Refus de la discussion • Sentiments négatifs autour de la PA et de sa réflexion :

L’impression de rejet, d’interdit autour de l’évocation de la PA est majeure pour certains sujets âgés. Même si les personnes âgées ont conscience de la possibilité d’une PA, elles mettent un tabou à la réflexion car celle-ci alimente des angoisses, des peurs, assimilées souvent à la dépendance et à la mort.

« Je trouve que ce n’est pas utile. Sinon vous ne vivez plus, c’est que vous vivez sur la crainte » E2 « je vous dis que oui ça peut m’arriver, mais je vous dis c’est quelque chose auquel j’essaye de ne pas penser (…). Je ne veux pas trop me projeter, ça fait monter des angoisses » E12

« maintenant de dire sur tel sujet avant c’était comme ça et maintenant ça ne l’est plus, parce qu’il y en a, parce qu’il y a la fatigue, y a l’âge(…). Je veux dire aujourd’hui ça ne m’atteint pas directement par rapport à mon futur parce que je vais commencer à sortir mes mouchoirs » E3 « L’avenir non je n’y pense pas, j’ai peur que d’y penser ça me tracasse. » E15

• Impuissance sur leur potentielle PA :

Cette volonté de refuser la réflexion provient aussi de l’impuissance qu’ils s’imaginent avoir sur la PA.

« on n’en parle pas, on n’en parle pas (…) On n’en parle pas ce n’est pas la peine, ça sert à rien » E2

Cette réflexion est perçue comme un frein, un poids pour avancer dans leur vie et être heureux. Leur inaction apparaît comme leur système de protection pour continuer à vivre.

« j’y pense sans y penser mais à un moment donné c’est où choisir de continuer à vivre, ou c’est se supprimer quoi ! Mais ça je ne suis pas sûr d’en être capable mais je choisirais la vie ça c’est sûr, à quelles conditions (…). Pessimiste, mais je ne sais pas si il y beaucoup de gens de mon âge qui sont si optimistes que ça. » E10

« Je pense que si on est lucide et qu’on est disons bloqué par soit le lit soit par les mouvements c’est pour tout le monde pareil c’est dramatique on ne voudrait pas en arriver là (…). Ce n’est pas que moi je pense que c’est tout le monde, si vous posez la question à quelqu'un et que vous lui dites « vous voulez mourir ou rester au lit pendant 10, 15 ans, 5 ans enfin peu importe » je me flingue. Mais ça je n’y ai pas pensé pas du tout on n’en est pas là. Pas la peine d’anticiper ça ne sert à rien. » E2 II.2.4 La volonté de ne pas changer son quotidien • Fierté de sa vie passée et actuelle : L’absence de réflexion découle aussi de la satisfaction de leur vie présente qui n’est pas propice à un raisonnement sur le futur. Ils se sentent fiers de leur parcours et de leur situation actuelle, et ne veulent donc pas la modifier. Ils semblent donc optimistes, positifs sur leur vie.

« je suis bien aujourd’hui et donc je ne me préoccupe pas de demain. Je pense que tout et là (…) je ne me projette pas demain donc j’ai assez de vivre aujourd’hui (…) si je prends tous les jours de la semaine, comment mes journées sont remplies, je vois bien qu’il n’y a pas d’échec » E7

• Vivre l’instant présent :

La volonté de profiter du moment actuel est très présente au cours des entretiens, il apparaît aussi le sentiment de faire déjà assez d’efforts et le refus de se priver de tout qui semble associé à la PA.

« c’est un peu au jour le jour et on verra quand ça arrivera » E2

« Est-ce qu’il faut vivre avec ça ? Moi je ne vis pas du tout avec cette crainte de plus tard. J’ai des

amis, je suis content cette semaine, je vais leur préparer un couscous (...) et c’est tout, avec une bonne bouteille de vin et voilà. C’est ça la vie ! » E9

II.2.5 Ambivalence / Naissance d’un questionnement (pendant l’entretien) • Questionnements sur leur indifférence :

Lors des entretiens avec les patients, plusieurs questionnements sont apparus sur le fait que la réflexion ne les atteigne pas.

« peut-être que je fais un peu l’autruche je ne sais pas, mais pour l’instant je ne me projette pas encore là-dedans. » E12

« Donc je vous dis peut-être que je me voile la face, que je triche avec moi-même (…). Mais par rapport à notre entretien je devrais peut-être m’en soucier mais je ne le fais pas. » E3

• Questionnements sur la façon de réagir :

On note la prise de conscience de s’impliquer davantage, et en particulier de l’intérêt d’en discuter avec sa femme, ses enfants, et le MT, avec la nécessité d’un questionnement plus profond en amont de la PA.

«peut-être voyez l’ambiance actuelle qui règne, le fait que vous m’ayez demandé de venir pour ce type de questionnaire, bon ça, ça me pousse à réfléchir et à en parler avec mon épouse. » E14 « Euh je préférerais en avoir parlé à la famille, alors peut-être que le médecin traitant peut apporter des voies je ne sais pas (…) Oui je préférerais avoir un petit peu cette assise avant que oui que le médecin puisse… Ce sera sûrement instructif aussi j’imagine. Mais bon moi je le vois plutôt dans cet ordre. » E14

II.3

Réflexion (faire le choix de réfléchir)