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La recherche du consensus

Dans le document Budgets de référence ONPES (Page 30-33)

CHAPITRE 2 : METHODOLOGIE DETAILLEE

1 Objectifs et principes généraux de la méthode

1.3 La recherche du consensus

Les guides d’animation ont été construits de façon à mobiliser les groupes dans le but de faire émerger un consensus. Cet exercice ne consistait pas à exprimer une opinion (ce qui aurait pu être fait par un vote par exemple ou en retenant systématiquement l’opinion moyenne), mais bien de se prêter à une discussion pour aboutir à un consensus argumenté. Pour cela, l’exercice consistant à se projeter dans des individus types était destiné à éviter de discuter des préférences ou des goûts de chacun, et de se situer dans le champ des besoins « dans l’absolu ». Les groupes étaient ainsi amenés à justifier, autant que possible, leurs décisions. Des relances étaient prévues dans les guides d’animation (cf. chapitre 2, annexe 7) : Ceci est-il nécessaire ? Si oui, pourquoi ?... Par exemple, la nécessité de disposer d’une machine à laver ou d’un lave-vaisselle a fait émerger des débats sur le gain de temps représenté par la possession de tels biens (temps qui peut être consacré à d’autres activités). À l’inverse, sur le fait que faire la vaisselle en famille est considéré comme un moment de partage et d’échange, ainsi qu’une mise à contribution bienvenue des enfants aux tâches du foyer. Dans le même esprit, les qualités et durées de vie des biens ont également fait l’objet d’argumentations.

Pour respecter la libre expression de chacun, il a cependant été clairement précisé que les participants d’un même groupe pouvaient ne pas être d’accord entre eux, ou avec les résultats présentés, et que les expériences et situations de chacun constituaient un facteur de diversité et de richesse. En cas de divergence ne pouvant être résolue au sein d’un groupe, la possibilité était offerte de renvoyer la question aux groupes suivants pour trouver un point d’accord.

Il est à noter que les besoins exprimés par les groupes ont pu être justifiés par différents types de motivations, renvoyant à des fonctions utilitaires (se laver, s’habiller), des motivations liées à la qualité de vie (gagner du temps en disposant d’un lave-linge ou d’un micro-ondes), à la vie sociale (pouvoir inviter des amis ou aller au cinéma), ou encore des motivations d’ordre psychologique (le

besoin de partir en vacances pour « faire une coupure »). Des motivations différentes ont par ailleurs pu être exprimées par les différents groupes pour justifier certains besoins sur lesquels ils ont abouti à un consensus. Les différents motifs, recueillis de façon « pointilliste » au sein des différents groupes, ont pu être synthétisés et renvoyés aux groupes suivants afin de structurer les débats et vérifier le caractère plus ou moins justifié des biens et services retenus.

NB : les éléments d’argumentaire et de justification exprimés par les groupes sont restitués dans la partie 3 du présent rapport, et sont illustrés par des verbatim significatifs.

1.3.2 Un consensus éclairé

Ce consensus argumenté était également destiné à être autant que possible éclairé par des informations « extérieures » afin de structurer les débats et fournir des points de repère.

Tout d’abord, les animateurs ont renvoyé aux groupes le point de vue des groupes précédents ou des autres groupes réunis en parallèle. Les résultats d’autres groupes leur ont donc été communiqués, mais aussi leurs arguments, permettant de structurer le débat autour des fonctionnalités et des motivations afférentes aux besoins exprimés.

Par ailleurs, lorsque les groupes n’étaient pas en mesure d’évaluer précisément certains besoins, des données d’experts leur ont été communiquées. Des difficultés ont notamment été rencontrées pour estimer des quantités moyennes sur certaines catégories de besoins très variables selon les individus et les ménages : quantité de nourriture, de produits d’hygiène, distances parcourues, superficie du logement et montant des loyers et charges associées (qui dépendent de nombreux facteurs comme le quartier, le type de logements…). Les experts ont également été consultés sur la complémentaire santé (le marché de la complémentaire santé étant très opaque et complexe).

