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Relation entre le test de double poussée et la performance en style libre

Depuis toujours, la double poussée est reconnue comme un bon « test de force/puissance » en ski de fond. Par exemple, une étude d’Alsobrook et al. (2009) établit une relation directe entre la performance/vitesse pour une course

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de distance style classique de 10km et les résultats pour des tests de puissance pour le haut du corps de 10, 60, 240 et 620s réalisés sur ergomètre en double poussée. Que se soit pour une longue ou une courte durée, les athlètes produisant les puissances moyennes et maximales les plus élevées pour le haut du corps obtiennent également les meilleurs résultats en course de 10 km. Dans une autre section, nous avons montré la relation existant entre la vitesse maximale en style libre et la performance en style libre. Il existe aussi ce type de relation entre la vitesse maximale en style libre et la performance en double poussée dans notre étude. Les athlètes les plus puissants/forts en double poussée sont donc aussi ceux pouvant atteindre les plus hautes vitesses en style libre. Ceci confère sans doute aux meilleurs athlètes une capacité de transfert des habiletés inter-styles.

Dans une section ci-haut, nous avons suggéré que l’utilisation prolongée de la technique G2 en style libre signifiait un manque de force/puissance au niveau des membres supérieurs. Dans notre étude, il existe une relation évidente entre la performance au test de double poussée et l’utilisation de la technique G2 dans le test de style libre; plus l’utilisation de la technique G2 est prolongée, plus la performance en double poussée est faible. Le fait que les athlètes utilisant le plus la technique G2 sont également ceux qui montrent les pires performances en double poussée confirment sans doute l’hypothèse d’un manque de force/puissance musculaire du haut du corps pour ces derniers.

Il existe également une relation entre le pourcentage d’utilisation de la technique G3 dans le style libre et la performance en double poussée. Une meilleure performance en double poussée, caractérisée par une plus grande force/puissance des membres supérieurs, favorise l’utilisation prolongée de la G3 en style libre. Andersson et al. (2010) relatent aussi ces phénomènes ; « la vitesse maximale et la performance en double poussée sont reliées au temps total (test style libre) et au pourcentage d’utilisation des techniques G2 et G3. De plus, la vitesse maximale en double poussée corrèle positivement avec la

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vitesse dans les montées les plus abruptes ». Il existe également ce type de corrélation entre la vitesse lors de la montée très abrupte au segment 2 et la performance en double poussée dans la présente étude. Encore une fois, l’explication la plus probable serait qu’un haut pourcentage de la force propulsive totale est générée par le haut du corps en montée avec le style libre (Smith 1992), ce qui est encore plus prononcé en utilisant la technique G3 en comparaison de la technique G2 (Millet 1998 et Smith 2009). Dans notre étude, les athlètes ayant obtenus les plus grandes vitesses en montée abrupte sont aussi ceux qui utilisaient exclusivement la technique G3. Ces observations nous suggèrent encore l’importance et la nécessité de développer un niveau de force/puissance musculaire du haut du corps élevé en ski de fond.

Nous avons observé que les meilleurs skieurs étaient aptes à maintenir la technique G3 dans des situations de montée. Peu de corrélations furent établies entre la fréquence de cycle et la performance jusqu’ici, sauf pour la fréquence de cycle et la vitesse moyenne sur 10 cycles pour le segment 4 en technique G3 (sprint final). Dans ce cas-ci, plus la vitesse est élevée, plus la fréquence de cycle l’est aussi. Nous ne pouvons pas établir une telle relation entre la fréquence de cycle et la vitesse en double poussée, étant donné l’absence de données GPS dans ce test. Par contre, il existe une corrélation négative entre le temps total en double poussée et la fréquence de cycle en double poussée pour la section de montée abrupte. Par exemple, la moyenne du podium (skieur A, B et C) en fréquence de cycle est de 1.14Hz avec un temps total moyen de 238s, tandis que celles des trois pires performances (skieur I, J et K) de 0.76Hz avec un temps total moyen de 419s. Bien sûr, un temps inférieur au contre-la-montre dit aussi vitesse moyenne supérieure, en général. Ceci étant dit, il serait logique d’affirmer que les athlètes étant aptes à maintenir une fréquence de cycle de double poussée plus élevée en montée abrupte seraient ceux qui réaliseraient les meilleures performances, donc qui maintiendraient des vitesses supérieures en montée (et dans tout le test). Dans deux de ces études, Millet et al. (1998a et b) étudient les effets de la vitesse et de l’inclinaison sur la technique de double

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poussée de skieurs de haut niveau. Ils en arrivent à des conclusions similaires, tout en fournissant plus de détails. Selon ceux-ci, l’augmentation de la vitesse est effectuée grâce à l’augmentation de la production de force sur les bâtons et de la fréquence de cycle, accompagnée d’une diminution des phases de « poussée » et de « récupération » dans le cycle de la double poussée. De plus, ils concluent que l’inclinaison a un effet significatif sur la production de force (bâtons) et sur les temps relatifs des phases de la double poussée; une phase de « poussée » inchangée et une phase de « récupération » raccourcie dans les montées abruptes. Ces dernières conclusions correspondent bien aux résultats de notre étude : les athlètes les plus performants maintiennent une fréquence de cycle supérieure. Une brève analyse vidéo confirme aussi que le temps relatif de phase de « récupération » est de loin raccourcie comparé à plus tôt dans le test (soit sur faux plat montant). Que ce soit en double poussée ou en style libre, les athlètes les plus performants semblent avoir tendance à adopter cette stratégie pour les montées abruptes; rappelons-nous la technique « G3 double poussée », qui faisait aussi référence à une production de force propulsive plus élevée pour chaque cycle et une augmentation de la fréquence de cycle (dont la phase poussée relative était plus longue et la phase de glisse relative raccourcie).

Depuis quelques années, plusieurs autres d’études ont également démontrées que la performance en double poussée style classique est améliorée par une amélioration des déterminants techniques chez le skieur de haut niveau, ainsi que l’augmentation de la fréquence de cycle (surtout en montée). Ces études confirment aussi que la performance en double poussée style classique est améliorée par une augmentation de la puissance/force musculaire du haut du corps (Hoffman 1992 et 1995, Österas 2002, Nilsson 2004a et Holmberg 2005 et 2006). Nous avons démontré dans une section ultérieure que c’était également le cas des certaines techniques style libre, tel G2 et G3. Une plus grande puissance/force musculaire du haut du corps serait nécessaire à maintenir la technique G3 sans transiger à la G2. La technique G2 pourrait donc

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être synonyme d’un manque à ce niveau. Il existe également une relation évidente entre le temps total en double poussée et le temps total d’utilisation de la technique G2 en style libre; plus ce dernier est élevé, plus l’utilisation de la technique G2 est grande. Encore une fois, cette dernière conclusion confirme l’importance et la relation entre une puissance/force musculaire du haut du corps plus élevée et une performance optimale en double poussée classique ou en style libre.

8.7 Comparaison des patrons de vitesse; ski de fond et ski à