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CHAPITRE 2. ETUDE RANDOMISÉE, CONTRÔLÉE DE L’IMPACT CLINIQUE

2.4. R ÉSULTATS

2.5.2. Questionnaire «pharmacien» et questionnaire «médecin»

2.5.2.2. Résultats du questionnaire «médecin» vs. questionnaire «pharmacien»

La majorité des médecins (21/30) ont rempli le questionnaire «médecin» et tous les pharmaciens (6/6) ont rempli le questionnaire «pharmacien».

1) Connaissances des pharmaciens et médecins sur l’adhésion thérapeutique avant leur participation à l’étude

Figure 2.6 Réponse à la question: «Avant de participer à l’étude, aviez-vous déjà des connaissances sur l’adhésion thérapeutique?» Discussion au sein des cercles de qualité Au cours de vos études universitaires Intérêt personnel

Pharmaciens (n=6) Médecins (n=21)

Les pharmaciens et les médecins ont surtout rapporté avoir acquis des connaissances sur l’adhésion thérapeutique, avant de participer à l’étude, par discussion au sein des cercles de qualité. Les médecins évoquent avoir plus souvent acquis des connaissances sur l’adhésion thérapeutique au cours de leurs études ou lors de formation continue.

2) Détection et prise en charge d’un problème de prise médicamenteuse à l’officine et au cabinet

Globalement, la majorité des médecins (71%; 15/21) et des pharmaciens (83%; 5/6) ont estimé que 40% ou moins de leurs patients avaient des problèmes de prise médicamenteuse.

Les estimations se sont avérées très variables, allant de un patient sur vingt à un patient sur deux. Dans leur pratique, 52% (11/21) des médecins et 67% (4/6) des pharmaciens ont

affirmé qu’ils détectaient parfois des problèmes de prise médicamenteuse chez leurs patients.

Toutefois, tous ont rapporté que la détection d’un problème de prise médicamenteuse n’est pas aisée en pratique ambulatoire.

La figure 2.7 indique les différents moyens utilisés par les pharmaciens et les médecins pour détecter un problème de prise médicamenteuse chez leurs patients chroniques avant leur participation à l’étude.

Figure 2.7 Réponse à la question: «Avant l’étude, comment détectiez-vous un problème dans la prise médicamenteuse de vos patients?»

86%

Le non renouvellement des ordonnances et la discussion avec leurs patients sont les moyens les plus souvent utilisés par les pharmaciens et les médecins. Pour 9 médecins sur 21 (43%), le non-respect des consultations est considéré comme un indicateur d’un problème de prise médicamenteuse de leurs patients.

La figure 2.8 indique comment pharmaciens et médecins aident leurs patients dans leur prise médicamenteuse une fois le problème de prise médicamenteuse détecté.

Figure 2.8 Réponse à la question: «Une fois le problème d’adhésion thérapeutique détecté, comment aidez-vous vos patients dans leur prise médicamenteuse?»

71%

Informer le patient sur le risque de sa maladie Insister sur l'importance d'une bonne adhésion Associer la prise du médicament à une activité Utiliser une carte de posologie Proposer un semainier Discuter avec le pharmacien Informer le patient sur le risque de sa maladie Insister sur l'importance d'une bonne adhésion Associer la prise du médicament à une activité Utiliser une carte de posologie

Plus de la moitié des médecins et des pharmaciens ont mentionné comme stratégie

d’intervention qu’ils informent le patient sur le risque de sa maladie et sur l’importance d’une bonne adhésion thérapeutique lors d’un problème de prise médicamenteuse. Le semainier est un support proposé par la majorité des pharmaciens et des médecins.

Les pharmaciens ont tous suggéré d’associer la prise de médicaments à une activité quotidienne, par exemple au moment du brossage des dents.

Les médecins ont tous mentionné l’utilisation d’une carte de posologie. Diminuer le nombre de médicaments et le nombre de doses journalières sont aussi deux stratégies d’intervention souvent utilisées alors que discuter avec les pharmaciens est une stratégie rarement utilisée.

3) Opinion des pharmaciens et médecins sur le monitoring électronique et la possibilité de son intégration dans leur officine et cabinet

Les questions en rapport avec ce point ont été posées aux 12 médecins du groupe INT qui ont inclus des patients et aux 6 pharmaciens du groupe INT qui ont suivi les patients.

3.1 Opinion des pharmaciens et des médecins sur le pilulier électronique

Figure 2.9 Réponse à la question: «Que pensez-vous du pilulier électronique?»

92%

Les pharmaciens et les médecinsont tous décrit le pilulier électronique (Figure 2.9) comme un outil permettant d’augmenter l’adhésion thérapeutique et motivant le patient à suivre son traitement. La plupart des médecins et des pharmaciens ont jugé le pilulier électronique comme un bon outil d’intervention et un aide-mémoire fiable pour leurs patients. Seuls un pharmacien et trois médecins ont considéré le pilulier électronique comme un système de surveillance excessive. Aucun pharmacien ou médecin n’a considéré le pilulier électronique comme un outil inutile.

