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Bilan mettant en exergue les leviers et freins dans les démarches de science participatives

3. RECENSEMENT ET ÉTAT DES LIEUX DE LA SCIENCE PARTICIPATIVE SUR LES ALGUES

3.3 Bilan mettant en exergue les leviers et freins dans les démarches de science participatives

Pour chaque programme, une évaluation a été réalisée pour identifier leurs points forts et faibles (Annexe 1). Ils sont repris de manière générale ci-dessous.

3.3.1 Leviers mis en évidence par les points forts des programmes de science participative

Les principaux leviers qui marquent la réussite des programmes de SC sont l’animation et la communication autour du projet. Il s’agit là de conditions indispensables à la participation du public. La stratégie peut être pilotée à l'échelle nationale, mais des relais locaux (animateurs) assurent une meilleure coordination des programmes et une proximité pour les participants.

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Le succès des programmes est également dépendant de leur visibilité à l'échelle nationale (référencement dans les réseaux (ROP et NatureFrance)), à l'échelle locale, mais également dans le domaine universitaire.

Pour ce qui est du public visé, il est certes intéressant d'impliquer des participants experts pour faciliter la mise en place des protocoles, la collecte de données et diminuer le risque d'erreur, mais lorsqu'un programme s'adresse au grand public, le nombre de participants étant plus important, il peut alors bénéficier d'une popularité et d'une visibilité plus marquées.

Le retour aux contributeurs est une composante de l'animation qui tend à favoriser la fidélité du participant, l'encourager et alimenter sa motivation. Il peut s'agir d'un report des observations sur une plateforme ou une carte interactive, tout comme la diffusion des résultats ou de bilans réguliers.

L'accompagnement et le matériel mis en place pour les participants sont aussi cruciaux dans l'efficacité de la participation. Les protocoles doivent être clairs pour les participants, et les programmes proposant une gamme de méthodologies en fonction des compétences des contributeurs sont plus susceptibles de mobiliser un public diversifié. Lorsqu’une partie du programme doit se faire en ligne (transmission des données, identification d’espèces), il est primordial pour la structure de proposer un site Internet attractif, compréhensible et intuitif, voire de développer des plateformes collaboratives pour le dépôt de photographies ou la rédaction de fiches collectives (site web 2.0 collaboratif, Scratch pads, etc.).

La diversité et la qualité des outils d’accompagnement, leur accessibilité et leur adaptation aux différents niveaux de compétences sont également des paramètres importants pour soutenir les participants et faciliter une intervention efficace tout en limitant les erreurs possibles.

Les projets s’ouvrant à des niveaux multiples, et dans les cas les plus pédagogiques, amenant le public à valider des compétences par le passage à un niveau supérieur (test, quizz), sont souvent très attractifs et optimisent la progression des participants, leur apportant à la fois fierté, autosatisfaction et reconnaissance de leur implication.

De nombreux programmes mettent à la disposition des participants des forums ou espaces de discussion. Cette composante rend indéniablement les projets plus interactifs et dynamiques, en donnant l’impression aux participants d’appartenir à une communauté, en permettant l’interaction avec des experts et en facilitant le partage et la diffusion des informations.

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La vérification des données, qu'elle soit exercée par un spécialiste, issue de stratégies algorithmiques ou de leur traçabilité (photographies, localisation), donne davantage de rigueur et de justesse aux données collectées pour envisager leur exploitation ultérieure.

Le type de données peut également être essentiel dans la réussite d'un programme. Les photographies permettent de multiples vérifications ultérieures et représentent une trace de la donnée, tandis que la géolocalisation permet de retrouver le spécimen observé (pour les espèces fixées) ou encore apporte des renseignements sur la répartition des espèces (rares, invasives, etc.). Les données répondant à un format interopérable avec les bases de données telles que l'INPN ou le GBIF sont plus susceptibles d'être bancarisées, exploitées et valorisées.

Enfin, la valorisation et l’utilisation des données sont davantage assurées lorsqu’un cadre scientifique est posé autour du programme. Les données issues d’initiatives associatives sont plus difficilement exploitables ce qui montre la nécessité d’un cadre scientifique dans un but d’exploitation ultérieure des données, et l’intérêt de structurer dès le départ la collecte des données.

3.3.2 Freins mis en évidence par les points faibles des programmes de science participative

La visibilité de certaines initiatives est restreinte du fait notamment, qu'elles ne soient pas répertoriées dans les listes de NatureFrance ou du ROP, ou qu'elles présentent des lacunes en termes de communication et d'animation.

Certains programmes ne présentent pas clairement la personne ressource contacter, ce qui peut faire défaut pour une demande de renseignements d'un intéressé, lorsque les participants ont des questions et commentaires à adresser, ou lorsque des professionnels externes souhaitent un accès aux données ou solliciter le groupe pour une mission particulière.

La gamme de public susceptible d'être impliquée dans les programmes portant sur les algues est plus réduite que celle relative aux projets terrestres, car les participants les plus à même de reporter des observations sous-marines sont les plongeurs, ce qui représente tout de même une communauté restreinte (144 357 licenciés en 2014 (FFESSM, s. d.)). Il est évident que les observations du littoral peuvent mobiliser un plus grand public, mais elles restent moins diversifiées que celles réalisées en plongée.

De plus, lorsque les compétences requises s'élèvent à un haut niveau, le nombre de participants pouvant être impliqué dans le programme est subséquemment limité.

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Par ailleurs, le devenir des données n'est pas toujours explicité et il n'est pas toujours évident de savoir quelles sont l'utilisation et la valorisation concrètes des données, ni quelles communautés ont accès aux données et aux résultats.

Beaucoup de programmes sont dépendant de l'expertise des scientifiques associés (vérification et correction des données, questions des participants, etc.), ce qui demande une grande disponibilité et implication de ces derniers, en sus de leurs travaux de recherche. Or, il est souvent constaté un manque de spécialistes pour la vérification des données, l'identification des photographies sur des groupes difficiles (tels que les algues), ou encore de personnes qualifiées pour, au-delà de la collecte de données sur le terrain, rédiger des fiches d'espèces ou gérer les données sur les interfaces.

De fait, un constat important est le nombre non négligeable de photographies d'algues, notamment sur DORIS, dont les spécimens ne sont pas identifiés ce qui met en évidence le frein que représente la limite de détermination taxonomique sur image et les difficultés d'identifier les algues sur critères morpho- anatomiques.