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REGLES A OBSERVER EN TEMPS DE PESTE

Dans le document PRIX : 1 FRANC (Page 188-194)

PRESCRITES PAR NICOLAS PACCOT, MÉDECIN DU COLLÈGE

En premier lieu, ceux qui sont obligés d'approcher les personnes atteintes de l'épidémie doivent se garder d'être trop 'peureux ou trop téméraires. La peur, en effet, comme la plupart des autres passions, telle que la tristesse, la colère, etc., produit dans le corps une agitation favorable à l'emprise de la contagion; par contre, en méprisant le danger, en séjournant trop lon-guement auprès des malades, en s'approchant d'eux plus qu'il n'est indispensable, bien des audacieux ont payé leur témérité d'un malheur qu'une sage prudence et d'utiles précautions eussent pu éviter. Qu'on observe donc avec soin les règles suivantes :

1. — Ne restez pas plus longtemps qu'il n'est né-cessaire auprès des malades.

2. — En recevant les confessions, gardez-vous avec le plus grand soin de l'haleine des pestiférés et n'appro-chez pas d'eux vos oreilles ; autant que possible — sui-vant les comodiîés du lieu et de la personne du malade

— tenez-vous à deux ou trois pas de distance du lit de, douleur.

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-3- — Autant que possible, ne recevez jamais de confession sans qu'un feu clair soit entretenu entre vous

•et le malade.

4. — Avant votre entrée dans la chambre du ma-lade, veillez à ce que l'air en soit purifié par le feu ; un feu de bois ordinaire suffit si des bois odoriférants font défaut. Cette opération terminée, il faut que toutes les fenêtres soient ouvertes.

3. — N'approchez pas des malades en étant à jeun,

•mais bien prémunis de remèdes préservatifs et de nour-Titure.

6. — Lorsque vous serez rentrés chez vous, que le feu et la flamme purifient vos vêtements. Je conseille vivement d'avoir deux vêtements, dont l'un réservé pour la maison et l'autre destiné exclusivement aux visites .aux pestiférés.

7- — Deux ou trois fois au moins par jour, purifiez par la flamme l'air de votre demeure et, en particulier, -du lieu où vous séjournez le plus et où vous couchez.

8. — Il est très utile de changer fréquemment de place et surtout de ne pas demeurer trop longtemps dans le même local fermé.

9. — Ne dormez pas pendant la journée, à moins

•que la nécessité ne vous oblige à réparer ainsi un repos souvent interrompu pendant la nuit. Et même dans ce cas, ne sommeillez pas longtemps assis dans un fauteuil !

10. —• Il faut éviter tous les exercices violents, de même que les trop longues promenades et un séjour prolongé au soleil.

11. — La sobriété, qui doit être de règle en tout temps d'épidémie, doit être particulièrement stricte en temps de peste. Ne pas prendre, cependant, une nour-xiture trop légère,, mais ce qu'il faut pour soutenir les

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Fontispice du volume : Traité de la peste, par le S"" Manget, D. en M édité à Genève par Philippe Planche, 1721.'

forces et en telle quantité qu'elle s'unisse facilement à la chaleur naturelle du corps.

12. — Ne buvez que du vin blanc, troublé d'eau les jours de grande chaleur.

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-13. — Vos aliments doivent être de cuisson facile-et nourrissants.

14. — Evitez ce qui peut occasionner une pourri-ture, comme notamment les fruits doux. Cependant l'u-sage modéré des acides et des fruits n'est pas défendu.

15. — Préparez autant que possible vos aliments au vinaigre rosat, ou même au vinaigre ordinaire, t t surtout les viandes qui, sans cette précaution, se corrom-pent facilement dans le corps.

16. — Il est permis de manger modérément dm poisson, surtout s'il s'agit de poissons à écailles et de ceux qui vivent dans les cours d'eau et non dans les-eaux stagnantes.

17. — On peut cuire, dans le même récipient que les viandes, de l'oseille, de la bourrache, des racines et:

de l'herbe de persil et des racines de panais cultivé.

18. ~ Les jours d'été ou de grande chaleur> après-avoir purifié l'air par la flamme, répandez dans la chambre une vapeur de vinaigre et d'eau de roses versés sur une-tuile chauffée au rouge.

