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1.3. Problématique, terrains et méthodologies de recherche

1.3.1. À la recherche de l’originalité Question et terrains de recherche

L’élaboration du projet de thèse et de la problématique n’ont pas représenté un processus linéaire. La finalité de cette sous-partie est donc de décrire le cheminement scientifique qui a été emprunté pour consolider l’originalité de la thèse. Tout d’abord, il sera présenté le positionnement scientifique de la recherche doctorale en explicitant les réorientations et les ajustements qui ont été opérés face aux « impasses » rencontrées. Cela permettra de recontextualiser et présenter la question de recherche, ainsi que les trois principales hypothèses de la thèse. Ensuite, ce sont les terrains de recherche qui seront développés en mettant en exergue comment et pourquoi ils ont tous les deux été retenus dans le cadre de la recherche.

o 1.3.1.a.Positionnement scientifique, des impasses à la question (en) de recherche.

Le positionnement scientifique de la thèse va être exposé en deux temps. Dans un premier temps, l’itinéraire de recherche et son évolution vont être développés en décrivant comment celui- ci s’est positionné en tant que recherche originale. Dans un second temps, ce sont la question et les hypothèses de recherche qui ont conduit à la production des articles scientifiques qui seront présentées.

- Positionnement scientifique, entre impasses et innovation de recherche.

Comme cela a été rappelé en introduction, selon le code de l’éducation (article L612-7) le doctorat requiert « la réalisation individuelle ou collective de travaux scientifiques originaux » (Légifrance.gouv, 2013, en ligne). L’originalité est donc au centre de la démarche de recherche et le positionnement de la thèse a du tendre au respect de cette exigence scientifique. Pour autant, le respect de ce principe a représenté au cours de la thèse l’un des obstacles à franchir. En effet, l’une

des difficultés éprouvées dans la structuration et la construction du projet de recherche a été de réussir à se distancier de la littérature et des connaissances au sein de la littérature. Si la réalisation de l’état de l’art a été une étape déterminante pour délimiter les contours de ce champ d’études, il a aussi eu pour contre effet de répondre en grande partie aux questionnements initiaux. Plus cette phase de la recherche progressait et plus il était difficile de faire état des manquements et des pistes de recherche innovantes. Si ce ressenti est personnel, il a également été dans un sens rassurant puisqu’il m’a permis de prendre conscience de l’intégration dans ma démarche de la richesse des connaissances issues de près de quatre décennies de recherche sur les migrants âgés (1.1.3.c.). L’un des questionnements qui s’est alors imposé à moi a été de savoir à partir de quand le projet de recherche mené pouvait être considéré comme original et comment cette originalité se caractérisait-elle ? En répondant à ces questions, il était alors plus aisé de prendre ma propre voie et d’identifier les perspectives innovantes quant à l’objet d’étude. Face à ces questionnements, l’article d’H. Dumez (2011) a été favorable à une meilleure appréciation de la spécificité et de l’originalité du projet de thèse en construction. Pour ce chercheur, il est possible de caractériser un travail de recherche comme originale s’il respecte l’une de ces neuf conditions :

 « Réaliser un travail empirique qui n’a pas été mené jusque-là ;

 Interpréter des idées, des pratiques, des approches connues d’une nouvelle manière ;  Apporter des données nouvelles (new evidence) sur des sujets ou des problèmes anciens ;  Faire une synthèse originale de ce qui a déjà été fait ;

 Appliquer un résultat obtenu dans un contexte particulier à un autre contexte ;  Appliquer une technique utilisée dans un contexte ou une discipline à un(e)autre ;  Être transdisciplinaire en utilisant des méthodologies diverses ;

 Étudier un domaine nouveau, non encore couvert par la discipline ;

 Augmenter la connaissance d’une manière qui n’avait pas été utilisée jusque-là. » (Ibid., p.17-18)

Dans le cadre de la thèse, l’originalité de la recherche a porté sur le travail empirique réalisé, mais également sur le croisement d’approches et de disciplines pour analyser l’objet d’étude, mais nous y reviendrons ultérieurement après avoir présenté les hypothèses de recherche.

