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I.5.1.1. La pratique du Tai Ji Quan dans le système éducatif occidental

En France, il existe peu d’études menées sur le Tai Ji Quan (ou le Tai Chi Chuan) associé à un programme éducatif dans l’enseignement supérieur. Cependant, cette pratique est bien inscrite dans certaines universités comme formation qualifiante (FQ) ou formation personnelle (FP). L’Université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3 a inscrit la formation du Tai Ji Quan comme enseignement transversal en complément des enseignements disciplinaires. Deux créneaux de deux heures par semaine, incluant la pratique de main nue et d’arme sont proposés aux étudiants. Cet enseignement correspond à 2 ECTS. A partir d’une présence de 10 séances minima de cours, les étudiants seront évalués sur la pratique (60 %) et sur la théorie (40 %)17.

L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne intègre également la formation du Tai Ji Quan dans l’Unité d’Enseignement de Formation aux Activités Physiques et Sportives (UEFAPS). Formation qualifiante (UE ou Bonus) ou formation personnelle au choix ; les cours de Tai Ji Quan sur la forme de Beijing (la forme simplifiée) sont proposés aux étudiants. L’objectif est d’améliorer le bien-être, de développer les perceptions fines, de développer une pratique personnelle en dehors des cours et de développer la disponibilité lors du suivi de groupe. Les étudiants disposent de quatre créneaux au choix par semaine, et sont évalués sur leur assiduité et par un contrôle continu des aptitudes et des connaissances18.

L’Université Jean-Jaurès de Toulouse intègre le Tai Ji Quan d’origine du style Chen au sein du SUAPS. Deux créneaux par semaine, le contenu des cours incluent le Tai Ji Qi Gong, l’enchaînement, le Tui Shou, les applications martiales-défenses et le Tui Na (ou Massages)19. Le Tai Ji Quan est également pratiqué au sein du SUAPS de l’Université d’Angers (style Yang), de l’Université Lumière-Lyon 2 (forme Beijing) et de l’Université de Limoges (style Chen) en tant que formation qualifiante ou formation personnelle.

Des techniques de relaxation, de découverte de soi et d’approfondissement de la conscience expérientielle ont commencé à attirer l’attention de l’éducation physique et sportive (EPS). En 2012, la cinquième Biennale de l’Association Francophone de Recherche sur les Activités

17 Source : http://www.univ-paris3.fr/taiji-quan-bys5tq-et-bzs5tq--284071.kjsp, (consulté le 29 juin 2017). 18 Source : https://uefaps.univ-paris1.fr/activites/presentation-des-activites-sportives/liste-des-activites/tai-chi/,

(consulté le 30 juin, 2017).

19 Source : http://www.univ-tlse2.fr/accueil/vie-des-campus/sport/les-activites/tai-chi-qi-gong--273640.kjsp,

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Physiques et Sportives (l’AFRAPS) s’est ouverte sur le thème « L’expérience corporelle. Eclairages philosophiques, éthiques, épistémologiques » à l’Université de Lorraine. Cette biennale a lancé une réflexion sur les enseignements, les valeurs et les philosophies de l’expérience corporelle dans le cadre de Sciences et Techniques des activités physiques et sportives (STAPS). Bernard Andrieu (2012), philosophe et professeur en « Epistémologie du corps et de pratiques corporelles » de l’Université de Lorraine, pointait : « la difficulté de

l’expérience corporelle va donc être de percevoir les sensations de son corps », et « les élèves en EPS vont devoir faire preuve d’une écoute fine de soi pour pouvoir comprendre l’expérience corporelle qu’ils vivent » (Ibid.). Du point de vue de la connaissance de soi, il

évoquait le travail de plusieurs chercheurs qui pratiquaient le Tai Ji Quan, le Qi Gong ou le Yoga parallèlement à leur recherche. Il a cité la conception de Richard Shusterman (Shusterman & Vieillescazes, 2007) qui propose des méthodes orientales plus axées sur l’écoute de soi, et qui mêlent santé et bien-être (Andrieu & Richard, 2012).

Bien que très peu de recherches soient réalisées sur un programme de Tai Ji Quan dans le système éducatif en occident, en particulier dans l’enseignement supérieur en France, de nombreuses études montrent les bienfaits de cette pratique sur le plan physique et psychologique. Nous les détaillerons dans la partie suivante.

