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Rôle de l’Agence Canadienne d’Inspection des Aliments (ACIA)

Chapitre 1: Revue de littérature

1.4 Rôle de l’Agence Canadienne d’Inspection des Aliments (ACIA)

En plus de veiller à la protection et à la sécurité des aliments au Canada, l’ACIA joue un rôle très important dans le maintien de la santé des plantes, de l’environnement, des ressources essentielles à la santé humaine, de la biodiversité et de la santé économique du pays (Allen and Humble 2002; Canadian Food Inspection Agency 2018b). La mission de l’ACIA est d’assurer la qualité des aliments, donc de prévenir la propagation de pathogènes responsables de ravages majeurs. À titre d’organisme de réglementation, elle se doit de protéger les produits forestiers, les grains, les cultures, les plantes horticoles, les pommes de terre et les semences qui sont exportés, importés ou vendus au pays. Pour ce faire, des réglementations, des certifications, de même que des normes strictes sont établies au pays (Canadian Food Inspection Agency 2018b). L’ACIA travaille également en partenariat avec d’autres organismes gouvernementaux comme Ressources Naturelles Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Service Canadien des Forêts et Santé Canada pour la protection des ressources (Natural Resources Canada 2017).

Bien que les raisons de protéger l’intégrité des aliments soient évidentes, l’importance de la protection des plantes peut sembler plus subtile. L’une des principales raisons pour lesquelles l’ACIA réglemente les importations et les exportations de matériel végétal est que l’introduction de plantes envahissantes et d’organismes nuisibles pour les plantes peut causer des dommages irréversibles suite à leur propagation, et ce, au Canada comme ailleurs (Liebhold et al. 1995; Wallner 1996; Allen and Humble 2002). Les espèces envahissantes sont des espèces exotiques qui s’acclimatent de manière permanente suite à leur introduction dans un environnement où elles prolifèrent. Elles sont responsables de changements importants dans les écosystèmes puisqu’elles peuvent mobiliser les

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ressources essentielles à d’autres espèces indigènes (Cronk 1995). La loi sur la protection des végétaux a donc pour but de prévenir l’importation et l’exportation d’ennemis des plantes, entre autres, en planifiant des moyens de lutte (e.g. mise en quarantaine, destruction de matériel infecté, interdiction de mouvement du matériel contaminé et restriction des activités) applicables au besoin (The Minister of Justice (Canada) 1990; Agence Canadienne d'Inspection des Aliments 2018a). Une liste de ravageurs, de maladies (ex. insectes, champignons et nématodes) et de plantes exotiques, indigènes ou ayant un potentiel envahissant est établie par l’ACIA (Canadian Food Inspection Agency 2013b; Ressources Naturelles Canada 2018). En constante évolution, cette liste élabore le statut de chacune des espèces y figurant, tout en spécifiant les mesures à prendre pour le traitement du matériel végétal dont il est question (e.g. fruits, plantes ornementales, noix, grains, etc.). Des exemples notables de maladies causées par des champignons exotiques qui ont occasionné des dommages forestiers et économiques irréversibles au pays incluent le chancre européen du mélèze (Lachnellula wilkommi), le chancre du noyer cendré (Ophiognomonia clavigignenti-juglandacearum) et la maladie hollandaise de l’orme (O. novo-ulmi et O. ulmi), expliquée plus en détail dans la section 1.3.3. Le chancre scléroderrien (Gremmeniella abietina), plus spécifiquement la race européenne (plus agressive), malheureusement présent au Canada (Lachance 1979; Laflamme 1987), a été responsable de dommages immenses dans l’état de New York, causant la mort de près de 90% des pins rouges et des pins sylvestres matures à certains endroits (Agence Canadienne d'Inspection des Alimnets 2012). Une maladie encore non-répertoriée au Canada, mais notable pour ses dommages irréversibles, est la maladie des mille chancres (Geosmithia morbida) (discutée dans la section 1.3.3) transportée par un insecte vecteur (Tisserat et al. 2009). En Nouvelle-Écosse, un exemple récent d’introduction d’un insecte indésirable réglementé est le puceron lanigère de la pruche (Adelges

tsugae). La presence de cet insecte a de graves conséquences sur l’environnement, puisque des

habitats terrestres et aquatiques naturels en souffrent grandement (Canadian Food Inspection Agency 2018c). Considérant l’ampleur de l’industrie du bois en Amérique du Nord, il importe de mentionner les conséquences que l’économie subit suite à de telles épidémies. Aux États-Unis, par exemple, les coûts associés aux impacts des maladies envahissantes s’élèvent à des milliards de dollars par année (Pimentel et al. 2000; Pimentel 2002) et plus spécifquement au Canada, l’ACIA estime ces coûts annuels à 20 milliards de dollars pour le secteur forestier et à 2,2 milliards de dollars pour les plantes envahissantes du secteur agricole (Canadian Food Inspection Agency 2014b).