Le voyage ou l’itinéraire de recherche emprunté n’a pas constitué un processus linéaire s’enchaînant sans difficulté en regard du projet de thèse initialement envisagé. Bien au contraire, le projet doctoral s’est renouvelé progressivement et ainsi des pistes de recherche initialement prévues ont dû être mises en suspens au regard des « impasses » tant méthodologique, qu’empirique rencontrées. Face à ces dernières, il a été nécessaire tout au long de la thèse

d’envisager des ajustements et une réorientation de la recherche. Trois principales formes « d’impasses », qui vont être décrites ci-dessous, ont notamment été rencontrées.

Première impasse de recherche : l’une des principales pistes de recherche initiales était d’étudier les situations des immigrés âgés vivant en EHPAD. Au sein de la littérature, les travaux analysant ces situations sont rares, une seule référence ayant été relevée et correspondant à la publication enrichie d’un mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique réalisé par N. Bartkowiak (2008). Aucune étude scientifique n’avait donc été menée spécifiquement sur cet objet de recherche (bien que cette situation soit souvent évoquée dans la littérature – cf. 1.2.2.c) et encore aujourd’hui il est impossible d’évaluer le nombre d’immigrés résidant au sein de ces établissements (Jacquat et Bachelay, 2013). Malgré la reconnaissance de la quasi-absence des immigrés en EHPAD dans la littérature, il est vite apparu, qu’il serait difficile de mettre en œuvre uniquement la recherche sur des situations aussi peu nombreuses, voire inexistantes ou invisibilisés. Concrètement, il était difficile de projeter sur quoi allait reposer la recherche et les méthodes qui auraient pu être employées. De plus, accéder aux sujets de la recherche nécessitait soit premièrement la connaissance de réseaux relationnels/partenariaux en lien avec des migrants vivant actuellement en EHPAD. Où deuxièmement, l’accès aurait également pu être envisagé par les établissements. Mais ces derniers n’ont qu’une visibilité partielle de ces situations, puisqu’ils ne recensent pas les personnes accueillies en fonction de leur origine. En dépit de ces constats et sans pour autant abandonner cette piste de recherche, il était possible dans la réalisation des terrains de recherche de questionner cet enjeu et d’essayer d’en extraire des facteurs de compréhension. C’est donc cette seconde option qui a été retenue dans le cadre du projet de recherche.

Deuxième impasse de recherche : Lors de la première année de thèse et ce, jusqu’au début de la deuxième année, un cadre d’analyse avait été envisagé pour étudier les expériences plurielles de vieillissement des personnes âgées immigrées. L’emploi de cadre d’analyse devait permettre d’appréhender la complexité inhérente à l’objet de recherche qui comme l’exprime O. Samaoli (2011a)53 fait référence aux multiples enjeux qui structurent les expériences biographiques des immigrés âgés. Le projet de recherche souhaitait alors adopter un modèle théorique mêlant l’approche biographique et le cadre d’analyse des vulnérabilités des personnes âgées. Concernant ce dernier, il avait été envisagé au regard de plusieurs éléments de contexte. Tout d’abord, la recension des écrits avait mis en exergue que comparativement aux personnes non immigrées, les migrants âgés connaissent des difficultés supplémentaires dans l’avancée en âge

53Pour ce gérontologue, « la question de la vieillesse des immigrés se révèle de plus en plus dans une autre

complexité avec des ramifications qui dépassent de loin la seule réglementation sur le séjour » (Samaoli 2011a, p.67).

(Samaoli 2012). En cela, ils pouvaient être qualifiés dans la littérature de « vulnérables » (Staes- Görmez 2010 ; Samaoli 2012 ; D’Halluin 2015 ; Ciobanu, 2016). D’autres auteurs mettaient également en évidence dans le cadre de leurs travaux le cumul de facteurs de vulnérabilité que les migrants âgés rencontrent (Attias-Donfut et Delcroix 2004 ; Attias-Donfut 2012 ; Arab 2013 ; Jacquat et Bachelay 2013). Face à ce constat, l’objectif initial était de pouvoir au-delà du simple emploi de l’adjectif qualificatif « vulnérable », de caractériser cette vulnérabilité54 dont fait état une partie des chercheurs. C’est un point important, car la notion de vulnérabilité peut représenter une « notion éponge » pour H. Thomas (2008), qui peut avoir pour écueil pour cette chercheuse de constituer « une manière de nommer en place d’analyser » (Ibid., en ligne).