19. — Mâchez des racines de boucage et de tor-mentille convenablement macérées dans du vinaigre. J'ap-précie surtout les écorces d'orange et particulièrement:

celles de citron, qu'on peut approcher des narines, ou:

mâcher et dont on avale de temps à autre une parcelle;

cela remonte à merveille le cœur et constitue un préser-vatif contre l'empoisonnement.

20. — Aussitôt que l'on éprouve quelque symptôme insolite, il faut prendre sans retard un antidote, etc.

21. — Il faut se garder, étant en bonne santé, de-mépriser le danger, et de méconnaître les signes les plus légers de maladie, de ne rien faire en ce cas et de négliger de prendre les remèdes en temps opportun : cette

maladie 76 maladie

--subtile et trompeuse semble au premier abord effleurer -seulement, tandis que, pénétrant aux plus profondes parties du corps, elle éclate tout d'un coup de façon

•désastreuse.

22. — Les gens bien portants pourront aussi, pour leur préservation, provoquer une fois la semaine une transpiration, afin que les vapeurs infectées qui se cachent dans le corps en soient chassées par le médicament.

Telles sont les prescriptions de Nicolas Paccot. Bien -qu'elles fussent étabhes principalement à l'usage des pères

• qui s'exposaient auprès des pestiférés, elles furent obser-vées aussi en partie — ajoute le chroniqueur du Collège, auquel nous laissons la parole — par ceux des religieux qui restaient à là maison.

En outre, les pères les plus exposés à la contagion

•observaient avec soin les précautions suivantes :

1. — Auprès des malades, ils se servaient d'un flam-beau de cire enduit d'une poudre médicinale, afin que la flamme en purifie l'air qu'ils devaient respirer dans les chambres et autres locaux occupés par des pestiférés.

2. — S'ils souff'raient de constipation, ils s'empres-saient d'y porter remède.

3. — Chaque semaine, ils devaient prendre

quel-• quefois, à deux ou trois reprises dans la soirée, une,

•deux, voire même trois pilules de Rufus, ou autres ^,

•qui passent pour préserver admirablement de la corruption et qui conservent le ventre libre.

' Le texte porte: Pilhdas Ru/fi, vel marocostinas vel aloeticas

•Les pilules de Rufus étaient des pilules laxatives fort en usage ; Taloès avait la même destination; quant au mot marocostinas, il peut

signifier « de sorbier sauvage » ou bien, plus pi-obablement, a à base de niarum et de costus, » deux plantes carminatives qui entraient

••dans la composition de la thériaque.

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-4- — Chaque fois qu'ils devaient approcher des pes-tiférés, ils devaient auparavant, prendre quelqu'un des-remèdes que le médecin avait prescrits.

5. — Avant d'aller auprès des pestiférés, ils humec-taient, au moyen d'une éponge imbibée d'eau salée mé-langée d'un peu de vinaigre, leurs mains, leur visage, leur barbe, leur tête, leurs vêtements — surtout autour du cou, — leur poitrine et leurs bras.

6. — Cette règle était surtout observée lorsqu'il s'agissait d'administrer aux malades la sainte Communion.

En ce ministère on veillait aussi à ce que la main qui avait touché la bouche du pestiféré fût aussitôt passée deux ou trois fois dans la flamme d'un flambeau tenu, prêt par l'assistant, afin que si quelque germe de maladie adhérait à cette main, il fût aussitôt détruit par le feu.

Quant aux pères qui demeuraient au Collège et qui, pour des confessions ou autres ministères, se trouvaient en contact avec des personnes du dehors, ils employaient une préparation médicinale de vinaigre dont ils impré-gnaient une éponge attachée sous leur nez aussi longtemps-qu'ils entendaient des confessions. Les plus prudents, en outre ne manquaient pas de se laver à l'eau salée et vinai-grée, comme nous l'avons dit ci-dessus, et pour cela on-avait disposé en un lieu accessible à tout le monde, une éponge et une aiguière contenant le mélange prescrit.

(Historia Collegii Vol. I. ad annum 1616, p. 8j et ss.)

^ • A. S.

Lie triomphe de l'éloqaence

Dans la dernière réunion de la société d'agriculture, écrivait le reporter d'un journal, monsieur le professeur a fait un exposé si;

éloquent des divers effets des engrais naturels et artificiels, sur les -terres arables que tous les assistants ont éclaté en sanglots.

Dans le document PRIX : 1 FRANC (Page 188-194)