Tous ont décrit le pilulier électronique comme facile à utiliser; la majorité l’ont décrit comme discret (83%; 5/6 pharmaciens, 10/12 médecins). Toutefois, 83% (5/6) des pharmaciens et 59% (7/12) des médecins ont considéré le pilulier électronique comme encombrant.

Un pharmacien sur six (17%) et 7 médecins sur 12 (59%) ont relaté être mitigés quant au rôle du pilulier électronique comme un outil d’amélioration de la relation entre le médecin, le pharmacien et le patient.

3.2. De la prescription à la dispensation du pilulier électronique

Les médecins du groupe INT ont mentionné qu’ils ont principalement présenté au patient le pilulier électronique comme une aide pour améliorer sa prise médicamenteuse. Très peu de médecins l’ont présenté comme un moyen de contrôle.

Deux tiers des pharmaciens ont préparés (lecture, remplissage, explication du

fonctionnement, impression du rapport) le pilulier électronique et discuté du rapport avec le patient. Un seul pharmacien a discuté directement du rapport avec le médecin. Tous les pharmaciens ont transmis le rapport au médecin par le patient lui-même, parfois par fax (4/6) ou par téléphone (2/6).

A la consultation médicale, 11 médecins sur 12 du groupe INT ont mentionné qu’ils

discutaient toujours du rapport d’adhésion thérapeutique avec leur patient. Plus de la moitié des médecins (7/12) ont discuté du rapport avec le pharmacien. Tous les médecins (12/12) ont mentionné que parler de l’adhésion thérapeutique était une démarche présentant un grand intérêt. Les deux tiers (8/12) ont affirmé pouvoir en parler avec aisance. Un quart des

médecins (3/12) a relaté être inconfortable pour en parler avec leurs patients. Un seul médecin a mentionné que c’était une démarche trop compliquée ou qui pouvait fragiliser la relation de confiance établie avec ses patients.

En ce qui concerne le temps investi dans les différentes activités relatives au monitoring électroniques, les médecins ont investi en moyenne 6 minutes (min 5, max 10) pour présenter le pilulier électronique, et les pharmaciens 13 minutes (min 10, max 15). La durée moyenne nécessaire à la préparation du pilulier électronique à l’officine était de 15 minutes (min 10, max 20). La discussion du rapport de l’adhésion thérapeutique avec le patient a nécessité en moyenne 8 minutes (min 5, max 15) pour les médecins et 7 minutes (min 5, max 10) pour les pharmaciens. Par ailleurs, les médecins ont investi en moyenne 14 minutes (min 5, max 15) pour présenter l’étude et 9 minutes (min 5, max 20) pour remplir le cahier d’observations à chaque consultation médicale.

La figure 2.10 illustre le jugement des pharmaciens et des médecins quant aux activités relatives au monitoring électronique.

Figure 2.10 Réponse à la question: «Quel est votre jugement concernant les différentes activités relatives au monitoring électronique? »

Discussion du rapport avec le patient Discussion du rapport avec le pharmacien Présentation du pilulier Discussion du rapport avec le patient Discussion du rapport avec le médecin Présentation du pilulier

La majorité des pharmaciens et des médecins ont affirmé être à l’aise pour présenter le pilulier électronique et pour discuter du rapport avec leurs patients. Visite après visite, la majorité des médecins (10/11) et des pharmaciens (5/6) ont affirmé s’être sentis plus à l’aise pour présenter le pilulier électronique et pour discuter du rapport avec leur patient.

3.3 Le pilulier électronique: intégration possible dans la pratique quotidienne d’une officine ou d’un cabinet?

La majorité des pharmaciens et des médecins (Tableau 2.7) ont affirmé qu’il est possible d’intégrer le pilulier électronique dans la pratique quotidienne de leur officine ou de leur cabinet. Toutefois, la réalisation est jugée assez difficile par la moitié des pharmaciens et des médecins.

Tableau 2.7 Réponse à la question: «Vous semble-t-il possible d’intégrer le pilulier électronique dans la pratique quotidienne d’une officine/ou cabinet?» (%)

La figure 2.11 met en évidence les barrières à l’intégration du pilulier électronique à

l’officine ou au cabinet. Le manque de temps et la surcharge de travail étaient les barrières les plus souvent évoquées pour plus de la moitié des pharmaciens et médecins, l’absence de rémunération liée à cette nouvelle activité était une barrière pour 5 des 6 pharmaciens alors que cette barrière n’a été que évoquée par un seul médecin.

Figure 2.11 Réponse à la question: «Quelles sont les barrières, selon vous, à l’intégration du pilulier électronique à l’officine/ cabinet»

8%

A la fin de l’étude, tous les pharmaciens ont affirmé leur souhait de pouvoir proposer le pilulier électronique à leurs patients comme soutien dans leur prise médicamenteuse.

