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L’état de santé perçu est lié aux facteurs socio-économiques : la proportion de personnes se déclarant en bonne et très bonne santé s’élève en eff et avec le ni-veau d’études et les revenus (Eikemo TA, Huisman M. et al. 2007 ; Mackenbach J. P., Stirbu I. et al. 2008 ; Kunst A. E., Bos V. et al. 2005). Ce sont dans les systèmes de santé d’inspiration bismarckienne que les inégalités de ce type sont le moins marquées.

Les plus fortes variations dans les évaluations de l’état de santé perçu au regard des revenus, sont observées dans les pays du nord et de l’ouest de l’Europe et particuliè-rement en Angleterre et au pays de Galles où les inégalités de revenus sont impor-Hommes

• France : 71,7 % se considèrent en bonne ou très bonne santé

• 13e rang sur 27 pays européens (ordre décroissant)

• Pays aux extrêmes :

Irlande 85,8 % / Lettonie 48,9 %

Femmes

• France : 66,5% se considèrent en bonne ou très bonne santé

• 14e rang sur 27 pays européens (ordre décroissant)

• Pays aux extrêmes :

Irlande 83,3 % / Lettonie 41 %

Données : Eurostat 2008

tantes. D’après ces études, la France se situe à un niveau intermédiaire d’inégalités concernant le niveau d’éducation et faible concernant les revenus (Mackenbach J. P., Stirbu I. et al. 2008). L’étude de l’évolution des moyennes européennes montre que les inégalités en matière d’état de santé perçu sont restées, de manière générale, stables entre les années 1980 et les années 1990. Toutefois, elles ont augmenté en Italie et en Espagne (hommes et femmes) et aux Pays-Bas (femmes) tandis que les pays du nord de l’Europe n’affi chent aucune tendance à la hausse (Kunst AE, Bos V et al. 2005).

Des travaux menés en France et aux Etats-Unis ont montré que le lien avec la santé

« objective » variait avec le niveau social. Une même pathologie dégrade plus la santé

48,9

–100,0 –80,0 –60,0 –40,0 –20,0 0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 Lettonie

Femmes : très bonne perception de l'état de santé Hommes : très bonne perception de l'état de santé Femmes : bonne perception de l'état de santé Hommes : bonne perception de l'état de santé

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Comparaison de l’état de santé perçu des hommes et des femmes dans l’UE en 2008 (% d’hommes et de femmes se déclarant en bonne ou en très bonne santé)

Figure 1

Source : Eurostat. Données françaises : Insee

perçue des catégories favorisées que celle des autres. Ces mêmes travaux ont mon-tré que ces liens varient selon les pays, ce qui rend complexe l’interprétation des comparaisons internationales (Delpierre C., Lauwers-Cances V., et al., 2009). Le risque souligné par ces travaux est donc que l’utilisation de la santé perçue masque les inégalités sociales de santé. Une illustration en est donnée dans les comparaisons internationales publiées ces dernières années. La France se situe à un niveau élevé d’inégalités sociales de santé si la mortalité est l’indicateur utilisé. En revanche, si la santé perçue est l’indicateur de choix, alors les inégalités apparaissent peu marquées dans notre pays* (HCSP 2009).

Les données présentées sont issues du système communautaire EU-SILC (European Union - Social Inclusion and Living Conditions, Etude sur l’insertion sociale et les condi-tions de vie), mise en place en 2003-2004. Tous les pays membres de l’UE participent à cette enquête depuis 2005. La partie française de ce système est le dispositif Statis-tiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) mis en œuvre par l’Insee.

Un mini-module – Minimum European Health Module (MEHM) – intégré à l’étude EU-SILC compile trois questions sur l’état de santé. Il s’agit de mesurer la santé perçue, la morbidité chronique autodéclarée et les limitations d’activité. Complémentaires des mesures de l’état de santé issues de sources médicales ou médico-économi-ques, ces données refl ètent le ressenti des personnes et se révèlent prédictives de consommations médicales, de maladies et incapacités diagnostiquées ainsi que de mortalité. L’état de santé perçu est mesuré pour les hommes et pour les femmes de 15 ans et plus selon diff érents niveaux : très bon, bon, correct, mauvais, très mauvais.

La question posée lors du sondage (« Comment est votre état de santé général ? ») ne pose pas de problème d’interprétation ou de traduction. Toutefois, la comparaison internationale des mesures de l’état de santé perçu doit prendre en compte les biais identifi és pour cet indicateur qui sont liés aux caractéristiques socio-économiques, démographiques, pathologiques et culturelles des individus (Tubeuf S., Jusot F. et al.

2008) comme cela est présenté dans le paragraphe ci-dessus.

Delpierre C., Lauwers-Cances V., et al. (2009). « Using self-rated Health for Analysing Social Inequalities in Health: a Risk for Underestimating the Gap between Socioeconomic groups ? » Journal of Epidemiology and Community Health 6 (63) : 426-432.

Delpierre C., Lauwers-Cances V., et al. (2009). « Do Cardiovascular Risk Factors Impact self-rated Health Equally across Social Position ? » American Journal of Public Health 7(99) : 1278-1284.

Eikemo T. A., Huisman M., et al. (2007). Health inequalities according to educational level in diff erent welfare regimes : a comparison of 23 European countries Chapter 10. In: Tackling Health Inequalities in Europe : An Integrated Approach. Rotterdam, EUROTHINE Final Report. Rotterdam : Department of Public Health, University Medical Centre Rotterdam.

HCSP (2009). « Les inégalités sociales de santé : sortir de la fatalité », France.

* Certaines enquêtes proposent de remédier à ces diffi cultés en faisant évaluer aux enquêtés des cas-types ou « vignettes » afi n de reconstituer leurs échelles de jugement et corriger, le cas échéant, leurs déclarations : voir par exemple : Lardjane S. et Dourgnon P. (2007). « Les comparaisons internationales d’état de santé subjectif sont-elles pertinentes ? Une évaluation par la méthode des vignettes-étalons » Economie et Statistique (403-404) : 165-177.

Méthodologie et comparabilité

Bibliographie

Countries.» Int. J. Epidemiol. (34) : 295-305.

Lardjane S. et Dourgnon P. (2007). «Les comparaisons internationales d’état de santé subjectif sont-elles pertinentes ? Une évaluation par la méthode des vignettes-étalons » Economie et Statistique (403-404) : 165-177.

Mackenbach J. P., Stirbu I., et al. (2008). «Socioeconomic Inequalities in Health in 22 European Countries.»

New England Journal of Medicine, 358 : 2468-2481.

Tubeuf S., Jusot F., et al. (2008). Social Heterogeneity in Self-Reported Health Status and Measurement of Inequalities in Health, Document de travail. Paris, (Irdes) : 12.

Base de données : Eurostat