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Rareté de l’Okan dans ses trouées, impact de l’ouverture de la trouée et des

Chapitre 3 : Caractéristiques de la régénération d’Okan (Cylicodiscus gabunensis Harms) et

3.4.2 Rareté de l’Okan dans ses trouées, impact de l’ouverture de la trouée et des

Dans les placettes avec trouées, où l’arbre considéré comme semencier a été abattu au cours des activités d’exploitation forestière, aucune plantule (H < 20 cm) n’a été observée dans les trouées, bien qu’il y ait eu une chute de graines entre l’ouverture de la trouée et l’inventaire. Cette régénération a cependant été observée dans 13 des 54 placettes contenant un semencier (Seka et al., 2018), bien qu’elle n’ait pas fait l’objet d’approfondissement dans le cadre de cette étude (Annexe F).

Les densités de régénération (acquise) recensées dans les différentes sections des placettes étaient inférieures à 4 et à 8 tiges / ha respectivement pour les placettes avec et sans trouées (figure 3.3). Ces jeunes tiges, qui seraient tolérantes à l’ombre, grandissent dans le sous-bois (Louppe et al., 2008). Les densités en jeunes tiges d’Okan ne se sont pas montrées significativement différentes en fonction du type de placette. Elles seraient significativement

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plus élevées dans les sections les plus éloignées de la souche, notamment celles des placettes avec trouées (figure 3.3).

L’Okan a compté pour moins de 0,03% du total de tiges inventoriées dans les trouées. Ces tiges, à la vue de leur hauteur (H ≥ 1,3 m), se sont installées avant l’ouverture de la trouée. En revanche, trois espèces sont abondantes dans les trouées d’Okan avec plus de 54% des jeunes tiges inventoriées. Il s’agit de : Musanga cecropioides (Cecropiaceae), Macaranga huraefolia (Euphorbiaceae) et Anthonotha fragrans (Leguminosae- Caesalpinioideae) avec des pourcentages respectifs de 25,3%, 20,9%, et 8,5%. L’abondance de ces espèces, au détriment de l’Okan, est largement expliquée dans la littérature par leur tempérament (Swaine et Whitmore, 1988 ; Whitmore, 1989 ; Gillet 2013 ; Obame 2015). En effet ce sont des espèces de lumière, pour la plupart pionnières, comme la majorité des espèces des trouées étudiées (tableau 3.8). Même si l’Okan est considéré comme une espèce héliophile (Tchouto, 2004 ; Doucet et al., 2007b), la probabilité de le rencontrer abondamment dans les trouées serait à relativiser (Obame, 2015). La première raison / hypothèse pouvant l’expliquer est la non persistance des graines d’Okan. En effet, les graines de certaines espèces (pionnières en particulier) peuvent survivre longtemps dans le sol en gardant leur pouvoir germinatif (Douh et al., 2014), ce qui ne serait pas le cas de l’Okan. Deux autres raisons tirées des tableaux 3.9 et 3.10 sont : le mode de dissémination de l’espèce et sa faible fréquence aux abords des trouées inventoriées. L’espèce est anémochore (Doucet, 2003) et ses graines ailées (Louppe et al., 2008) peuvent être transportées, dans certains cas, au-delà des parcelles et particulièrement des trouées. De plus, la fréquence des tiges en milieu naturel, aux abords des trouées serait faible (3.9), induisant à une rareté des graines. Même si elles y germent, elles auraient du mal à y survivre car les jeunes tiges d’Okan se développeraient à l’ombre (Louppe et al., 2008).

Pour ce qui est de la hauteur moyenne, elle ne varie pas significativement en fonction du type de placette. Toutefois les hauteurs se sont montrées significativement plus élevées dans la section éloignée que dans la section proche du plant central (semencier). La légère tendance de certaines sections à présenter des hauteurs moyennes supérieures pourrait refléter l’amélioration des conditions de croissance découlant du retrait de l’arbre central. Cet arbre

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est en général de grande taille (Louppe et al., 2008), constitué d’un houppier « puissant à branches dressées » (Vivien et Faure), avec une cime qui s’étale sur les premières sections.

Les plants observés dans les trouées avaient une hauteur moyenne de 1,4 m. Des croissances moyennes en hauteur de 1,2 m an-1 ont déjà été observées dans des trouées (qui avaient en général de petites tailles) en forêt tropicale (Hunter et al. 2015). Les auteurs ont également observé que cette croissance est en moyenne plus élevée au centre de la trouée que dans le reste de la trouée (1,3 m an-1 versus 1,1 m an-1). Cette croissance en hauteur est généralement plus élevée chez les plus jeunes recrues et est influencée par le tempérament de l’espèce (Brokaw, 1985). Les trouées ne sont donc pas l’espace le plus favorable à l’installation d’une nouvelle régénération d’Okan. Néanmoins, elles semblent – au regard des différences de densité – favorables à la régénération de l’Okan déjà installée, notamment dans les sections les plus éloignées (plus de 35 m) du semencier (figure 3.3, tableau 3.4).

3.4.3 Espèces recolonisant les trouées d’Okan et l’influence des espèces de bordures des trouées

Les trouées inventoriées montrent une grande diversité spécifique comme le montrent les indices de Simpson (0,88) et de Shannon (4,28). Les trouées d’Okan inventoriées sont recolonisées au trois quarts par les espèces pionnières. Les « espèces nobles » ou « espèces de grande valeur commerciale » (FAO, 1992), qui sont abondamment récoltées pour leur bois, y sont très peu fréquentes. Les plus retrouvées sont Nauclea diderrichii (Bilinga), Milicia excelsa (Iroko), Erythrophleum ivorense (Tali), Alstonia boonei (Émien), Desbordesia glaucescens (Alep) avec des densités de tiges par hectare respectives de 424, 213, 109, 67 et 61. En termes de pourcentage, ces densités correspondent à 1,8%, 0,9%, 0,4%, 0,2%, 0,2% du total des tiges inventoriées.

Les espèces de bordures, en raison de leur présence à proximité des trouées, sont également rencontrées à l’intérieur de celles-ci. Les facteurs qui influencent de manière significative la probabilité de retrouver ces espèces de bordures à l’intérieur sont : leur tempérament, leur mode de dissémination et leur fréquence en bordure des trouées. Les espèces pionnières, présentes en bordure, sont de tous les tempéraments, celles qui sont les mieux représentées dans la trouée. Il en est de même des espèces barochores présentes en

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bordure, qui sont en moyenne plus présentes dans la trouée que celles ayant d’autres modes de dissémination. Par ailleurs, une fréquence élevée en bordure augmente la probabilité que l’espèce se retrouve dans la régénération à l’intérieur de la trouée.

L’Okan a été (a priori) considéré comme une espèce héliophile anémochore. De par son tempérament et son mode de dissémination, elle ferait partie des espèces ayant les probabilités les plus faibles d’être retrouvées dans la trouée, si celle-ci était uniquement régénérée sur la base des graines des espèces de bordures.