dermatologie, finalement, on a un poids qui est le même que le médecin puisqu'on est sur de l'aigu. » (M08).