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Un problème associé à l’introduction de certaines plantes est le potentiel d’une espèce à devenir envahissante. Par exemple, les plantes envahissantes peuvent envahir des zones agricoles, laissant derrière elles des pertes considérables. Tout comme pour les organismes phytopathogènes, l’ACIA réglemente et effectue la surveillance de ces espèces listées en exerçant un contrôle strict sur les importations, sur la manipulation et sur les déplacements de ces végétaux au pays (Canadian Food Inspection Agency 2013b; Agence Canadienne d'Inspection des Aliments 2018b). À titre d’exemple, le kudzu (Pueraria montana), une plante envahissante provenant de l’Asie qui a été introduite aux États-Unis et en Ontario au cours de la dernière décennie, s’avère désormais un problème majeur. La principale raison est que la croissance parfois qualifiée d’incontrôlable de cette vigne grimpante est possible dans à peu près n’importe quel environnement (forêts, bordures de routes, champs agricoles, etc.) (Agence Canadienne d'Inspection des Aliments 2016).

De plus, certaines plantes, bien que présentes au pays, font également partie de la liste des espèces réglementées puisqu’elles sont des hôtes alternes de certains champignons pathogènes. Ainsi, le transport, la vente et la reproduction, en territoire canadien, de l’épine-vinette japonaise (Berberis thunbergii) sont interdits parce qu’il s’agit d’un hôte alterne de la rouille noire des céréales (Puccinia graminis) (Canadian Food Inspection Agency 2014c; Berlin et al. 2017).

Avec la pression constante et grandissante exercée par l’introduction d’espèces exotiques et envahissantes au Canada, l’ACIA bénéficierait à développer des outils diagnostiques de haute performance. Le Canada étant l’un des plus grands pays au monde, l’ACIA a besoin de méthodes de surveillance pouvant supporter l’analyse d’un plus haut débit d’échantillons afin d’enquêter sur l’ensemble de sa superficie (ou, du moins, sur les zones hautement à risque). Pour ce faire, il lui faut un outil qui lui permette de détecter un organisme indésirable présent en très faible quantité, (e.g. quelques spores), avant même qu’il ne puisse s’établir.

Les méthodes d’enquêtes phytosanitaires présentement utilisées par l’ACIA incluent des inspections visuelles sur le terrain afin d’identifier des signes de la présence d’organismes phytpathogènes (Agence Canadienne d'Inspection des Aliments 2018a). La recherche visuelle de plantes envahissantes est faite, en majorité, dans des zones environnantes des installations de

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manutention des semences et des grains (e.g. les fossés et les terres à proximité et les sites de compostage de déchets), puisque ces lieux sont souvent associés à l’introduction de mauvaises herbes indésirables. Les abords des chemins de fer sur lesquels des trains transportent des grains sont également des endroits ciblés où l’ACIA fait la surveillance de plantes envahissantes (Agence Canadienne d'Inspection des Aliments 2018f). Le personnel de l’ACIA applique aussi différentes méthodes d’échantillonnage. Par exemple, des inspecteurs utilisent des pièges contenant des attractifs chimiques pour attirer et identifier des insectes indésirables. La collecte de matériel provenant d’un hôte suspect ou d’échantillons de sols est également une méthode courante. Le personnel de l’ACIA pratique aussi l’élevage, par exemple, suite à l’échantillonnage d’un hôte soupçonné d’être infecté par un insecte indésirable. Cette méthode de surveillance consiste à fournir un environnement propice à l’émergence de larves dans le but de les identifier (Agence Canadienne d'Inspection des Aliments 2018a).

Il est à noter que les laboratoires de diagnostic de l’ACIA détiennent un mandat de libre accès sur les outils issus des projets de recherche accomplis par des chercheurs de l’ACIA. Un exemple pertinent d’une technologie couramment utilisée par le laboratoire de diagnostic de phytopathologie est le test qPCR (duplex) de Bilodeau et al. (2009), qui dépiste la présence du genre Phytophthora et l’espèce P. ramorum.

1.5 Identification des pathogènes

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