• Aucun résultat trouvé

3. RECENSEMENT ET ÉTAT DES LIEUX DE LA SCIENCE PARTICIPATIVE SUR LES ALGUES

3.2 Analyse comparative des programmes d'intérêts

3.2.2 Résumé

Au total, 32 programmes et 18 réseaux et outils ont été considérés pour réaliser l'état des lieux relatif au développement de la collecte et à la valorisation de données « algues » en SC. Ce recensement permet de mettre en lumière certains points importants à prendre en considération dans le cadre de l’essai. Tout d’abord, 20 programmes relevés (français et étrangers confondus) intègrent les algues dans la collecte de leurs données à un niveau d’intérêt plus ou moins prononcé. Il n’y a aucun programme français exclusivement dédié aux algues. Ces dernières peuvent être au cœur du programme comme pour « BioLit » (même si les observations ne concernent qu'une sélection restreinte d'algues), être inclues dans un ensemble de prospection plus large (Veille biologique mise en place à Prado ou Chausey), ou encore être considérées comme une composante du milieu à renseigner pour compléter les données sur l’habitat d’espèces animales (« Oursins et Algues » de Cybelle Méditerranée) sans qu’elles ne fassent l’objet d’études ultérieures. À l’échelle internationale, davantage de programmes sont dédiés aux algues, exclusivement ou en partie. « Big Seaweed Search » est un bel exemple de programme participatif populaire et plaisant, portant uniquement sur les algues. De même, des programmes tels que « The Shore Thing » ou « Nature Watch New-Zealand intertidal zone » font, entre autres, la part belle aux algues au niveau du littoral et démontrent qu’il y a un réel engouement du public.

En ce qui concerne le public impliqué, une grande partie des programmes visent les plongeurs en scaphandre autonome ou en apnée (public captif) puisqu'ils portent sur des observations sous-marines. Cependant, d'autres s'adressent à des usagers du plan d'eau (public captif) ou encore des promeneurs (tout public) pour les inventaires ou le signalement sur le littoral et la zone intertidale.

Les programmes demandant une participation via Internet (« Les herbonautes », « Floating Forest », « Sea Floor Explorer ») s'adressent à tout public.

Quant au public expert, il est impliqué dans des programmes demandant de solides compétences naturalistes, c’est-à-dire les inventaires directement en lien avec les laboratoires de recherche (tels que ceux de Chausey et Prado), dans des programmes nécessitant l'identification des espèces observées (DORIS, « Big Seaweed Search ») ou encore en soutien et accompagnement lorsque les participants rencontrent des difficultés (« Les herbonautes »).

Pour ce qui a trait aux structures initiatrices, le MNHN et l'Agence des Aires marines protégées (AAMP) représentent en France les principaux instigateurs de projets, auxquels s'ajoutent des laboratoires de

40

recherche, tandis que la FFESSM pilote de nombreux programmes d'initiation associative ou constitue un relais des programmes scientifiques auprès du public.

En France, les types de programmes relatifs aux algues consistent majoritairement en des inventaires (présence, abondance) avec des listes d’espèces prédéfinies et au dépôt de photographies en ligne.

La valorisation et l’utilisation des données, figurent davantage dans les programmes d’initiation scientifique et aboutissent souvent à l’intégration des données dans des bases de données, mais encore peu d'entre eux alimentent des publications scientifiques. En effet, seules les données issues de « Reef Check » et « Reef », parmi les programmes recensés dans le domaine marin, ont fait l'objet d'articles scientifiques (Micheli et al, 2012; Semmens et al., 2004). Aucune publication équivalente n'a vu le jour pour ce qui a trait aux données sur les algues (utilisées exclusivement pour des bilans annuels vulgarisés ou des rapports de missions).

En ce qui concerne les moyens disponibles pour améliorer les sciences participatives, des réseaux de structuration ont été recensés (ROP, Sentinelles bleues) et dont le but est de regrouper, encadrer et améliorer la productivité et l'alimentation de données SC dans le domaine marin.

Par ailleurs, de nouveaux dispositifs ont récemment émergé. Le projet « 20 000 yeux sous les mers » a été lancé en 2010 et est porteur de quelques programmes recevant une forte popularité à l'image de « RHIZOMA », tandis que le MNHN lance, avec le projet « 65 millions d'observateurs », le dispositif Vigie- Mer dont la création et les objectifs associés seront une ressource de poids pour le développement et la structuration de toute initiative en milieu marin, notamment en terme d'élaboration d'outils pédagogiques spécifiques.

Le réseau Vigie-Alerte intégré au ROP est également un dispositif pour le signalement d'espèces rares, non-indigènes ou intrigantes. Il peut être élargi à d'autres objets d'observation et s'implanter comme un véritable réseau de surveillance.

La communauté CitSci, quant à elle, s'adresse directement aux particuliers souhaitant lancer leur propre programme de SC et intervient pour soutenir et conseiller dans la création et la mise en place du projet. D'un point de vue purement scientifique, le réseau CiSStats est pertinent dans le sens où il vise l'amélioration de l'utilisation des données de SC par le développement de méthodes et d'algorithmes statistiques pour contrer les difficultés et les erreurs potentielles dans l'exploitation de données issues d'horizons très différents, et originaires d'un public varié en terme de compétences et précisions.

41

Pour ce qui a trait aux outils à disposition, de nombreuses bases de données intermédiaires permettent l'entrée de données et la standardisation de ces dernières pour leur intégration aux banques de données telles que l'INPN ou le GBIF. Il s'agit notamment de Card'Obs et de BioObs.

Les plateformes de partage d'observations (photographiques ou données numériques) telles que iRecords permettent également la diffusion des données entre les participants et favorisent l'échange et la communication, débouchant éventuellement au sentiment d'appartenance à une communauté. En parallèle, des logiciels sont destinés à l'accompagnement dans la collecte et le référencement des données d'observation (ex. : iSpot). D'autres logiciels plus poussés de suivi du milieu marin, à l'image de CoRemo3 ou MedMIs, sont également disponibles pour les professionnels et gestionnaires de ces milieux, tout comme Xper² pour la botanique.

Des outils de détermination automatique par l'observation de caractères morphologiques et sélection de critères successifs via des clés de détermination existent en botanique (Plant@net), mais également pour certains groupes fauniques marins (ID ocean life).

D'autres outils dédiés aux plantes sont disponibles pour l'aide à la détermination des spécimens observés par comparaison graphique ou photographique (comme eFlore) et peuvent être très vulgarisés pour permettre au public de SC sans grandes compétences naturalistes de s'affranchir de la technicité ou du vocabulaire scientifique (IDAO).

Ainsi, et dans les objectifs de cet essai, il est important de remarquer qu’il existe des outils pour la détermination taxonomique et l’identification spécifique à partir de photographies et d’observations (application Smartphone, clé de détermination automatique, etc.) pour les animaux et végétaux.