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1 (Ré)investir un terrain délaissé par la science politique

4. Le recueil des données

Après un rapide développement sur les rapports entretenus avec notre terrain susceptibles d’introduire un biais dans l’analyse, nous évoquerons les techniques utilisées pour constituer notre matériau empirique.

4.1. Petit exercice de réflexivité

Selon Bourdieu (1983 : 233),

« le premier travail du chercheur est d’essayer de prendre conscience de ses catégories de perception du monde social et d’essayer de produire une connaissance des instruments de connaissance à travers lesquels nous connaissons le monde social. Cela peut se faire de façon très concrète. Chacun peut faire concrètement ce travail. Qui suis-je, socialement, moi qui dis ce que je dis ? Étant donné ce que je suis, c'est- à-dire les variables qui me caractérisent (mon âge, mon sexe, ma profession, mon rapport avec le système scolaire, mon rapport avec le milieu du travail, le nombre d'années durant lesquelles j'ai été au chômage, etc.), étant donné ces variables, quelles sont les catégories de perception que j’ai toutes les chances d’appliquer à la personne que je regarde ? ».

Dans cette perspective, l’objectivation n’est pas simplement « un scrupule d’épistémologue, mais une condition indispensable de la connaissance scientifique de l’objet » (Bourdieu, 1979 : 103). Nous n’irons pas jusqu’à nous livrer à une auto- socio-analyse. L’idée est simplement, ici, de clarifier la relation entretenue avec notre terrain afin de mettre en avant d’éventuels biais analytiques.

Le monde des chemins de fer comprend de nombreux passionnés. Nous avons pu en juger au cours de nos entretiens. Cette passion peut se traduire par des loisirs consacrés au modélisme ferroviaire mais également par un engagement beaucoup plus politique en faveur de ce mode de transport. C’est le cas, par exemple, de militants de la CGT prompts à défendre le « service public ferroviaire ». Cette passion peut se manifester dans le sens inverse. Ainsi, les libéraux les plus radicaux sont sujets à de violentes réactions contre la SNCF et les cheminots. Cela nous conduit à préciser que nous n’avions, au moment de commencer cette thèse, aucune passion particulière pour le train. Le choix de cet objet résulte principalement, nous l’avons évoqué, du silence de plus en plus assourdissant de la science politique. Aucun lien familial ne nous rattache à ce monde, dans lequel nous sommes entré en

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qualité d’étranger. Si cette situation permet de gagner en objectivité, elle n’a pas que des avantages. Se familiariser avec un tel domaine (son langage, ses métiers, ses règles, ses codes) est en effet chronophage pour un néophyte. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

Nous avons cependant été usager du TER pendant les deux dernières années de notre thèse. Cette expérience n’a donc joué aucun rôle dans le choix de notre objet. Elle s’est toutefois révélée assez intéressante. À travers notre pratique d’usager quasi-quotidien, nous avons pu vérifier l’importance de certains critères de qualité du service (type de matériel roulant, fréquence, tarification, information en situation perturbée, etc.). Des questions ont en outre émergé au cours de nos déplacements (sur l’origine de certains retards, sur la politique d’arrêts pratiquée, etc.). Si ce statut nous a permis d’acquérir quelques connaissances « profanes », il ne nous semble pas qu’il ait pu introduire un biais quelconque dans l’analyse.

En revanche, notre appartenance, pendant trois ans, à l’une des organisations directement impliquées dans l’élaboration des politiques régionales de transports collectifs a pu avoir une influence sur l’orientation de nos recherches. Nous avons signé, en début de thèse, une CIFRE1 avec Réseau ferré de France (RFF). RFF a été créé en 1997 par dissociation entre les activités d’exploitation et de gestion de l’infrastructure de la SNCF. Cet établissement public industriel et commercial (EPIC) a repris l’essentiel de la dette de la SNCF. Il est notamment chargé d’assurer l’entretien, le développement, la cohérence et la mise en valeur du réseau. Nous avons évolué pendant trois ans au sein de cette structure. Nous étions rattaché à la direction de la stratégie et du développement, au siège parisien, mais étions physiquement localisé à la direction régionale Languedoc-Roussillon, située à Montpellier. Au cours de cette période, nous avons été présent deux jours par semaine au sein de l’entreprise. L’appartenance à cette organisation a pu contribuer

à orienter notre travail dans le sens d’une plus grande attention portée à l’infrastructure, dimension importante des politiques régionales de transports

collectifs, mais sans doute traitée avec d’autant plus d’intensité que nous évoluions au sein de l’organisation chargée de sa gestion.

