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Concentration géographique de l'emploi industriel et dynamiques territoriales en France de 1993 à

2. Identification des dynamiques intra-nationales des structures spatiales industrielles

2.2. Résultats pour trois secteurs d’activité

Nous souhaitons cartographier les niveaux et les évolutions des disparités spatiales en France métropolitaine. Par souci de lisibilité, nous avons choisi de représenter pour chaque année retenue la moyenne des valeurs de mi par zone d’emploi (ZE) pour chaque secteur d’activité. Ceci nous permet alors de mettre en évidence industrie par industrie les espaces où il existe des sur-représentativités ou sous-représentativités d’emploi d’un secteur comparativement à l’ensemble du territoire.

Les deux cartes de la Figure 3 présentent les structures spatiales du secteur de l’habillement et du cuir (C1) en 1993 et en 2001. Par comparaison de ces deux cartes, nous pouvons d’identifier les dynamiques intra-nationales récentes dans ce secteur. Le rayon d’étude choisi pour le calcul de la fonction mi est une distance inter-établissements inférieure ou égale à 10 kilomètres (dans la légende, n.d. indique que la valeur de la fonction n’est pas déterminée et correspond à l’une des deux situations définies dans le paragraphe 2.1 de cette section). Les résultats obtenus permettent de mettre en évidence plusieurs faits stylisés.

Tout d’abord, nous pouvons identifier les grandes régions où l’emploi de ce secteur est proportionnellement sur-représenté : le Nord, les Pays de la Loire, la région Lyonnaise, le Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon. Par ailleurs, dans la première partie de cette note, nous avions souligné une certaine accentuation au cours du temps de la concentration spatiale intra-sectorielle de ce secteur. Ceci peut se manifester ici par la baisse visible du nombre de zones d’emploi entre 1993 et 2001 où nous avons effectivement pu calculé la fonction m : les phénomènes d’agglomération sont par nature des phénomènes déséquilibrants. Nous assistons également dans une certaine mesure à une disparition des zones d’emploi où une dispersion géographique des établissements était observée en 1993 : plusieurs zones d’emploi de la région Centre, dans la région Champagne-Ardenne (ZE de Vallée de la Meuse, de Reims ou encore celle de Châlons-en-Champagne). Ou encore, pour d’autres régions comme en Alsace ou en Lorraine, nous observons que les niveaux de concentration spatiale relative intra-industrielle ont tendance à diminuer entre 1993 et 2001. Enfin, il est intéressant de noter que lorsque plusieurs zones d’emploi avoisinantes présentaient des niveaux de concentration spatiales relativement forts en 1993, il existe dans ces espaces en 2001 à la fois une accentuation des niveaux de concentration dans certaines ZE mais aussi une baisse des niveaux de concentration géographique pour d’autres. Ce phénomène pourrait être assimilé à une sorte de recentrage au cours du temps de la concentration spatiale intra- sectorielle. C’est notamment le cas des zones d’emploi : Le Choletais (à côté de Nantes), Châteauroux dans le Centre entourées par les ZE d’Argenton-sur-Creuse à l’Ouest et d’Issoudun à l’Est, en Aquitaine autour des ZE du Périgueux et du Nord-Est de la Dordogne ou encore dans le Sud de la France dans les zones d’emploi de Millau et de Ganges-le Vigan (bleu foncé).

Figure 3 : Dynamiques intra-nationales en 1993 et 2001 du secteur de l’habillement et du cuir (C1) Secteur NAF 36 : C1 Année : 1993 Distance : <10km 0 50 100 200km Zones d'emploi valeur moyenne de m n.d. < 0,5 0,5 - 1,0 1,0 - 2,0 2,0 - 3,0 3,0 - 5,0 5,1 - 8,0 >8 Secteur NAF 36 : C1 Année : 2001 Distance : <10km 0 50 100 200km Zones d'emploi valeur moyenne de m n.d. < 0,5 0,5 - 1,0 1,0 - 2,0 2,0 - 3,0 3,0 - 5,0 5,1 - 8,0 >8

Par ailleurs, si nous examinons à présent les dynamiques intra-nationales du secteur du Textiles (F2), qui présentait les plus forts niveaux de concentrations spatiales, nous constatons plusieurs faits importants (Figure 4). Tout d’abord, les territoires où il existe des sur-représentativités relatives d’emploi dans ce secteur sont moins nombreux que pour le secteur de l’Habillement et du cuir par exemple. Certes, le

nombre d’établissements productifs est plus faible dans ce secteur mais toutes choses égales par ailleurs, nous observons de plus nombreuses zones d’emploi où l’on atteint des niveaux de concentration géographique très élevés. Ces zones sont d’ailleurs localisées dans des espaces relativement restreints des grandes régions textiles du Nord et de la région Lyonnaise notamment. La comparaison de ces deux cartes permet également de souligner l’existence d’effets d’entraînement comme dans les zones d’emploi de Nevers et d’Autun (ZE en bleu foncé en Bourgogne), en Drôme-Ardèche et Drôme-Ardèche Nord en Rhône-Alpes ou encore dans la ZE de Carcassonne en Languedoc-Roussillon.

