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6.2 Analyse critique des articles sélectionnés

6.2.4 Résumé de l'article n°4

Waldenström, U., Bergman, V. & Vasell, G. (1996). The complexity of labor pain: experiences of 278 women. Journal of Psychosomatic Obstetrics & Gynecology, 17(4), 215-228.

DESCRIPTION DE L'ARTICLE

Il s’agit d’une étude quantitative, descriptive, rétrospective simple effectuée par une sage-femme clinicienne diplômée (Waldenström, U.) et par deux femmes (Bergman, V. et Vasell, G.) associées au Département de Soins infirmiers de Göteborg, en Suède. Elle s’est déroulée en 1994, dans trois hôpitaux de Göteborg. Son but est de décrire les variations des expériences des femmes concernant la douleur pendant le travail et la naissance en général, pour tenter d’expliquer ces variations individuelles. Pour cela, les auteurs ont constitué un échantillon de 278 femmes qui avaient accouché dans ces trois hôpitaux. Elles ont reçu un questionnaire à J-2 puis ont retourné celui-ci dans la première semaine du postpartum. L’analyse statistique consistait, dans un premier temps, à collationner l’évaluation des femmes de l’intensité de la douleur durant le travail (sévère 7, moins sévère de 1-6) avec d’éventuelles variables explicatives (données démographiques, contexte

obstétrical, préparation à la naissance, attentes concernant la naissance, vécu de la grossesse, expérience et soutien pendant le travail, méthodes de soulagement de la douleur). Puis, dans un

second temps, à collationner l’attitude des femmes face à la douleur (impact négatif de 1-3, impact positif de 4-7) avec d’éventuelles variables explicatives (idem que pour la première analyse). Ensuite,

ces deux corrélations ont subi une analyse statistique par régression. Les résultats issus de ces analyses ont fait émerger trois thèmes : l’intensité de la douleur, l’attitude face à la douleur et les méthodes de soulagement de la douleur. Cette étude a été soutenue par les trois chefs de service des hôpitaux concernés et par le Comité d’éthique de la région.

PRESENTATION DES RESULTATS

1) L’intensité de la douleur (dimension sensorielle)

Dans cette étude, presque toutes femmes ont connu la douleur du travail de l’accouchement : 41% l’ont décrite comme la pire douleur imaginable (score de 7) et seulement 1% n’ont pas senti de douleur (score de 1). Il n’y avait pas de différence significative entre les primipares et les multipares. Les femmes ont pour la plupart sous-estimé la douleur de l’accouchement, 52% ont vécu une expérience plus difficile qu’attendue. Ici, la proportion était plus grande chez les primipares (84%). Enfin, en ce qui concerne l’anxiété au cours de la grossesse générée par la future douleur que les femmes allaient ressentir, ce sont les multipares qui avaient un score plus élevé (4.4 contre 3.9 pour les primipares). Pour les deux variables explicatives suivantes : attentes et angoisse, le facteur de l’expérience antérieur est influant.

Les femmes ayant eu la pire douleur imaginable avaient plus assisté aux cours de préparation à la naissance, s’attendaient à un travail douloureux, étaient plus anxieuses et plus insatisfaites de l’information donnée au cours du travail, avaient eu moins de soutien de la part de la sage-femme et plus de procédures médicales (césarienne, instrumentation, épisiotomie), avaient reçu plus d’antalgie médicamenteuse et avaient eu une durée de travail plus longue que les femmes ayant un score d’intensité de la douleur compris entre 1 et 6.

Pour l’intensité de la douleur, les variables significatives sont les suivantes : l’anxiété pendant le travail, l’intensité de la douleur, les attentes en général sur la naissance, le soutien de la sage-femme et la durée du travail. En dépit de l’analyse par régression, seulement 15% des variations de score d’intensité de la douleur étaient expliquées. La valeur explicative est donc faible.

2) l’attitude face à la douleur (dimension affective)

Dans cette étude, 45% des femmes ont décrit la douleur comme une expérience explicitement négative, 28% comme explicitement positive et 27% étaient mitigées. Il n’y avait pas de différence statistique entre les primipares et les multipares.

Les femmes ayant eu une attitude négative face à la douleur se sentaient moins bien préparées pour le travail, avaient peur de la douleur et ne se sentaient pas aussi bien pendant la grossesse que les femmes avec une attitude plus positive face à la douleur. De plus, elles ont connu une douleur plus forte, étaient plus anxieuses pendant le travail, se sentaient moins impliquées et participaient moins au processus de la naissance. Elles avaient davantage recours à des méthodes de soulagement de la douleur, la durée de leur travail était souvent augmentée et les césariennes en urgence plus fréquentes.

Pour l’attitude face à la douleur, les variables significatives sont les suivantes : l’anxiété pendant le travail, l’intensité de la douleur, les attentes en général pour la naissance, le bien-être physique pendant la grossesse et les césariennes en urgence. En dépit de l’analyse par régression, seulement 30% des variations des attitudes face à la douleur étaient expliquées. La valeur explicative est donc faible.

3) les méthodes de soulagement de la douleur

Dans cette étude, les femmes ont utilisé des méthodes pharmacologiques et non pharmacologiques pour soulager la douleur : 79% de protoxyde d’azote (MEOPA), 34% d’anesthésie péridurale, 55% de bains/douches, 28% de massage et 32% des techniques de respiration. Pour une prochaine naissance, les femmes souhaiteraient avoir un plus grand soulagement de la douleur : davantage une anesthésie péridurale ou locale que du protoxyde d’azote et plus de bains/douches, de techniques de respiration et de TENS (stimulation nerveuse électrique transcutanée).

CRITIQUE GENERALE

Une des forces de cette étude réside dans son originalité. En effet, peu d’études ont exploré l’expérience de la naissance sous l’angle des attitudes des femmes face à la douleur et sur leurs interprétations entièrement négatives ou non de cette expérience. La recherche de littérature est exhaustive et permet de voir la complexité et les contradictions inhérentes au domaine traité. La méthodologie semble rigoureuse : la méthode d’échantillonnage est précise, les critères d’inclusion et d’exclusion sont détaillés et pertinents, les caractéristiques de la population sont décrites (âge moyen, durée moyenne d’éducation et langue suédoise parlée) et les modalités de recueil de données sont complètes. En ce qui concerne l’analyse statistique, elle semble adaptée au domaine de recherche. Enfin, l’analyse par régression utilisée permet de mettre en évidence les variables significatives. Celles-ci sont cohérentes d’un point de vue clinique avec l’objet de l’étude.

Une des limites de cette étude vient du fait que les variables secondaires manquaient parfois de précision, par exemple que veulent dire les auteurs lorsqu’ils parlent de techniques de respiration ou de bain/douche. Enfin, les auteurs ne font pas état de biais ou de facteurs de confusion éventuels. Alors qu’il n’y a pas eu, par exemple, de randomisation de l’échantillon. Enfin, la satisfaction des participantes n’est pas discutée par les auteures.

APPORTS POUR LA REPONSE AU QUESTIONNEMENT

Cette étude nous a permis d’observer la distribution des principales variables qui peuvent influencer l’expérience de la douleur de la naissance et de voir celles qui sont significatives. Elle nous permet de répondre aux issues secondaires suivantes : « quelle est l'expérience des femmes de la douleur de la naissance ? » et « les femmes donnent-elles un sens à la douleur de la naissance et si oui, en quels termes ? »

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