Il aurait également été possible d’entrevoir si les personnes âgées immigrées reconnaissent ou non cette « vulnérabilité » et comment elle se manifeste pour eux dans leur expérience de l’avancée en âge. Pour ce faire, les recherches alors effectuées sur cette notion appliquée aux champs gérontologique et social avaient permis d’identifier le cadre d’analyse de la vulnérabilité des personnes âgées développé par R. Marianti et E. Schröder-Butterfill (2006 ; 2013).

Dans ce projet doctoral, le cadre d’analyse systématique de la vulnérabilité des personnes âgées avait aussi été augmenté de la dimension spatiale pour permettre d’étudier les situations des personnes âgées immigrées au sein de leurs territoires de vie. De même, à la suite des recherches menées sur le la notion de « successful aging », trois composantes principales de ce paradigme avaient été envisagées comme dimensions d’analyse. Le modèle n’est volontairement pas ici présenté, puisqu’il le sera à la fin de l’article n°2 (au moment où l’article a été produit, ce cadre d’analyse était encore d’actualité). Dans la Figure 26 produite pour cet article, le texte souligné correspond à l’introduction des dimensions spatiale et géographique au modèle initial. Le cadre d’analyse proposé s’intéressait donc à l’évolution des ressources dans le temps et dans l’espace dont disposent les personnes âgées, de même que la manière dont elles s’en saisissent pour faire face aux évènements qui jalonnent l’avancée en âge.

Celui-ci par son approche multidimensionnelle devait donc permettre de faire la liaison entre :

 Une approche biographique permettant d’analyser les trajectoires biographiques des individus, tout en saisissant les transitions, les ruptures et les bifurcations biographiques.

54 Utilisée initialement en géographie, la notion de vulnérabilité s’est progressivement intégrée au secteur gérontologique en complément de la notion de fragilité (Martin 2013). La notion de vulnérabilité a cependant été préférée à celle de fragilité, car cette dernière est davantage orientée vers une description biomédicale des situations des personnes (Ibid.). La vulnérabilité quant à elle propose « une acception pluri-causale et pluri-dimensionnelle » (Brodiez-Dolino 2013, p.4) des situations étudiées ce qui permet d’intégrer la dimension spatiale et territoriale en géographie. Elle permet de saisir des réalités en perpétuelle mouvance « au fil des lieux et des périodes » (Ibid.).

 Et l’étude des situations des migrants âgés à partir d’indicateurs interrogeant trois principales composantes du « successful aging » identifiées dans la recension des écrits sur ce paradigme que sont : 1. la santé, 2. les réseaux sociaux et 3. l’engagement et l’environnement et l’habitat.

Cependant, dans la continuité de la recherche, j’ai renoncé en fin de deuxième année de thèse à utiliser ce cadre d’analyse au regard des freins qui ont été rencontrés dans la réalisation des terrains de recherche. En effet, le recours à ce cadre d’analyse nécessitait qu’il puisse être mis en œuvre auprès d’un échantillon de migrants âgés représentatifs et à minima important numériquement pour que cela produise des résultats pouvant être considérés comme acceptables. Devant la difficulté (présentée en 1.3.2.b.) à entrer en contact avec les sujets de l’étude, il n’aurait été possible de mettre en place ce cadre d’analyse qu’auprès d’un échantillon extrêmement restreint (moins de dix personnes). En regard de ces constats, il a été préférable de mettre en suspens ce cadre d’analyse et de se concentrer sur une approche par récits de vie, plus à même de faire face aux freins rencontrés. L’ensemble de ces éléments explique cependant pourquoi ce cadre d’analyse est présent dans la discussion du second article de la thèse publié.