1 Une CIFRE (convention industrielle de formation par la recherche) est une allocation co-financée

par l’Association nationale de la recherche technique (ANRT), pour le compte du ministère de la Recherche, et une entreprise publique ou privée. Son objectif est de faire réaliser un programme de Recherche et Développement par un doctorant en liaison avec une équipe de recherche extérieure.

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L’influence de l’univers professionnel sur notre étude doit cependant être relativisée. D’une part, nous n’étions présent que deux jours par semaine dans les locaux de RFF, le reste de notre temps étant passé dans d’autres cadres (laboratoire, bibliothèque, déplacements, etc.). Les risques de « virer indigène » (Gold, 2003 : 347) étaient donc relativement faibles. D’autre part, afin de respecter un certain équilibre des points de vue, nous avons limité le nombre d’entretiens auprès des acteurs de RFF (pourtant bien disposés à nous répondre) et avons au contraire multiplié les entretiens auprès d’autres acteurs des politiques régionales de transports collectifs. Cela étant précisé, voyons à présent comment a été assemblé le matériau empirique.

4.2. Les entretiens, technique privilégiée de collecte des données

« Aucune batterie de méthodes, si “exactes” soient-elles, ne garantit la valeur scientifique d’un texte », rappelle Jean-Claude Gardin (1991 : 123). La scientificité d’un texte n’en dépend pas moins étroitement des méthodes employées pour recueillir les données. En sciences humaines et sociales, et notamment en science politique, il est d’usage de combiner les méthodes. Jean-Gustave Padioleau (1982 : 10-11) estime que l’enquête de terrain relève d’opérations de cueillette (dossiers de presse, publications, etc.), de pêche (archives) et de chasse aux données (questionnaires, entretiens et observation participante). Nous nous sommes livrés à l’ensemble de ces opérations.

4.2.1. L’usage de l’entretien

Les entretiens constituent un volet important de notre matériau empirique. Nous avons opté pour la forme semi-directive, qui correspond, beaucoup mieux que l’entretien non-directif, aux exigences de l’enquête auprès des acteurs des politiques publiques, qui attendent en général des questions claires et précises sur les sujets qu’ils maîtrisent1. Il permet en effet de

1 Cependant, certaines interviews ont de fait pris la forme d’entretiens non-directifs. Avant même que

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« combiner questions ouvertes et fermées, interrogations générales et très précises. [Il] autorise les relances, la reformulation des question, l’improvisation de questions nouvelles et l’adaptation de l’ordre et de la nature des questions en fonction des réponses de l’interviewé et du déroulement de l’entretien, tout en maintenant l’échange dans un cadre prédéfini » (Cohen, 1999 : 8).

Un débat s’est engagé sur l’usage des entretiens dans l’analyse des politiques publiques. L’objet n’est pas de revenir en détail, ici, sur ce débat (ni de revenir longuement sur nos pratiques d’entretiens, ce qui est surtout l’occasion, bien souvent, de mettre en valeur les propres qualités d’intervieweur du narrateur…), mais de voir comment se positionne notre travail par rapport à ce débat. De manière générale, l’entretien semi-directif pose la question de la fiabilité des données recueillies. Les mensonges, les oublis, les reconstitutions a posteriori du passé et du rôle des acteurs dans ce passé, qui caractérisent l’ « illusion biographique » (Bourdieu, 1986), ne sont jamais à exclure1. Les acteurs ont tendance à se donner le « beau rôle » et à donner une cohérence à leur vie (Lahire, 1998). Selon Philippe Bongrand et Pascale Laborier (2005), l’entretien serait en analyse des politiques publiques un « impensé méthodologique ». Cette situation, où les effets de mise en ordre et les écarts entre les discours et les pratiques seraient ignorés, expliquerait l’importance des thèses cognitives dans cette sous-discipline.

