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Chapitre 2 Méthodologie

4. Discussion

4.1 Relation entre les résultats au NEO-PI-3 et la désirabilité sociale

Il a été constaté que les corrélations moyennes en valeur absolue entre la DS et les domaines et facettes du NEO-PI-3, tous contextes d’évaluation confondus, sont considérées faibles ou négligeables. Également, les analyses corrélationnelles réalisées entre les scores aux items du NEO-PI-3 et les dimensions de la DS ont permis de mettre en lumière que les corrélations sont faibles ou négligeables avec les deux dimensions de DS pour les trois quarts des items. Ces résultats suggèrent que de façon générale, le NEO-PI-3 ne serait que faiblement affecté par le biais de la DS. Cette constatation va dans le même sens que l’étude de Marceau (2012) réalisée avec la même clientèle, mais avec le NEO-PI-R. Elle appuie aussi la position des concepteurs de l’instrument qui allèguent que leur inventaire n’est que peu influencé par la DS (Costa & McCrae, 2010). Si le professionnel entretient des doutes quant à la sincérité du répondant, ceux-ci proposent d’utiliser la version du NEO-PI-3 qui peut être répondue par un tiers. Autrement, à leur avis, il faut faire confiance au répondant.

Toutefois, l’influence de la DS semble différer selon le domaine évalué par NEO-PI- 3, la dimension de DS impliquée et le contexte d’utilisation.

Premièrement, alors que la moyenne des corrélations en valeur absolue entre la DS et le NEO-PI-3 est faible, voire négligeable pour les domaines Extraversion, Ouverture et Agréabilité, celle-ci s’avère modérée dans le cas des domaines Névrotisme et Conscience. Par ailleurs, les analyses corrélationnelles réalisées entre la DS et les items du NEO-PI-3 permettent le même constat. La majorité des items aux domaines Névrotisme (66,67% ; 32 items sur 48), et plusieurs items du domaine conscience (35,42% ; 17 items sur 48), corrèlent modérément ou fortement avec l’une une l’autre des dimensions de la DS. Ces résultats sont cohérents avec ceux de l’étude de Marceau (2011) qui constatait que plusieurs items du domaine Névrotisme (33,3% ; 16 items sur 48) et quelques items du domaine Conscience (12,5% ; 6 items sur 48) sont touchés par la DS, avec un échantillon universitaire semblable à celui de la présente étude. Ces résultats vont aussi dans le même sens que ceux obtenus par Congard, Antoine, Invanchak et collaborateur (2012) qui constatent que les domaines Névrotisme et Conscience corrèlent plus fortement avec la DS à partir des données d’un échantillon de 183 personnes remplissant un inventaire de personnalité dans deux contextes d’évaluation simulés.

Par ailleurs, le domaine Névrotisme semble être plus affecté par la DS que le domaine Conscience, les corrélations moyennes des dimensions de DS avec les facettes de Névrotisme étant toutes modérées alors que dans le cas du domaine Conscience, seules les facettes «Compétence» et «Autodiscipline» affichent des corrélations moyennes modérées. Pour ce qui est des items, il est aussi constaté qu’il y a un plus grand nombre d’items en lien avec la DS pour le domaine Névrotisme (54,14% ; 32 des 56 items touchés) en comparaison au domaine Conscience (30,35% ; 17 des 56 items touchés). Ces résultats sont congruents avec

les individus qui font de la DS ont tendance à sous-estimer ses troubles d’adaptation ou encore de surestimer sa stabilité émotive pour bien paraître. Ces chercheurs considèrent que l’influence de la DS est plus grande avec l’Inventaire de personnalité NEO-PI-R qu’avec d’autres tests évaluant ce même domaine. Cela incite à croire que la formulation des items associés au Névrotisme serait plus particulièrement à revoir dans le cas du NEO-PI-3.

Pour ce qui est du domaine Conscience, les analyses plus détaillées ont permis de constater que les facettes Compétence et Autodiscipline montrent des corrélations modérées avec les dimensions de DS alors qu’elles sont faibles pour les autres facettes de ce domaine. Ces résultats sont cohérents avec les propos de Boudrias et Morin (2011). Dans leur article, les chercheurs mentionnent que les dimensions décrivant des traits de personnalité, comme ces facettes, sont particulièrement utiles et avantageux de posséder dans le monde occupationnel. Par exemple, la facette compétence décrivant un sentiment d’efficacité dans ce que l’individu entreprend, et la facette autodiscipline décrivant la capacité à compléter ses tâches de façon soutenue, il est alors logique de croire que ces traits sont applicables dans n’importe quel domaine d’emploi.

Il est tout de même intéressant de mentionner que les facettes Ordre, Sens du devoir, Recherche de réussite et Réflexion affichent de faibles corrélations avec les échelles de DS aux deux contextes d’évaluation à l’étude. Ces résultats, bien que surprenant à premier abord, pourraient s’expliquer par le fait qu’il est plus ardu d’imaginer l’utilité de ces traits dans un emploi fictif non précisé. Il serait possible d’émettre l’hypothèse que les facettes Compétences et Autodiscipline sont des caractéristiques recherchées quel que soit l’emploi, ce qui n’est pas le cas des autres facettes du domaine Conscience.

Deuxièmement, pour ce qui est des contextes d’évaluation, il a été constaté que les corrélations moyennes entre les scores au NEO-PI-3 et les dimensions de la DS ont tendance à être plus élevées en contexte d’orientation professionnelle qu’en contexte de sélection de personnel. D’ailleurs, 55 corrélations de niveau modéré ou élevé sont observées entre la DS et les items du NEO-PI-3 en contexte d’orientation professionnelle alors qu’on en dénombre 29 dans le cas du contexte de sélection de personnel.

