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7. RECOMMANDATIONS

7.1 Recommandations pour les pistes d'orientation

Pour ce qui est des pistes de valorisation, la tendance ressortant de l’évaluation des voies proposées, est qu’il est pertinent de s’inspirer, d’étendre ou d’adapter des projets et des systèmes qui existent et fonctionnent déjà, notamment à l’international. Il serait en effet très judicieux et productif d’implanter le territoire français en tant que relais de nombreux programmes étrangers, car cette option est plus aisée en termes de moyens logistiques, techniques et financiers qu’une création intégrale d’un programme, mais également d'un point de vue scientifique, compte tenu de la diversité algale présente sur les côtes et pouvant susciter l’intérêt des scientifiques et porteurs des programmes en question. Par-dessus tout, les algues ne suivant pas les limites des frontières, leur dynamique est par conséquent transfrontalière, et une telle stratégie permet alors de capitaliser et d’analyser des données similaires sur un territoire dépassant les limites nationales.

Cependant, et justement parce que la France possède cette richesse algale et en règle générale, une biodiversité marine précieuse, la proposition des voies de valorisation inédites, voire innovantes, incluses dans cet essai, est tout aussi justifiée.

Deux stratégies d'orientations complémentaires peuvent alors être adoptées : la première consisterait en la capitalisation de l'« existant », tandis que la seconde encouragerait l'innovation.

La plupart des voies à prioriser visent à valoriser le support dominant qui ressort des programmes de SC sur les algues, à savoir les photographies et cela répond notamment à la problématique même de l’essai qui était d’étudier les pistes potentielles susceptibles de lever le verrou de l’identification des algues à partir des caractères morphologiques. Néanmoins, certaines voies proposées reconsidèrent l’intrant même des données ce qui est judicieux à la fois pour détourner le problème associé aux photographies, mais également pour proposer une diversification dans la collecte des participants et subséquemment des formes de valorisation scientifique alternatives. Plus encore, cela est également pertinent pour faire perdurer l’implication du public dans des travaux de recherche sur les algues, tout en ouvrant et développant ses connaissances sur d’autres disciplines scientifiques telles que l’écologie des communautés ou encore l’étude de la diversité fonctionnelle et est un pas de plus dans l’éducation et la sensibilisation de la société civile et ultimement dans la volonté de resserrer les liens entre la société et

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la recherche. D’autant plus que ces disciplines, autres que la taxonomie, souvent méconnues du public, sont tout aussi nécessiteuses d’un renfort de ressources humaines et temporelles pour l’avancée et la faisabilité de certains travaux, notamment ceux visant une grande emprise spatiale et un suivi sur le long terme.

Par ailleurs, les algues ne sont pas les seules à faire l’objet de proposition quant à des collectes de données alternatives. L. Turcati, à l’issue de sa thèse, émettait d’ailleurs l’idée de créer en parallèle du programme Vigie-Flore, des projets autour de la diversité fonctionnelle des plantes (« Vigie-Trait ») ou encore autour de la phylogénie et du barcoding des espèces végétales par la collecte d’échantillons (« Vigie-code barre ») (Turcati, 2011).

Ces propositions sont donc à explorer et approfondir en conservant dans les pistes d'orientations adoptées, cette gamme diversifiée tant pour les intrants de données que pour les domaines de valorisation et d’application scientifiques.

En outre, il apparaît nécessaire de rassembler les acteurs autour des voies proposées, notamment celles à prioriser dans l’immédiat, mais également dans l’évaluation de la faisabilité des pistes plus complexes non prioritaires. Il est en effet indispensable d’évaluer la motivation des communautés, tant scientifique que citoyenne, prêtes à s’investir dans tel ou tel projet proposé, car il s’agit là d’une condition incontournable à sa réussite.

Au-delà du lancement des pistes proposées, il est évident d’encourager la poursuite des programmes nationaux sur les algues existants (« Les herbonautes », « BioLit », etc.), et de poursuivre une sensibilisation du public pour solliciter sa participation pour des thématiques sur les algues.

De plus, et même si cela n’a pas fait l’objet d’une proposition dans le cadre de cet essai, la création d’une base de connaissance sur les algues, à l’image de l'iteractive Knowledge Base System (IKBS) pour les coraux ou encore de Xper² pour d’autres groupes, est une réflexion d’importance majeure qui doit être menée par les phycologues. Les données sur les algues sont en effet caractérisées par leur dissémination, leur hétérogénéité et l’absence d’une adoption de sémantique unique (malgré qu’une ontologie ait été créée par les porteurs de projets de la base de données de traits (Robuchon et al., s. d.; Le Gall, 2015b)) qui ralentissent, voire obèrent, toutes tentatives de travaux collaboratifs à une échelle mondiale.

Quant aux voies « non prioritaires », elles ne sont pas à rejeter catégoriquement, au contraire, elles sont également intéressantes à considérer malgré leur lourdeur sur le plan des moyens matériels, humains,

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temporels et financiers. Néanmoins, l'initiation de travaux en leur sens, pour prévoir leur mise en place, ne serait que porteuse, tant du côté scientifique que social. Il conviendrait alors de réaliser des analyses de faisabilité plus approfondies. Cela est notamment indispensable pour la proposition « Logiciel d’identification automatique » puisqu’aucune évaluation d’analyse assistée par ordinateur n’a été réalisée sur les algues.

Par ailleurs, les projets « Logiciel d’identification automatique » et « Clé de détermination interactive » sont fonction d’un rassemblement des connaissances et d’expertises diversifiées, relevant autant de la taxonomie que de l’informatique. Sonder l’opinion et la possibilité d'implication future de ces différents acteurs pour ces projets est donc indispensable avant d’approfondir les études de faisabilité. Au-delà, cela implique que ces voies soient caractérisées et portées par un consortium de spécialistes divers pour l’investissement de compétences et connaissances complémentaires : le partage des données et travaux respectifs pour les taxonomistes et la création de bases de données collaboratives sous-jacentes, et la déclinaison informatique et Internet pour les informaticiens et concepteurs.