I.5.1.2. Bienfaits de la pratique du Tai Ji Quan

I.5.1.2.1. Bienfaits de la pratique du Tai Ji Quan pour la santé physique

Au niveau de la santé physique, des recherches scientifiques prouvent que la pratique du Tai Ji Quan renforce notre équilibre et nos os, soulage les douleurs, fortifie le fonctionnement du cœur, enrichit les fonctions respiratoires, et améliore le système immunitaire, ainsi que le sommeil.

Depuis une trentaine d’années, de nombreuses recherches ont été conduites par les communautés scientifiques chinoise et occidentale pour évaluer les bienfaits du Tai Ji Quan dans un très grand nombre de domaines liés au bien-être physique, mental et social. Leur nombre s’est accru de manière considérable depuis une dizaine d’années.

Dans les archives Pubmed publiées depuis dix ans (2008-2017), nous trouvons 1010 articles de recherche avec les mots-clés : Tai Chi, T’ai Chi, ou Taiji. Parmi eux, 76 sont des revues systématiques. Cependant, seulement 48 articles sont publiés entre 1990 et 1999, incluant 10 essais randomisés, et 1 revue systématique.

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La même situation existe en Chine. Entre 2008 et 2017, sur la base du CNKI, China National

Knowledge Infrastructure, 2645 articles sont publiés avec pour sujet le « Tai Ji Quan », dont

354 articles provenant des journaux de premier rang, nommés Core Journals en Chine. En revanche, seulement 129 articles sont publiés entre 1990 et 1999, parmi eux 34 articles du premier rang.

Renforcer l’équilibre

L’équilibre, dans le sens de la stabilité posturale, est défini comme « la capacité à maintenir

et à contrôler la position et la mobilité du centre de masse corporelle par rapport à la base du support » (Wayne & Merand-Surtel, 2014, p. 135). C’est un processus qui demande

l’interaction et la coordination de plusieurs systèmes : musculo-squelettique, sensoriel, neuromusculaire et cognitif. Des études scientifiques montrent ses nombreux bienfaits sur le fonctionnement de ces systèmes en venant favoriser un renforcement musculaire (Xu, Li, & Hong, 2006) et une amélioration de la conscience sensorielle, aider les patients atteints de problème d’équilibre dus à l’altération du système vestibulaire (McGibbon et al., 2005), favoriser la synergie neuromusculaire (Xu, Li, & Hong, 2005), augmenter la confiance permettant de garder l’équilibre (Tsang & Hui-Chan, 2005) et améliorer les performances cognitives (Wayne et al., 2014). Les études choisissent souvent les personnes âgées comme population de recherche (Verhagen, Immink, van der Meulen, & Bierma-Zeinstra, 2004). Celles-ci, affirment que le Tai Ji Quan améliore la capacité d’équilibre (Wolf et al., 2003), diminue la fréquence de chute et de blessure (Li et al., 2005). Il aide également les patients atteints de la maladie de Parkinson à améliorer leur stabilité (Li et al., 2012).

Augmenter la densité osseuse

Dans le livre Tai Chi, La méditation en mouvement de Peter M. Wayne, chercheur à l’école de médecine de Harvard, le cas d’une femme est cité ; celui de Kathleen, 45 ans. Lorsqu’elle a commencé le Tai Ji, les résultats de scanners montraient chez elle une densité osseuse faible. Pendant cinq ans, elle a pratiqué le Tai Ji et, désormais, sa densité est revenue à un taux normal. Une description du Tai Ji dans la théorie ancienne dit que cette pratique est « telle une barre de fer enveloppée de coton » (Wayne & Merand-Surtel, 2014, p. 149). L’auteur précise que cette description présente parfaitement « l’idée d’os très solides supportant des muscles et

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Une étude randomisée menée par des chercheurs sud-coréens prouve que la pratique du Tai Ji Quan améliore l’endurance des muscles ainsi que des genoux, et augmente la densité osseuse sur les femmes atteintes d’arthrose (Song, Roberts, Lee, Lam, & Bae, 2010).

Soulager les douleurs

Selon la définition officielle de l’Association internationale d’étude de la douleur (IASP),

« La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes »20. Cette définition signifie que la

douleur est subjective, liée à la pensée, aux conséquences émotionnelles et réactions comportementales. Peter M. Wayne relève que, parfois, des chercheurs sont incapables d’expliquer la douleur chronique, et de la prévoir. Plus de 85% des patients souffrants de douleurs lombaires chroniques ne bénéficient pas de diagnostics précis (Wayne & Merand- Surtel, 2014, p. 162).

