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rapprocher de la systématisation de l'artérite secondaire,

de son affection toute spéciale pour

l'hexagone artériel de

Willis.

Quels que soient les phénomènes généraux ou locaux

du début, ils ne tardent pas à se modifier. La fièvre, si

elle existe, tombe rapidement; elle durequelques heures,

deux ou trois joursau plus. La tuméfaction et la rougeur de la peau, quand elles existent, s'atténuent et disparais¬

sent dans les quatre ou cinq premiers jours. Aussi le

Professeur Fournier écrit-il avecraison que « les symptô¬

mes sont ceux d'une phlébite de modalité subaiguë ou

même, disons mieux, de modalité initialement subaiguë,

mais tournant presque aussitôt à une modalité froide, aphlegmasique, où l'affection ne consiste plus qu'en une induration plastique du cordon veineux ».

La douleur s'atténue elle aussi rapidement. Parfois

assez vive audébut pour empêcher l'examen du membre,

elle ne tarde pas à disparaître. Pour certains auteurs

(Charvot, Heuzard), elle serait plus vive pendant la nuit,

au point même d'empêcher les malades de dormir. Ce

caractère n'est pas signalé dans les autres observations;

aussi ne pouvons-nous leconsidérercomme constant.

On peut alors examiner tout à son aise le vaisseau malade ; ses caractères sont les mêmesquel qu'il soit: on trouve sous la peau, ne lui adhérant pas, n'adhérant pas

non plus aux parties profondes, un cordon dur, allongé

dans la direction de la veine, arrondi, le plus souvent régulier, parfois bosselé, moniliforme avec des nouures

correspondant aux valvules veineuses; sa longueur est

variable suivant l'étendue de la veine thrombosée, il peut

même suivre toute l'étendue de la veine; sa grosseur varie avec le calibre du vaisseau; il roule facilement sous ledoigt, on peut le pincer entre deux doigts et il donne

ainsi la sensation d'une corde se déplaçantsousla peau;

bien entendu, ces diverses manœuvres doivent être pra¬

tiquées doucement. Pas moins que les autres phlébites,

la phlébite syphilitique n'est exposée à se compliquer

d'embolie, et si cetaccident n'a pas été signalé, on n'ou¬

blierajamais qu'il reste toujours possibleetqu'ilconstitue toujoursune redoutable complication.

Une fois constituée,unefois arrivéeà sa période d'état,

laphlébite va continuerson évolution. Celle-ci estgénéra¬

lement rapide. Au bout de quinze jours, trois semaines,

un mois au plus, la plupart des malades sont guéris. La

veine se ramollit peu à peu et redevient perméable, la réparation suivant d'habitude le même chemin que la

maladie : la veine atteinte en premier lieu est la première guérie. La guérison est d'habitude complète, il ne reste plus aucune trace de l'affection, les veines redeviennent souples et perméables comme par le passé. Il n'en est pourtant pas toujours ainsi. Le processus pathologique

metplus longtemps à disparaître sans qu'il soit possible

de trouver la cause de ce retard ; l'induration persiste et, si le malade n'en est point gêné, tout au moins lui

reste-t-il une veine imperméable, une lésion qui pourra être le point de départ de nouvelles poussées. La phlé¬

bite secondaire récidive en effet facilement soit qu'elle reparaisse sur un vaisseau déjà guéri, soit que, après

avoir primitivement atteint une seule veine, elle se localise sur une autre au moment où la première parais¬

sait guérie. L'évolution de cette nouvelle phlébite se fait d'ailleurs comme celle de la première, presque

toujours rapidement. La persistance de l'induration ne fait que retarder la guérison complète. Le passage à

l'état chronique n'a pas été signalé. Quand l'induration persiste, elle ne s'accompagne généralement d'aucun accident, et les malades qui en présentaient encore au moment ils ont quitté l'hôpital en étaient si peu incommodés qu'ils ont eux-mêmes demandé à sortir

pour reprendre leurs occupations. (Observations de

Charvot, Ileuzard, Fournier.)

La rapidité de la guérison

n'est nullementen rapport avec la disparition des autres accidents spécifiques; ceux-ci peuvent fort bien persister

au moment de la guérison ou même après qu'elle sera définitivementacquise.

« En résumé, la phlébitesyphilitique secondaireapour caractères : développement à une période précoce, voire

même ultra-précoce de la syphilis ; début peu bruyant ; peu d'intensité des phénomènes douloureux ; absence

presque complète d'œdème ; siège sur les veines superfi¬

cielles des membres ; multiplicité des veines atteintes ; guérison rapide et sans complications. »

(Thibierge.)