Même en cas de consensus des groupes, des données statistiques ont été mobilisées pour s’assurer du réalisme des décisions prises : c’est notamment le cas pour la durée de vie des objets, notamment l’électronique et le mobilier (voir partie « rôle des experts »). Le recours aux experts a ainsi permis dans un certain nombre de cas de limiter le risque inflationniste lié à l’intégration de normes sociales qui ne reflètent pas toujours la réalité des comportements (cf. notamment la partie relative aux besoins en matière d’hygiène qui illustre le décalage entre la fréquence de renouvellement déclarée au départ par les groupes et la réalité des niveaux de consommation observés au travers des données statistiques). La mobilisation des données de consommation a ainsi permis de confronter les groupes à la réalité des comportements, sachant qu’ils avaient la possibilité de maintenir leurs positions en cas de désaccord.

1.3.3 Bilan global sur le niveau de consensus atteint

La recherche de consensus est un exercice particulier, dans la mesure où les réunions de groupes consistent habituellement à recueillir le point de vue de chacun, à mettre en débat un certain nombre de sujets, sans que l’objectif soit nécessairement d’aboutir à une position commune. Dans le cadre de ce projet, les groupes étaient investis d’une responsabilité collective : celle de représenter leurs concitoyens et d’aboutir autant que possible à un accord unanime (quitte à passer par un certain nombre de compromis). Il était bien sûr explicitement précisé qu’il était possible que sur certains sujets les participants ne soient pas tous amenés à se mettre d’accord, sachant que la

méthodologie itérative reposant sur un nombre de groupes important devait permettre de réduire au maximum les divergences.

Globalement, les groupes ont bien compris le sens de l’exercice. Cela étant, les animateurs ont été confrontés à un certain nombre de difficultés inhérentes à la gestion de réunions de groupes, accentuées par la nécessité d’aboutir à un consensus.

La première difficulté tient au fait que certains groupes ont pu être perturbés par des « leaders d’opinion » qui ont eu tendance à monopoliser la parole. Ce cas de figure se présente régulièrement et est difficile à anticiper. Face à ce type de situations, les animateurs avaient pour consigne de bien rappeler l’objectif qui était d’aboutir à un consensus reflétant le point de vue de l’ensemble des participants, et de donner au maximum la parole aux individus qui s’exprimaient le moins. Afin de favoriser la circulation de la parole et d’éviter la polarisation de la discussion au sein d’un petit groupe, les participants étaient invités à changer de place entre la séance du matin et celle de l’après-midi. Ce phénomène de « leaders d’opinion », inhérent à ce type d’exercice, n’a pas toujours pu être neutralisé totalement. Il peut cependant être considéré comme relativement mineur au vu du nombre total de groupes réunis.

La deuxième difficulté est plus spécifiquement liée à la diversité des profils des participants. A plusieurs reprises les participants en situation précaire (demandeurs d’emploi et bénéficiaires du RSA notamment) ont eu tendance à rester plus discrets que les autres. Cette relative mise en retrait peut être liée au fait que certains se sentaient parfois un peu « en décalage » par rapport à un ensemble de besoins exprimés qu’ils n’étaient pas toujours en mesure de satisfaire. Ces personnes ont cependant été invitées à exprimer régulièrement leur point de vue, consistant parfois à dire qu’ils ne disposaient pas eux-mêmes de ces ressources, mais que cela était cependant nécessaire, ou au contraire que l’on pouvait se passer de certains biens sans difficulté. Bien que moins actifs à certains égards que d’autres, ces personnes ont exercé un rôle régulateur et modérateur sur la définition des paniers de biens et services.

La troisième difficulté a été rencontrée au sein des groupes de retraités, qui ont eu plus de mal à estimer la durée de vie des objets et à se situer par rapport au renouvellement des biens matériels (notamment pour ceux dont la durée de vie estimée dépassait une dizaine d’années). Le démarrage de ces groupes a parfois été plus laborieux et a nécessité davantage d’explications et de recadrages de la part des animateurs afin d’aboutir à des estimations précises des fréquences de renouvellement.

Au final, les animateurs ont pu faire le constat d’un bon niveau d’adhésion à la démarche et de compréhension des exercices proposés, ainsi que de cohésion des groupes pour atteindre autant que possible une position collective et consensuelle.

Dans le document Budgets de référence ONPES (Page 30-33)