Cependant, selon la conception de la médecine chinoise, la douleur vient d’une stagnation de la circulation du Qi. La pratique du Tai Ji Quan a pour but de favoriser la circulation du Qi. De nombreuses études viennent d’ailleurs affirmer l’efficacité de cette pratique dans la réduction de douleurs chroniques (Hall, Maher, Latimer, & Ferreira, 2009). Les apports du Tai Ji en matière de gestion de la douleur sont essentiellement étudiés dans l’Université Western Ontario et l’Université McMaster aux Etats-Unis.

Renforcer le fonctionnement des organes

Selon la conception de la médecine traditionnelle chinoise, les organes et leurs systèmes de fonctionnement influencent les uns les autres. Le Qi vital assure leur fonctionnement et leur action d’interaction.

Dans les études réalisées par la médecine moderne, nombre d’entre elles portent sur les effets de la pratique du Tai Ji Quan dans l’amélioration de maladies cardiovasculaires (Dalusung- Angosta, 2011) et les fonctions respiratoires (Thornton, 2008). En effet, ses bénéfices significatifs sur la pression sanguine (Tsai et al., 2003), le cholestérol (Chen, Ueng, Lee, Sun, & Lee, 2010), ou encore la gestion du diabète (Yeh et al., 2009) sont prouvés par de nombreuses études.

De plus, on peut relever de nombreuses études portant sur ses bienfaits quant à l’amélioration du système immunitaire (Irwin, Olmstead, & Oxman, 2007), la capacité de contrer les cancers

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du sein (Km, Ja, & H, 2006), de même que l’amélioration de la qualité du sommeil (Raman, Zhang, Minichiello, D’Ambrosio, & Wang, 2013).

Améliorer le fonctionnement du cerveau

Le cerveau est un organe très important du corps humain, qui contrôle à la fois tous les organes, les fonctions motrices et cognitives, et la production hormonale.

Durant les vingt dernières années, le développement neuroscientifique a permis de découvrir les qualités dynamiques du cerveau. La conception ancienne veut que celui-ci ne produise de nouvelles cellules que durant la jeunesse. Cependant, la science d’aujourd’hui considère que les cellules se renouvellent à toutes les périodes de la vie. De plus, depuis quelques dizaines d’années, les neuroscientifiques prouvent que nos réseaux neurologiques réorganisent et remodèlent ses connections en fonction de l’environnement et des expériences vécues par l’individu. Cette capacité à se modifier est nommée la « plasticité cérébrale ».

La découverte du mécanisme de la plasticité cérébrale peut expliquer l’influence des apprentissages : apprendre un instrument, pratiquer la méditation, faire du Tai Ji Quan, sur le remaniement des circuits nerveux, ainsi que la structure et le fonctionnement du cerveau. Des études révèlent les bienfaits de la pratique du Tai Ji Quan dans l’amélioration du fonctionnement du cerveau, avec une amélioration des capacités d’équilibre pour les personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) (Au-Yeung, Hui-Chan, & Tang, 2009), une amélioration des fonctions motrices (Cheung, Tsai, Fung, & Ng, 2007), et un renforcement de la capacité neuromusculaire (Gatts & Woollacott, 2006), par exemple. Un grand nombre d’études insistent également sur les bénéfices de la méditation et de la pleine conscience sur le fonctionnement du cerveau. Par exemple, une étude menée par des chercheurs danois prouve qu’une pratique de la méditation à long-terme s’accompagne d’une augmentation de la densité de substance grise du tronc cérébral (Vestergaard-Poulsen et al., 2009).

Favoriser l’interaction sociale et communautaire

De nombreuses recherches soulignent que les intégrations sociales ont des répercussions importantes sur le bien-être (McAuley et al., 2000). Un des éléments positifs du Tai Ji Quan est donc le fort soutien psychosocial qu’il apporte.

La philosophie et la pratique du Tai Ji représentent une conception de l’« harmonie » entre l’homme et la nature, entre la relation personnelle, et à l’intérieur de soi. Il enseigne à ses

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participants l’importance de l’acceptation, de l’ouverture et de la compréhension. De plus, la pratique du Tai Ji reste une activité sociale. En effet, durant l’apprentissage, les élèves développent souvent une relation étroite entre eux et avec leur maître.