S’il est vrai que l’entretien est la technique de recueil des données par excellence en analyse des politiques publiques, nous n’avons jamais considéré que l’usage de l’entretien était obligatoire. Cette technique a pourtant constitué l’un des principaux moyens de collecte d’information. La critique de l’entretien semi-directif est souvent révélatrice des excès du constructivisme (Pinson, Sala Pala, 2007). Celui- ci est toujours utile, dans un premier temps, pour interroger les catégories, rendre visible les biais caractéristiques d’une situation d’entretien et déconstruire les objectivations dans lesquelles risque de s’enfermer tout être social, à plus forte raison encore la personne publique (Damamme, 1994). Mais il comporte toujours le risque de sombrer dans l’hyper-relativisme (Lahire, 2005). Notre usage de l’entretien repose

longs monologues que nos (tentatives de) relances n’ont guère fait dévier. Ces entretiens n’ont d’ailleurs pas été les moins intéressants en ce qu’ils nous ont permis d’aborder des points que nous n’avions pas, dans un premier temps, considérés comme importants.

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« Toutes les fois qu’il croit éluder la tâche de construire les faits en fonction d’une problématique théorique, le sociologue se soumet à une construction qui s’ignore et qu’il ignore comme telle, ne recueillant à la limite que les discours fictifs que forgent les sujets pour faire face à la situation d’enquête et répondre à des questions artificielles », affirment Pierre Bourdieu, Jean-Claude Chamboredon et Jean-Claude Passeron (1983 : 57-58).

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sur la conviction qu’il existe une forme de réalité sociale à laquelle le chercheur peut, à travers lui, accéder. Cette proposition « réaliste » modérée s’accommode d’ailleurs fort bien d’une forme de constructivisme.

Le recueil de données par entretiens peut cependant se heurter à des obstacles que nous avons tenté de minimiser par différents moyens. L’écart entre ce que font et ce que disent les acteurs paraît assez réduit chez les acteurs des politiques publiques. D’une part, ceux-ci ne rencontrent en général pas de problème pour mettre en discours leurs pratiques. Disposant la plupart du temps d’un capital culturel important1, ils bénéficient d’un niveau élevé de conscience discursive (Giddens, 1987). Ils sont parfaitement capables de dire ce qu’ils font. D’autre part, le fait de commencer l’entretien par la présentation du travail de recherche limite la tentation du mensonge ou de la mise en valeur excessive de soi dans la mesure où l’interviewé sait que ses propos seront confrontés à ceux d’autres personnes évoluant dans le même milieu professionnel. En revanche, il est difficile de lutter contre les oublis plus ou moins volontaires. Mais c’est précisément l’une des raisons pour lesquelles une recherche ne repose pas sur un seul entretien. De manière générale, aucune information délivrée en entretien n’a été reprise sans vérification. Toutes ont été vérifiées et croisées avec les autres entretiens ainsi qu’avec d’autres sources.

Par ailleurs, nous avons eu recours à des fiches biographiques. Nous avons ainsi travaillé à partir de fiches du Who’s Who in France et du Trombinoscope et avons établi de manière « artisanale » des fiches biographiques en retraçant le parcours des individus à partir d’internet (lorsque cela était possible). Nous disposions au final d’une centaine de fiches actualisées sur les individus rencontrés, sur les acteurs ayant joué, de près ou de loin, un rôle dans la régionalisation des transports collectifs et sur les élites du secteur ferroviaire (en particulier les membres du conseil d’administration de la SNCF et de RFF et les hauts fonctionnaires

1 Cela pose la question classique de la violence symbolique inhérente aux situations d’entretien. Si

l’entretien peut s’apparenter à une relation de pouvoir, dans un sens ou dans l’autre, cela n’exclut pas une forme de « complicité mutuelle » (Lenoir, 1996) entre interviewé et intervieweur. Plus généralement, nous partageons le point de vue de Samy Cohen (1999 : 11) lorsqu’il critique la « rhétorique lassante et répétitive de la “violence symbolique” ». Selon lui, la distance sociale n’est « qu’une difficulté parmi d’autres dans la conduite de l’entretien ». Celle-ci peut être contournée, par exemple par une bonne maîtrise du sujet ou par l’expérience acquise au fur et à mesure des entretiens. Dans tous les cas, l’entretien est toujours une « situation non-naturelle dans laquelle il importe avant tout que tant l’interviewé que l’intervieweur trouvent “leurs marques” et s’ajustent l’un à l’autre » (Friedberg, 1999 : 98).