Figure 4 : Dynamiques intra-nationales en 1993 et 2001 du secteur du Textiles (F2)

Secteur NAF 36 : Industrie textile (F2) Année : 1993 Distance : <10km 0 50 100 200km Zones d'emploi valeur moyenne de m n.d. < 0,5 0,5 - 1,0 1,0 - 2,0 2,0 - 3,0 3,0 - 5,0 5,1 - 8,0 >8

S ecteur NAF 36 : Industrie textile (F2) Ann ée : 2001 Di stance : <10km 0 50 100 200km Zones d'emploi valeur moyenne de m n.d. < 0,5 0,5 - 1,0 1,0 - 2,0 2,0 - 3,0 3,0 - 5,0 5,1 - 8,0 >8

Enfin, la dernière évolution sectorielle présentée concerne les industries des équipements mécaniques (E2). Il nous a semblé intéressant de porter notre attention sur un secteur qui aux quatre dates analysées entre 1993 et 2001, présente des valeurs très proches de la fonctions M (une superposition des courbes est quasiment obtenue). En effet, l’analyse des deux cartes de la Figure 5 permet de distinguer différentes dynamiques intra-sectorielles intra-nationales. En premier lieu, nous observons certains recentrages géographiques avec l’accentuation de la concentration spatiale dans certains espaces comme dans la Creuse avec les zones d’emploi de Guéret et d’Aubusson (en vert foncé) ou à la frontière Midi- Pyrénées/Aquitaine, dans les ZE de Montauban, du Nord du Lot et de Villeneuve-sur-Lot-Fumel (en vert). En second lieu, plusieurs accentuations des niveaux de dispersion géographique en France peuvent également être mises en évidence comme en Aquitaine par exemple avec les zones d’emploi de Bordeaux-entre-deux-mers, de Bordeaux-Arcachonnais et celle de Dax (zones en orange foncé). Enfin, la dernière évolution à noter pour ce secteur d’activité est qu’il existe moins de territoires « abandonnés » au cours du temps.22 Nous constatons toutefois que ces espaces délaissés en 1993 présentent le plus souvent en 2001 des niveaux de dispersion relative mais pour certaines autres zones d’emploi (comme les ZE de Briançon dans les Hautes Alpes ou celle de Loches dans le Centre), une concentration spatiale relative dans ce secteur est perceptible.

Figure 5 : Dynamiques intra-nationales en 1993 et 2001 des industries des équipements mécaniques (E2)

Secteur NAF 36 : E2 Année : 1993 Distance : <10km 0 50 100 200km Zones d'emploi valeur moyenne de m n.d. < 0,5 0,5 - 1,0 1,0 - 2,0 2,0 - 3,0 3,0 - 5,0 5,1 - 8,0 >8

13) Notons que toutes choses égales par ailleurs, le nombre d’établissements productifs de ce secteur a augmenté entre ces deux dates.

Secteur NAF 36 : E2 Année : 2001 Distance : <10km 0 50 100 200km Zones d'emploi valeur moyenne de m n.d. < 0,5 0,5 - 1,0 1,0 - 2,0 2,0 - 3,0 3,0 - 5,0 5,1 - 8,0 >8

3. Conclusion

Dans la première partie de cette note, les grandes tendances de la concentration spatiale des activités industrielles en France métropolitaine ont été décrites. La méthode retenue a permis de quantifier puis de mettre en évidence plusieurs évolutions distinctes de sur-représentation ou au contraire de sous- représentation relative d’emplois par secteur d’activité. La seconde partie constituait une approche complémentaire à ce travail dans laquelle nous cherchions à identifier les changements récents de structures spatiales pour trois secteurs d’activité. Par cette démarche nous avons souligné au cours du temps différents phénomènes agglomérations ou de « désagglomérations » mais aussi identifié des territoires relativement attractifs ou au contraire « oubliés ».

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