Peter M.Wayne, chercheur de l’Université de Harvard, mais également enseignant du Tai Ji Quan, détaille sa propre expérience :

Le professeur évalue les performances de son élève et prescrit des moyens de les améliorer ou de faciliter l’acquisition des mouvements. […] Les enseignants du tai chi jouent à la fois le rôle de guides, de modèles, mais aussi de thérapeutes. Ils cultivent souvent une relation personnelle et amicale avec leurs élèves, ce à long cours et à mesure qu’ils les voient grandir dans leur pratique du tai-chi, et, en même temps, les suivent dans les changements naturels de la vie. (Wayne & Merand-Surtel, 2014, p. 79)

Il ajoute que les interactions entre les élèves sont également très riches :

Dans mes classes au centre associatif, j’ai vu les gens former de solides amitiés et réseaux sociaux, et même quelques-uns se marier ! J’ai observé la même chose lors de mes voyages en Chine ou en parlant avec mes amis asiatiques de tai-chi. Les gens qui se rencontrent tous les jours pour pratiquer dans les parcs tissent des liens particuliers, allant jusqu’à apporter à manger à celui d’entre eux qui tomberait malade. (Ibid.)

Une étude particulière a été conduite avec pour sujet le rôle de soutien social de cette pratique dans la réduction de la dépression (Cho, 2008). Une autre étude menée sur des personnes atteintes d’un cancer du sein révèle que le fait de partager ses expériences et ses émotions durant cette activité aide à améliorer les perceptions sur la qualité de la vie et sur l’estime de soi.

I.5.1.2.2. Bienfaits de la pratique du Tai Ji Quan sur le bien-être psychologique

Les bienfaits de la pratique du Tai Ji sur le bien-être psychologique (eudémonique) ont également attiré l’attention de nombreux chercheurs. Nous nous sommes intéressée aux résultats d’une revue systématique, méta-analyse publiée en 2010 et regroupant les données de quarante études réalisées entre 1980 et 2009. Ces résultats montrent que la pratique du Tai Ji Quan améliore le bien-être psychologique en participant à la réduction du stress, de

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l’anxiété et de potentielles perturbations de l’humeur, mais contribue aussi à augmenter l’estime de soi (Wang et al., 2010).

Dans cet article, sont inclues dans l’analyse (Ibid., 2010) en matière de Tai Ji Quan et de stress, cinq études contrôlées randomisées, cinq études de comparaison non-randomisées et une étude d’observation effectuées dans quatre pays (Etats-Unis, Australie, Allemagne, Chine). Les 870 participants concernés regroupaient une tranche âge allant de 16 ans à 85 ans, des populations générales (Sun, Dosch, Gilmore, Pemberton, & Scarseth, 1996 ; Fuzhong Li et al., 2001), des patients atteints de HIV (McCain et al., 2008) et des personnes âgées à risque de problèmes cardiaques (Taylor-Piliae, Haskell, Waters, & Froelicher, 2006). La plupart des mesures sont utilisées pour indiquer le stress subjectif, telles que Depression,

Anxiety, Stress Scale (DASS), Exercise Experiences Scale (EES), Impact of Event Scale (IES), Perceived Stress score (PSS), etc. Seulement deux mesures sont utilisées pour indiquer le data objective, qui concerne la température du corps et le niveau du cortisol salivaire (salivary cortisol levels). Le résultat de cette méta-analyse montre une amélioration statistiquement

significative de la gestion du stress et de la détresse psychologique pour ces populations. Concernant le Tai Ji Quan et l’anxiété, ont été retenues, cette fois, cinq études contrôlées randomisées, neuf études de comparaison non-randomisées et cinq études d’observation provenant de quatre pays (Etats-Unis, Australie, Allemagne, Chine) (Wang et al., 2010). Parmi ces études, sept utilisent le Profile of Mood States (POMS) Anxiety subscale, et six adoptent le State-Trait Anxiety Inventory (STAI). D’autres mesures sont employées, telles que

Depression, Anxiety, Stress Scale, Connors’ Teacher Rating Scale Revised, Taylor Manifest Axiety Scale (TMAS), State Anxiety Inventory (STAI), et Zung Self-Rating Anxiety Scale (SAS),

etc. La méta-analyse comprend également deux études contrôlées randomisée et six études de comparaison non randomisées réalisées à l’aide de 359 participants, regroupant des populations générales ou des patients souffrant de maladies spécifiques, telles qu’arthrose, insuffisance cardiaque ou fibromyalgie, et des adolescents présentant un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH, ADHA en anglais). Les résultats de la méta- analyse démontrent qu’une pratique du Tai Ji Quan deux à quatre fois par semaine (30 à 60 minutes/fois) durant 5 à 24 semaines s’accompagne d’une réduction significative du niveau d’anxiété.