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concernés au ministère des Transports). Ces fiches ont été utiles à trois principaux titres. Premièrement, elles nous ont permis de mieux préparer les entretiens en ayant déjà une idée du parcours professionnel de la personne rencontrée. Deuxièmement, elles nous ont permis de contrôler les « effets de légitimité » (Lahire, 1996) qui conduisent à surestimer la cohérence d’une trajectoire individuelle (certes marginalement car les données biographiques sont en général déclaratives). Troisièmement, et nous sortons ici du cadre de l’entretien, elles ont été utiles pour retracer le parcours politique des élus et la trajectoire professionnelle des élites du secteur, dont nous verrons l’influence sur les perceptions et les pratiques de ces acteurs.

L’un des moyens que nous avons utilisés pour inciter nos interlocuteurs à aller au-delà du discours officiel a été de suivre le conseil de Howard Becker (2002) et de rencontrer des individus « en marge » de l’institution, voire des personnes ayant quitté cette institution. À ce titre, les jeunes (et moins jeunes) retraités et les personnes ayant changé d’organisation ou simplement de poste au sein de la même organisation ont été des « cibles » de choix de notre enquête empirique. Ceux-ci n’étant plus « pris » dans les mêmes logiques institutionnelles et affectives, leur discours était beaucoup plus libéré. Pour cela, nous avons repéré le nom de personnes figurant dans les documents officiels. Nous avons également demandé à nos interlocuteurs qui il serait intéressant de rencontrer. Le plus difficile a parfois été de retrouver ces personnes. Mais le fait de les rencontrer dans un environnement privé plutôt que professionnel a permis l’instauration de rapports beaucoup plus informels. Cela a fortement contribué à la libération du discours.

Nous assumons un usage des entretiens à la fois rétrospectif et informatif. Nous n’attendions pas que ceux-ci nous renseignent uniquement sur des représentations, mais qu’ils nous apportent un éclairage factuel. L’entretien est une technique de collecte des données qui présente des avantages, et non des moindres. Le matériau qu’il permet de collecter est extrêmement riche pour peu que l’on se fixe une méthodologie rigoureuse (la fiabilité des données se posant de toute façon dans n’importe quelle technique d’enquête). En outre, ce matériau est collecté de manière extrêmement économique. A posteriori, nous sommes en mesure d’avancer qu’aucune autre technique d’enquête n’aurait pu nous apporter autant d’information

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que l’entretien1. Les documents écrits, notamment, sont apparus extrêmement pauvres au regard des données recueillies oralement. Au final, nous voyons mal comment nous aurions pu traiter notre problématique de manière satisfaisante (et dans le temps que nous nous étions fixé) sans recours à l’entretien.

Cependant, les caractéristiques de notre objet soulevaient d’autres enjeux. La formulation des questions et le recueil actif des données (impliquant donc des relances) nécessitaient une maîtrise au moins partielle des termes manipulés. Nous nous retrouvions un peu dans la situation des anthropologues arrivant sur leurs terrains d’enquête2. L’avantage que nous avions toutefois sur eux est que des livres spécialisés existent, qui permettent de se familiariser avec le matériel ferroviaire en circulation et les modes d’électrification du réseau ou encore de traduire en langage « profane » des termes comme « blancs travaux », « saut-de-mouton » ou « double champignon ». Nous avons dû également nous mettre à parler la « langue des sigles » propre à chaque univers institutionnel. Cet aspect n’est pas sans rappeler le récit que P. Muller a livré de son expérience d’enquête sur Airbus. Celui-ci a eu « le sentiment d’être considéré comme un “martien” » (Muller, 1999 : 74), les personnes rencontrées se demandant bien pourquoi un chercheur en science politique pouvait s’intéresser aux avions. Ce qui est valable pour les avions l’est aussi pour les trains. Afin de prouver, sinon ses connaissances, du moins son intérêt pour le secteur étudié, P. Muller suggère d’introduire quelques termes techniques au cours des entretiens. En ce qui nous concerne, la volonté d’appréhender les politiques régionales par les réalisations concrètes nous a rapidement contraint à manipuler des rudiments de langage technique. Cela a sans doute facilité la communication avec les acteurs et contribué à les convaincre du sérieux de la recherche.