Troisième « impasse » de recherche : Il a été un temps projeté de proposer une étude autour du concept de « Bien vieillir » auprès des migrants âgés. Il aurait alors été nécessaire de construire en lien avec les résultats de l’analyse de la littérature sur le « successful aging », un modèle permettant d’évaluer « l’accès » des immigrés à cet idéal normatif (présenté dans l’article n°2 et n°3) pour en interroger les limites (confrontation entre regards dits « objectif du chercheur » et la perception subjective des individus sur leurs propres situations, en croisant le recueil de données quantitative et qualitative). Comparativement au cadre d’analyse de la vulnérabilité, je me suis confronté à la même limite concernant le recrutement d’un échantillon représentatif, ce qui a eu pour effet d’abandonner cette piste de recherche.

Au-delà des « impasses » présentées, il est important d’argumenter plus précisément le positionnement scientifique de la thèse (en complément des développements présentés antérieurement : 1.1.1.). Dans la continuité du projet doctoral, j’ai souhaité lier les dimensions gérontologique, territoriale et migratoire de l’objet d’étude.

Par les approches gérontologique et territoriale retenues dans le cadre de la recherche, il s’agissait d’envisager les personnes immigrées comme vivant et connaissant des expériences hétérogènes dans l’avancée en âge. Pour saisir cette hétérogénéité, il convenait de prendre dans son ensemble cette population sans polariser l’étude sur l’un des publics appartenant aux migrants âgés. Cette perspective est essentielle, car comme l’exprime le sociologue J. Barrou (2014), les représentations

associées au vieillissement des immigrés ont pour effet d’orienter fréquemment l’attention sur une population spécifique, ce qui est par exemple le cas pour les hommes seuls vieillissant en foyer ou dans l’habitat diffus55. Pourtant, ces derniers ne représentent démographiquement que 6% de

l’ensemble des immigrés âgés d’après ce chercheur (Ibid.). Il convient alors de tendre dans un premier temps à s’extraire des représentations négatives qui peuvent être portées à l’encontre de ces populations (qui cumuleraient à titre d’exemple « le triptyque identitaire sévère : être immigré,

vieux et pauvre » (Samaoli 2007, p. 90), mais également ne pas se centrer uniquement sur une

origine. C’est un positionnement substantiel, car au sein de la littérature scientifique et grise, les immigrés vieillissants peuvent faire l’objet de visions diamétralement opposées selon les travaux mis en œuvre (ce qui est déjà décrit en 1.1.3.).

L’hétérogénéité des résultats présents au sein de la littérature scientifique est en effet le fruit des divers positionnements adoptés par les chercheurs pour étudier les situations des migrants âgés, trois principales entrées peuvent être recensées (les références ici proposées ne sont pas exhaustives) :

 Par origine56 : portugais (Tomé 1998 ; De Almeida 2011, Dos Santos et Wolff 2010), italiens (Fassio 2015 ; Morra et Gucher 2015), espagnols (Muñoz 2000 ; Bolzman et al. 2001), maghrébins (Mezzouj 2015 ; Duguet et Duchier 2015), africains subsahariens (Barou et Gallou 2011 ; Yall 2016), etc…

 Par conditions d’habitat : Résident de foyers ou résidences sociales (Gallou 2005a ; Hmed 2006 ; Meslin 2010), sans domicile fixe (Coulomb 2015)

 Selon le sexe : femmes (Mesdali 2011 ; Bouzzine, Kossi et Laacher 2014 ; Ricardot, 2016), hommes (Meslin 2010 ; Arab 2013).

Ces travaux ont l’avantage de mettre en contexte l’enjeu du vieillissement d’une partie de la population immigrée en regard d’une ou plusieurs spécificités communes (origines, condition d’habitat et sexe). Pour autant, si les résultats de l’un des articles sont pris indépendamment du reste de la littérature, cela peut avoir pour effet de diffuser une vision non-représentative des

55 Ce constat est partagé par C. Attias-Donfut qui exprimait en 2014 : « Il existe au sein de la population immigrée

âgée vivant en France une très grande diversité mais elle a tendance à être réduite à l'image stéréotypée du vieux Maghrébin vivant en foyer, représentant les chibanis (les vieux en langue arabe) » (2014, p.166).