Lepronostic qui se dégage de cet ensemble symptôma-tique est, on le voit, essentiellement bénin. Sans doute certains malades guériront plus vite que d'autres ; sans

doute, des récidives viendront retarder une guérison

presque acquise, mais il n'est pas d'exemple qu'un ma¬

lade n'ait pas guéri et complètement guéri. Ceux qui quittèrent les hôpitaux avec leurs veines encore dures ont fini par guérir chez eux ; revus plus tard, ils avaient

tous recouvré l'intégrité de leur circulation. Fait impor¬

tant, la maladie n'a persisté chez eux, peut-on presque

dire, qu'à titre de curiosité pathologique ; jamais elle n'a

occasionné d'accident, mais une simple diminution de l'intégrité fonctionnelle des membres malades.

Il est une particularité très remarquable qui vient en¬

core confirmer la bénignité du pronostic : dans aucune

observation n'est signalée

l'embolie,

cette redoutable complication des phlébites. Cela est d'autant plus impor¬

tant que les localisations multiples de la syphilis vei¬

neuses ne permettent pas de maintenir au repos tous les

segments de membres qui en sont atteints. Est-ce à dire que l'embolie ne peutpas se produire? Ceseraitpeut-être

aller un peu loin et risquer de diminuer la bénignité du

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pronostic en faisant négliger quelqu'une des précautions qui peuvent en préserver les malades.

Il serait intéressant de noterla valeurpronostique de la phlébite au point de vue de l'évolution de la syphilis, de

noter quelles relations peuvent exister entre la maladie générale et sa localisation. Cette étude est actuellement impossible. Aucune observation, ou à peu près, ne parle

de la gravité de la syphilis, gravité qu'il est d'ailleurs

assez difficile d'apprécierexactement. Cheznotre malade, l'infection fut très discrète, une plaque muqueuse, quel¬

ques syphilides papulo-squameuses, une poly-adénite inguinale double assez peu importante, c'est tout. Pou¬

vons-nous enconclure qu'ilne seproduira ultérieurement

aucun accident sérieux? Devons-nous au contraire les redouter parce que la bénignité des accidents actuels empêchera la malade de prendre au sérieuxune maladie

dont elle ignore la gravité et dont elle n'éprouve qu'une gêne médiocre? La syphilis sera-t-elle dans le casparticu¬

lier cette impérieuse personne qui ne veut pas qu'on

méconnaisse sa puissance, terrible pour qui la croit insi¬

gnifiante, et bénigne pour qui la sait dangereuse dont parle Brieux dans les Avariés ? Se fâchera-t-elle si on la néglige ou, au contraire, conservera-t-elle jusqu'au bout

la même discrétion d'allure? Il seraitau moinsprématuré

de vouloir l'affirmer dans un sens ou dans l'autre.

Lediagnostic de la phlébite syphilitique n'offrira géné¬

ralement aucune difficulté. Ses caractères spéciaux de localisation et d'évolution suffisent à établir son indivi¬

dualité clinique; la coexistence d'accidents secondaires

viendra encorela confirmer. Nous indiquerons cependant

très vite les diverses questions que l'on pourra avoir à

résoudre.

Le clinicien doit tout d'abord se demander s'il a

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ment affaire à une phlébite, commencer par faire un

diagnostic anatomique précis. La lymphangite est la seule affection à laquelle on puissesonger au début, mais

sescaractères sont assez différents pour éviter la confu¬

sion. La lymphangitene se développepas spontanément; les traînées rougeâtres qu'elle dessine parfois sur lapeau ont d'habitude pour point de départ une lésion cutanée quelconque, une ulcération, une plaie ; elles se terminent

aux ganglions de la région malade et ceux-ci sont alors engorgés et douloureux. Rien de pareil dans la phlébite

les ganglions sont indemnes, où, en tout cas, les adé¬

nites ne présentent pas de signes fonctionnels ou physi¬

ques d'inflammation aiguë. Plus tard, quand l'inflamma¬

tion a disparu, on pourrait aussi confondre lymphangite

et phlébite ; mais la phlébite se retrouve toujours surle trajet de veinesconnues, ce quene faitpas la lymphangite.

On peut aussi, en comprimant la racine du membre, faire

passer du sang par les veines phlébitiques dont l'imper¬

méabilité n'est pas encore absolueet les voir ainsi segon fiersous lacompression, ce quene feraient pas des vais¬

seauxlymphatiques.Enfin, à côté du vaisseaulymphatique enflammé,onpeutreconnaîtrela veinesuperficielleintacte.

Lediagnostic étiologique, le seul qui doive réellement

nous retenir un peu, offreparfois, au contraire, certaines

difficultés.

La recherche des varices devra toujours être faite avec soin; leurconstatation est généralement trop facile pour que la phlébite, qui peut se développer à leur niveau, puisse faire hésiter le clinicien. Il suffira d'ypenser.

La phlegmatia alba dolens des accouchées ou des cachectiques aaussi des caractères beaucoup trop parti¬

culiers etbeaucoup trop différents de ceux de la

phlébite

syphilitiquepour que la confusion soit possible.

La phlébite rhumatismale et la phlébite goutteuse

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