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6 Analyse critique

6.2 Analyse critique des articles

6.2.7 Résumé de l’article n°7

La discussion de l’étude nous parait être une force. En s’appuyant sur de nombreuses recherches, elle met en lumière les différentes problématiques inhérentes à la question de recherche.

Enfin, même si les interprétations des résultats ont relevé d’un commun accord, c’est l’auteur principal qui a mené les premières phases de l’analyse des données ce qui pourrait à priori constituer un biais. Cependant, la stratégie choisie pour l’analyse des données semble adaptée. Enfin, il faut noter que tous les auteurs de cette étude font partis d’un groupe d’étude sur The DIAMOND (The Decision Aids for Mode of Next Delivey), et que deux des auteurs ainsi que le même groupe d’étude étaient impliqués dans un essai contrôlé randomisé (en phase développementale au moment de l’étude).

6.2.7 Résumé de l’article n°7

Fenwick J. & al., (2006). Believing in birth- choosing VBAC: the childbirth expectations of a self-selected cohort of Australian w omen.

6.2.7.1 Description de l’article Contexte et but de l’article

L’auteure principale, Fenwick J. est sage-femme, professeur agrée à l’école des sciences infirmières et sages-femmes à l’université de Curtin en Australie. L'Australie, comme de nombreux autres pays, connait une hausse du taux de césariennes. Cette situation est aggravée par la diminution du nombre de femmes qui tentent un accouchement vaginal après une césarienne (AVAC), malgré les preuves de recherches suggérant que l’AVAC est sécure pour la mère et le bébé, et associé à des états de santé physiques et émotionnels améliorés. La connaissance et la compréhension qu'ont les femmes de leurs options concernant le type de naissance, et particulièrement comment elles peuvent être influencées dans leurs décisions, surtout après une césarienne, restent incertaines.

Cette étude présente l'analyse des données recueillies auprès des femmes qui ont tenté ou qui envisagent une naissance par voie vaginale après une césarienne. Les objectifs spécifiques de l'étude étaient de découvrir et de décrire les attentes concernant la naissance, les connaissances, les croyances et les attitudes des femmes qui ont vécu une césarienne et préféreraient un AVAC pour une prochaine grossesse ; et d’examiner les influences sur les prochaines attentes des femmes, les connaissances, les croyances, les attitudes et les choix en matière d’accouchement.

Méthodologie

Il s’agit d’une étude qualitative de cohorte auto-sélectionnée de type phénoménologique.

Des annonces dans tous les journaux locaux de Perth (capitale de l’ouest Australien) ont été utilisées pour recruter des femmes en novembre 2003.

70 L’analyse de données concerne 35 femmes qui ont tenté un AVAC ou qui ont indiqué qu'il s'agissait de l'option qu'elles choisiraient dans une grossesse ultérieure. Une approbation éthique a été obtenue de la part de l'université, le consentement des participantes a été obtenu oralement avant l’interview. Les femmes impliquées dans l’étude devaient avoir expérimenté une césarienne, avoir tenté un AVAC ou déclarer que ce serait l’option qu’elles choisiraient lors de leur prochaine grossesse. Les critères d’exclusion n’étaient pas spécifiquement mentionnés. Les interviews étaient téléphoniques, menés par des chercheuses sages-femmes. Des notes de terrain ont été utilisées pour contextualiser les données et aider à l’identification des résultats à partager avec l'équipe de recherche.

Les questions portaient tout d’abord sur leurs attentes concernant l'accouchement avant leur expérience de césarienne, puis celles qu’elles avaient depuis l’intervention en expliquant ce qui avait modifié leurs perceptions. Ensuite, elles se sont exprimées sur les avantages et / ou les risques des deux modes d’accouchement et ont étaient invitées à s’exprimer sur ce qui constituait une expérience de naissance satisfaisante.

Les chercheurs ont utilisé une technique d’analyse thématique : ils ont regroupé les données en code puis en concepts afin d’établir la description des expériences. L’analyse des données s’est faite tout d’abord individuellement puis de manière collective.

Résultats

L’importance accordée par les femmes à l’accouchement vaginal est renforcée :

- l’expérience d’une première césarienne a renforcé les croyances des femmes, leurs désirs et leurs attentes d’une naissance «normale», «naturelle» et «vaginale»,

- les femmes sont plus résolues à l'expérience du processus normal du travail et de la naissance,

- les perceptions des femmes sur le rôle et l'influence des professionnels de la santé et les institutions de maternité ont changé,

- les femmes ont fait une évaluation critique de leurs propres comportements et décisions, ainsi que sur les relations qu'elles ont eues avec les professionnels de santé, et de l'impact de l’environnement de naissance,

- la recherche d'informations, de connaissances et la compréhension de la manière de faciliter l'accouchement normal dans le contexte des interventions des taux élevés d'accouchement sont devenues une stratégie importante.