56 Au sein de la littérature scientifique, aucun article spécifiquement dédié aux situations des immigrés âgés originaires d’Asie ou du continent américains n’a été identifié. Pour les migrants âgés originaires d’Asie, on peut cependant relever l’existence d’un le guide intitulé « 13'Sâges guide pour accompagner les seniors asiatiques du 13ème arrondissement

situations des migrants âgés57. L’enjeu de l’ouverture du projet de recherche à l’ensemble de la population immigrée vieillissante s’est donc très vite imposé comme essentiel dans la thèse, car je souhaitais pouvoir saisir dans sa globalité les situations des migrants âgés. Ce constat est partagé par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui en 2007 déclarait que :

« La situation des migrants âgés est très variable, en fonction de la période d'immigration, de la culture, de la langue, de l'éducation, de l'expérience professionnelle, du sexe, du lieu, des conditions de logement, de l'état de santé et du contexte familial » (Assemblée parlementaire, 2007,

p.2).

Le projet de recherche ne s’est donc pas centré spécifiquement sur certains profils d’immigrants vieillissant pour éviter les écueils précédemment exposés. Pour ce faire l’approche territoriale initiée était pertinente, car non orientée initialement sur l’un des publics des migrants âgés. Ainsi je ne les « distinguais » pas entre eux en fonction d’une ou plusieurs caractéristiques (si ce n’est l’expérience de la migration et leur appartenance à une classe d’âge), mais je les appréhendais comme partie prenante d’un ensemble de situations réunis par le fait de vivre sur un territoire commun. De plus, les travaux proposant une approche géographique sont extrêmement rares au sein de la littérature scientifique58, c’est la prépondérance des travaux en sociologie, démographie et anthropologie qui s’observe dans ce champ d’études. Les travaux proposant une mise en regard des situations des migrants âgés sur des territoires de vie différents restent encore aujourd’hui restreints. Cela représentait pour autant une piste de recherche intéressante pour ce thème de recherche, car comme le démontre la carte 2, la répartition des personnes immigrées vieillissantes tant en termes d’effectifs, que de proportions de la population âgée, mais également en regard des pays de naissances est très variable d’un territoire à un autre en France. Envisager une approche territorialisée pour l’analyse des enjeux associés à l’avancée en âge des immigrés était donc propice à l’appréhension de la pluralité des situations que connaissent ces publics. L’intérêt de ce positionnement géographique sera introduit et renouvelé plus en détail dans le cadre du développement des hypothèses de recherche.

57 Sur ce point, l’observation réalisée lors d’une journée d’étude et de formation proposée sur le thème du vieillissement des immigrés est évocatrice (INSET d’Angers, 2014). Lors de cet évènement, l’ensemble des présentations s’est centré sur les publics originaires du Maghreb ou d’Afrique Subsaharienne. À la fin de la journée lors du temps de restitution et d’échange avec le public, plusieurs acteurs médico-sociaux et associatifs participant à la journée ont exprimé qu’il était dommageable que les situations des personnes immigrées originaires d’Europe n’aient pas été évoquées. Ils déclaraient rencontrer parfois ces publics dans le cadre de leurs activités et ils attendaient de la journée qu’elle puisse leur apporter des éléments de connaissances complémentaires et relatifs à la diversité des origines composants les migrants âgés.

58 La seule référence bibliographique recensée dans la littérature est l’article produit par la géographe C. Arab pour la revue Hommes et Migrations en 2013 intitulé : « Le troisième âge : le “migrant inutile” » (Arab, 2013).

Enfin l’appréhension dans le projet de recherche de la dimension migratoire était à l’instar des travaux de la littérature une perspective essentielle. En effet, l’analyse des situations actuelles des migrants âgés ne peut être dissociée de leur parcours migratoire passé et des liens ou relations qu’ils peuvent ou non entretenir encore aujourd’hui avec leur pays d’origine (réseaux relationnels, pratiques transmigratoires, habitat ou engagements dans le pays d’origine, volonté d’y être inhumé, etc.). En regard de ces constats, il était important d’intégrer au projet de recherche la dimension migratoire et de questionner les diverses influences que l’expérience de la migration peut avoir sur les situations actuelles des immigrés âgés en France.

- Question de (en) recherche et développement des hypothèses

Si le projet doctoral s’est caractérisé par la recherche d’un positionnement constant, en regard des questionnements initiaux, la problématique de recherche retenue n’a en définitive pas grandement évolué au fil de l’avancement de la thèse. La question de recherche a donc représenté le fil rouge