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2. L E CANCER DES OVAIRES

2.1. Rappels sur les ovaires

Les ovaires sont les organes hébergeant les cellules germinales de la femme. Leur rôle est de produire les ovocytes, mais également de synthétiser les hormones sexuelles de la femme.

2.1.1. Développement

L’ovaire est constitué de deux populations cellulaires d’origine embryologique différente. Les cellules germinales primordiales, destinées à former les gamètes et les cellules somatiques, (cellules folliculaires et thécales) entourant les cellules germinales. Les cellules germinales primordiales sont localisées dans l’épiblaste de l’embryon en cours de gastrulation. Au cours de l’embryogenèse, ces cellules vont tout d’abord se retrouver à l’extérieur de l’embryon, puis migrer jusqu’à la crête génitale. Au cours de cette migration, deux populations de cellules se seront distinguées, l’une migrant vers la crête génitale gauche et l’autre vers la crête génitale droite. Une forte prolifération (par mitose) a également lieu lors de cette migration. La crête génitale correspond à un épaississement de l’épithélium cœlomique. Les cellules épithéliales cœlomiques forment ensuite les cordons sexuels en entourant les cellules germinales primitives et s’insinuant en profondeur dans le mésenchyme cœlomique. A ce stade, soit environ 6 semaines de l’embryogenèse, les gonades mâles et femelles ne peuvent pas être différenciées morphologiquement. La formation des ovaires s’effectue avec une régression des cordons sexuels distants de l’épithélium cœlomique, qui deviendront la partie médullaire de l’ovaire. L’épithélium cœlomique entoure les cordons sexuels restants qui formeront le cortex. L’irrigation par des vaisseaux en provenance de la medullaire va provoquer le désagrègement des cordons sexuels de la région corticale. Les ovogonies vont alors se multiplier par mitoses successives, puis entrer en prophase de la méïose. Une couche de cellules issues des cordons sexuels va alors entourer chaque ovogonie, formant les follicules primordiaux. Au cours de leur formation, les ovaires vont se déplacer, depuis l’abdomen, au début du 3ème mois de l’embryogenèse, jusqu’à la cavité pelvienne, à la fin du 4ème mois [64] (b).

2.1.2. Anatomie

Les ovaires sont localisés au niveau de la cavité pelvienne, en position postérieure. Ils sont de forme ovoïde et possèdent deux extrêmités : l’une, dite utérine, pointe en direction de l’utérus, tandis que l’autre, dite tubaire, est accolée à l’extrêmité de la trompe de Fallope. Chaque ovaire est maintenu en place grâce à plusieurs ligaments : le ligament lombo-ovarien lie la partie supérieure de l’ovaire au rétropéritoine, le ligament utéro-ovarien lie l’extrémité

utérine de l’ovaire à l’utérus et le ligament infundibulo-ovarien lie l’ovaire au pavillon de la trompe de Fallope. De plus, la partie inférieure de l’ovaire est fixée au mésovarium, une épaisseur du péritoine, où se situe le hile de l’ovaire. La vascularisation de l’ovaire se fait par l’artère iliaque au niveau de la jonction utérus-trompe, par l’artère ovarienne qui longe le ligament lombo-ovarien et par les veines ovarienne et utérine. Un réseau lymphatique est également présent, parallèle au réseau veineux [65] (b) (Figure 2).

Figure 2 : Anatomie des organes reproducteurs de la femme.

2.1.3. Histologie

L’ovaire est entouré d’une couche cellulaire fibreuse, l’albuginée. Sous l’albuginée, le cortex est formé de stroma et de follicules ovariens à divers stades entourés de cellules interstitielles. Les ovaires, enveloppés d’une couche de cellules épithéliales (la granulosa) et d’une couche moins organisée, mésenchymateuse (la thèque) forment les follicules primordiaux. Au cours de lu cycle ovarien, les follicules primordiaux, en grossissant, se rapprochent de la paroi extérieure de l’ovaire, laissant une cavité lors de l’ovulation qui va se cicatriser lors de la formation du corps jaune. La zone médullaire de l’ovaire est formée de tissus conjonctifs et de fibres musculaires lisses, vascularisées par le hile [65].

2.1.4. Physiologie

Dans les ovaires, une partie des follicules primordiaux va spontanément se transformer en follicules primaires par multiplication des cellules de la granulosa, et augmentation de

volume de l’ovocyte. Une cavité, remplie de protéines, d’hormones et autres molécules va ensuite se creuser dans la masse des cellules folliculaires, donnant ainsi de petits follicules à antrum. Une stimulation par la FSH est alors nécessaire pour la poursuite de leur développement, sans quoi ils involuent (phénomène d’atrésie). Cette stimulation ne se produit jamais avant la puberté, puis a lieu cycliquement lors de la phase folliculaire. A ce stade, l’hypophyse sécrète une quantité de plus en plus importante de FSH à laquelle répondent les follicules matures, avec une croissance et une prolifération cellulaire, devenant ainsi des follicules à grand antrum. Les follicules sont responsables de la sécrétion d’œstrogènes, inhibant la sécrétion de LH et FSH par l’hypophyse. La diminution de FSH va provoquer l’arrêt de croissance, puis l’involution des follicules. L’un d’entre eux toutefois continuera sa croissance indépendamment du taux de FSH et sécrètera de plus en plus d’œstrogènes. Lorsque le taux d’œstrogènes dépasse un certain seuil, le contrôle négatif de LH par les œstrogènes devient contrôle positif, aboutissant alors à la sécrétion d’un pic de LH (accompagné d’un pic plus faible de FSH) par l’hypophyse. Ce pic de LH va permettre au follicule sélectionné d’évoluer en follicule de De Graaf. Lors de ce pic de LH, le premier globule polaire est émis par l’ovocyte, dans la zone pellucide. Dix à 12 heures après le pic de LH, l’ovulation, par éclatement de l’antre folliculaire a lieu et l’ovule est capté par la trompe de Fallope. Lors de la phase lutéale du cycle menstruel, les cellules restantes du follicule évoluent en corps jaune qui sécrète des œstrogènes, mais surtout de la progestérone qui inhibe la sécrétion de FSH par l’hypophyse, empêchant ainsi la maturation d’autres follicules. En l’absence de fécondation, le corps jaune dégénère, laissant place à une cicatrice fibreuse, le corps blanc et arrêtant la production de progestérone. Le cycle menstruel recommence alors avec les règles. En cas de fécondation, le trophoblaste va sécréter la lutéotrophine qui va maintenir le corps jaune et donc la sécrétion de progestérone. Le corps jaune se maintiendra pendant le premier trimestre de la grossesse avant d’involuer (la sécrétion de progestérone étant alors réalisée par le placenta). Le cycle menstruel ne sera rétabli qu’après arrêt de la sécrétion de prolactine, maintenue par un allaitement important. En effet, la prolactine empêche la sécrétion de LH et FSH par l’hypophyse.

Au cours de la vie d’une femme, le taux de follicules va s’accroître, jusqu’à près de 3,5 millions par ovaires vers le 5ème mois de gestation, il y en aura moins de 300 000 à la naissance et 200 000 à la puberté. La raréfaction, puis la disparition de l’ensemble des follicules conduit à la ménopause, vers l’âge de 50 ans. En tout, environ 400 follicules seulement auront effectué leur maturation [64, 65].