1 Nous rejoignons Gilles Pinson et Valérie Sala Pala (2007 : 577) lorsqu’ils affirment que « les

témoignages oraux sont […] souvent les seules données permettant d’avoir accès à l’histoire de la genèse d’une intervention publique ou d’une décision ».

2 « Ce qui me gênait le plus en ces débuts, c’était de ne pas pouvoir converser librement avec les Nuer.

Je n’avais pas d’interprète ; aucun d’eux ne savait l’arabe ; il n’existait pas de grammaire convenable du parler nuer, ni de dictionnaire si j’excepte trois brefs vocabulaires nuer-anglais » (Evans-Pritchard, 1994 : 25).

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4.2.2. Constitution et mobilisations du corpus

Notre matériau empirique se compose d’une centaine d’entretiens dont la durée a oscillé entre 30 minutes et 3 heures1. Nous avons tenté de respecter un certain équilibre entre les régions. Les hypothèses que nous avons formulées nous ont conduit à réaliser des entretiens avec les acteurs de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques régionales, mais également avec d’autres acteurs, comme les représentants des autorités organisatrices et les exploitants urbains et interurbains. Nous n’avons pas réalisé tous les entretiens qui constituent notre matériau empirique. Un ensemble de 13 retranscriptions détaillées nous a été confié par Marianne Ollivier-Trigalo, chercheuse à l’INRETS2. Ces interviews ont été conduites auprès de 15 acteurs de la politique alsacienne de transports collectifs dans le cadre d’une recherche collective3. En outre, nous avons réutilisé la quinzaine d’entretiens réalisés dans le cadre de notre mémoire de DEA (qui portait, rappelons-le, sur la politique languedocienne de transports collectifs) et en avons extrait de nouveaux éléments par rapport à leur première utilisation.

1 Pour une liste plus détaillée des personnes rencontrées et des conditions de l’entretien, se reporter à

l’annexe n°1.

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Nous l’en remercions à nouveau chaleureusement. Nous en profitons pour redire que le traitement secondaire des entretiens, peu développé, gagnerait à être généralisé. Deux chercheurs ne font pas le même usage du même entretien. Ne plus utiliser ou ne faire qu’un seul usage d’un matériau empirique qui a été si long à rassembler constitue un formidable gâchis. Cette idée a été exprimée à plusieurs reprises lors des journées d’étude consacrées à « L’analyse secondaire en recherche qualitative. Utopie ou perspectives nouvelles ? », organisées par le groupe de travail CAPAS (PACTE-CIDSP et GRETS/EDF) les 3 et 4 novembre 2005 à la Maison des sciences de l’Homme de Grenoble.

3 PREDIT 2002-2006, groupe opérationnel n°11 « Politiques des transports », projet de recherche

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Tableau n° 2 – Répartition géographique et appartenance institutionnelle des acteurs interrogés

National Alsace Centre L-R M-P Total

Élus 1 4 2 4 2 13 Équipement 2 3 1 2 2 10 Services des conseils régionaux 7 1 4 4 16 SNCF 7 3 3 3 2 18 RFF 2 2 1 1 1 7 AO et exploitants urbains et interurbains 1 4 4 7 2 18 Associations d’élus, d’AO et d’exploitants 5 5 Milieux socio- économiques1 1 4 5 5 3 18 Autres 4 1 1 6 Total 23 27 17 27 17 111

Nous avons opté pour l’enregistrement audio des entretiens2. Nous partions de l’hypothèse que des personnes habituées à la prise de parole publique et spécialistes des sujets évoqués dans la discussion, ne seraient pas effrayées par la présence de l’enregistreur. Mais nous n’avons pas hésité à opter pour la prise de notes manuelles lorsque nous percevions la possibilité d’une gêne. Tous les