Des facteurs influencent les décisions des femmes :

Une croyance individuelle en la naissance en tant qu’événement de vie significatif est important pour les femmes :

71 - une croyance profonde en l'importance de l'expérience de l’accouchement naturel serait un facteur d’influence, pour certaines, l’accouchement serait « la bonne façon », « la bonne voie » ou encore « la manière prévue »,

- l’expérience du processus de la naissance fait partie intégrante d’être mère ou femme, l'accouchement est un événement que ces femmes voulaient vivre et qui améliorerait potentiellement leurs vies,

- pour certaines, leurs systèmes de croyances religieuses seraient essentiels, - le soutien de la part des soignants est tout aussi important,

- le sentiment que les autres ne croient pas en leurs capacités peut être un facteur d’influence, pour certaines, elles voient même cela comme un défi pour elle-même,

Les attitudes positives de la famille et les amis :

- l’expérience des amis et de membres de la famille d’un AVAC (positives ou négatives) peut avoir une influence sur la décision des femmes : un renforcement positif de leurs points de vue ou remise en question.

Réflexion sur l’expérience de la césarienne :

- dans cette étude, l’expérience de la césarienne a été perçue négativement dans l’ensemble.

- les femmes ont exprimé une volonté plus forte d’avoir un AVAC afin d’avoir un sentiment plus grand de contrôle, de se sentir plus impliquées et de travailler activement avec leurs corps.

Les femmes ont des connaissances et des croyances autour de la naissance vaginale et/ou AVAC : - les femmes ont des connaissances concernant l’accouchement vaginal et l’AVAC.

- l'accouchement vaginal favorise la santé et le bien-être de la mère et du bébé en améliorant les interactions mère-enfant et la transition vers la maternité.

- la césarienne est un bouleversement physique, émotionnel, pouvant perturber le mode de vie et potentiellement causer des dommages à la mère et au bébé.

Conclusion

Malgré le fait que les femmes aient traversé une expérience inattendue et / ou pénible de naissance allant à l’encontre de leurs attentes, de nombreuses femmes de l’étude attribuent aux notions de travail et d’accouchement la signification d’un évènement social, physique, émotionnel et spirituel.

72 6.2.7.2 Analyse de l’article

L’originalité de cette étude repose sur le fait que l’auteure principale, Fenwick J., soit une sage-femme. L’approche phénoménologique de l’étude est une force car elle permet de s’intéresser à l’expérience des femmes et de donner une signification sans altérer leurs propos (beaucoup de phrases d’interviews sont retranscrites dans l’étude).

Comme la recherche a porté sur les expériences et les attentes des femmes de l’accouchement, les auteurs expliquent que c’était important pour les entretiens d’avoir des sages-femmes cliniciennes avec une forte base de connaissances et de bonnes compétences en communication interpersonnelle et en interaction avec les femmes. Cet élément nous semble représenter une force pour l’étude puisqu’elle permettrait de faciliter le partage d’expérience des femmes.

L’approche méthodologique des données parait adaptée et pertinente, cependant elle n’est pas clairement définie par les auteurs.

Une des limites relevée par les auteurs concerne l’échantillon. En effet, le caractère « auto-sélectionné » représente à notre sens un biais de sélection. Aussi, le lieu de recrutement restreint ne permettrait pas une transférabilité totale de l’étude. D’autre part, une autre limite repose sur la caractéristique bien définie des participantes concernant leur mode d’accouchement. Effectivement, cette étude ne s’intéresse pas aux femmes qui ne souhaitent pas d’AVAC et n’explorent pas leur vécu. Ensuite, des données démographiques des participantes sont mentionnées comme le niveau d’éducation, le statut marital, le niveau de vie, quels professionnels primaires de soins de santé elles avaient rencontré lors de la première expérience de césarienne. Des questions ont été posées par le chercheur lors des entretiens téléphoniques sur l’histoire obstétricale du patient, la parité, le temps depuis la dernière naissance, le motif et le lieu de la césarienne antérieure, les soignants primaires auxquels ils avaient été confrontés. Néanmoins, le magnétophone n’était pas mis en route à ce moment de l’interview et tous ces renseignements ne sont pas explicités dans l’étude ce qui peut constituer un biais.

Après, en utilisant des entretiens téléphoniques, des attitudes et expressions ne peuvent être contextualisées, ce qui pourrait constituer un biais. De plus, les femmes n’ont pas été recontactées par les chercheurs pour clarifier leurs propos et leurs commentaires (notamment en ce qui concerne le maintien de leur construction de naissance comme un évènement social, spirituel) ce qui aurait peut-être pu enrichir l’analyse.

Ensuite, les résultats suggèrent que les croyances fortes de ces femmes dans l'importance de naissance seraient liées à un haut niveau de connaissance sur l’accouchement. Les auteurs expliquent que cela pourrait être la conséquence de l’exposition d’une grande partie des femmes de l’étude aux sages-femmes, comme le confirment également les données démographiques.

73 En fait, ils expliquent que la philosophie sage-femme aurait pu permettre d’établir une relation de confiance, des liens et un sentiment de «connexion» offrant un «espace sûr» pour les femmes pour parler de l'accouchement en général. D’autre part, les femmes de l’étude semblent avoir eu un vécu négatif de leurs précédentes césariennes. Cependant, les auteurs ne mentionnent pas la proportion exacte de césariennes faites en urgence ou élective. En effet, cette donnée pourrait représenter un biais dans les représentations de la césarienne si cette dernière a été réalisée en urgence.

Enfin, la discussion nous parait bien construite et permet d’enrichir les conclusions de l’auteur.

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