Concernant la dépression, Center for Epidemiology Studies Depression Scale (CESD), Profile

of Mood States (POMS) Depression subscale, Beck Depression Inventory (BDI), Fibromyalgia Impact Questionnaire (FIQ), Zung Self-Rating Depression Scale (SAS) et Self-

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Rating Scale-90 (SCL-90) sont utilisés pour dix études contrôlées randomisée, six études de

comparaison non randomisés et quatre études d’observation. Les résultats de la méta-analyse laissent apparaître qu’une pratique du Tai Ji Quan durant 6 à 48 semaines (de 40 minutes à 2 heures et une à quatre fois par semaine) diminue les effets de la dépression (Wang et al., 2010).

La recherche indique aussi que, d’après les résultats de la même méta-analyse, la pratique du Tai Ji Quan contribue à améliorer significativement l’humeur des patients atteints de HIV, des personnes âgées à risque de problèmes cardiaques et des adolescents souffrant de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Profile of Mood States scale (POMS) est la méthode utilisée dans la plupart de ces études (Ibid.).

D’autre part, trois études randomisées contrôlées et une étude de comparaison non randomisé ont permis d’évaluer les effets du Tai Ji Quan sur l’estime de soi. Dans ces quatre études, le Tai Ji est pratiqué de 12 à 26 semaines (de 45 à 60 minutes et deux à trois fois par semaine). Des mesures telles que Rosenberg’s 10-item Global Self-Esteem Scale (RSES), Chinese

version of the State Self-Esteem Scale, Sonstroem Physical Examination Scale et Body Cathexis Score sont adoptées. Les résultats des trois études randomisées contrôlées illustrent

une augmentation significative de l’estime de soi. Pour le reste, aucune amélioration significative n’est observée (Ibid.).

Néanmoins, cette recherche expose également ses limites. Ces dernières portent sur la grande variété d’individus au sein de la population concernée, allant de patients souffrant de maladies spécifiques à une population générale ; mais aussi, la diversité que présente la pratique même du Tai Ji Quan en termes de style, de durée, de fréquence et de suivi. De plus, peu d’études montrent la relation existante entre l’intensité de la pratique et ses effets ; la rigueur méthodologique diffère entre les pays orientaux et les pays occidentaux, notamment (Ibid.). En 2014, une revue systématique et méta-analyse menée par des chercheurs chinois et américaines permet de démontrer les effets bénéfiques du Tai Ji Quan sur une population variés et à partir de mesures propres au bien-être psychologique intéressant la dépression, l’anxiété, la gestion du stress et l’auto-efficacité (self-efficacy). Malgré des résultats positifs, la recherche rencontre également des limites méthodologiques. En effet, la plupart des études contrôlées randomisées sont orientées vers des populations avec des conditions cliniques très diverses (Wang et al., 2014).

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En 2015, une revue systématique effectuée par des chercheurs américains s’intéresse, pour sa part, au lien entre le Tai Ji et l’anxiété. En analysant dix-sept articles publiés entre 1989 et 2014 et provenant de plusieurs pays (Etats-Unis, Australie, Japon, Taiwan, Canada, Espagne, Chine), douze études confirment les effets significatives de la pratique du Tai Ji sur la réduction de l’anxiété (Sharma & Haider, 2015).

En 2017, une autre revue systématique et méta-analyse effectuée par l’Université de médecine de Guangdong en Chine étudie le lien entre la pratique du Tai Ji Quan et la réduction de la fatigue (Xiang, Lu, Chen, & Wen, 2017). Sur les dix essais randomisés contrôlés publiés entre 2012 et 2015 et provenant de quatre pays (Chine, Etats-Unis, Allemagne, Espagne), les résultats de la méta-analyse révèlent que la pratique du Tai Ji Quan présente des bienfaits pour lutter contre la fatigue accompagnant un cancer. De plus, cette recherche valorise aussi les bienfaits du Tai Ji Quan en matière d’amélioration de la vitalité, du sommeil et contre la dépression.

En conclusion, le Tai Ji Quan, cet art martial qui a conservé la richesse d’une pensée et d’une