4) Evaluation de l’impact de l’étude sur les relations établies entre les médecins, les pharmaciens et les patients

L’impact de l’étude sur les relations entre d’une part, les pharmaciens et les médecins et d’autre part, les pharmaciens/patients et médecins/patients sont illustrés aux figures 2.12 et 2.13. La moitié des pharmaciens et des médecins a affirmé que leurs relations sont restées inchangées au cours de l’étude, notamment parce que leurs rapports étaient déjà de qualité avant de participer à l’étude.

Figure 2.12 Réponse à la question: «L’étude a-t-elle modifié la relation établie entre pharmacien et médecin?»

28%

11%

50%

0%

61%

0%

50%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

elle s'est péjorée elle n'a pas changé elle s'est quelque peu améliorée elle s'est améliorée

Pharmaciens (n=6) Médecins (n=18)

La figure 2.13 montre que 4 pharmaciens sur 6 ont constaté une amélioration de la qualité de la relation avec leurs patients notamment en établissant un contact plus personnel par la discussion du rapport d’adhésion thérapeutique avec le patient. Les médecins ont considéré que les relations avec leurs patients sont restées inchangées ou se sont améliorées mais elles se sont aucunement péjorées.

Figure 2.13 Réponse à la question: «L’étude a-t-elle modifié la relation établie entre pharmacien/patient et entre médecin/patient?»

28%

11%

33%

50%

61%

0%

17%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

elle s'est péjorée elle n'a pas changé elle s'est quelque peu améliorée elle s'est améliorée

Pharmaciens (n=6) Médecins (n=18)

5) Guidelines en pratique clinique : utilisation, opinion et attitude des médecins des différents réseaux envers les guidelines

Les médecins ont effectué relativement peu de modifications de traitement médicamenteux au cours de l’étude, malgré une proportion élevée de patients n’ayant pas atteint les objectifs thérapeutiques. Ces objectifs thérapeutiques ont été déterminés sur la base de

recommandations de pratique clinique (guidelines) de l’Organisation mondiale de la Santé et de la Société internationale d’hypertension (WHO/ISH 1999) et de la Société suisse de cardiologie, Groupe de travail Lipides et Arthérosclérose pour les dyslipidémies (Battegay et al. 2000).

Nous avons donc voulu déterminer quelle était l’utilisation par les médecins des guidelines dans le traitement de l’hypertension. Nous définissons comme guidelines des

recommandations pour la prise en charge de l’hypertension établies, soit par une instance locale ou internationale, soit par le médecin lui-même sous la forme de notes, de carnets établis sur la base de son expérience et considérés comme référence par le médecin.

19 médecins sur 21 ont affirmé utiliser les guidelines dans leur pratique quotidienne, et à une fréquence d’au moins une fois par semaine pour 11 d’entre eux.

La figure 2.14 indique que la majorité des médecins ont affirmé que l’utilisation des guidelines augmente la qualité des soins et permet d’améliorer la prise en charge de leurs patients. Par contre, le point négatif le plus souvent relevé était la trop grande rigidité pour être appliqués à chacun de leurs patients. La majorité des médecins ont mentionné que les guidelines ne menaçaient pas leur autonomie.

Figure 2.14 Réponse à la question: « Quelle est votre opinion concernant les guidelines? »

Médecins du groupe INT aident à prendre des décisions difficiles augmentent les coûts médicaux améliorent la prise en charge sont utiles augmentent la qualité des soins

plutôt d'accord/d'accord plutôt pas d'accord/pas d'accord

La majorité des médecins ont estimé que moins de 50% de leurs patients hypertendus ont une pression mal contrôlée (Figure 2.15).

Figure 2.15 Réponse à la question : «Quelle est la proportion de vos patients hypertendus chez qui vous estimez une pression artérielle mal contrôlée?»

Médecins du groupe INT et du groupe contrôle (n=21)

43% 43%

14%

0%

20%

40%

60%

80%

10-29% 30-49% 50% et plus Pression artérielle mal contrôlée

Les raisons les plus souvent évoquées à ne pas adapter le traitement antihypertenseur lorsqu’un patient a des valeurs supérieures à 140/90 mmHg étaient la suspicion d’une mauvaise adhésion thérapeutique (groupe INT: 86% vs. groupe contrôle: 83%), le souci de perturber le patient par des changements fréquents de traitement (groupe INT: 71% vs.

groupe contrôle: 83%) et la crainte de l’apparition d’effets secondaires par une intensification de traitement (groupe INT: 71% vs. groupe contrôle: 67%).

De plus, la majorité des médecins considèrent qu’avec des valeurs proches de 140/90 mmHg la pression artérielle était suffisamment contrôlée chez leurs patients âgés (groupe INT: 71%

vs. groupe contrôle: 60%). Le coût des médicaments (57%) était une raison de ne pas adapter le traitement médicamenteux pour les médecins du groupe INT vs. 20% pour les médecins du groupe contrôle.