Au premier abord, ces résultats sont surprenants puisque le contexte d’orientation professionnelle fait référence à une situation où il est dans l’intérêt de la personne de répondre avec sincérité. Toutefois, puisque le contexte d’orientation demande de répondre de façon plus personnelle, celui-ci propose une analyse de soi et une remise en question plus importante que le contexte de sélection de personnel. Il serait alors possible que les répondants qui montrent une tendance plus prononcée à se mentir à soi-même (autoduperie) biaisent ainsi leurs résultats à un inventaire de personnalité rempli dans un contexte d’orientation professionnelle. Une telle relation a d’ailleurs été observée par Juhel et Rouxel (2005) dans un contexte de bilan de compétences, suggérant la possibilité que les participants veulent bien paraître à leurs propres yeux dans une telle situation. Par contre, Juhel et Rouxel (2005) constataient aussi que la relation entre la DS et les résultats à un questionnaire de personnalité était plus forte en contexte de sélection de personnel, ce qui n’a pas été observé dans la présente étude.

Deux hypothèses associées aux limites méthodologiques de la présente étude peuvent expliquer ces résultats divergents suggérant une relation négligeable entre la DS et le NEO-PI-3 en sélection de personnel. L’une est à l’effet qu’en contexte simulé d’utilisation du NEO-PI-3, le réalisme expérimental du contexte de sélection de personnel s’est avéré moins grand que celui du contexte d’orientation de

pas réellement sous la pression de répondre dans le but d’obtenir un emploi qu’ils désirent, ceux-ci n’ont pas réellement pris le temps de se remettre en question. L’autre hypothèse est que la différence observée entre les contextes simulés pourrait s’expliquer par le fait que la mesure de DS utilisée n’a été répondue qu’une seule fois, soit juste avant la complétion du NEO-PI-3 en contexte d’orientation professionnelle. Comme un délai d’un mois s’est produit entre les deux prises de mesure, il est possible que divers facteurs transitoires puissent expliquer l’absence de résultats.

Troisièmement, en ce qui a trait aux dimensions de la DS, il a été constaté que les corrélations moyennes, bien que faibles, avec les scores au NEO-PI-3 ont tendance à être plus élevées en ce qui a trait à l’autoduperie qu’à l’hétéroduperie, et ce tant aux domaines qu’aux facettes et pour les deux contextes d’évaluation. Le même constat peut être fait en ce qui trait aux corrélations moyennes entre les items au NEO-PI-3 avec l’autoduperie (r = 0,49) et l’hétéroduperie (r = 0,44). D’ailleurs, la majorité des corrélations de niveau modéré ou élevé entre la DS et les items du NEO-PI-3 se retrouvent à la dimension autoduperie (50 des 56 items problématiques). Ces résultats vont dans le même sens que ceux de l’étude de Marceau (2011), où 32 items du NEO-PI-R corrèlent significativement, faiblement à modérément, avec l’autoduperie, tandis qu’il n’y en a que 4 pour ce qui est de l’hétéroduperie. Conguard, Antoine, Ivanchak et collaborateur (2012) ont aussi remarqué que les résultats à un inventaire de personnalité sont davantage touchés par l’autoduperie que l’hétéroduperie, et ce, quel que soit le contexte. Comme Paulhus (1991) le décrit, l’autoduperie correspond au déni des pensées qui sont psychologiquement menaçantes. À cet égard, une personne encline à l’autoduperie aura tendance à ne pas donner une image honnête d’elle-même principalement pour se protéger d’une menace psychologique personnelle et non pour bien paraître aux yeux des autres. Ainsi, il faut convenir que remplir un questionnaire incitant à se décrire constitue en soi une situation de menace psychologique personnelle et que cela pourra se produire, quel que soit le contexte. Il est aussi possible que ce résultat

soit lié à une limite méthodologique. En effet, comme les contextes d’évaluation de la présente étude sont simulés et non réels, il est possible que la condition de sélection de personnel n’ait pas suffisamment incité les participants à user d’hétéroduperie, ceux-ci n’en voyant pas la nécessité, l’enjeu réel demeurant faible (pas un réel emploi à obtenir).

Bien que la majorité des résultats précédents puissent s’expliquer à l’aide de la documentation scientifique sur la DS, il est surprenant de constater dans la présente étude que le domaine Agréabilité et ses facettes affichent des corrélations moyennes faibles, voire négligeables, avec la mesure de DS utilisée. Décrivant des traits de personnalité socialement désirable, on se serait attendu à ce que les corrélations soient modérées avec au moins une des dimensions de la DS et tout au moins, en contexte de sélection de personnel. D’ailleurs, c’est ce qu’avançaient Graziano et Tobin (2002) indiquant que les scores au domaine Agréabilité devraient être les plus liés à la DS. Or, en définitive, seules les corrélations de 5 items du domaine Agréabilité sont modérées avec l’une ou l’autre des dimensions de la DS.

Ces résultats pourraient vouloir dire que la formulation des items d’Agréabilité est suffisamment neutre et n’incite pas trop à la DS. Autrement, il est possible de croire que la relation entre la DS et l’Agréabilité ne soit pas linéaire. De cette façon, seules les personnes qui présentent beaucoup de DS ont tendance à biaiser leurs réponses aux items de ce domaine. Cette hypothèse explicative est d’ailleurs corroborée par les résultats de la présente étude comparant le profil de personnalité des individus plus enclin à la DS.

4.2 Profil de personnalité des individus qui ont une propension élevée à la

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